La grotte Chauvet, grotte ornée du Pont d'Arc, grotte Chauvet-Pont d'Arc[a], est une grotte ornée datant du Paléolithique située sur le territoire de la commune de Vallon-Pont-d'Arc (sud de l'Ardèche, France). Découverte en 1994, elle a d'abord été nommée grotte ornée de la Combe d'Arc[1] (du nom du lieu-dit où elle se trouve) mais porte aujourd'hui le nom d'un de ses inventeurs Jean-Marie Chauvet.
Le site comporte un millier de peintures et de gravures, dont 447 représentations d'animaux de quatorze espèces différentes[6],[7]. Plusieurs datations directes par la méthode du carbone 14 sur les charbons de bois, de la datation uranium-thorium sur les planchers de calcite, de thermoluminescence de traces de feu sur les parois ou de la datation cosmogénique par le 36Cl au niveau du porche ont donné des résultats cohérents qui indiquent que la grotte a connu deux phases d'occupation, l'une à l'Aurignacien (37 000 à 33 500 ans avant le présent en âge calibré[8]), l'autre au Gravettien (31 à 28 000 ans avant le présent en âge non calibré[9]). Les peintures et les gravures, réalisées pendant la première phase[10], comptent parmi les plus anciennes au monde[b]. La diversité et la maîtrise des techniques (gravure, préparation des parois par raclage, dessin digité ou au fusain souvent suivi d'une estompe en écrasant la couleur avec les doigts pour obtenir des nuances diverses, détourage des contours, utilisation de techniques mixtes[11],[12]) dont elles témoignent ont profondément remis en cause l'idée d'un art préhistorique évoluant très lentement et de manière linéaire et ascendante.
La grotte Chauvet se trouve au lieu-ditla Combe d'Arc, appelé également le cirque d'Estre, à une altitude entre 185 et 198 m et est située 25 mètres sous terre sur le plateau calcaire. La paléo-Ardèche qui s'écoulait sur les plateaux calcaires aplanis (surface d'aplanissement post-oligocène) dessinait des méandres en raison de la faible pente générale. Au cours de l'encaissement de la rivière, ces méandres se sont inscrits dans le massif calcaire. L'action de l'érosion, favorisée par le matériel abrasif de la rivière, accentue la sinuosité des méandres et entraîne l'amincissement de certains pédoncules. La combe constitue l'ancien méandre de l'Ardèche abandonné après le recoupement souterrain dans le tunnel du pédoncule calcaire par la rivière, qui a donné naissance à l'arche naturelle du pont d'Arc[15].
L'entrée de la grotte a subi plusieurs effondrements depuis 29 000 ans avant d'être définitivement obstruée il y a au moins 21 500 ans, formant une masse rocheuse de 4 500 m3[c] au pied du rocher d'Abraham qui domine l'entrée préhistorique. Cet éboulis a permis la préservation de l’écosystème de la grotte.
Historique
Découverte
La grotte est découverte, de manière inopinée, mais non fortuite[d], le , par Jean-Marie Chauvet (agent contractuel au ministère de la Culture, chargé de la surveillance des grottes ornées de l'Ardèche[18] depuis [19]), Éliette Brunel (viticultrice) et Christian Hillaire (employé à EDF)[e] dans le cadre de leurs activités spéléologiques privées. Vers 15 heures, après avoir emprunté un ancien chemin muletier qui, à mi-hauteur, débouche sur une vire à orbitolines[21], les spéléologues repèrent en hauteur d'une falaise au nord du cirque d'Estre[22] une mince ouverture derrière une végétation dense[23], ils s’y faufilent, puis progressent dans un vestibule de plusieurs mètres de longueur et débouchent vers 15 h 45 sur un « trou souffleur » (courant d’air s’échappant de la paroi) qui leur suggère que la cavité communique avec une autre galerie ou un puits[24]. Ils effectuent deux tirs d'explosifs à la chatière pour dégager l'entrée vers 18 h 30[25] qui ouvre sur un puits de 10 m. Brunel entrevoit alors un sol. Ils retournent à leur fourgonnette pour s'équiper d'une échelle qui leur permet de descendre le puits et découvrir vers 20 h dans la première galerie deux tracés digitaux. L'exploration des premières salles ornées les émerveille. Ils sortent de la grotte vers 23 h et en obstruent l'accès[26].
Bien qu'ils n'aient pas l'accord des propriétaires pour prospecter, les spéléologues revisitent la grotte le avec trois amis spéléologues, Daniel André, Michel Chabaud et Jean-Louis Payan. Ils y réalisent des relevés topographiques, 300 clichés photographiques ainsi qu'un film vidéo. Ce n'est que le que la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) à Lyon est mise au courant alors que Jean-Marie Chauvet, conformément à la loi du , se devait d'informer immédiatement le maire de la commune de Vallon-Pont-d'Arc[27].
Le conservateur régional commande un rapport d'expertise sur une grotte ornée exceptionnelle de Vallon-Pont-d'Arc. Elle a lieu le sous la conduite des découvreurs, avec Jean Clottes, spécialiste de l'art paléolithique, Jean-Pierre Daugas, conservateur régional de l'Archéologie, et son collaborateur Bernard Gély, qui travaille depuis des années dans les grottes de la région. Le , Jean Clottes remet son rapport d'expertise et préconise plusieurs mesures, notamment de ne pas ouvrir la grotte au public afin d'éviter les erreurs qui ont détérioré les peintures de Lascaux. Une première porte protégeant l'accès de la grotte est posée dès le . La découverte de la grotte est rendue publique le [28].
Saga judiciaire
Une longue procédure judiciaire s'est engagée après la découverte.
Trois hauts fonctionnaires antidatent un document d'autorisation temporaire de prospection aux découvreurs dans le but de leur contester tous droits photographiques sur les peintures. Le tribunal correctionnel de Lyon prononce le une condamnation pour faux en écriture[29],[30]. Un protocole d'accord, signé le [31], attribue aux trois découvreurs trois millions de francs (soit 457 347 €), nomme à cette occasion Grotte Chauvet la grotte découverte par les trois inventeurs, tandis que l’État s’engage à veiller « à ce que les inventeurs soient convenablement[f] associés à la valorisation du site et en particulier au futur espace de restitution[32]. »
Les trois inventeurs déposent deux marques (« grotte Chauvet » et « grotte Chauvet-Pont d’Arc ») le , mais oublient de les renouveler, ce qui entraîne une nouvelle bataille judiciaire lorsque le syndicat mixte chargé de construire la réplique de la grotte dépose ces deux noms le et le . Ce même syndicat, en , dépose le nom « espace de restitution de la grotte Chauvet » pour la réplique, mais le tribunal de grande instance de Paris juge le que le syndicat a déposé frauduleusement les marques, lui reprochant notamment de n’avoir pas averti les découvreurs de leur oubli du renouvellement du dépôt des marques[33].
Ce dépôt de marques et la bataille judiciaire entre les inventeurs et l'État explique que la grotte ardéchoise a hérité, lors de son classement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, du nom de « grotte ornée du Pont d’Arc, dite grotte Chauvet-Pont-d’Arc »[34].
De même, de très nombreuses juridictions ont été sollicitées à la suite de la procédure d'expropriation engagée par l'État pour devenir propriétaire de la grotte. Le , la grotte et les terrains alentour sont classés « monument historique »[1]. Par un arrêté ministériel du , déclarant l'utilité publique des fouilles et l'occupation temporaire des lieux, l'État devient donc propriétaire de la grotte aux dépens des résidents expropriés, mais il n'en a pas l'usage[30]. Pour l'acquérir, il doit, en effet, dans un délai de cinq ans non renouvelable, s'acquitter d'une « juste et équitable indemnisation », mais l'évaluation financière de la grotte est très délicate. L'État leur accorde initialement une indemnité correspondant à la valeur d'un terrain non constructible, soit environ 25 centimes de franc le mètre carré et devient définitivement propriétaire le . Les propriétaires contestent cette indemnité et en , le Conseil d'État décide de les indemniser à la hauteur des richesses inestimables de la grotte. Un procès en appel, à Toulouse, débouche sur une décision plus favorable aux propriétaires, mais cette décision est annulée en cassation. La cour d'appel de Lyon, en , condamne l'État à indemniser les familles à hauteur de 780 000 €. La saga juridique se poursuit le devant la Cour européenne des droits de l'homme qui estime que les expropriés ont obtenu une somme « en rapport avec la valeur des biens dont ils ont été dépossédés », à savoir 780 000 € à répartir entre les 14 propriétaires, usufruitiers ou héritiers de parcelles des terrains de surface[35],[36].
Enfin, après de longues négociations, le a vu entrer en vigueur un accord entre les inventeurs et l’État : le syndicat mixte de la Caverne du Pont-d'Arc, présidé par Pascal Terrasse député de l’Ardèche et composé du département de l'Ardèche et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et du gestionnaire du site, s'engage à verser 50 000 € aux trois inventeurs, en contrepartie de la propriété intellectuelle des photos et des vidéos réalisées au moment de la découverte. Le syndicat pourra aussi utiliser librement le nom de Grotte Chauvet. Qui plus est, la société Kléber Rossillon, gestionnaire de la Grotte Chauvet 2 - Ardèche, ouverte en 2015 et qui propose une réplique détaillée à moins d'un kilomètre de la grotte originale, versera 1,7 % sur le prix de chaque billet d'entrée (fixé à 18,00 €).
En , la réplique de la grotte Chauvet a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs depuis son ouverture en .
Inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO
Grotte ornée du Pont d’Arc, dite « grotte Chauvet-Pont-d’Arc » (Ardèche) *
Un comité de soutien à cette candidature a été créé en à Vallon-Pont-d'Arc. Il réunissait 27 000 membres début [37]. L'objectif était de réussir le défi « 36 000 ans - 36 000 signatures » avant l'été 2014. Le , le gouvernement décide de présenter officiellement la caverne ornée de Vallon-Pont-d'Arc, pour une inscription à la liste du patrimoine mondial en lors du comité organisé au Qatar, après une phase d'expertise de 18 mois[38].
Après des travaux d'aménagement (élargissement de l'entrée, aménagement d'une base logistique[40], mise en place d'un réseau de passerelles en inox totalement amovibles remplaçant les lais de plastique déposés par les inventeurs), une étude d'incidence est réalisée pendant trois ans par le laboratoire souterrain de Moulis et le laboratoire de recherche des monuments historiques du ministère de la Culture. Ces laboratoires instrumentent la grotte en 1997, et étudient son état sanitaire et climatologique pour déterminer les limites de fréquentation de la grotte au-delà desquelles la stabilité du milieu est menacée[41].
La grotte Chauvet du Pont-d’Arc ne sera jamais ouverte au grand public. Le nombre des visiteurs (découvreurs, proches, scientifiques, officiels, particuliers faisant une demande motivée) n'excède pas une centaine par an. L'accès se fait par une porte blindée hermétique anti-intrusion entourée d'ouïes qui permettent les échanges d'air, doublée de mesures de sûreté discrètes, le tout sous surveillance permanente (détecteurs de présence, caméras de surveillance). Après avoir signé un protocole de comportement, les visiteurs s'équipent dans le sas de sécurité d'un baudrier, d'une lampe frontale basse intensité et revêtent des combinaisons et des chaussures qui n'ont pas été au contact de l'extérieur, pour éviter les contaminations. Ils circulent sur les passerelles par groupes de cinq au maximum, encadrés par deux agents du service de la conservation du ministère de la Culture[42].
La grotte constitue une référence pour la conservation et la gestion des grottes ornées[45],[46].
Œuvres pariétales et pièces paléontologiques
Avec la grotte du Pech Merle (présentée au public en 1924), Lascaux (découverte en 1940), Cosquer (découverte en 1991) et Cussac (découverte en 2000), la grotte Chauvet est l'une des grottes françaises majeures par les qualités esthétiques et le nombre de ses œuvres.
Elle présente également un très grand intérêt scientifique, tant du point de vue paléontologique que de celui de l'art pariétal. Elle est l'une des plus anciennes grottes ornées au monde, datant de l'Aurignacien (environ 35 000 ans av. J.-C.). Les inventeurs et l'équipe qui, depuis la découverte, y mènent les recherches sous la direction des préhistoriens Jean-Michel Geneste et Jean Clottes, ont pris toutes les précautions nécessaires pour préserver non seulement les parois, mais aussi toutes les pièces paléontologiques (amas d'ossements, foyers, empreintes).
La paléo-entrée de la grotte a été reconstituée[47]. La grotte a été délimitée en secteurs paléontologiques (environ 150 loci). « Ces secteurs renferment quelques ou, le plus souvent, plusieurs dizaines d’ossements (amas). Cette répartition résulte de l’action combinée et diachronique des ours (modifications de leurs habitats), de l’homme (manipulations d’ossements) et de l’eau (charriage)[48]. »
Sur les neuf salles[49], quatre grandes salles ornées s'y succèdent, avec une hauteur des plafonds qui varie entre quinze et trente mètres : les deux premières salles (Salle Brunel, Salle des Bauges) comportent des dessins tracés à l'ocre rouge et un concrétionnement à dominante blanche ; dans la troisième apparaissent d'abord les gravures, puis les figures noires, qui couvrent le fond de la grotte ; les salles du fond plus humides (Salle Hillaire[50] et au-delà) ont des concrétions plus cuivrées (rouge et orange). Des galeries latérales et des vestibules sont également décorés[51].
Les peintures de l'entrée de la cavité sont dessinées avec des pigments minéraux d'ocre rouge, tandis que les peintures du fond de la grotte, plus humide, sont réalisées à l'aide de pigments charbonneux[52].
Les œuvres de l'époque aurignacienne témoignent de la maîtrise de techniques très diversifiées (préparation des parois, gravures, tracés digitaux et palmaires (mains positives et négatives), peintures, estompes, recherche de la perspective, etc.). Les thèmes abordés sont essentiellement animaliers, comme c'est généralement le cas dans l'art paléolithique. Sur les 447 représentations d'animaux, dont 355 identifiables avec certitude, les plus fréquentes sont celles des félins (21 % des représentations certaines, appartenant tous à la sous-famille des panthérinés[53]), des mammouths (19 %) et des rhinocéros laineux (19 %). Viennent ensuite les dessins zoomorphes des chevaux (14 %), des bisons (9 %), des bouquetins (5 %), des ours (5 %), des rennes (4 %), des aurochs (3 %) et des megaloceros (1 %)[54]. Toutefois, les animaux dits dangereux (espèces redoutables non chassées) sont ici exceptionnellement fréquents (les félins, rhinocéros, mammouths dépassent 66 % du répertoire des animaux déterminés) au détriment des animaux plus ordinaires tels que cheval et bison, davantage représentés dans les grottes aux dessins et peintures solutréens et magdaléniens[54].
Mis en scène, un crâne d'ours trône sur un bloc rocheux, entouré par d'autres à terre. Sur un pendant rocheux de la Salle du Fond, est représenté un couple mi-humain mi-animal (c'est la seule représentation anthropomorphe de la grotte) : l'homme à droite a la jambe et un bras humains, mais une tête de bison qui évoque les sorciers portant des masques ou des déguisements, à la manière des chamanes sibériens[g] ; la femme, à gauche, est une Vénus représentée dans sa moitié inférieure essentiellement par un sexe[h]. Cette composition complexe femme/homme-bison est surnommée le Sorcier et la Vénus depuis sa découverte, et révèle peut-être l'évocation d'une sorte de mythe[58]. Très souvent, d'ailleurs, on trouve la représentation de couples d'animaux. Sur le panneau des lions, tout près du couple cité, on découvre un couple de lions en caresses, un autre cheminant ensemble, et la joute amoureuse de deux rhinocéros. Les artistes ont gravé une scène de chasse figurant deux lions et un bison. L'un des félins, la tête posée sur celle du bison, y semble en pleine prédation. Une autre technique graphique utilisée est la superposition d'images similaires, générant l'illusion du mouvement de l'animal.
Les parois sont ornées de signes et symboles : ponctuations, croix, hachures, tracés digitaux (que les archéologues ont appelé des « spaghettis »), nombreuses mains en positif et négatif. Les cinq triangles pubiens occupent une position privilégiée, peut-être structurante, dans la construction des dispositifs pariétaux. Ils apportent des indices forts de véritables constructions thématiques, étroitement associées à la topographie de la grotte[59].
Le site « archeologie.culture.fr » permet par une visite virtuelle de parcourir salles et galeries pour découvrir les spéléothèmes et les principales œuvres pariétales[60] : l’accès à la grotte se fait par la voûte de la salle Brunel où débouche la chatière de la découverte. Une partie du sol est couverte de chaos d’énormes blocs issus d’effondrements du plafond et de basculements de massifs stalagmitiques. Les peintures de ce secteur rarement figuratives sont essentiellement exécutées à l’ocre rouge (points-paumes, signes complexes). La loge du Cervidé rouge (daim ou megaloceros ?) est le passage obligé pour accéder au diverticule des Ours[i] et des Bouquetins. L'exploration se poursuit par la salle Brunel (panneau de félin noir, de la main positive, panneau des dominos, des chevaux jaunes[j], grand panneau de points-paumes), la salle des Bauges (panneau de la Panthère[k] et du Rhinocéros abrégé[l]), la galerie du Cactus (panneau de l'ours rouge, panneau du mammouth et des félins noirs), la salle du Crâne (pendant aux Rennes, crâne du bloc[m]) et la salle du Fond (panneau du renne dansant, des rhinocéros, des trois lions, alcôve du cheval, grand panneau des lions, panneau du rhinocéros crachant, pendant de la Vénus, sacristie et galerie du belvédère).
Selon une étude publiée dans Nature News le [61] une peinture, recouverte ultérieurement par le dessin d'un mégacéros, pourrait représenter un volcan du Bas-Vivarais alors en activité. Ce serait ainsi la plus ancienne représentation connue d'une éruption volcanique.
La grotte comporte également des empreintes animales (ours, canidé, bouquetins) dont l'étude paléoichnologique permet notamment d'établir des relations prédateurs-proies[62]. Fait rare, une piste d’empreintes de pieds humains correspond à celles d'un enfant d'environ huit ans, mesurant 1,30 m. Le faible rapport longueur (21,4 cm) sur largeur (9,2 cm) du pied évoque plutôt un individu du sexe masculin[63].
De nombreux vestiges archéologiques ont été mis au jour : ossements, silex débités, traces charbonneuses (impacts de torches et autres), structures de combustion (foyers), meules, charbons de bois[64].
La grotte est d'autant plus remarquable qu'elle a été occupée par les hommes à deux périodes très anciennes, l’Aurignacien et le Gravettien. Selon les scientifiques chargés de l'étude sous la direction du préhistorien Jean Clottes, les œuvres pariétales auraient été réalisées au cours de la première seulement. Pour d'autres auteurs, seuls les dessins réalisés avec des charbons de bois (provenant de pin sylvestre[66]) dateraient de la période la plus ancienne, les dessins faits avec de l'ocre datant du Gravettien[67].
Les premières datations par le carbone 14 ont créé la surprise par leur ancienneté (31 000 ans). La grotte a depuis bénéficié d'un nombre exceptionnel de datations directes, dont certaines à partir d'échantillons prélevés directement sur les peintures[9]. Des échantillons furent confiés à plusieurs laboratoires. Les dates obtenues sont difficilement contestables et acceptées aujourd'hui par la majorité des préhistoriens. La grotte a connu deux phases de fréquentation, l'une à l'Aurignacien 33 000 à 29 000 ans av. J.-C. en âge non calibré), l'autre au Gravettien (27 000 à 24 500 ans av. J.-C. en âge non calibré). Les variations de la teneur atmosphérique en carbone 14 rendent nécessaire une correction des datations anciennes pour avoir une idée plus juste de l'âge en années calendaires. Cette correction, appelée « calibration », est rendue possible par la reconstitution de l'évolution au cours du temps de la teneur atmosphérique en carbone 14 à partir de différentes sources d'informations (sédiments lacustres ou marins, coraux, spéléothèmes). Au moment de la publication du bilan de l'ensemble des datations par le carbone 14 obtenues pour la grotte, les auteurs indiquaient qu'ils ne disposaient pas d'informations suffisamment fiables pour les calibrer, mais que les âges calendaires correspondant à la première phase d'occupation devaient être compris 33 000 et 38 000 ans avant le présent[9]. Des parallèles stylistiques ont également été établis depuis la découverte avec certaines statuettes découvertes en contexte aurignacien indubitable, telles que l'homme-lion de Hohlenstein-Stadel[68].
Les datations ont été mises en doute en 2003 puis 2010 par certains archéologues, Christian Züchner, Paul Pettitt et Paul Bahn notamment, qui estimaient ces peintures plus récentes sur la base de critères stylistiques[69],[70],[71],[72]. Des recherches menées sur le style évoquent le cas de quelques gravures peut-être gravettiennes recouvrant certaines peintures noires aurignaciennes et attestant ainsi leur plus grande ancienneté[73].
Des recherches géomorphologiques publiées en 2012 ont montré que l'entrée naturelle de la cavité par laquelle pénétraient les Hommes de la Préhistoire et les différents animaux a progressivement été obstruée à partir de 29 500 ans jusqu'à sa fermeture définitive aux alentours de 22 000 ans[74]. Ces travaux de datations apportent des éléments de preuves permettant d'éliminer toutes les hypothèses plaçant l'art de la Grotte ornée du Pont-d’Arc durant la période magdalénienne et solutréenne, comme le suggèrent certains auteurs sur la base d'analyses stylistiques de l'art pariétal.
Parallèlement aux datations réalisées dans la grotte Chauvet-Pont-d'Arc elle-même, dès 2008, plusieurs membres de l'équipe scientifique chargée de l'étude de la grotte ont entrepris des recherches à vocation chronologique dans les autres sites ornés des gorges de l'Ardèche sous la direction de Julien Monney (notamment à la grotte aux points d'Aiguèze qui présente des similitudes iconographiques flagrantes avec Chauvet-Pont-d'Arc[75] mais aussi à la grotte des Deux-Ouvertures[76]). Ces recherches, structurées sous le nom de projet "Datation Grottes Ornées" (ou DGO) sont destinées à préciser le contexte de fréquentation des grottes ornées à échelle régionale[77]. Ce faisant, elles se proposent de discuter l'apparente exceptionnalité chronologique et iconographique de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc « de l'extérieur » en la resituant au sein d'un ensemble régional n'ayant, jusqu'alors, que peu bénéficié des apports de moyens d'investigation chronologiques modernes. Ces recherches sont encore en cours (2020). Elles ont toutefois d'ores et déjà apporté de nombreux résultats touchant indirectement à la chronologie de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc[78],[79],[80],[81],[82].
Jean-Marc Elalouf et les membres de son équipe ont montré que les restes d'ursidés présents dans la grotte étaient bien ceux de l'ours des cavernes, représenté dans la galerie du cactus. Céline Bon date la disparition de l'ours à 30 000 ans pour la Grotte Chauvet, par l'étude des coprolithes qui y ont été retrouvés[83]. Dans la salle Morel, des os appartenant à cette espèce d'ours végétarien ont été datés à 19105 av. J.-C.[84]. Dans la salle des mégacéros, d'autres ont été datés à 31140 av. J.-C. Leurs griffades confirmeraient l'ancienneté de certaines œuvres pariétales[85],[86]. Les panneaux utilisant les techniques les plus perfectionnées ne sont pas couverts de marques d'ours. Le panneau des lionnes n'a pas été griffé par les ours.
Le grand bison de la salle du fond est la seule peinture de cette salle à avoir été datée (30340 av. J.-C.). Il recouvre des dessins plus anciens griffés par les ours. Le risque d'erreurs de datation lié à la superposition de peintures d'époques différentes poussera certainement les équipes de recherche à réaliser d'autres datations pour confirmer l'âge de ces œuvres.
Implications de la découverte de la grotte
Les œuvres de la grotte démontrent qu'il existait déjà, au début du Paléolithique supérieur, des artistes capables d'abstraction intellectuelle pour préparer la paroi calcaire et penser le dessin. La grotte est un site majeur dans l'histoire de l'humanité, où l'on voit que les hommes maîtrisaient parfaitement des techniques très complexes comme l'estompe et la perspective capables de donner du volume aux représentations pariétales, mais également d'y figurer un véritable dynamisme. Grâce à la grotte, les historiens et les scientifiques admettent dorénavant que l'art ne doit plus être lu comme un mouvement historique linéaire durant lequel les hommes auraient acquis des connaissances et des techniques de représentations pariétales leur permettant de dessiner des formes de plus en plus complexes.
La réalisation de l’espace de restitution de la grotte Chauvet 2 a été pilotée par Pascal Terrasse, député de l’Ardèche et président du conseil général de l’Ardèche. L’opération a été menée par le syndicat mixte chargé de la réalisation. L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO fut également portée par le syndicat mixte. Le financement de l’opération a été assuré par la région Rhône-Alpes et le conseil départemental de l'Ardèche avec l'appui de l'État et de l'Europe, qui ont commencé de construire en 2012, sur le site du Razal à Vallon-Pont-d'Arc, une réplique de la cavité. Baptisé en « La Caverne du Pont-d'Arc », puis « Grotte Chauvet 2 », ce site culturel et touristique a été confié en délégation de service public à la société Kleber Rossillon, spécialisée en monuments historiques, et a ouvert ses portes le .
Minatec organise en octobre 2015 dans le cadre de la biennale Arts-Sciences et en collaboration avec l'Hexagone de Meylan, le salon Experimenta, visant à faire découvrir au grand public la reconstitution numérique de la grotte Chauvet. Cette reconstitution a nécessité un relevé de seize milliards de points, générant ainsi un clone numérique intégral[87].
Notes et références
Notes
↑Le site du ministère de la Culture parle de la « Grotte Chauvet-Pont-d'Arc »[2] et l'UNESCO de « Grotte ornée du Pont-d’Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d’Arc »[3], tandis que la notice d'autorité du Sudoc préfère « Grotte Chauvet »[4], qui est le nom le plus couramment rencontré dans les sources. L'explication de ces différentes dénominations est donnée dans la section « Saga juridique ».
↑Notamment, elles sont deux fois plus anciennes que celles de Lascaux.
↑Datation au 36Cl (isotope formé par l'exposition aux rayons cosmiques) des niches d’arrachement qui surplombent la paléo-entrée, mesure corrigée en retranchant la quantité de chlore 36 qui a pu s’infiltrer ultérieurement par percolation de l’eau dans les fissures de la roche[16].
↑Cette équipe de spéléologues chevronnés (Jean-Marie Chauvet, Christian Hillaire et Éliette Brunel) avait déjà découvert une dizaine de grottes ornées dans les gorges de l'Ardèche (notamment une vénus gravée dans la grotte du Planchard, puis, début 1994, des tracés digitaux dans la bergerie de Charmasson, deux cavités qui ne sont éloignées tout au plus que de trente mètres de ce qui deviendra le vestibule d’entrée de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc). Six mois avant la date du , une autre équipe (Michel Rosa, Didier Lanthelme, Jean-Marie Chauvet et Éliette Brunel) avait entamé les travaux de désobstruction de ce vestibule[17].
↑Selon différents proches du dossier, la présence de Christian Hillaire est contestée. « Jean-Marie Chauvet et Éliette Brunel-Deshamps ne voulaient pas, pour des raisons privées, dire qu'ils étaient allés dans la grotte tous les deux seuls. Aussi auraient-ils demandé à Christian Hillaire de leur servir d'alibi. Rien de plus. Ils ignoraient sans doute que leur arrangement allait engendrer une situation moralement intenable : dans le trio, un homme, absent au moment de l'exploration, allait être indemnisé par des fonds publics, pour l'invention d'un trésor qu'il n'aurait pas découvert ». Les trois inventeurs réfutent l'existence d'un tel pacte[20].
↑L’adverbe « convenablement » demeure tellement vague qu’il peut être interprété de manière très différente selon les protagonistes.
↑Cette interprétation d'un être composite est encore hypothétique. D'autres hypothèses restent possible : peinture d'une femme et non d'un homme (en raison de la présence d'un triangle qui évoque les triangles pubiens ; peinture d'un bison seul au dessin mal schématisé, ou bison dont les composantes interprétées comme humaines ne sont que la conséquence involontaire d'un geste de frottement[56].
↑Le bison se superpose à sa partie supérieure absente mais il n'en a pas été peut-être toujours ainsi. Une lionne est peinte à gauche de cette partie supérieure. Le triangle sombre, coloré de pigment noir, creusé en sa pointe inférieure d'une fente profonde, marque nettement le pubis et le sillon vulvaire. Le sexe est entouré d'une ébauche de hanches rondes prolongées par deux cuisses charnues et par une ébauche de jambes en fuseau. Les pieds sont absents[57].
↑Figurations souvent difficiles à interpréter, les ours se caractérisent par un mufle arrondi avec une forte rupture de pente sur le chanfrein.
↑Unique représentant de son espèce dans la grotte et dans l'art européen.
↑Synecdoque (représentation abrégée d’un contour animal permettant, par seulement quelques tracés, de le reconnaître) de sa tête.
↑Il s’agit de celui d’un « animal sub-adulte, car les sutures des différents éléments crâniens (frontal, pariétaux…) ne sont pas encore soudées et vraisemblablement d’une jeune femelle si l’on en juge par la crête sagittale très courte et peu développé ».
↑Cet animal dans la salle Hillaire est associé aux puissances surnaturelles dans de nombreuses cultures en raison de sa capacité à pivoter la tête de 270°. Sa morphologie (les oreilles, en particulier) a permis de préciser qu'il s'agit d'un hibou moyen-duc[65].
↑Julien Monney, « Et si d'un paysage l'on contait passé. Tissu de sens et grottes ornées le long des gorges de l'Ardèche », Collection EDYTEM. Cahiers de géographie, vol. 13, no 1, , p. 21–42 (DOI10.3406/edyte.2012.1203, lire en ligne, consulté le )
↑« La grotte Chauvet, une révolution », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Anita Quiles et col, « A high-precision chronological model for the decorated Upper Paleolithic cave of Chauvet-Pont d’Arc, Ardèche, France », PNAS, (DOI10.1073/pnas.1523158113).
↑ ab et cValladas, H., Tisnérat-Laborde, N., Cacher, H., Kaltnecker, É., Arnold, M., Oberlin, Ch. et Évin, J. (2005) - « Bilan des datations carbone 14 effectuées sur des charbons de bois de la grotte Chauvet », Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. 102, no 1, La grotte Chauvet à Vallon-Pont-d'Arc : un bilan des recherches pluridisciplinaires Actes de la séance de la Société préhistorique française, 11 et 12 octobre 2003, Lyon, p. 109-113.
↑Gilles Tosello et Carole Fritz, « Les dessins noirs de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc : essai sur leur originalité dans le site et leur place dans l'art aurignacien », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 102, no 1, , p. 159-171 (lire en ligne).
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↑La porte blindée est reliée par une passerelle de bois imputrescible et acier inoxydable de 40 mètres à la grotte du Treuil, aménagée en « base de vie » à l’usage des agents de la Conservation. Source : La grotte Chauvet. Un site classé et protégé, site archeologie.culture.fr
↑. En raison des températures qui augmentent l'été, le taux de CO2 et de radon rendent le lieu infréquentable pour les humains, si bien qu'il est totalement fermé de juin à décembre. À noter que la galerie du fond, plus confinée, a un taux de CO2 entre 2 et 3,5 %, le reste de la grotte ayant un taux de 1 à 2 %.
↑Bourges F., Genthon P., Genty D., Lorblanchet M., Mauduit E., D’Hulst D. (2014) - « Conservation of prehistoric caves and stability of their inner climate: lessons from Chauvet and other French caves », Science of the Total Environment, Vol. 493, 15 septembre 2014, p. 79-91, DOI:10.1016/j.scitotenv.2014.05.137.
↑Bourges, F., Mangin, A. Genthon, D. Genty, D.,
D’Hulst, D., Mauduit, E. (2014) - « Conservation et gestion des grottes ornées préhistoriques : les apports du suivi environnemental de la grotte Chauvet-Pont d’Arc (Ardèche, France) », Actes du colloque « microanalyses et datations de l’art préhistorique dans son contexte archéologique », Paléo numéro spécial 2014, p. 339-345.
↑Reconstitution 3D de la paléo-entrée de la grotte Chauvet. Source : Delannoy J.-J., Sadier B., Jaillet S., Ployon E., Geneste J.-M., « Reconstitution de l’entrée préhistorique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc (Ardèche, France) : les apports de l’analyse géomorphologique et de la modélisation 3D », Karstologia, no 56, , p. 17-34.
↑ a et bMichel Philippe et Philippe Fosse, « La faune de la grotte Chauvet (Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche) : présentation préliminaire paléontologique et taphonomique », PALEO, no 15, , p. 123-140 (lire en ligne).
↑M. Azéma , J. Clottes, « Les images de félins de la grotte Chauvet », Bulletin de la Société préhistorique française, no 102, , p. 174.
↑ a et bJean Clottes, Bernard Gély, Yannik Le Guillou, « Dénombrements en 1998 des représentations animales de la Grotte. Chauvet (Vallon-Pont-d'Arc, Ardèche) », International Newsletter on Rock Art, no 23, , p. 18-25.
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↑Participation de Paul Bahn à une émission consacrée à la grotte, Europe 1, 17 juillet 2010, où les invités demandent que des résultats plus complets de datation soient fournis afin qu'on puisse notamment distinguer, parmi les charbons utilisés pour les fresques, ceux provenant de bois de ceux provenant de charbon d'os, par exemple d'ours, présents dans la grotte depuis au moins 30 000 ans, sans pour autant attester l'ancienneté des fresques qui auraient pu être créées à une période plus récente (intervention depuis la minute 55 à 59). Cette remarque traduit une méconnaissance de la méthode de datation par le carbone 14, qui ne peut s'appliquer aux ossements brûlés.
↑(en) Benjamin Sadier, Jean-Jacques Delannoy, Lucilla Benedetti, Didier L. Bourlès, Stéphane Jaillet, Jean-Michel Geneste, Anne-Elisabeth Lebatard et Maurice Arnold, « Further constraints on the Chauvet Cave artwork elaboration », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 21, no 109, , p. 8002-8006 (DOI10.1073/pnas.1118593109).
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Sous la direction de Jean-Jacques Delannoy et Jean-Michel Geneste, Atlas – Monographie de la grotte Chauvet-Pont d'Arc, tome 1, éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 2020 (ISBN978-2735125333)
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Pedro Lima, Chauvet-Pont d'Arc, le premier chef-d'œuvre de l'Humanité révélé par la 3D, Synops Éditions, , 204 p. (ISBN978-2-9542888-2-6)
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Jean Combier et Guy Jouve, « Nouvelles recherches sur l'identité culturelle et stylistique de la grotte Chauvet et sur sa datation par la méthode du 14C », suivi de : Michel Lorblanchet, « Au sujet de l'article de J. Combier et G. Jouve et de la datation de la grotte Chauvet », L'Anthropologie, vol. 118, no 2, avril-
Gérard et Sylvie Aubriot, L'Homme de la Combe d'Arc ou le Peintre de la Grotte Chauvet, Pont-Saint-Esprit, éditions la Mirandole, 2000 (ISBN2-909282-64-3)
La grotte Chauvet révélée par la 3D (2011) de Philippe Psaïla et Pedro Lima Montre les peintures originales de la grotte Chauvet ainsi que les techniques de relevés utilisées pour la reconstitution.
Quatre documentaires réalisés entre 2000 et 2003 par Pierre Oscar Lévy :
La Grotte Chauvet, devant la porte, 2000 Fait découvrir le travail et quelques étapes marquantes de l’investigation scientifique autour de la grotte.
Dans le silence de la Grotte Chauvet, 2002 Première visite du poète, écrivain, peintre et critique John Berger.
La Grotte Chauvet : dialogue d'équipe, 2003
La Grotte Chauvet : la première fois, 2003 Le film, commenté par Jean Clottes, montre les premières visites de scientifiques découvrant la grotte et donne l'ensemble des clés pour comprendre la géologie, pour décrypter les traces et empreintes, et pour aller à la rencontre des premières images du monde dessinées ou gravées par ces artistes d'il y a 32 000 ans.
Buu Buu adalah seorang karakter dari seri Dragon Ball. Tubuhnya berwarna merah muda. Dia memiliki kemampuan untuk menyerap organisme lain. Semua Buu memiliki tubuh yang elastis dan dengan mudah dapat terluka. Dia dapat menyembuhkan dirinya secara cepat dari luka apapun dan menumbuh ulang bagian apapun dari tubuhnya. Buu dapat berubah menjadi tokoh antagonis maupun protagonis. Sewaktu Buu berubah menjadi tokoh antagonis, dia menyebut dirinya Evil Buu. (bertubuh abu-abu) Bentuk- bentuk Buu: Maj...
11th vice president of Iraq Osama al-Nujaifiأسامة النجيفيVice President of Iraq[2][3]In office10 October 2016[1] – 2 October 2018Serving with Nouri al-Maliki and Ayad AllawiPresidentFuad MasumPreceded byHimselfSucceeded byVacantIn office9 September 2014 – 11 August 2015Serving with Nouri al-Maliki and Ayad AllawiPresidentFuad MasumPreceded byKhodair al-KhozaeiSucceeded byHimselfSpeaker of the Council of RepresentativesI...
Imaging and diffraction using electrons that pass through samples A TEM image of a cluster of poliovirus. The polio virus is 30 nm in diameter.[1] Operating principle of a transmission electron microscope Transmission electron microscopy (TEM) is a microscopy technique in which a beam of electrons is transmitted through a specimen to form an image. The specimen is most often an ultrathin section less than 100 nm thick or a suspension on a grid. An image is formed from the interac...
Voce principale: Ascoli Calcio 1898. Ascoli Calcio 1898Stagione 1976-1977 Sport calcio Squadra Ascoli Allenatore Enzo Riccomini (1ª-13ª) Giovanni Mialich (14ª-21ª) Enzo Riccomini (22ª-38ª) Presidente Costantino Rozzi Serie B9º posto Coppa ItaliaPrimo turno Maggiori presenzeCampionato: S. Villa (37) Miglior marcatoreCampionato: S. Villa (15) StadioStadio Cino e Lillo Del Duca 1975-1976 1977-1978 Si invita a seguire il modello di voce Questa pagina raccoglie le informazioni riguard...
Menteri Koperasi dan Usaha Kecil dan Menengah Republik IndonesiaPetahanaTeten Masdukisejak 23 Oktober 2019Dibentuk6 Juni 1968Pejabat pertamaM. Sarbini Berikut adalah daftar orang yang pernah menjabat sebagai Menteri Koperasi dan Usaha Kecil dan Menengah Republik Indonesia hingga saat ini. No Menteri Kabinet Mulai Menjabat Selesai Menjabat Keterangan Masih digabungkan dengan Menteri Transmigrasi Kerja I 10 Juli 1959 18 Februari 1960 [A] Kerja II 18 Februari 1960 6 Maret 1962 1 Ach...
Франц Саксен-Кобург-Заальфельдскийнем. Franz von Sachsen-Coburg-Saalfeld герцог Саксен-Кобург-Заальфельдский 8 сентября 1800 — 9 декабря 1806 Предшественник Эрнст Фридрих Саксен-Кобург-Заальфельдский Преемник Эрнст I Саксен-Кобург-Заальфельдский Рождение 15 июля 1750(1750-07-15)Кобург, Сакс...
American politician (1851–1930) Senator Dubios redirects here. For other uses, see Senator Dubios (disambiguation). Fred DuboisUnited States Senatorfrom IdahoIn officeMarch 4, 1901 (1901-03-04) – March 3, 1907 (1907-03-03)Preceded byGeorge ShoupSucceeded byWilliam BorahIn officeMarch 4, 1891 (1891-03-04) – March 3, 1897 (1897-03-03)Preceded byWilliam McConnellSucceeded byHenry HeitfeldDelegate to the U.S. Hous...
سر الأميرةمعلومات عامةتاريخ الصدور 1949اللغة الأصلية العربيةالعرض أبيض وأسود البلد مصرالطاقمالمخرج نيازي مصطفىالكاتب محمد كامل حسن المحاميأبو السعود الإبيارينيازي مصطفىالبطولة كوكاكمال الشناويالتصوير محمد عبد العظيمالتركيب جلال مصطفىصناعة سينمائيةالمنتج أفلام ال...
Swedish National Courts AdministrationDomstolsverket (DV)The coat of arms of the Swedish National Courts AdministrationAgency overviewFormed1975HeadquartersJönköpingMinister responsibleMorgan Johansson, (Ministry of Justice)Agency executiveMartin Holmgren[1], (Director-General)Parent agencyMinistry of JusticeKey documentsRegleringsbrevInstruktionWebsitedomstol.se The Swedish National Courts Administration (SNCA) (Swedish: Domstolsverket) is a Swedish administrative authority organiz...
Sri Lankan politician Hon.Duminda SilvaMPMember of Parliamentfor ColomboIn office22 April 2010 – 26 June 2015Majority146,336 Preferential VotesMember of Western Provincial CouncilIn office2004–2010 Personal detailsBornArumadura Lawrence Romelo Duminda Silva (1974-12-03) 3 December 1974 (age 49)Colombo, Sri LankaPolitical partySri Lanka Podujana PeramunaResidence(s)40/8 Perera Mawatha, Pelawatta, BattaramullaWebsiterdumindhasilva.com Arumadura Lawrence Romelo Duminda Silva (b...
اللغة الدوغرية الاسم الذاتي डोगरी الناطقون 2000000 (1997) النسب لغات هندية أوروبية لغات هندية أوروبيةلغات هندية إيرانيةلغات هندية آريةNorthern Indo-Aryan (en) Dogri-Kangri-Bhateali (en) الدوغرية أيزو 639-3 dgo تعديل مصدري - تعديل اللغة الدوغرية (डोगरी أو ڈوگری) هي إحدى اللغات الهندوآر�...
القاهرة القبطية الإحداثيات 30°00′23″N 31°13′54″E / 30.0063°N 31.2318°E / 30.0063; 31.2318 تقسيم إداري البلد مصر التقسيم الأعلى محافظة القاهرة تعديل مصدري - تعديل الكنيسة المعلقة أشهر معالم القاهرة القبطية تقع القاهرة القبطية هي جزء من القاهرة القديمة التي تضم ق�...
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The Waruna scena del filmTitolo originaleThe War Paese di produzioneStati Uniti d'America Anno1994 Durata126 min Generesentimentale, drammatico RegiaJon Avnet SoggettoKathy McWorter FotografiaGeoffrey Simpson MontaggioDebra Neil-Fisher MusicheThomas Newman Interpreti e personaggi Elijah Wood: Stu Simmons Kevin Costner: Stephen Simmons Mare Winningham: Lois Simmons Lexi Faith Randall: Lidia Joanne Simmons LaToya Chisholm: Elvadine Christopher Fennell: Billy Lipnicki Donald Sellers: Arliss ...
Вологодская духовная семинария (ВДС) Дореволюционное здание Год основания 1730 Конфессия Православие Церковь Русская православная церковь Ректор протоиерей Алексий Ольховников Расположение Вологда Юридический адрес улица Монастырская, дом 2 Сайт vologda-seminaria.ru Вологодс...
Soviet-Russian Chechen diplomat and politician In this name that follows Eastern Slavic naming customs, the patronymic is Gapurovich and the family name is Zavgayev. This biography of a living person needs additional citations for verification. Please help by adding reliable sources. Contentious material about living persons that is unsourced or poorly sourced must be removed immediately from the article and its talk page, especially if potentially libelous.Find sources: Doku Zavgaye...
1940 United States Senate election in Minnesota ← 1934 November 5, 1940 1946 → Nominee Henrik Shipstead Elmer A. Benson John E. Regan Party Republican Farmer–Labor Democratic Popular vote 641,049 310,875 248,658 Percentage 53.01% 25.71% 20.56% County resultsShipstead: 30–40% 40–50% 50–60% 60–70% 70–...
Scalar measure of the rotational inertia with respect to a fixed axis of rotation For the quantity also known as the area moment of inertia, see Second moment of area. Moment of inertiaFlywheels have large moments of inertia to smooth out changes in rates of rotational motion.Common symbolsISI unitkg⋅m2Other unitslbf·ft·s2Derivations fromother quantities I = L ω {\displaystyle I={\frac {L}{\omega }}} DimensionM L2 Part of a series onClassical mechanics F = d p d t {\displaysty...