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أَشْهَدُ أَنْ لْاَ إِلَـهَ إِلْاَّ ٱلله وَأَشْهَدُ أَنَّ مُحَمَّداً رَسُولُ ٱلله (J'atteste qu'il n'y a pas de divinité en dehors d'Allah et que Mahomet est l'envoyé de Dieu)
Avec une superficie d'environ 176 120 km2[3], il est limitrophe de la Somalie, de l'Éthiopie et de Djibouti. La population est d'environ 6 200 000 habitants[4] en 2024 et la capitale, Hargeisa, a une population d'environ 1 756 000 habitants[5].
Histoire
Préhistoire
Le Somaliland est habité au moins depuis le Paléolithique. Pendant l'âge de pierre, les cultures Doian et Hargeisan ont prospéré ici. La preuve la plus ancienne des coutumes funéraires dans la Corne de l'Afrique provient de cimetières du Somaliland datant du 4e millénaire avant notre ère. Les outils en pierre du site de Jalelo dans le nord ont également été caractérisés en 1909 comme des artefacts importants démontrant l'universalité archéologique au cours du Paléolithique entre l'Est et l'Ouest.
En , une équipe d'archéologues français dirigée par Xavier Gutherz découvre des peintures rupestres à Laas Geel, près de Hargeisa. On y trouve plus de 30 grottes peintes. Protégés par les autorités dès leur découverte, ces sites constituent une attraction touristique en plein essor[6].
Antiquité
Des anciennes structures pyramidales, des mausolées, des villes en ruines et des murs de pierre, tels que le mur de Wargaade, témoignent d'une ancienne civilisation qui prospérait autrefois dans la péninsule somalienne. Cette civilisation jouissait d'une relation commerciale avec l'Égypte ancienne et la Grèce mycénienne depuis le deuxième millénaire avant notre ère, ce qui permet de soutenir l'hypothèse que la Somalie ou les régions adjacentes étaient l'emplacement de l'ancien pays de Pount. Les Pountites faisaient le commerce de la myrrhe, des épices, de l'or, de l'ébène, du bétail à cornes courtes, de l'ivoire et de l'encens avec les Égyptiens, les Phéniciens, Babyloniens, Indiens, Chinois et Romains par leurs ports commerciaux.
On pense que le dromadaire a été domestiqué dans la région entre le IIe et le IIIe millénaire av. J.-C.. De là, il s'est répandu en Égypte et au Maghreb.
Longtemps positionné dans la sphère de l'Empire ottoman, ce territoire devient un protectorat britannique en 1888, sous le nom de Somalie britannique (Somaliland). Les Anglais, peu intéressés par ce territoire qui assure le ravitaillement de la garnison d'Aden en ovins, n'imposent pas une administration occidentale et s'ingèrent peu dans les affaires de la société traditionnelle locale, dont les structures restent inchangées[7].
Seconde Guerre mondiale
Le (ou le 4 selon d'autres sources), environ 40 000 Italiens envahissent le Somaliland britannique sous le commandement du général Guglielmo Nasi[8]. Ils s'emparent en quelques jours de plusieurs villes mal défendues[8]. Les forces britanniques au Somaliland reçoivent quelques renforts et un nouveau commandant, le major-général Godwin-Austen[8]. Jugeant les forces en présence trop inégales, ce dernier demande le le retrait des troupes britanniques[8]. Les derniers soldats britanniques sont évacués vers Aden le 17[8]. Les Italiens s'emparent de Berbera le 19 et annexent le Somaliland britannique à l'Afrique orientale italienne[8]. Lors de cette campagne, les pertes britanniques s'élèvent à 38 tués, 71 blessés et 49 disparus, pour 465 tués, 1 530 blessés et 34 disparus chez les Italiens[9].
En , les troupes britanniques reprennent le Somaliland, qui redevient une colonie sous administration anglaise.
En 1946, un mouvement nationaliste somali est créé au Somaliland, la Somali National League (SNL)[10].
Union avec la Somalie
Neuf jours après son indépendance en , et, alors que plus d'une trentaine d'États l'ont reconnu officiellement, le Somaliland fusionne avec la Somalie italienne pour former la Somalie. Le Premier ministre de la Somalie britannique, Mohamed Ibrahim Egal, devient ministre de la nouvelle République. Il en devient Premier ministre en 1967, puis est renversé par le coup d'État dirigé par Mohammed Siad Barre en 1969.
Indépendance
Une rébellion menée par le Mouvement national somalien (SNM) éclate au début des années 1980. Elle est brutalement réprimée par Mohammed Siad Barre. En 1988, Hargeisa est bombardée par l'aviation gouvernementale. La répression fait 50 000 morts et près de 500 000 déplacés[7], pour une ville qui avait alors quelque 1 million d'habitants (soit 5% des habitants qui meurent pendant la répression). C'est le début de la guerre civile somalienne, qui s'amplifie avec le renversement de Mohammed Siad Barre en 1991.
Le , est proclamée l'indépendance de deux régions administratives de Somaliland : Togdheer et Woqooyi Galbeed, parties de l'ancienne colonie britannique. Cette déclaration n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.
Cependant, des délégations étrangères (djiboutiennes, éthiopiennes, françaises…) se rendent au Somaliland. En , l'indépendance est entérinée par un référendum qui remporte 97,1% de oui[7].
Mohamed Ibrahim Egal est élu président en 1993, il est réélu en 1998 et reste au pouvoir jusqu'à sa mort le , alors que son 2e mandat n'est pas terminé. Dahir Riyale Kahin, le vice-président, prend donc les fonctions de président jusqu'aux prochaines élections. Le , Ahmed Silanyo est élu président de la République, et succède à Riyale Kahin un mois plus tard[11].
Un conflit frontalier s'installe entre l'État du Somaliland et la région autonome du Pount.
En , le Somaliland et les Émirats arabes unis signent un accord, prévoyant la construction dans le port de Berbera d'une base navale et aérienne, concédée aux Émirats pour 25 ans. Ces derniers s'engagent aussi à agrandir le port civil et à le gérer pendant 30 ans[12].
Le , le porte-parole du gouvernement du Somaliland déclare officiellement que son gouvernement est prêt à ouvrir un dialogue diplomatique avec le gouvernement somalien, afin qu'il puisse enfin mettre fin à l'hostilité politique, sociale et économique chronique des deux pays.
Le Somaliland a des contacts politiques avec l'Éthiopie[16] et Djibouti[17], la République de Chine (Taiwan)[18], ainsi qu'avec l'Afrique du Sud[16], la Suède[19], le Royaume-Uni[20]et la micro-nation du Liberland[21],[22]. Le , l'Union européenne (UE) a envoyé une délégation aux affaires étrangères pour discuter d'une future coopération. L'Union africaine (UA) a également envoyé un ministre des Affaires étrangères pour discuter de l'avenir de la reconnaissance internationale, et les 29 et , les ministres ont déclaré qu'ils discuteraient de la reconnaissance avec les États membres de l'organisation.
Au début de 2006, l'Assemblée nationale du Pays de Galles a étendu une invitation officielle au gouvernement de Somaliland pour assister à l'ouverture royale du bâtiment Senedd à Cardiff. Cette décision a été considérée comme un acte de reconnaissance par l'Assemblée galloise de la légitimité du gouvernement séparatiste. Le Pays de Galles abrite une importante communauté d'expatriés somaliens du Somaliland.
En 2007, une délégation conduite par le président Kahin était présente à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Kampala, en Ouganda. Bien que le Somaliland ait demandé à rejoindre le Commonwealth avec le statut d'observateur, sa candidature est toujours en attente.
Le , Johnnie Carson, secrétaire d'État adjoint aux Affaires africaines, a déclaré que les États-Unis modifieraient leur stratégie en Somalie et chercheraient à approfondir leur engagement avec les gouvernements du Somaliland et du Puntland tout en continuant à soutenir le gouvernement de transition somalien. Carson a déclaré que les États-Unis enverraient des travailleurs humanitaires et des diplomates au Puntland et au Somaliland et a fait allusion à la possibilité de futurs projets de développement. Cependant, Carson a souligné que les États-Unis n'étendraient pas la reconnaissance officielle à l'une ou l'autre région.
La reconnaissance du Somaliland par le Royaume-Uni a également été soutenue en par le Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui est arrivé troisième lors des élections générales de 2015[23].
En 2011, le Somaliland et la région voisine du Puntland ont chacun conclu un protocole d'accord lié à la sécurité avec les Seychelles. Suivant le cadre d'un accord antérieur signé entre le gouvernement fédéral de transition et les Seychelles, le mémorandum est "pour le transfert des personnes condamnées dans les prisons du Puntland et du Somaliland[24].
Le , le Somaliland et Taïwan ont signé un accord pour mettre en place des bureaux de représentation afin de promouvoir la coopération entre les deux pays[25]. La coopération entre les deux politiques sur l'éducation, la sécurité maritime et la médecine a commencé en 2009, et le personnel taïwanais est entré au Somaliland en février 2020 pour se préparer au bureau de représentation[26]. Taïwan a officiellement ouvert un bureau représentatif à Hargeisa. Taïwan ne reconnaît cependant pas ouvertement le Somaliland comme étant un pays indépendant[27].
Le , le Somaliland et l'Éthiopie signent un mémorandum d'entente prévoyant la concession à l'Éthiopie d'un bail de cinquante ans sur le port en eau profonde de Berbera et l'installation d'une base militaire éthiopienne au Somaliland en échange, selon le gouvernement d'Hargeisa, d'une reconnaissance diplomatique éthiopienne du Somaliland et de parts dans la compagnie aérienne Ethiopian Airlines. La Somalie rappelle alors son ambassadeur à Addis-Abeba, dénonçant cet accord comme illégal car violant son intégrité territoriale[28].
Le Somaliland borde le golfe d'Aden. Située à l'ouest, l'Éthiopie utilise le port somalilandais de Berbera comme débouché maritime secondaire (en plus de Djibouti). Le Somaliland est sporadiquement en conflit sur sa frontière avec la région semi-autonome du Pount (à l'est).
L'État est composé de six régions administratives[33].
Toute la population parle le somali, langue commune avec la République de Somalie (ex-Somalie italienne). Seules quelques variantes dialectales diffèrent avec le somali parlé au Sud.
L'arabe est très courant, et utilisé surtout dans un cadre religieux, ou pour le commerce du bétail avec des pays de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Yémen), et pour le commerce avec les populations frontalières éthiopiennes. L'arabe est la première langue commerciale.
L'anglais est la langue de la période coloniale, et la deuxième langue commerciale. C'est également la langue universitaire et celle des élites. L'anglais est aussi la deuxième langue administrative, à égalité avec le somali. L'italien n'était parlé que dans la Somalie du Sud, l'ex-Somalie italienne. Pratiquement tous les documents administratifs sont traduits en anglais et cette langue devient de plus en plus pratiquée. Le pays a une diaspora qui vit surtout au Royaume-Uni et dans les pays du Moyen-Orient.
Le Somaliland n'effectuant pas de recensement régulier pour les villes, les données de population pour les principales villes ne proviennent pas tous de la même année.
Société
Santé
97% de ses femmes sont victimes d'excision[37]. Le , le ministre des Affaires religieuses, Cheikh Khalil Abdullahi Ahmed, déclare une fatwa contre l'excision dite «pharaonique», demandant ainsi au Parlement de légiférer l'interdiction[38]. Le président Muse Bihi Abdi est également pour l'interdiction.
Il existe une télévision publique, la Somaliland National Television (SLNTV) qui émet 24 heures sur 24 partout dans le pays. Elle gère également Radio Hargeisa et une chaîne privée, Somaliland Television[45].
Économie
L'exportation de bétail est très importante pour l'économie du Somaliland. Le port de Berbera est aussi utilisé pour des exportations de l'Éthiopie, puisque l'Éthiopie ne dispose plus du port érythréen d'Assab.
Le Somaliland dispose de richesses minières et pétrolières. Le principal investisseur étranger est Prime Ressources, filiale de Invicta[46]. Cette société est dirigée par Mohammed Yussef et administrée par Lord John Stevens, ancien conseiller spécial pour le renseignement du Premier ministre britannique, Gordon Brown[47].
Faute de reconnaissance, le pays est exclu des circuits financiers mondiaux, et le budget fédéral n’excède pas 500 millions de dollars. L’économie repose sur l’exportation de bétail vers l’Arabie saoudite (notamment de dromadaires), les télécommunications et le commerce du khat. La capitale abrite une Foire internationale du livre, qui tient en 2022 sa quinzième édition[48].
Le pays est alimenté en devises d'expatriés et d'exilés depuis 2011 via Dahabshiil Bank International[49]. Fondée par un Somalien, Abdirashid Duale, Dahabshiil opère dans 126 pays, dont 40 en Afrique. Un million et demi de Somalis vivant à l’étranger envoient près d’un milliard de dollars[50] en 2015, et 1,6 milliard de dollars par an en 2021[51].
Le grand projet du pays est lié à l'extension du port de Berbera. Poumon du Somaliland avec 32 000 conteneurs traités annuellement en 2015 (plus de 150 000 par an en 2019[52]), il est loin des 750 000 traités par son voisin djiboutien. Cependant, l’Éthiopie envisage de faire transiter par le port somalilandais près de 30 % de ses importations, contre à peine 5 % en 2015. Privé d'accès autonome à la mer par ses relations difficiles avec l’Érythrée, Addis-Abeba a besoin d’un autre accès à la mer que celui offert par Djibouti[53].
En 2009, l'opérateur télécom Telesom(en) crée un service de monnaie virtuelle (ZAAD) via téléphone portable[54] pour suppléer à la faiblesse du secteur bancaire[55].
En 2015, on estime que 75 % de la population est au chômage et que 90 % de l'économie relève du secteur privé[56].
Début 2017, le pays est aux prises avec une sécheresse mortelle pour le bétail et la population[57].
Selon un article du Jerusalem Post, publié en , la classe dirigeante du Somaliland souhaiterait entretenir des relations étroites avec Israël[58].
En 2018, DP World annonce investir jusqu'à 442 M$ dans le port en eau profonde de Berbera. Les travaux se sont achevés en 2021. Le poste à quai est maintenant de 1 500 m de long, contre 650 précédemment. Le port est détenu à 51% par DP World, 30% par le Somaliland, et 19 % par l'Éthiopie, pays enclavé qui y voit une alternative aux port de Djibouti ou d'Assab. Le trafic de conteneurs est en forte augmentation[59],[60].
↑Nigel Farage a déclaré que « le Somaliland a été un phare de paix, de démocratie et d'état de droit dans la Corne de l'Afrique au cours des 24 dernières années. Il est temps que le Royaume-Uni et le reste de la communauté internationale reconnaissent le cas du Somaliland pour la reconnaissance. Il est temps que la paix soit récompensée. Que le Royaume-Uni tourne le dos à ses revendications légitimes de souveraineté, c'est une erreur. Il est extraordinaire que nous n'ayons pas fait pression pour leur admission dans le Commonwealth. Ces dernières années, nous avons soutenu l'admission de des pays comme le Mozambique, qui n'ont aucun lien historique avec la Grande-Bretagne, mais le Somaliland, un ancien protectorat, est laissé pour compte. Cela doit changer ».
↑(en) Nicole Stremlau et Ridwan Osman, « Courts, Clans and Companies: Mobile Money and Dispute Resolution in Somaliland », Stability: International Journal of Security and Development, vol. 4, (ISSN2165-2627, DOI10.5334/sta.gh, lire en ligne, consulté le ).
↑« La monnaie n’a quasiment plus aucune valeur au Somaliland », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
Robert Wiren, Somaliland, pays en quarantaine, Karthala, Paris, 2014, 204 p. (ISBN978-2-8111-1176-2)
Constance Desloire, « Somaliland. Le pays qui n'existe pas », Jeune Afrique, no 2575, du 16 au , p. 40 (entretien avec Dahir Riyale Kahin)
Tigrane Yégavian, « Un État fantôme dans la Corne de l'Afrique », Conflits, octobre.-, p. 24-25
(en) Mark Bradbury, Becoming Somaliland, Progressio, Londres ; James Currey, Oxford ; Indiana University Press, Indianapolis, Ind., 2008, 271 p.
(en) Ioan M. Lewis, Understanding Somalia and Somaliland : culture, history, society, Hurst & Company, Londres, 2008, 139 p. (ISBN978-1-85065-898-6)
Géraldine Pinaultd, L'or vivant des Somali. Des frontières, des troupeaux et des hommes face à la mondialisation des normes (Un regard géopolitique sur les exportations de bétail de la Corne de l'Afrique), thèse de géographie sous la direction d'Alain Gascon, Paris 8, 2014