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Le Pount (appellation traditionnelle francophone), souvent dénommé Puntland, est une région autonome du nord-est de la Somalie créée en 1998. À la différence du Somaliland voisin, le Pount ne revendique pas l'indépendance vis-à-vis de la Somalie.
Ethnonymie
Son nom dérive du pays de Pount mentionné dans des textes de l'Égypte antique, que certains[Qui ?] croient pouvoir localiser dans l'actuelle Somalie. Sa capitale est Garowe dans la région de Nugaal.
Le Pount se considère comme un État autonome au sein de la Somalie. En 1969, lorsque le gouvernement somalien est l'objet d'un coup d'État, des années de guerre et de chaos s'ensuivent. Une invasion manquée de l'Éthiopie fait suite au déplacement de l'appui soviétique de la Somalie vers l'Éthiopie, où un gouvernement pro-soviétique était arrivé au pouvoir. Privée de ce soutien, la Somalie se tourne vers les États-Unis, qui permettent à Siad Barre, président autoproclamé du pays, de rester au pouvoir jusqu'à la fin de la guerre froide, en 1991. Lorsque l'URSS s'effondre, l'appui américain au gouvernement somalien cesse, et Barre est renversé.
Après cela, les Somaliens n'eurent plus de gouvernement fort, des guerres constantes ravageant le sud du pays. Ces événements mènent à la sécession du Somaliland en 1991, qui avait déjà été brièvement indépendant en 1960. Les violences persistent, incitant l'ONU à envoyer une force de maintien de la paix dans la Somalie déchirée par la guerre. La mission d'aide prend fin le après la bataille de Mogadiscio.
Mais la Somalie reste instable et, en 1998, le Pount se déclare autonome sous la présidence d'Abdullahi Yusuf Ahmed (député président du Somali Salvation Democratic Front). Bien que cette séparation ait été effectuée pour des raisons tribales, cette nation a pour but primordial la confédération des clans. Depuis 1998, des querelles frontalières ont opposé le Pount et le Somaliland au sujet des régions de Sool et de Sanaag.
À la différence de l'État autoproclamé de Somaliland, le Pount ne cherche pas à être reconnu comme un pays indépendant par la communauté internationale. Il cherche à devenir une division fédérale à l'intérieur d'une république fédérale de Somalie unie. Mais les deux « lands » ont une chose en commun : ils se basent tous deux sur le soutien des chefs de tribus et leur organisation est elle aussi fondée sur la tribu et la parenté. La capitale somalienne, Mogadiscio, et les autres villes du sud sont réputées bien moins développées que les villes du Pount et du Somaliland (Bosaso, Hargeisa, Las Anod, Garowe, etc.). Ces deux États de facto sont soutenus économiquement et politiquement par l'Éthiopie, adversaire historique de la Somalie.
Le Pount fait pour la première fois l'expérience de l'agitation politique en 2001, lorsque le président Ahmed veut voir son mandat rallongé. Il entre en lutte avec Jama Ali Jama pour le contrôle du pays, et remporte la victoire en 2002. Il est président jusqu'en octobre 2004, date à laquelle il est élu président de Somalie. Lui succéde Muhammad Abdi Hashi, qui est président jusqu'en janvier 2005, où il se représente mais n'est pas réélu, le Parlement lui préférant le général Mohamud Muse Hersi (« Adde »). En décembre 2004, le Pount subit des dommages sérieux dus au séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien, occasion à laquelle la communauté internationale est accusée d'ignorer le Pount et les autres pays africains touchés par la catastrophe.
En novembre 2006, l'Union des tribunaux islamiques aurait pris Bandiiradley, une ville d'une importance stratégique considérable située non loin de la frontière entre le Pount et Mudug. Cependant, le porte-parole du chef de guerre Abdi Hassan Awale Qeybdiid prétend que ses troupes n'ont fait qu'effectuer une retraite stratégique hors de la zone. Mohamed Mohamud Jama, porte-parole des Tribunaux islamiques, annonce que la Cour prévoyait de marcher sur Galkacyo, dont une partie est réclamée par le Pount. Ce même mois, le général Adde annonce qu'il gouvernera en accord avec la loi islamique, mais d'une façon différente des Tribunaux islamiques afin d'éviter de « politiser la religion ». Adde annonce ensuite que le Pount résistera à toute attaque des Tribunaux, qui fuient finalement la zone après l'offensive générale éthiopienne.
La piraterie autour de la Corne de l'Afrique pose de gros problèmes au Puntland. Selon le ministre aux Affaires maritimes pountlandais, les rançons remises aux pirates menacent la stabilité du gouvernement[1].
En , le Puntland coopère pour la première fois avec le Somaliland pour reprendre Tukaraq, alors aux mains du SSC(en). Le gouvernement du Puntland verse une importante somme d'argent au Somaliland pour avoir le contrôle de la ville après la reprise[2].
En avril 2024, le Puntland annonce qu'il fonctionnera comme un État fonctionnellement indépendant au milieu d'un différend sur les changements constitutionnels somaliens[4].
Composition ethnique
Cette entité politique est « claniquement » homogène, puisqu’elle correspond à une zone de peuplement exclusivement darod[5] et a d'ailleurs été créée sous l'impulsion de plusieurs clans Darod dirigés par Abdullahi Yusuf Ahmed, un Majeerteen[6].
Géographie
Le « Pount », avec sa plus grande ville, le port de Bosasso (49,10 E, 11,07 N, ex Bender Qasim et Moxylon dans l'antiquité), s'étend de Las Qorey (48,11 E, 11,09 N) sur la côte septentrionale jusqu'à Garad (appr. 49,23 E, 7,01 N) sur la côte orientale, et Galk'ayo à l'intérieur — ville divisée entre la Sud-Somalie et le Pount. Bosasso est lié par une route asphaltée avec Mogadiscio et par la mer et l'air avec la péninsule Arabique, en premier lieu le Yémen et Oman, mais aussi directement avec Dubaï. Bosasso sert à l'exportation d'encens et de viande et à l'importation de tous les biens de consommation, provenant pour la plupart de Dubaï. La frontière entre le Somaliland et le Pount est disputée car ne correspondant pas aux limites des principaux clans.
↑(en) Markus Virgil Höhne, Between Somaliland and Puntland : Marginalization, Militarization and Conflicting Political Vision, Londres, Rift Valley Institute(en), coll. « Contested Borderlands », , 177 p. (ISBN978-1-907431-13-5, lire en ligne [PDF]), chap. 5 (« Dhulbahante autonomy: From the SSC to Khaatumo (2009–2014) »), p. 107