Portrait de Charles II de Bourbon, vers 1580, Paris, musée Carnavalet. L'inscription du tableau l'identifie erronément avec son oncle, le cardinal Charles de Bourbon.
Charles II de Bourbon, né en et mort en , cardinal de Vendôme puis de Bourbon, était un prince de sang de la maison de Bourbon. À l'avènement de son cousin le roi protestant Henri IV (1589), il suscita l'espoir des catholiques hostiles à la Ligue et se porta candidat à la couronne de France.
Il ne reçoit pas l'ordination. Élu archevêque coadjuteur de Rouen avec droit de succession le , il ne reçoit pas de consécration épiscopale[1].
Il est créé cardinal-diacre lors du consistoire du , mais ne reçoit pas le chapeau rouge ni de titre cardinalice[1]. Il est connu sous le nom de cardinal de Vendôme (Vendôme étant le nom de la branche de la famille de Bourbon dont il est issu).
Il est conseiller du roi de France Henri III. Il ne participe pas au conclave de 1585 qui élit pape Sixte V[1].
Durant les événements de la Ligue, il choisit, contrairement à ses frères, de suivre son oncle le cardinal de Bourbon dans son action contre les protestants. Il se montre peu favorable aux Guise et d'après l'historien De Thou aurait été utilisé par Henri III pour briser l'influence que les Lorrains avaient sur le vieux cardinal. En 1588, il participe aux États généraux de Blois[1].
Il assure la direction du gouvernement qui est resté à Tours pendant la vacance du trône après la mort d'Henri III. Il reconnaît Henri IV comme roi et devient momentanément garde des Sceaux avant que le roi qui craint l'ambition de son jeune cousin ne les lui retire. À la mort de son oncle l'archevêque de Rouen le , le chapitre cathédral refuse de le reconnaître. Ce n'est qu'après le siège de la ville par Henri IV qu'il est accepté[1].
Devenu cardinal de Bourbon à la mort de son oncle, il se proposa comme candidat au trône de France et forma le tiers parti dans lequel se regroupaient les nombreux nobles catholiques mécontents de ne pas voir Henri IV se convertir au catholicisme. Des actes furent expédiés à son nom et, en le présentant comme Roi de France[3], font de lui Charles XI pour certains partisans de la Ligue[4]. L'intérêt politique porté en la personne du cardinal en 1593 fut un des facteurs qui poussa Henri IV à se convertir.
Il reçoit la visite du roi Henri IV avant de s'éteindre. Il meurt le d'hydropisie à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il est inhumé dans l'église de la chartreuse Notre-Dame de Bonne-Espérance, proche de Gaillon.
↑ Louis Caillet, Note sur une lettre écrite au nom de Charles [XI], roi de France (Parlement d'Aix, 28 novembre 1590), Annales du Midi, 1910, pp. 362-366, acte dont les formules sont rédigées comme suit : « Charles, par la grace de Dieu, roi de France, et se termine par la date ainsi libellée : Donné a Aix, en nostre dit Parlement, le vingt huictiesme novembre l'an mil cinq cens quatre vingtz dix et de nostre reigne le premier. »
↑Didier Le Fur, La France de la Renaissance, Dictionnaire de curiosités, Tallandier, Paris, 2011, article "Recherche roi catholique (désespérément)" : "Restait un dernier espoir, Charles de Bourbon, fils de Louis Ier de Condé, cousin lui aussi du roi de Navarre. Homme d’Église également, il avait succédé à l’archevêché de Rouen à la mort du Charles X de la Ligue. Encore jeune, on imagina lui faire quitter l’habit et l’unir à l’infante Isabelle, fille de Philippe II d’Espagne et petite-fille, par sa mère Élisabeth, de Henri II. Il serait devenu Charles XI. Mais l’homme, bien qu’il crût à son destin royal, ne vécut guère. Il décéda le 30 juillet 1594, soit un an presque jour pour jour après que Henri IV eut accepté de recevoir à Saint-Denis une instruction catholique. Le rêve de voir un roi à la foi catholique irréprochable sur le trône de France s’évanouissait avec lui"
↑ Louis Caillet, Note sur une lettre écrite au nom de Charles [XI], roi de France (Parlement d'Aix, 28 novembre 1590), Annales du Midi, 1910, pp. 362-366, acte dont les formules sont rédigées comme suit : « Charles, par la grace de Dieu, roi de France, et se termine par la date ainsi libellée : Donné a Aix, en nostre dit Parlement, le vingt huictiesme novembre l'an mil cinq cens quatre vingtz dix et de nostre reigne le premier. ». Cette lettre est envoyée à Gaspard de Pontevès, gouverneur de Provence désigné par le duc de Mayenne, ce qui implique une reconnaissance par ce dernier du cardinal comme Charles XI
↑Arnaud Bunel, Armorial illustré des Archevêques de Rouen, v.1.1, 2010.
Annexes
Bibliographie
Lana Martysheva, Henri IV roi : le pari de l’hérétique, Ceyzérieu, Champ Vallon, coll. « Époques », , 335 p. (ISBN979-10-267-1105-6).
Lana Martysheva. « L'historien et la rumeur. Charles de Bourbon (1562-1594), chef du tiers parti ? », dans Les forces de la modération. Ligne politique ou accommodements raisonnés dans les crises politico-religieuses européennes (XVIe -XIXe siècles) ?, Peter Lang, 2020, p. 133-146.