Edmond Frédéric Fuzet (Laudun, – Rouen, ) est un ecclésiastique français, prêtre puis évêque et archevêque. Il a également écrit plusieurs ouvrages historiques.
Biographie
Après des études au grand séminaire de Nîmes, Frédéric Fuzet est ordonné prêtre en . Il est alors nommé vicaire à Beaucaire, puis professeur d'histoire ecclésiastique à la faculté catholique de Lille de à . C'est alors qu'il publie sa thèse, Les jansénistes du XVIIe siècle et leur dernier historien, M. Sainte-Beuve. Il s'y montre violemment antijanséniste. Le livre n'a pas grand succès.
Après quelques années de cure paroissiale, l'abbé Fuzet est nommé évêque de La Réunion en . Ses détracteurs disent de lui qu'il a la « fièvre violette », c'est-à-dire qu'il a cherché à tout prix à devenir évêque. En effet, politiquement, Frédéric Fuzet a tout pour plaire aux dirigeants de la IIIe République : il se déclare républicain sans ambiguïtés et fait part sans détours à son préfet qu'il est prêt à être un bon évêque républicain. En ces temps où la République est détestée par les catholiques pour son anticléricalisme, alors que le pape Léon XIII n'a pas encore demandé aux catholiques français de se rallier au régime, cette position est assez inattendue et suscite la polémique. Les catholiques conservateurs s'insurgent et pensent que Fuzet est allié aux francs-maçons, les républicains anticléricaux se méfient de cet ecclésiastique trop favorable à la République[3].
Pour Jacques-Olivier Boudon, « La volonté de l'éprouver en l'envoyant dans un diocèse colonial est évidente. Mais surtout, le cas Fuzet montre la méfiance de l'administration des cultes à l'égard des ecclésiastiques désireux de profiter du nouvel ordre politique pour s'élever dans la hiérarchie. » Son épiscopat à La Réunion se termine mal : c'est avec l'hostilité de la majorité de son clergé qu'il quitte l'île en . Il est alors nommé évêque de Beauvais, où les campagnes de presse hostiles se multiplient. Il est accusé de tous les maux, y compris de piller les objets religieux dans les églises de son diocèse !
En , il est nommé archevêque de Rouen, et ce jusqu'à sa mort en . Son épiscopat y est plus apaisé. Son attitude lors de la séparation de l'Église et de l'État en - est saluée par les catholiques, jusqu'au pape Pie X. C'est la certitude que cette séparation sera définitive qu'il anticipe et organise le déménagement de l'ensemble des objets du palais archiépiscopal vers de nouveaux locaux. Cette prévoyance fait que le diocèse est encore aujourd'hui en possession de l'ensemble des biens meubles, et non pas présentés dans un musée comme c'est le cas ailleurs.
Décès et monument funéraire
Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, il adhère sans réserve à l'« Union sacrée », mais il succombe à une crise cardiaque le . Il est enterré dans la chapelle Jeanne-d'Arc de la cathédrale de Rouen, où il s'était réservé un caveau funéraire dans un enfeu et où il souhaitait être représenté en gisant. Son effigie, taillée dans un bloc de pierre de Lens (Gard), est l'œuvre du sculpteur Henri Gauquié[4]. Réalisé dans le style du XIIIe siècle, il repose sur un socle du sculpteur rouennais Foucher[5].
Ses armes sont : d'azur, à trois fusées d'artifice d'or, au chef cousu de gueules, chargé de trois étoiles d'or[7].
Quelques ouvrages de Frédéric Fuzet
Frédéric Fuzet, Les Jansénistes du XVIIe siècle: leur histoire et leur dernier historien, M. Sainte-Beuve, Paris, Bray et Retaux, 1876, 480 p.
Frédéric Fuzet, Les Mutualités ecclésiastiques, Rouen, 1908, 15 p.
Frédéric Fuzet, Pétrarque en Provence, pays d'Oc et d'ailleurs : ses voyages, ses amis, sa vie chrétienne, Arles, 1989 (réimpression), 471 p.
Ne sont pas répertoriés ici les nombreuses allocutions, discours, instructions pastorales, préfaces d'ouvrages etc., qui sont visibles sur le site de la Bibliothèque nationale de France
↑Il écrit ainsi au préfet de l'Allier : « Le gouvernement poursuit avec raison l'unité morale du pays ; il l'atteindrait plus vite s'il donnait une tête aux membres du clergé qui partagent nos idées. Je suis persuadé en effet que, si un évêque se rangeait ouvertement et résolument sous le drapeau républicain, il serait bientôt suivi du plus grand nombre. » Le préfet de l'Allier transmet cette lettre au sous-secrétaire d'État chargé des Cultes, avec cette analyse : « Il me semble qu'il y aurait quelque chose à faire de cet homme, évidemment sans scrupules, mais qui ne manque pas d'esprit, surtout de l'esprit d'intrigue. Peut-être après tout est-il sincère. En tout cas, on le tient par ses lettres et par le mémoire qu'il vous a envoyé. On pourrait à la rigueur lui faire signer sa démission en blanc. » in Jacques-Olivier Boudon.
↑Léon Alfred Jouen (chanoine) (préf. André du Bois de La Villerabel), La cathédrale de Rouen, Rouen et Paris, Defontaine / Aug. Picard, , LXXIV Pl. - 166, « XI - De la Révolution à nos jours (1791-1931) », p. 148
↑Anne-Marie Carment-Lanfry et Jacques Le Maho (préf. Jacques Le Maho), La cathédrale Notre-Dame de Rouen : édition revue et complétée par Jacques Le Maho, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, (réimpr. 2010) (1re éd. 1977), 312 p. (ISBN978-2-87775-477-4), « Le transept - Chapelle Sainte-Jeanne d'Arc (croisillon sud) », p. 137
Jacques-Olivier Boudon, L'Épiscopat français à l'époque concordataire. 1802-1905, Origines, formation, nomination, Cerf, 1996, 589 p., tome 9 de l’Histoire religieuse de la France, Jean-Marie Mayeur (dir.).