Les origines de la bande dessinée belge remontent au XIXe siècle. C'est à partir de 1840 que des imprimés comme Le Charivari ou le Magasin universel commencent à diffuser iconographies populaires (par exemple par Georges Ista) ou séquences d'images (Richard de Querelles). Ce patrimoine graphique reste toutefois encore largement méconnu[1].
On a ainsi coutume de dire que la bande dessinée belge démarre réellement en 1929 avec Hergé (« inventeur » de la « ligne claire ») et les premières aventures de son jeune reporter Tintin.
Après la Seconde Guerre mondiale, la bande dessinée belge francophone est marquée par la prédominance de journaux destinés à la jeunesse, comme Le Journal de Tintin (bruxellois) et Le Journal de Spirou (à Marcinelle), qui donnent naissance à l'école dite de bande dessinée franco-belge. Cette bande dessinée s'est vue offrir les possibilités du marché français, elle a été amenée à se franciser, c'est-à-dire non pas à s'exprimer en français, ce qu'elle faisait déjà, mais à renoncer aux référents belges : « Les différentes maisons d'édition wallonnes et bruxelloises imposent aux auteurs dès les années cinquante un standard français pour des raisons commerciales (...) les uniformes et les panneaux de signalisation adoptent des critères hexagonaux... »[2] Des références récurrentes aux paysages et à l'imaginaire wallons sont cependant notables chez des auteurs aussi différents que Comès ou Peyo (décors de Johan et Pirlouit). Il y a aussi les paysages qui apparaissent en quelque sorte par hasard comme la cathédrale Saint-Aubain de Namur, les langues parlées chez certaines tribus exotiques de la Natacha de François Walthéry (souvent du wallon ou picard, on retrouve aussi le même procédé chez Hergé en patois flamand de Bruxelles), les bateaux touristes le long de la Meuse à Dinant, etc.
À partir de la seconde moitié des années 1940, plusieurs journaux voient le jour. En lançant Le Journal de Tintin et les Éditions du Lombard, l'éditeur Raymond Leblanc remporte un grand succès éditorial et contribue à faire de la Belgique le centre de gravité de la bande dessinée francophone. Une autre publication belge, Spirou, lui apporte une concurrence sérieuse. Le terme de bande dessinée franco-belge prend alors tout son sens, du fait de l'imbrication des univers professionnels de ces deux pays. À la grande époque du Journal de Tintin, des auteurs comme Jacques Martin ou Tibet viennent travailler en Belgique et sont, bien que français, associés à la bande dessinée belge.
Alors que la bande dessinée belge francophone accède au marché français dans les années 1950, les auteurs de bande dessinée francophone renoncent à tout référent belge trop visible pour proposer à leur lecteur des histoires plus « universelles ». Tel n'est pas toujours le cas et certaines productions peuvent donner l'impression d'une véritable annexion au marché éditorial le plus important : alors qu'en 1950 (dans Fantasio et son Tank), Franquin dessine des policiers portant la bombarde argentée des forces de l'ordre du royaume, celle-ci fait place (dans, par exemple, Panade à Champignac) au képi caractéristique de l'uniforme français.
Les éditeurs comme Le Lombard, Dupuis et Casterman dominent aujourd'hui en grande partie le secteur de la bande dessinée. Et ils ont à bien des égards contribué à définir la figure de l'auteur de bande dessinée moderne[6].
Centre belge de la bande dessinée
Le Centre belge de la bande dessinée se trouve dans un bâtiment Art nouveau qui fut dessiné par Victor Horta. Des bandes dessinées historiques (Tintin, Spirou, Lucky Luke) aux nouvelles créations, tout ce qui traite de la bande dessinée en Belgique s'y trouve. Le centre abrite aussi la plus grande bédéthèque du monde ainsi que de nombreuses expositions temporaires.
↑ a et bDanny De Laet et Yves Varende, Au-delà du septième art : histoire de la bande dessinée belge, Bruxelles, Ministère des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement, coll. « Chroniques belges » (no 322), , 302 p., ill. (OCLC301693218).
↑Benoît Mouchart et Gert Meesters, Ceci n'est pas la BD Flamande : La Flandre invitée d'honneur au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, Berchem, Fonds flamand des lettres, .
[catalogue] publié à l'occasion de l'exposition La bande dessinée en Belgique, Bibliothèque Albert Ier, [Bruxelles], du au
Danny De Laet et Yves Varende, Au-delà du septième art : histoire de la bande dessinée belge, Bruxelles, Ministère des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement, coll. « Chroniques belges » (no 322), , 302 p., ill. (OCLC301693218, lire en ligne).
Jean Pirotte, Arnaud Pirotte et Luc Courtois (avec le concours de Jean-Louis Tilleul) Du régional à l’universel. L’imaginaire wallon dans la bande dessinée, Louvain-la-neuve, Publication de la Fondation wallonne, série Études et documents, Vol. 4, 1999 (ISBN2-9600072-3-9)
Jessica Kohn, Dessiner des petits Mickeys : une histoire sociale de la bande dessinée en France et en Belgique (1945-1968), Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire contemporaine », , 318 p. (ISBN979-10-351-0797-0).
Articles
Céline Aucher, « Zoom sur "la mafia de la BD flamande" », Charente libre, .
Benoît Berthou, « La bande dessinée franco-belge : quelle industrie culturelle ? », Textyles, nos 36-37, (lire en ligne).
Frédéric Paques, « La bande dessinée en Belgique francophone au XIXe siècle », Comicalités. Études de culture graphique, (lire en ligne).