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Élisabeth de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche ( - ), née à Vienne, fut l'épouse du roi de France Charles IX et à ce titre reine de France de 1571 à 1574.
Après la mort du roi, elle retourne vivre en Autriche, refuse de se remarier et meurt à 37 ans.
Biographie
Son enfance
Élisabeth d'Autriche est née le à Vienne, à la cour de son père Maximilien II. Pendant son enfance, elle vit à côté de Vienne avec son frère cadet Matthias et sa sœur aînée Anne qui épousera en 1570 leur oncle Philippe II d'Espagne.
Plusieurs projets non aboutis sont d'abord envisagés par la couronne autrichienne pour marier Élisabeth : Frédéric II de Danemark ou Sébastien Ier de Portugal. L'offre d'alliance avec le roi de France n'est sérieusement envisagée qu'à partir de 1569. Dans le contexte qu'est celui des guerres de religion, la couronne française avait besoin d'un mariage catholique qui renforçât sa catholicité et qui cimentât face à l'Espagne et à l'Angleterre son alliance avec l'Empire.
À l'origine, Catherine de Médicis, mère de Charles IX souhaite unir son fils à Anne, la sœur aînée d'Élisabeth, mais cette dernière est finalement attribuée à leur oncle le roi Philippe II d'Espagne. Élisabeth épousera donc Charles de quatre ans son aîné. Elle a quinze ans, il en a dix-neuf. Le mariage doit être célébré à Mézières, ville de Champagne située à la frontière avec les Pays-Bas Espagnols. Ainsi, dès son entrée en France, Élisabeth sera reine de France et gagnera Paris avec ce titre.
La dispense papale est accordée le [1], et Élisabeth est d'abord mariée par procuration le à la cathédrale de Spire, en Allemagne ; son oncle l'archiduc Ferdinand sert fictivement d'époux pendant la cérémonie. Le , Élisabeth quitte les terres de l'Empire accompagnée d'une importante escorte conduite par l'archevêque-électeur de Trèves.
Sur le territoire français, son voyage est retardé par la pluie qui a rendu les routes impraticables. Le , elle est reçue à Sedan par les deux frères du roi à la tête d'une importante délégation de la haute noblesse. Mézières où s'est installée la cour est située à une vingtaine de kilomètres de la forteresse de Sedan ; curieux de voir sa future épouse, le jeune roi s'y rendit incognito habillé en soldat pour observer son épouse alors qu'elle marchait avec son frère Henri : il rentra à Mézières très satisfait de son apparence[2].
Charles IX et Élisabeth sont officiellement mariés le ; la cérémonie est célébrée à l'église de Mézières par le cardinal de Bourbon. La mariée est revêtue d'une robe de toile d'argent, parsemée de perles, et d'un grand manteau violet semée de fleurs de lys d'or. Elle porte une couronne à l'impériale, ornée de grands diamants, rubis et émeraudes. Les festivités durent plusieurs jours.
Le , elle est sacrée à Saint-Denis dans la tradition des sacres des reines de France. Sa "Joyeuse entrée" à Paris, le 29 mars, est grandiose.
Reine de France
Relations avec son mari
Au début de sa vie de couple, le roi semble lui donner de l'affection. Lorsqu'elle attrape, en , une bronchite, il reste près d'elle et fait appel à des jongleurs pour la distraire puis l'emmène à la foire de Saint-Germain. Contrairement à son époux, la Reine ne semble pas très joueuse. Après la naissance de leur fille, le roi s'éloigne, préférant la chasse et laissant sa mère Catherine de Médicis s'occuper de la politique. Malgré cela, lorsque le roi tombe malade, la reine reste près de lui, priant et pleurant. Elle ne prend aucune part à la vie politique. Elle est enceinte lors du Massacre de la Saint-Barthélémy et s'inquiète du salut de son mari. Le , elle met au monde à son premier enfant, une fille, Marie-Élisabeth de France (qui mourra en bas âge le ).
Son époux Charles IX est un homme psychologiquement fragile qui poursuit la liaison qu'il entretenait avant son mariage avec Marie Touchet dont il a un fils Charles de Valois-Auvergne, duc d'Angoulême en 1573.
Vie à la cour
Durant son séjour en France, Élisabeth laisse de bons souvenirs à la cour, par sa beauté, sa douceur et sa bonté. Très réservée, elle parle comme la plupart des membres de la Maison de Habsbourg l'allemand, l'espagnol, le latin et l'italien, mais pas le français. Ainsi ne peut-elle communiquer que grâce à une de ses dames qui lui sert de traductrice, la comtesse d'Arenberg. Elle écrivait des poésies religieuses et les mémoires sur l'histoire de son époque. Ses vertus sont édifiantes : le célèbre Brantôme en fait l'éloge. Il qualifie Élisabeth d'« une des meilleures, des plus douces, des plus sages et des plus vertueuses Reines qui régnât depuis le règne de tous les Rois »'. Charles IX vante lui-même ses qualités : « la femme la plus sage et vertueuse, non pas de France et d'Europe mais du monde entier. »[3].
Néanmoins, elle reste une des reines les moins connues de la Renaissance[4]. Se liant d'amitié avec sa belle-sœur, la reine de Navarre Marguerite de France, elle trouve en celle-ci une confidente. Elles correspondent même après le retour d'Élisabeth dans son pays natal en 1576. Lorsque cette dernière apprend que Marguerite se trouve sans revenus, elle lui cède généreusement la moitié de son douaire.
Profondément marqué par la tragédie de la saint Barthélemy, Charles IX voit sa santé s'altérer rapidement avant de mourir prématurément en 1574[5].
Reine douairière
Après la mort de son époux en 1574, âgée de 20 ans, elle est résolue à retourner à Vienne. N'ayant pas donné de descendance mâle à la Couronne, son rôle aux côtés de sa belle-mère Catherine de Médicis est sans perspective. Elle fait ses adieux à sa fille, Marie-Élisabeth de France qu'elle ne peut emmener parce qu'elle est Fille de France. Elles ne se revoient plus jamais, car sa fille meurt de maladie deux ans plus tard à l’âge de cinq ans, au château d'Amboise où elle était élevée[8]. Elle quitte alors Paris début décembre 1575 et s'installe de nouveau à Vienne, où elle entretient une correspondance avec sa belle-sœur, Marguerite de Navarre.
Elle fonde un monastère de Clarisses, près de Vienne et l'église de tous les saints à Prague, tout en continuant de doter des églises et les pauvres, tout en nourrissant Vienne de sa bienfaisance. Son père lui propose de se remarier d'abord avec Henri III mais celui-ci rejette l'offre, puis avec Philippe II d'Espagne - son oncle et ex beau-frère, veuf de sa sœur Anne - mais c'est elle qui n'accepte pas[9]. Elle ne quitte plus le deuil de son époux Charles IX[10].
Les Reines de France ne se remarient point, comme l'avait naguère dit Blanche de Navarre.
Élisabeth fonde à Vienne un couvent de Clarisses auprès duquel elle s'installe.
Décès
Elle meurt le , à 37 ans dans la plus grande dévotion. Selon ses vœux, elle demande à être ensevelie au ras de terre, dans le monastère des clarisses et être escortée par deux cents pauvres, habillés à ses frais. Brantôme dira : « lorsqu’elle mourut, […] l’Impératrice [sa mère] […] dit : El mejor de nosotros ha muerto. (Le meilleur d'entre nous est mort) ». Pierre de L'Estoile remarquera qu'Élisabeth fut « fort aimée et regrettée des Français ».
↑Pie V, Louis-Antoine-Joseph de Potter (trad.), Lettres de Saint Pie V sur les affaires religieuses de son temps en France, 1826, pp. 80-2. Lettre de Pie V à Charles IX : « Notre très cher fils en Jésus-Christ, salut et bénédiction apostolique. […] Nous accordons très volontiers à Votre Majesté, la dispense apostolique dont votre ambassadeur (Blaise de Vigenère) a traité très diligemment avec nous en votre nom, et que Votre Majesté elle-même nous a demandée par sa lettre du 2 octobre, comme lui étant nécessaire pour épouser (Élisabeth) la fille cadette de notre très cher fils en Jésus-Christ, Maximilien, empereur élu des Romains […] Donné à Saint-Pierre de Rome, sous l'anneau du pêcheur, le 6 novembre 1569, la quatrième année de notre pontificat. »
↑Pierre Champion, La jeunesse de Henri III (1551-1571), Paris, Grasset, 1941, p. 280-297.
↑Simone Bertière, Les Reines de France au temps des Valois, ... quelle page ?
Bibliographie
Jules Du Bern de Boislandry, Histoire des reines et régentes de France et des favorites des rois Childeric I à Henry III, 354 pages, A. Pougin, Paris, 1837, [lire en ligne]
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.