Onzième enfant et huitième fille de l'empereur François Ier de Lorraine et de l'impératrice-reine Marie-Thérèse, Marie-Jeanne naît le 4 février 1750 au palais de la Hofburg à Vienne, après la guerre de Succession d'Autriche pendant laquelle sa mère a défendu avec courage et ténacité ses terres patrimoniales et fait couronner empereur son mari ce qui lui a valu l'estime de l'Europe entière. Marie-Jeanne est élevée dans le Kindskammer avec ses nombreux frères et sœurs, dont Marie-Josèphe, sa cadette d'un an née en 1751, dont elle est particulièrement proche[2]. Les deux sœurs sont éduquées ensemble par les mêmes précepteurs[3],[4].
Marie-Jeanne étudie le latin, le français, l'italien, le grec, l'espagnol, l'allemand, l'anglais, l'histoire, la géographie, l'arpentage, les mathématiques et la théologie depuis l'âge de trois ans[2],[5]. Avec ses sœurs, pendant que leurs frères apprennent à jouer de différents instruments, elle apprend aussi le chant et la danse, dans lesquels elle est réputée exceller, et donne des représentations de chant[2]. Elle aime aussi le théâtre. Un théâtre est spécialement construit au palais de Schönbrunn, et Marie-Jeanne et ses frères et sœurs y donnent de fréquentes représentations musicales. Selon les contemporains, Marie-Jeanne et sa sœur Marie-Josèphe « se développent de manière satisfaisante, étudient bien leurs leçons et sont impliquées dans de nombreuses festivités auxquelles elles participent avec enthousiasme »[4].
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la variole fait des ravages dans le Saint-Empire romain germanique. Leopold Mozart, père de Wolfgang Amadeus Mozart, note que « dans tout Vienne, on ne parle que de la variole. S'il y avait 10 enfants dans les registres des décès, 9 d'entre eux étaient morts de la variole »[6].
Le frère de Marie-Jeanne, Charles, meurt de la variole à l'âge de 16 ans en 1761. À son tour, la jeune archiduchesse contracte ce mal qui ravage encore l'Europe des Lumières et meurt l'année suivante à l'âge de 12 ans. Sa mort douloureuse est observée par sa belle-sœur Marie-Isabelle de Bourbon-Parme[7]. Sa mère Marie-Thérèse trouve du réconfort dans le fait que sa fille a pu faire une confession complète de ses péchés à un prêtre catholique. Elle écrit à sa fille Marie-Christine :
« Votre sœur a confessé ses péchés pendant trois quarts d'heure, avec une précision, une repentance et une dévotion qui a arraché des larmes à son confesseur ; depuis, elle est très faible. Je ne peux remercier assez le Dieu aimant de me donner ce réconfort ; je la remets complètement entre ses mains et espère que sa destinée ne peut être qu'heureuse[7]. »
Sa sœur cadette Marie-Josèphe est alors pressentie pour devenir reine de Naples. Elle meurt en 1767 et c'est finalement Marie-Caroline qui épouse Ferdinand IV.
Le décès de Marie-Jeanne, de Marie-Josèphe et d'autres de ses enfants de la variole convainc Marie-Thérèse de faire varioliser ses plus jeunes enfants, ce qui permet le développement de la variolisation en Autriche[2],[8].
Ascendance
Ancêtres de Marie-Jeanne Gabrielle d'Autriche (1750-1762)
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.