Le premier thème confié aux violons, dans l'Allegro de cette ouverture, est un souvenir du second Quintette pour flûte et cordes composé par Berlioz à l'âge de quinze ou seize ans[5]. Ses intuitions musicales poussent Romain Rolland à s'interroger : « Comment Berlioz est-il arrivé, presque du premier coup, à ce génie de l'orchestre[6] ? » Il en témoigne ainsi dans ses Mémoires :
« Après avoir écrit le solo en ré bémol des trombones, dans l'introduction des Francs-Juges, je craignais qu'il ne présentât d'énormes difficultés d'exécution, et j'allai, fort inquiet, le montrer à un des trombonistes de l'Opéra. Celui-ci, en examinant la phrase, me rassura complètement : Le ton de ré bémol est, au contraire, un des plus favorables à cet instrument, me dit-il, et vous pouvez compter sur un grand effet pour votre passage[7]. »
Par la suite, l'ouverture des Francs-juges est une des partitions que Berlioz présente très souvent dans ses tournées de concerts : lors de son dernier voyage en Russie, elle fait partie du programme du quatrième et dernier concert donné à Saint-Petersbourg, le [12].
François-René Tranchefort, « Hector Berlioz », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », (1re éd. 1986), 896 p. (ISBN2-21301638-0), p. 88-99.