« Assez dormir, ma belle ! Ta cavale isabelle Hennit sous tes balcons. Vois tes piqueurs alertes, Et sur leurs manches vertes Les pieds noirs des faucons. »
— Alfred de Musset, Contes d'Espagne et d'Italie (1830), « Le lever ».
La collaboration entre Berlioz et Musset est peu probable : « Tout en reconnaissant en lui le poète, Berlioz ne semble pas avoir éprouvé d'estime particulière pour l'homme[9] ». Dans une lettre datée du , cinq jours après la mort de Musset[10], il confie :
« L'Académie française vient de perdre un vrai poète, Alfred de Musset. Il est mort par suite de sa passion pour l'absinthe, ou plutôt pour l'ivresse causée par cette boisson. Quelle pitoyable manière d'user sa vie ! C'était un sauvage peu gracieux ! Je le détestais. Ce sentiment est fort désagréable, on voudrait aimer les gens qu'on admire[11]. »
De fait, Gérard Condé s'étonne « que Berlioz, dont le talent littéraire n'est plus à souligner et qui savait aussi écrire en vers sans se déshonorer, n'ait guère mis en musique les grands poètes de son temps avec lesquels il était plus ou moins lié. Vigny, en premier lieu, qu'il appelait familièrement « Mon cher poète », Heine. C'est, selon lui, par hasard qu'il choisit La Captive dans Les Orientales de Victor Hugo. Il ne songea pas à publier l'Aubade sur des vers de Musset[12] ».
Analyse
L'Aubade est, selon Gérard Condé, une « pure fantaisie d'écriture, chose assez rare chez Berlioz. Cette mélodie repose exclusivement sur une échelle de tierces (do, mi, sol, si, ré, fa , la) à laquelle sont empruntées toutes les notes du chant et les tonalités passagères[2] ».