L'accident de l'avion présidentiel polonais à Smolensk s'est produit le , à 10 h 41 heure locale (6 h 41UTC), lorsque le Tupolev Tu-154 assurant le vol 101 de l'armée de l'air polonaise s'écrase lors d'une tentative d'atterrissage sur l'aéroport de Smolensk-nord, ne laissant aucun survivant parmi les 96 personnes à bord, dont le président polonaisLech Kaczyński.
Outre le chef de l'État, son épouseMaria Kaczyńska, le chef d'état-major des armées Franciszek Gągor ainsi que les dirigeants des différents corps de l'armée polonaise, le gouverneur de la Banque nationale de Pologne, le vice-ministre des Affaires étrangères, des membres des deux chambres parlementaires (dont les vice-présidents des deux chambres), des membres du cabinet présidentiel, des membres du clergé polonais et des représentants des familles des martyrs de Katyń périssent dans cette catastrophe. La délégation polonaise venait se recueillir à Katyne, pour commémorer le massacre de Katyń, dont c'était le 70e anniversaire, qui a longtemps envenimé les relations entre la Pologne et son voisin russe.
Les enquêtes des experts russes et polonais attribuent la raison du crash à des erreurs de l'équipage de l'avion. Les experts polonais mettent également en avant une responsabilité des contrôleurs de vol de l'aéroport de Smolensk.
Les conséquences de cet accident ont généré des théories du complot chez les partisans du parti Droit et justice (PiS), qui évoquent l'implication de la Russie et du gouvernement de Donald Tusk dans une conspiration qui aurait visé à décapiter l'État polonais.
Une heure auparavant, un Yakovlev Yak-40 appartenant également au gouvernement polonais et transportant les journalistes invités par la présidence, s'était posé sans encombre sur la même piste[1]. Mais peu après les conditions météo se dégradèrent rapidement. Un Iliouchine Il-76 russe essaya d'atterrir mais à cause de la mauvaise visibilité, décida de se dérouter vers l'aéroport de Vnukovo près de Moscou.
Au moment de l'approche de l'avion présidentiel, la piste était enveloppée dans un brouillard dense avec moins de 500 m de visibilité. Le pilote en fut averti par le contrôle aérien qui permit cependant au pilote de descendre jusqu'à l'altitude de décision fixée à 100 m au-dessus du niveau de l'aéroport. La décision « on abandonne » (odchodzimy en polonais) a été enregistrée dans la cabine des pilotes à l'altitude de décision, mais l'avion poursuivit sa descente pour des raisons inconnues[2]. Ce qui se passe ensuite fait l'objet de polémique : d'après la version officielle, l'avion percute la cime d'arbres[3] à environ 1 000 mètres de la piste d'atterrissage de la base aérienne de Smolensk et s'écrase à 200 mètres du seuil de celle-ci dans une zone boisée à 10 h 41 (heure de Moscou). Or une enquête parlementaire de la Diète polonaise affirme au contraire que l'avion était au-dessus des arbres au moment de l'avarie.
Enquête
Mise en place des organes enquêteurs
Quelques heures après le crash, le président de la fédération de RussieDmitri Medvedev ordonne « qu'une enquête minutieuse (n'excluant aucune hypothèse) soit menée sur la catastrophe, en coopération totale et la plus étroite avec la partie polonaise », et annonce la création d'une commission spéciale d'enquête sur l'accident. Cette commission est présidée par le Premier ministre Vladimir Poutine. Parallèlement, une enquête criminelle émanant du procureur général de Russie est ouverte, à propos d'éventuelles violations des règles de sécurité du Code criminel russe[4].
Les enquêtes sont menées en collaboration avec des enquêteurs polonais dépêchés à Smolensk et à Moscou, où sont acheminés les corps des victimes et les boîtes noires, conformément à la loi russe en cas d'accident[5]. Elles s'appuient sur la Convention de Chicago, et plus précisément sur son Annexe 13, qui régit les enquêtes en cas d'accidents dans l'aviation civile. Selon le président du Conseil des ministresDonald Tusk, cette convention internationale est la base juridique qui permet la participation la plus importante possible des enquêteurs polonais. Il est cependant critiqué par une partie de la presse polonaise et par l'opposition proche du parti Droit et justice qui considèrent que l'enquête a été menée exclusivement par les autorités russes, car la convention donnerait l'exclusivité des pouvoirs d'enquête au pays sur le territoire duquel un accident est survenu. Selon ces critiques, Donald Tusk aurait dû faire appliquer l'accord bilatéral de 1993 entre la Pologne et la Russie, qui s'applique aux accidents dans l'aviation militaire, car le Tu-154 transportant la délégation présidentielle est un avion militaire, l'aéroport de Smolensk est un aéroport militaire, et les pilotes et les contrôleurs aériens étaient eux aussi des militaires, ce qui aurait permis aux enquêteurs polonais de travailler directement aux côtés des enquêteurs russes[6].
Premières analyses
Les premières déclarations des autorités russes incriminent le brouillard, fréquent dans cette région au printemps et en automne, et une erreur du pilote, qui aurait tenté d'atterrir sur la base aérienne de Smolensk contre l'avis des contrôleurs aériens[7] qui lui auraient proposé de se dérouter sur Minsk ou Moscou.
Les premières analyses indiquent que l'avion a heurté la cime des arbres alors qu'il effectuait une tentative d'approche avec une balise non directionnelle[8], par visibilité faible, après trois tours d'attente en hippodrome au-dessus de l'aérodrome[9],[10]. Le lendemain, l'analyse des conversations entre les pilotes de l'avion présidentiel polonais et les aiguilleurs russes exclut la thèse du problème technique sur le Tupolev (de fabrication soviétique)[11].
Il a été dit que la décision du commandant de bord d'atterrir à tout prix pour ne pas retarder la présence des autorités polonaises à la commémoration de Katyn, ou peut-être pour ne pas mettre en danger sa carrière professionnelle, avait pu jouer un rôle essentiel dans la genèse de l'accident. En , l'avion de Lech Kaczyński avait déjà dû se dérouter dans des circonstances similaires alors qu'il se rendait à Tbilissi, ce qui avait provoqué la colère du président : « Si quelqu'un veut être pilote, il ne doit pas connaître la peur », aurait affirmé Lech Kaczyński selon le quotidien Dziennik, avant d'ajouter : « Au retour au pays, nous allons régler le problème »[12]. Cette version des pressions sur le pilote lors du voyage en Géorgie, relayée par certains médias, a cependant été contestée, notamment par l'ancien président de Lituanie Valdas Adamkus qui faisait partie du voyage de Tbilissi[13].
Les trois « boites noires » du Tupolev Tu-154 ont été retrouvées sur les lieux du crash dans l'après-midi du , comme l'a indiqué Sergueï Choïgou, le ministre russe des Situations d'urgence, et la presse estimait alors qu'elles permettraient vraisemblablement à la commission d'enquête de présenter rapidement ses premières conclusions.
Historique de l'appareil
L'appareil, un Tupolev Tu-154M, avait été livré à l'armée de l'air polonaise en 1990[14]. Ce type d'appareil a mauvaise réputation. En effet, depuis les années 1970, 66 accidents ont impliqué des Tu-154, causant plus de 2 500 décès, accidents pour la plupart imputés à de mauvaises conditions d'entretien des appareils, surtout utilisés par des compagnies de l'ex-Union soviétique ou de la république islamique d'Iran[15],[16].
Le gouvernement polonais possède deux Tupolev Tu-154M, un pour le président de la République et un pour le président du Conseil des ministres. Le Tupolev présidentiel polonais avait déjà connu des avaries en en Mongolie, obligeant le président et son épouse à prendre un vol charter jusqu'à Tokyo, où il arriva ainsi avec 8 heures de retard. Enfin, en , le président avait déjà dû emprunter un vol commercial pour se rendre à Bruxelles. En , les deux Tupolev du gouvernement polonais étaient en panne simultanément, conduisant le président Kaczynski à voyager sur un avion de ligne ordinaire pour se rendre à New York. Toutefois, l'appareil en question dans le crash du avait bénéficié d'une révision complète et d'une modernisation en en Russie[17]. En première analyse, les circonstances de l'accident n'ont pas mis en cause a priori une défaillance technique mais plutôt des facteurs humains.
Conclusions
Au cours d'une conférence de presse tenue à Moscou le par le Interstate Aviation Committee (Comité intergouvernemental d'aviation), il est révélé que le président et d'autres hauts responsables polonais auraient fait pression sur l'équipage pour le forcer à atterrir nonobstant un entraînement insuffisant des pilotes. Au cours de la procédure d'atterrissage, ces derniers semblent également avoir négligé un certain nombre d'avertissements indiquant une trop grande proximité du sol par rapport à l'appareil[18],[19].
Six mois plus tard, le , contrairement au rapport russe, la commission d'enquête polonaise parvient à la conclusion que les responsabilités sont partagées entre la Pologne et la Russie. Reconnaissant que les causes principales de l'accident sont dues à des défaillances polonaises (vol à trop grande vitesse, pilotes n'ayant pas subi un entraînement adéquat pour piloter l'avion), elle indique aussi que l'éclairage de l'aéroport était défaillant et que les informations transmises par les contrôleurs aériens russes aux pilotes dans la phase d'atterrissage étaient incorrectes[20].
Il est cependant à noter que les pressions supposées du président et de hauts responsables polonais reposaient sur la présence du général Andrzej Błasik, chef de l'armée de l'air, dans la cabine des pilotes. Cette présence est argumentée dans le rapport russe et dans celui de la commission d'enquête polonaise (qui s'est appuyée uniquement sur les documents fournis par la partie russe) par le fait qu'on entendrait sur les enregistrements des boîtes noires le général Blasik prononcer trois phrases. Or sur la base des copies des enregistrements fournies au parquet polonais, une expertise a été confiée à l'Institut d'expertise judiciaire Sehn de Cracovie qui a permis de prouver que deux des phrases attribuées au général Błasik avaient en fait été prononcées par le copilote Robert Grzywna tandis que la troisième phrase attribuée au général n'a pas pu être identifiée sur la copie entre les mains des experts polonais, et ce alors que les experts de l'Institut Sehn ont mis en œuvre tous les moyens techniques existants, ce qui n'avait pas été fait par les enquêteurs russes qui s'étaient contentés de faire reconnaître les voix par simple écoute des enregistrements[21]. En conséquence de cette expertise, le parquet polonais a donc annoncé en que la voix du général Błasik n'avait pas pu être identifiée sur les enregistrements des boîtes noires et a ainsi remis en cause la thèse des pressions politiques sur les pilotes[22].
Thèse de l'attentat
Depuis la tragédie, la thèse d'un attentat fait son chemin dans les milieux de la droite polonaise. Cette thèse s'appuie :
Sur le précédent historique de l'accident d'avion de Gibraltar ayant coûté la vie au général Sikorski, commandant en chef des forces armées polonaises libres et Premier ministre du gouvernement polonais en exil à Londres, accident ayant eu lieu le , soit trois mois après la découverte des charniers de Katyn. Or, pour les Polonais, il est à peu près certain que l’accident était en fait un attentat organisé par un agent de Staline[23] ;
Sur le fait que le gouvernement russe détestait Lech Kaczyński, parce que celui-ci dénonçait un « nouvel impérialisme » russe. Moscou ayant refusé de l'inviter à la cérémonie de Katyn, le président Kaczyński a décidé de se rendre au service commémoratif qui avait été prévu pour le , et c'est en s'y rendant qu'il a été tué. Dans la délégation polonaise « se trouvait également Janusz Kurtyka, le très pugnace président de l’Institut pour la mémoire nationale, qui enquête sur les crimes commis par les Soviétiques contre la Pologne »[23] ;
Sur le fait que l'avion présidentiel était de fabrication russe, et qu'il venait tout juste de subir des opérations de maintenance en Russie[24] ;
Sur la mort suspecte en 2002 dans un crash aérien du général Lebed, qui pouvait représenter un danger politique pour Vladimir Poutine ;
Sur le fait que deux ans après, en , l'épave de l'avion et les originaux des enregistrements des boîtes noires n'ont toujours pas été rendus par la Russie à la Pologne, que le site n'a pas été sécurisé après le crash et que l'épave a été volontairement endommagée par la partie russe et un film[25], sans doute tourné par un militaire russe, a été diffusé dans l'émission Misja Specjalna du 21/09/2010 qui montre le travail de destruction de l'épave. Trois corps ont été exhumés en Pologne dont deux en . Dans les trois cas les experts polonais se sont aperçus que les rapports d'autopsie russes étaient majoritairement falsifiés[26]. Par ailleurs, la thèse du bouleau qui aurait arraché une aile de l'avion et qui l'aurait fait se retourner, ce qui est censé expliquer l'étendue des dégâts inhabituelle pour un crash à si basse altitude, est contestée par le professeur Binienda, doyen du département de génie civil de la faculté des sciences de l'Université américaine d'Akron, Ohio (États-Unis), spécialiste en génie des matériaux et ancien membre de la commission de la NASA qui a enquêté sur l'accident de la navette Columbia[27].
Revenu au pouvoir à la suite des élections législatives de 2015, le parti Droit et justice (PiS), dirigé par Jarosław Kaczyński, frère du président décédé, rejette les conclusions du gouvernement précédent et met en place une nouvelle commission chargée de réexaminer l'affaire ; le président réaffirme sa thèse d'une explosion en vol de l'avion. Les membres du PiS veulent trouver des responsables, accusent nommément Vladimir Poutine et Donald Tusk et veulent traduire ce dernier devant le tribunal d'État. Rafał Grupiński, député du parti d'opposition Plate-forme civique, accuse le PiS « de pratiquer de la nécrophilie politique sur la tombe des victimes »[28].
Six ans après les faits, le réalisateur Antoni Krauze tourne un film qui reprend à son compte cette thèse. Jaroslaw Kaczynski déclare à son propos qu'il « dit tout simplement la vérité »[29].
Fait divers
En septembre 2013, le Tribunal militaire de garnison de Smolensk condamne un soldat local à deux ans de prison ferme et ses trois complices à la même peine avec sursis pour avoir volé quatre cartes bancaires appartenant à des victimes du crash. Ils ont réussi à en retirer 60 345 roubles (environ 2 000 dollars). Les quatre voleurs étaient les premiers à arriver sur place pour assurer un périmètre de sécurité autour des lieux du drame. Trois d'entre eux avaient un casier judiciaire[30],[31].
Passagers et membres d'équipage
Selon le manifeste de bord[32] se trouvaient notamment à bord :
[Les numéros entre crochets correspondent au numéro du manifeste de bord]
Il est à noter que le numéro 43 de la liste ne mentionne pas de nom et que le général Jaruzelski avait fait part de son intention d'accompagner le président Kaczyński, qui avait refusé[33].
Maciej Płażyński Député, président de l’Association « Communauté polonaise », avocat, voïvode de Gdansk (1990-1996), président de la Diète (1997-2001) [62]
Krzysztof Putra Vice-président de la diète, ancien sénateur [66]
Jerzy Szmajdziński Vice-président de la diète et ancien ministre de la Défense (2001-2005) [76]
Barbara Mamińska(pl) directrice chargée des décorations et du personnel de bureau du président [49]
Fonctionnaires du BOR
Le BOR (Biuro Ochrony Rządu) est le Bureau de protection du gouvernement.
Lieutenant-Colonel Jarosław Florczak [20]
Artur Francuz [21]
Paweł Janeczek [29]
Paweł Krajewski [39]
Capitaine Dariusz Michałowski [89]
Piotr Nosek [56]
Agnieszka Pogródka-Węcławek [absente du manifeste de bord]
Jacek Surówka [74]
Marek Uleryk [79]
Équipage
Capitaine Arkadiusz Protasiuk, commandant de bord
Major Robert Grzywna, copilote
Artur Ziętek, navigateur
Andrzej Michalak, technicien de bord
Barbara Maciejczyk, hôtesse
Natalia Januszko, hôtesse
Justyna Moniuszko, hôtesse
Conséquences politiques
Conformément à la Constitution polonaise, à la mort du président, ses pouvoirs reviennent au président de la Diète (la chambre basse). Ainsi, Bronisław Komorowski devient le président par intérim de la République polonaise[35]. Dans les quatorze jours suivant son entrée en fonction, il convoque une élection présidentielle, qui se tient les 20 juin (premier tour) et 4 juillet (second tour). Lech Kaczyński devait remettre son mandat en jeu lors des élections présidentielles d'octobre. Il n'avait pas encore annoncé officiellement son intention de briguer un nouveau mandat. Bronisław Komorowski, le président par intérim, avait annoncé précédemment son intention de se présenter en tant que candidat de la Plate-forme civique. Il était donné comme favori dans les sondages et était l'un des plus farouches opposants du défunt président.
Malgré la mort de nombreux officiels, l'accident n'a pas arrêté le fonctionnement du gouvernement polonais, ni créé de crise politique. La présidence n'a pas connu de vacance, conformément à la règle constitutionnelle, de même que la présidence de la Banque centrale. Bien que les forces armées polonaises aient subi le plus lourd tribut lors de cet accident, en perdant les principaux chefs d'état-major (chef d'état-major des armées polonaises, ainsi que les chefs des forces spéciales, de l'armée de l'air, de la marine et de l'armée de terre), leurs pouvoirs se sont vus automatiquement transmis à leurs successeurs désignés selon la procédure prévue pour une telle situation[36].
De plus, peu de membres du gouvernement se trouvaient dans l'avion, ceux-ci ayant assisté à une commémoration officielle le 7 avril, à l'invitation de Vladimir Poutine, premier ministre russe[37]. L'organisation de la célébration du soixante-dixième anniversaire du massacre de Katyń avait, en effet, été organisée sur deux journées, du fait de l'adversité politique entre Donald Tusk et son gouvernement (membres de la Plate-forme civique, parti de centre-droit), et le président Kaczyński (membre du parti Droit et justice, social-conservateur et plus marqué à droite). La commémoration à laquelle devait se rendre le président de la République polonaise était organisée par l'organisme gouvernemental chargé de la protection de la mémoire et des sites de martyres.
De nombreuses personnalités politiques éminentes sont décédées dans l'accident, qu'elles fussent dans la majorité présidentielle ou dans l'opposition. Plusieurs de ces personnes avaient pour point commun de s'opposer radicalement à la politique du gouvernement de Donald Tusk.
le candidat déclaré de la gauche sociale-démocrate aux élections d'octobre Jerzy Szmajdziński.
Certains partis se trouvent donc dans une situation délicate. Ainsi, plusieurs membres du cabinet présidentiel étaient de hauts responsables du parti Droit et justice, dont le chef du parti n'est autre que le frère jumeau du président défunt, Jarosław Kaczyński (lequel s'est porté candidat à la succession de son frère à la présidence de la République[38]). De plus, le décès de nombreux responsables de ce parti pose un problème pour les élections législatives de 2011. De même, le parti de la gauche polonaise, le SLD ou Alliance de la gauche démocratique, se retrouve sans candidat[39].
Sous l'impulsion de Jarosław Kaczyński une nouvelle enquête est ouverte par la justice polonaise en vue de rechercher les responsabilités dans l'accident. Ainsi, le , Donald Tusk, président en exercice du Conseil européen et à l'époque des faits président du Conseil des ministres de Pologne, comparaît comme témoin dans l'enquête. Selon le président du parti d'opposition Plate-forme civique Grzegorz Schetyna, « Tusk est aujourd'hui la cible politique du PiS et du parquet qui ne cache même pas réaliser une commande politique. Cela s'inscrit dans un scénario d'enquêtes successives à son encontre[40] ».
Réactions
Pologne
Un deuil national d’une semaine est décrété par le chef de l’État par intérim et président de la Diète, Bronisław Komorowski[41]. Lech Wałęsa dit que son pays a « perdu l’élite polonaise ». En effet, les personnes décédées faisaient partie des plus haut placées de l’État de Pologne.
Le peuple polonais réagit avec stupeur et douleur à la catastrophe. Presque immédiatement après l'annonce de la catastrophe, une foule en deuil se rend spontanément devant le palais présidentiel de Varsovie pour y rendre des centaines d'hommages, déposer des fleurs, couronnes, et bougies. Ailleurs, à Varsovie, les Polonais scellent des rubans noirs aux fenêtres. Il a été signalé que de nombreux villages, tels que Górzno, étaient pratiquement déserts : leurs habitants restaient chez eux pour regarder les détails de cette tragédie à la télévision. Bronisław Komorowski, président par intérim, demande deux minutes de silence le .
À Cracovie, le clocher Sigismond de la cathédrale de Wawel est sonné par vingt moines. Les chaînes de télévision du pays retransmettent toute la journée une édition spéciale, la télévision publique polonaise arborant un habillage télévisuel noir et blanc. Les sites internet d'actualité, les sites des partis politiques ainsi que les sites gouvernementaux, arborent de même des couleurs noires et blanches[42].
Évoquant Katyń, l'ancien président Aleksander Kwaśniewski déclare à la chaîne de télévision TVN24 : « C'est un lieu maudit. Il envoie des frissons dans le dos. C'est une blessure qui sera très dure à guérir. Premièrement, la fleur de la Seconde République polonaise est assassinée dans les forêts autour de Smolensk, maintenant l'élite intellectuelle de la IIIe République polonaise disparaît dans ce tragique accident d'avion à l'approche de l'aéroport de Smolensk »[43]. Selon le président du Conseil des ministres polonais Donald Tusk, « le monde contemporain n'a jamais vu de tragédie de cette ampleur »[44].
L'ancien président du Conseil des ministres polonais Leszek Miller, qui avait lui-même subi des blessures dans un accident d'hélicoptère au cours de son mandat, déclare que les avions de la Pologne étaient connus pour devoir être remplacés. « Une fois, j'ai dit que nous nous rencontrerons un jour dans un cortège funèbre, et c'est alors que nous prendrons la décision de remplacer la flotte d'aéronefs », ajoute-t-il[45].
Le président du Comité international de la Douma Konstantin Kossatchev déclare que « Katyń réclamait encore plus de victimes ». Le président de la Douma, Boris Gryzlov, a exprimé ses condoléances[47].
Les chefs de gouvernement russe, Vladimir Poutine, et polonais, Donald Tusk, se sont rendus sur les lieux de l’accident.
Un message de Dmitri Medvedev au peuple polonais annonce une journée de deuil national en Russie le lundi .
France
Nicolas Sarkozy exprime sa tristesse pour la catastrophe, et présente ses condoléances à la famille du président Lech Kaczyński et celles des autres victimes[48].
Finlande
La présidente finlandaise Tarja Halonen, ainsi que son gouvernement, exprime sa tristesse à la suite de cette tragédie[49].
Serbie
Le gouvernement de Serbie proclame jeudi « jour de deuil » en Serbie en raison de la mort tragique du président polonais, Lech Kaczyński, et de hauts officiels d’État et de citoyens polonais, communique le gouvernement du président Boris Tadić[50].
Filmographies
De nombreux reportages ont été réalisés parmi lesquels:
↑Balise non directionnelle appelé Non Directional Beacon (NDB), moyen radio qui ne permet pas une approche « de précision » et qui nécessite donc de meilleures conditions de visibilité.
↑The Times, 13 avril 2010 In dark times Poland needs the sunlight of truth : « The Polish president’s plane, it is noted darkly, was Russian-made, and recently serviced in Russia.The Russian Government heartily disliked President Kaczynski, who had criticised Russia’s “new imperialism”. Moscow declined to invite him to a ceremony at Katyn last Wednesday — so Kaczynski decided to hold a second memorial service, and was killed en route ».