Le , l'épave a été repérée dans une falaise du Salak, un volcan de la province de Java occidental. Compte tenu de la zone de débris étendue, les sauveteurs ont conclu que l'avion avait heurté de plein fouet la montagne et qu'il n'y avait « aucune chance de trouver des survivants »[1]. Il s'agit à la fois de la première perte et du premier accident aérien mortel impliquant le Sukhoi Superjet 100.
Contexte
Avion
L'appareil impliqué dans l'accident était un Sukhoi SuperJet 100-95, immatriculé RA-97004 (numéro de série 95004). Il a été fabriqué en 2009 et cumulé plus de 800 heures de vol au moment de l'accident. Le SuperJet 100 est le premier modèle d'avion de ligne produit en Russie depuis la dissolution de l'URSS en 1991.
Vol de démonstration
Cet avion opérait dans le cadre d'une tournée de démonstration, intitulé « Bienvenue en Asie ! ». Avec un autre SuperJet 100, un vol de démonstration avait été effectué avec succès au Kazakhstan, mais lorsque la tournée s'est ensuite déroulée au Pakistan, les acheteurs potentiels n'ont pu voir l'avion que sur la piste de l'aéroport, car aucun vol n'a eu lieu, apparemment en raison d'un problème technique. Une fuite au niveau d'une buse sur un des moteurs a été découverte alors que l'avion était en route vers le Myanmar, selon Alexander Tulyakov, vice-président de United Aircraft Corporation, et il est alors rentré à Moscou pour réparation.
L'avion impliqué dans l'accident a ensuite été utilisé en tant qu'avion en remplacement pour poursuivre la tournée. Il était prévu d'effectuer des vols au Laos et au Vietnam. Au moment de l'accident, Soukhoï avait 42 commandes de ce modèle d'avion en provenance d'Indonésie, et 170 au total, et espérait produire jusqu'à 1 000 exemplaires.
Le Salak
Au cours de la décennie 2002-2012, sept accidents aéronautiques ont eu lieu dans la région du volcanSalak. Un avion d'entraînement, peu avant l'accident du Sukhoi Superjet 100, a provoqué la mort de trois personnes ; en 2008, un avion des forces indonésiennes a tué 18 personnes ; cinq personnes ont été tuées en , deux en , sept en et une en [2],[3].
Le Jakarta Post a ainsi qualifié le Salak de « cimetière d'avions »[3]. La présence de turbulence à basse altitude et des conditions météorologiques imprévisibles, notamment la présence de nuage dense autour du Salak, contribueraient au risque élevé d'accident sur cette montagne.
Déroulement
Le SSJ-100 effectuait son deuxième vol de démonstration en Indonésie et avait à son bord des hommes d'affaires indonésiens, des journalistes et des membres des sociétés impliquées dans la réalisation du programme de cet avion de transport. L'équipage se composait du chef-pilote Alexandre Iablontsev, du second pilote Alexandre Kotchetkov et le navigateur Oleg Chvetsov. L'ingénieur Alexeï Kirkine et l'ingénieur pour les essais en vol Denis Rakhimov se trouvaient à bord aux côtés de trois employés de la société Soukhoï ; l'avion emportait 37 non-russes[4] dont 14 indonésiens de Sky Aviation qui avait commandé ce type d'avion.
Le contact radio est perdu peu après que l'équipage a demandé à descendre à 6 000 pieds (1 828 mètres). L'avion commence sa descente mais disparaît des écrans de contrôle à une altitude de 5 500 pieds[5] (1 676 mètres). Avant le crash, l'avion dévie de sa trajectoire et survole l'aérodrome militaire d’Atang Sanjaya. La carcasse est retrouvée à cette altitude, sur un flanc abrupt du Salak, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Jakarta[6].
Victimes
Nationalité
Passagers
Équipage
Total
Indonésien
34
0
34
Russe
0
8
8
Américain
1
0
1
Italien
1
0
1
Français
1
0
1
Total
37
8
45
Enquête et opérations de recherche
Les débris de l'avion après l'accident sont tombés dans une crevasse puis ont été recouverts par un éboulement compliquant les opérations de recherche. L'avion n'est pas entré en collision frontale : le pilote avait cherché à éviter la montagne au dernier moment sans succès. La force de l'impact n'a laissé aucun corps ni élément d'avion en entier. Tous les fragments de corps des victimes ont été identifiés. Les opérations de recherche ont permis de retrouver l'enregistreur phonique en bon état le et l'enregistreur des paramètres de vol le .
L'explication avancée à ce jour et confirmée par l'analyse des enregistreurs de bord est une erreur humaine. Le commandant de bord avait demandé l'autorisation d'atterrir sur l'aérodrome de Khalima. N'ayant pas reçu d'autorisation d'atterrir de la part du contrôleur aérien, il a décidé d'effectuer un virage d'attente. Le pilote a probablement été désorienté et s'est trompé dans le sens du virage. Il avait demandé l'autorisation d'effectuer un virage en direction du mont Salak[7] pensant l'effectuer au-dessus d'une plaine [8]. Du fait de la surcharge de travail et du manque d'attention[9] le contrôleur aérien indonésien a autorisé l'ensemble des manœuvres alors qu'il avait la possibilité de voir qu'elles étaient inappropriées. Les systèmes d'alerte de collision ont fonctionné mais ont été ignorés et désactivés par l'équipage car ils étaient persuadés de se trouver dans une zone sans gros reliefs (leurs cartes ne mentionnant pas la présence d'une montagne). L'analyse de l'enregistreur phonique n'avait pas révélé de défaillance technique jusqu'au moment de l'impact, ce qui confirme cette hypothèse[10].
D'autre part, d'après l'analyse des boites noires, le pilote aurait été distrait par une longue conversation avec des passagers et sans rapport avec le pilotage, au moment du crash[11]
Médias
L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé « Test mortel en Indonésie » (saison 18 - épisode 5).