Responsable socialiste, il est l'un des principaux dirigeants et héros de la résistance intérieure française. Il est considéré comme l'un des principaux acteurs de l'unification de la résistance française.
Arrêté par le Sicherheitsdienst (service de sureté appartenant à la SS), il choisit de se suicider, se jetant par la fenêtre du 5ème étage, rue des Saussaies, après avoir donné un nom, le sien. Ses cendres sont transférées au Panthéon, le .
Il se présente d'abord aux élections cantonales d'octobre 1934 (canton d'Ervy-le-Châtel) puis à la députation de l'Aube[7] (deuxième circonscription) sous l'étiquette du Front populaire en avril 1936 sans succès.
D'abord fervent défenseur des idéaux pacifistes et européens d'Aristide Briand, ses conceptions évoluent à partir de 1938 lorsqu'il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l'inévitabilité de la guerre.
Journaliste au sein de plusieurs journaux (L'Europe nouvelle, Le Quotidien, Le Progrès civique, Les Primaires, Notre temps, Excelsior, Marianne et la Terre Libre), ainsi que celui de la SFIO Le Populaire (où il est rédacteur de politique étrangère), il travaille également pour Radio PTT, dont il est licencié en janvier 1939 lorsqu'il s'oppose dans une émission aux accords de Munich.
La bataille de France
Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé avec le grade de lieutenant au 5e régiment d'infanterie Navarre, puis promu capitaine avant la défaite lors de la bataille de France ; il est décoré de la première croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze le , en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité (il réussit à ramener tous ses hommes avec leurs armes).
Pierre Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89, rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de « boîte aux lettres » pour les Résistants. Dans la bibliothèque tournante dans le sous-sol, plusieurs documents sont échangés pendant cette période dont les plans de l'usine Renault.
Il devient également professeur d'histoire au collège Sévigné et est présenté par son collègue Louis François au colonel Rémy. Après sa rencontre, il devient chef de la section presse et propagande de la CND - Confrérie Notre-Dame sous le nom de code Pedro« parce qu'il a quelque chose d'espagnol dans le regard » selon Rémy. Il a alors comme collaboratrice Anne-Marie Renaud de Saint Georges[8].
Au cours de l'hiver 1941-1942, il envoie à la France Libre une série de rapports très documentés sur la situation de la France et sur la Résistance embryonnaire. Par son intermédiaire et via la CND, les mouvements Libération-Nord et OCM – Organisation civile et militaire sont entrés en contact avec Londres. Avec un mandat de divers mouvements et organisations syndicales, Christian Pineau fonde Libération-Nord et gagne Londres en mars 1942 avant de négocier son ralliement à Charles de Gaulle[9].
Après un court séjour en avril 1942 au sud de la ligne de démarcation destiné à parfaire son information sur l'état de la Résistance en zone sud, il s'est envolé clandestinement en Angleterre dans la nuit du 27-28 avril 1942, en tant que représentant de la Résistance pour rencontrer Charles de Gaulle[10].
France Libre et BCRA
À peine arrivé à Londres, Brossolette est pris en main par le BCRA, les services secrets de la France libre. Au cours de son séjour dans la capitale anglaise, il rédige neuf textes et des comptes rendus pour les services gaullistes. Pilier central de ce panorama, le « Rapport politique »[11] du 28 avril consiste en une description sans concession de la France depuis la signature de l'Armistice, un tableau de la Résistance naissante et une analyse des projets de rénovation en cours[12].
Il propose au général de Gaulle de repartir en France pour y rallier à la France libre d'éminentes personnalités politiques. Fort de l'accord de De Gaulle, il fait venir à Londres les SFIOLouis Vallon et André Philip, ainsi que Charles Vallin, le numéro deux du PSF du colonel François de La Rocque[13].
À la suite de deux perquisitions successives effectuées par les autorités allemandes à son domicile à Paris en mai 1942, son fils Claude de 14 ans est interrogé pendant 36 heures par la police française et la Gestapo[14], rue des Saussaies. Il repart en France pour sa première mission, vend la librairie, fait franchir à sa famille la ligne de démarcation en juillet 1942, navigue vers Gibraltar en felouque et sa famille parvient en Écosse en cargo et à Londres par train, où le colonel Passy les attendait à la gare. Il poursuit son action dans la Résistance seul en France tandis que Gilberte Brossolette assure la liaison entre le Commissariat à l'Intérieur de la France libre et la BBC.
Le 29 septembre 1942, il s'engage officiellement dans les « Forces françaises libres », en même temps que le ralliement de Charles Vallin à Londres. L'arrivée conjointe à Carlton Gardens des deux hommes jusqu'alors opposés politiquement est une opération de communication censée illustrer l'assise élargie de la France combattante[15] et est considérée un événement assez important pour être filmée par la presse anglaise : « Rivals Join De Gaulle »[16],[17],[18].
Le 1er octobre 1942, Brossolette est nommé adjoint du colonel Passy et il prend la tête de la section opératoire, service chargé de faire le lien entre la Résistance extérieure et les mouvements de la Résistance intérieure.
Il propose à Passy de séparer l'action politique de celle du militaire, le BCRAM devient BCRA, avec le rattachement le service secret d’action politique[19]. Cette réforme est validée par André Philip, Commissaire national à l'intérieur, et par Jacques Soustelle, chef des services secrets[20],[21]. Le BCRA devient le soutien logistique et l'instrument de l'action, non seulement militaire mais politique, du CNF auprès de la Résistance[22].
Radio Londres
Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l'ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un vibrant hommage aux « soutiers de la gloire »[23], expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC - Radio Londres en remplacement de Maurice Schumann.
Pierre Brossolette écrira des articles, dont un le 27 septembre 1942 "Renouveau Politique en France"[24] dans La Marseillaise, destiné à la Résistance extérieure comme aux Français établis depuis 2 ans en Angleterre et aux États-Unis et qui persistent à se défier de la France combattante[9], qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre[25],[26]. Brossolette est décrit par de Gaulle comme « Le philosophe du gaullisme »[27].
Mission Arquebuse-Brumaire
Brossolette est parachuté pour la deuxième fois en France le 27 janvier 1943 pour la mission Arquebuse-Brumaire[28] et est rejoint le 27 février par André Dewavrin, alias le colonel Passy et Forest Yeo-Thomas alias « Shelley », agent du SOE surnommé familièrement « le Lapin Blanc ». Cette mission est considérée comme historique car ils parviennent à unifier l'ensemble des mouvements de Résistance de la zone occupée et préparer les réseaux en vue du Débarquement.
De Gaulle les a chargés d'une mission centrée sur l'unification de la résistance armée et la recherche des cadres d’une administration provisoire de la zone occupée en vue de former un comité directeur central[29]. Passy et Brossolette étaient donc fondés à considérer que leur mission déboucherait naturellement sur la création du CCZN — Comité de Coordination en Zone Nord pour organiser leurs services « Action » sous l'autorité de la France Combattante[30].
Les groupements de la zone occupée avaient beaucoup d’objections au conseil national de la Résistance et n’étaient pas sensibles à l'idée d’établir un lien de représentation entre la commission et le Conseil de la Résistance. En plus, ils ne souhaitaient pas voir les partis politiques participer et défendaient l’idée des familles spirituelles[31]. Brossolette a considéré qu’il était trop tôt pour fusionner des éléments qui s’ignoraient encore, voire qui se défiaient et donc qu’une organisation unique des mouvements de résistance des deux zones apparaissait impossible[32].
Unification de la Résistance de la Zone Nord et création du CCZN
Ce faisant, en partie pour s'adapter au terrain, Brossolette désobéit aux instructions données par de Gaulle, qui étaient d'inclure les partis politiques (pas seulement les organisations de résistance) et d'attendre pour agir l'arrivée de Jean Moulin[35].
Le 3 avril, les membres du CCZN furent rassemblés et présentés à Rex (Jean Moulin), qui a entériné sa création[36]. Comme indiqué par Brossolette[37], le CCZN, au même titre que son homologue de la zone sud - CCZS, était une étape provisoire pour permettre le processus d'unification de la Résistance, qui a abouti avec la création du Conseil National de la Résistance (CNR), fondé et présidé par Jean Moulin le 27 mai 1943 à Paris, avec l’inclusion des partis politiques et des mouvements de Résistance[38],[39].
À cette époque, la rivalité entre Jean Moulin et Pierre Brossolette, numéro deux du BCRA et soutenu par son ami Passy (André Dewavrin), chef de ce BCRA, est évidente. Moulin reproche explicitement à Pierre Brossolette d'avoir interféré auprès de de Gaulle pour l'empêcher de coordonner la Résistance dans la zone nord[40].
Le succès du bilan laissé par Brossolette à son retour mission à Londres a été salué par les témoins de l’époque. Passy, Brossolette et Yeo-Thomas ont réussi à séparer le renseignement des réseaux d’action, effectuer un inventaire rigoureux des forces que les groupements de résistance de la Zone Nord pouvaient mettre réellement en œuvre en vue de la libération du territoire. Ils ont fait de Paris occupée la capitale de la Résistance[42].
En absence de De Gaulle, parti à Alger, Brossolette fut le premier orateur de l'anniversaire du Appel du 18 Juin en 1943 à l’Albert Hall, où il prononça son discours « Hommage aux morts de la France combattante »[43].
Pendant ce temps, Brossolette perd en influence au sein de la France combattante pour plusieurs raisons : de Gaulle se méfie probablement du côté incontrôlable de Brossolette ; Passy lui-même a perdu en influence sur de Gaulle ; enfin, le socialiste André Philip est remplacé au Commissariat national de l'intérieur par Emmanuel d'Astier de la Vigerie, hostile à Brossolette[35].
Voyage à Alger et dernière mission
Le 13 août 1943, Pierre Brossolette part pour Alger rencontrer De Gaulle et obtient l’autorisation, malgré son refus initial, de partir en France pour sa troisième mission. Il arriva en France le 19 septembre 1943, avec Yeo-Thomas, pour aider à réorganiser la Résistance à la suite de nombreux dysfonctionnements au sein de la délégation de la zone Nord à Paris[44]. Par la suite, la perquisition du secrétariat de la délégation le 25 septembre, l’affaire dite « de la rue de la Pompe », a amené une réelle percée du Sicherheitsdienst (les services secrets de la SS, chargés du renseignement) dans son organisation, avec la saisie de doubles de courriers et télégrammes avec des noms et des adresses laissés en clair. De nombreuses arrestations furent effectuées par la Gestapo[45],[46].
Après l'arrestation de Jean Moulin en juin 1943 et l'affaire de la rue la Pompe, Pierre Brossolette critique les nouveaux dirigeants de la Délégation (Jacques Bingen, qui est un de ses anciens subordonnés, et Serreulles), estimant que ce pouvoir lui revient[47],[35]. Mais il n'obtient que le rappel conjoint à Londres de lui et Serreulles[47].
L’action et l’intervention conjointe de Brossolette et Yeo-Thomas pendant cette mission marqua un jalon en matière de coopération militaire entre la Résistance intérieure et les alliés[48].
Le BCRA a joué un rôle majeur dans l’unification de la Résistance française et a été considéré par Winston Churchill et Harold Macmillan (qui a participé des négociations qui ont abouti à la victoire du général De Gaulle sur le général Giraud), comme le principal atout de la France pour le débarquement du Jour J. En effet, les renseignements et les actions sur le terrain en zone Nord étaient structurées pour fragiliser la présence des nazis et, par conséquent, aider la Libération de la France par les Alliés.
Arrestation
Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Brossolette doit rentrer à Londres pour accompagner le nouveau délégué général du CFLN auprès du CNR, Émile Bollaert[47]. Plusieurs tentatives d'exfiltration par Lysander échouent. Brossolette et Bollaert décident de rentrer par bateau. Ils quittent alors Paris en train, direction Quimper. Sur place, l'officier de renseignement James Bargain[49] et le lieutenant de vaisseau Yves Le Hénaff, tous deux originaires de l'Île-Tudy, préparent cette évacuation nommée opération Dahlia[50]. Le , partant de la plage du petit port bigouden, la pinasse le Jouet des Flots qui doit les conduire à une frégate britannique au large de l'île de Sein fait naufrage à cause d'une voie d'eau et du mauvais temps près de la pointe du Raz, s'échouant à Feunteun Aod à Plogoff. Les deux membres de la Résistance ainsi qu'une trentaine d'hommes, marins et aviateurs alliés échouent sur la côte, où ils sont accueillis par des Résistants. Parmi les rescapés figurait également Edmond Jouhaud[51]. Lors d'un barrage de routine, alors qu'ils arrivent à Audierne dans une voiture à gazogène, ils sont dénoncés par une collaboratrice, Juliette Peraferin contrôlés par un poste volant de la Wehrmacht et emmenés dans la prison Jacques-Cartier de Rennes, siège de la Kommandantur locale[réf. nécessaire].
Plusieurs semaines passent sans qu'ils soient reconnus. Finalement, le 16 mars, Ernst Misselwitz (Hauptscharführer du Sicherheitsdienst, ou SD) se rend à Rennes en personne pour identifier Brossolette et Bollaert et les fait transférer, le 19 mars, au quartier général de la Gestapo à Paris, 84, avenue Foch. On sait aujourd'hui à travers le témoignage de Roger Lebon[52] que son identité a été découverte à la suite d'une imprudence de la part de la Délégation générale à Paris, représentée par Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen : un rapport semi-codé rédigé par les services de Daniel Cordier aurait été intercepté sur la frontière espagnole, alors que son grand ami Yeo-Thomas se trouvait déjà parachuté solo en urgence à Paris depuis le 25 février pour préparer une évasion audacieuse de la prison de Rennes en uniforme allemand avec l'aide de Brigitte Friang. Yeo-Thomas et Friang seront eux aussi capturés les jours suivants à la suite du démantèlement de nombreux réseaux parisiens consécutif à l'affaire dite « de la rue de la Pompe » (siège de la Délégation générale) et des aveux de Pierre Manuel[53], responsable du BOA et frère d'André Manuel, chef de la section de renseignement (R) du BCRA[54],[55],[56].
Mort
Pierre Brossolette et Émile Bollaert sont torturés. Le 22 mars, pendant la pause-déjeuner de son gardien, Brossolette se lève de sa chaise, menotté dans le dos, ouvre la fenêtre de la chambre de bonne dans laquelle il était enfermé et tombe d'abord sur le balcon du 4e étage et ensuite devant l'entrée de l'immeuble côté avenue. Gravement blessé, il succombe à ses blessures vers 22 heures à l'hôpital de la Salpêtrière, sans avoir parlé. Il ne donne qu'un nom, le sien.
Pierre Brossolette est très critique vis-à-vis de la IIIe République. Il la rend responsable de la défaite, et il estime que la Libération, à venir, devra être l'occasion d'une profonde rénovation démocratique, notamment par la naissance d'un grand parti de la Résistance appelé à réaliser une politique de transformation sociale ambitieuse. Un programme commun, très proche de ses aspirations sociales, est élaboré par le Conseil national de la Résistance en mars 1944, le mois de la mort de Brossolette.
Cette critique de la Troisième République est le principal sujet de discorde avec Jean Moulin[40],[58] et lui vaut par ailleurs l'opposition des partis. Ainsi, à la veille de son arrestation, Brossolette est exclu de la SFIO par Daniel Mayer et Gaston Defferre[59], décision qui n'est pas appliquée à cause de sa disparition. Si, dans un premier temps, la IVe République renoue avec les mœurs de la IIIe, l'avènement de la Ve République représente pour certains l'application a posteriori des idées de Brossolette sur l'après-guerre.
En effet, le projet d'un grand parti rassemblé autour de De Gaulle pour gérer l'immédiat après-guerre et limiter les dégâts prévisibles d'une épuration incontrôlée est vivement critiqué et soupçonné même de dérives fascisantes. De Gaulle, conscient des soupçons d'autoritarisme qui pesaient déjà sur lui, tranchera pour la représentation des partis au sein du CNR et, partant, pour la réhabilitation du système parlementaire de la IIIe République, donnant ainsi gain de cause à Jean Moulin. Ce choix aura des conséquences importantes sur l'image de ces deux grands chefs de la Résistance et de leur place dans la mémoire nationale.
Ainsi s'opposent a posteriori l'image d'un Moulin homme d'État proche du radicalisme d'avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie, voire du statu quo, à qui l'on a reproché de se laisser influencer par le parti communiste, et celle, complexe, d'un Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme « qu'il bâtissait en doctrine » (selon De Gaulle lui-même dans ses mémoires) bien que socialiste, dénonciateur féroce des dangers fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales.
Cependant son idée d'un parti unique issu de la Résistance ne devait servir qu'à réorganiser l'après-guerre, et il aurait envisagé de créer lui-même un nouveau parti de gauche, sur le modèle social-démocrate donc non-marxiste ou, en tout cas, réformiste. Pour cela, Brossolette avait travaillé sur une ambitieuse critique du marxisme pendant ses missions, que sa stature d'intellectuel, normalien de haut vol, permettait de croire respectable ; ce document aurait été jeté par-dessus bord lors du naufrage sur les côtes bretonnes ayant amené son arrestation[60].
Médaille commémorative de la guerre – avec agrafes « France » (campagne de 1940 dans les rangs du 5e régiment d'infanterie) et « Libération » (action au sein de la Résistance).
À Narbonne-Plage, un monument mémorial éolien unique en son genre atteste sa popularité dans l'immédiat après-guerre et marque l'emplacement de son exfiltration par la felouque Seadog[63].
À Saint-Saëns, une stèle commémore la première exfiltration par Lysander vers Londres[64].
À Plogoff, au lieu-dit Feunteun Aod, appelé aussi l'enfer de Plogoff, endroit où la pinasse le Jouet des Flots s'est échouée une stèle rappelle l'exfiltration manquée vers l'Angleterre avant son arrestation.
Si Brossolette, dans l'immédiat après-guerre, pouvait encore être considéré par beaucoup comme la principale figure de la Résistance de par son action en zone occupée (Paris) et de par sa notoriété d'homme public, l'entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin en 1964 le relègue à une place de héros d'un parti (SFIO/PS) et permet de cristalliser le mythe d'une Résistance unie sous un seul chef à l'image de la France Libre, dans le contexte historique ayant abouti à la création de la Cinquième République[65].
Plus tard, lors de l'avènement des socialistes au pouvoir en 1981, le choix de François Mitterrand d'honorer Jean Moulin lors de la cérémonie du Panthéon au lieu de célébrer la mémoire de Pierre Brossolette prolonge sa relégation à une seconde place, cette fois-ci également auprès de la gauche elle-même. Ainsi l'attesteront, en plus de la commémoration discrète des cinquante ans de sa disparition en 1994, les célébrations modestes du centenaire de sa naissance en 2003 et de celui de la SFIO/PS (2005). À l'occasion, un haut responsable issu de la jeunesse socialiste, futur premier secrétaire du PS, Harlem Désir, en arrive, de manière anecdotique mais révélatrice de cette perte de mémoire, à citer Jean Moulin, pourtant jamais inscrit au parti et par ailleurs réputé radical ou tout au plus radical-socialiste, comme principale figure de son centenaire.
En 2013, l'historienne Mona Ozouf préside un comité dont l'objectif est le transfert des cendres de Pierre Brossolette au Panthéon[66].
Un colloque sur Pierre Brossolette est réalisé le 17 octobre 2013 par la présidence de l’Assemblée nationale à l'Hôtel de Lassay pour évoquer sa mémoire en deux volets : le parcours de sa vie et la trace que laissent ses écrits, ses idées et ses actions[67],[68].
Le , le président de la République François Hollande annonce le transfert de ses cendres au Panthéon aux côtés des résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion ainsi que de l'ex-ministre Jean Zay en tant que « grandes figures qui évoquent l’esprit de résistance[69] ». Le président de la République signe le décret, en date du . Le vendredi , les cendres de Pierre Brossolette sont exhumées en présence de sa famille proche et de l'association Navarre, des anciens du 5e régiment d'infanterie.
Un hommage est rendu par l'Éducation nationale à la Sorbonne le 26 mai 2015.
Le nom de Pierre Brossolette est aujourd'hui plus connu en France que l'homme lui-même et ses réalisations[72], en vertu du grand nombre de rues – près de 500 (voir ci-dessous), dont plus d'une centaine dans le Grand Paris –, établissements scolaires et espaces publics qui portent son nom. Une exception notable est Lyon, ce qui illustrerait les rivalités des deux zones (occupée et libre de 1940 à 1942), dans la mesure où aucune rue Jean-Moulin n'avait été baptisée à Paris jusqu'en 1965.
Voies publiques
À Aix-en-Provence, une avenue porte le nom de Pierre Brossolette.
Pierre Brossolette a fait l'objet d'un timbre[77]. de la première série de timbres-poste sur les Héros de la Résistance en 1957.
Autres hommages
La Grande Loge de France, a baptisé son cercle de conférences publiques d'après Condorcet-Brossolette[78] et a donné le nom de Pierre Brossolette à son « Grand Temple » pour honorer sa mémoire[79],[80]. Une de ses loges à Paris porte le nom « Pierre Brossolette, Compagnon de la Libération »[81],[82].
Au Grand Orient de France à Paris, une loge porte le titre distinctif de « Pierre Brossolette - Terre des Hommes » et a pour devise le triptyque « Résister - Relier - Transmettre », en l'honneur de Pierre Brossolette.
La promotion 2003 d'élèves officiers du 4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr choisit Pierre Brossolette, en tant qu'officier d'infanterie, comme parrain et créé un chant de promotion à l'occasion[83].
Colonel Passy, Souvenirs, Tome 1, Deuxième Bureau Londres (Juin 1940 - Décembre 1941), Raoul Solar Éditeur, (EAN2000161642604)
Colonel Passy, Souvenirs, Tome 2, 10 Duke Street - le BCRA (1942), Raoul Solar Éditeur, (EAN2000068461018)
Colonel Passy, Souvenirs, Tome 3, Missions secrètes en France (novembre 1942 - juin 1943), Éditions Plon, (EAN2000033754978)
Bruce Marshall, Le Lapin blanc - Préface de Gilberte Brossolette, Collection L'Air du Temps, Gallimard, (ISBN9782070242184). Ce livre est la traduction en français de (en) The White Rabbit - The Story of Wing Commander F. F. E. Yeo-Thomas, Evans Brothers, , réed. (en) The White Rabbit, Cassel Military Paperbacks (ISBN9780304356973)
Christian Pineau, La simple verité, 1940 - 1945, René Julliard, - réed. La simple vérité (1940-1945) - Préface par Gilberte Brossolette, Éditions Phalanx, (ISBN9782753567252)
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The White Rabbit (Le Lapin Blanc), série télévisée sur la vie de Yeo-Thomas réalisée par Peter Hammond en 1967, BBC, joué par George Hagan.
L'Armée des ombres, réalisé par Jean-Pierre Melville en 1969. Le personnage de Luc Jardie, alias « le grand patron », est inspiré largement par Jean Cavaillès mélangé à plusieurs références à Pierre Brossolette entre autres, dont le mot à la sortie du Ritz à Londres, le parachutage solo blind et l'exfiltration en Lysander à Saint-Saëns.
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↑ a et b« Faire entrer Pierre Brossolette au Panthéon, un affront à la mémoire de Jean Moulin », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑"Officier d’une rare énergie et d’une ténacité remarquable. Faisant preuve d’un mépris total du danger, a contribué avec succès à l’organisation de la Résistance en France et à l’union de tous les Français contre l’envahisseur" - Le général De Gaulle
↑Jean-Louis Crémieux-Brilhac (« Ce qu’ils réalisent en six semaines est à peine croyable… Ils font de Paris occupée, que les polices quadrillent, la capitale de la Résistance. »), La France libre : de l'appel du 18 juin à la Libération, (ISBN978-2-07-045469-3), p. 382
↑Pierre Brossolette, « Hommage aux morts de la France combattante », pierrebrossolette.com, (lire en ligne)
↑Ses cendres conservées dans la case 3913 du colombarium (division 87), comme indiqué sur le livre de registres du cimetière. Elles sont extraites le 15 mai 2015 en vue de l’entrée de Pierre Brossolette au Panthéon le 27 mai. Voir section Panthéon.
↑Motif : « Modèle d’esprit de devoir et de sacrifice. Organisateur d’un rare mérite, a fait preuve, au cours des très importantes et périlleuses missions qui lui furent confiées, d’un dévouement exemplaire au service de la France. »
↑Un colloque sur Pierre Brossolette a été réalisé le 17 octobre 2013 par la présidence de l’Assemblée nationale à l’Hôtel de Lassay en deux volets. Premier volet - « Le parcours de Pierre Brossolette » : accueil et allocution de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale ; table ronde animée par Fabrice d'Almeida, historien ; diffusion d'archives filmées de Pierre Brossolette prêtées gracieusement par l'INA ; témoignage de Roger Lebon, résistant ; lecture des textes de Pierre Brossolette par Pierre Arditi avec Lionel Jospin, ancien Premier ministre ; François Baroin, député-maire UMP de Troyes ; Éric Roussel, historien ; Alain Bergounioux, historien, Christophe Barbier, directeur de L'Express et Aurélie Luneau, historienne. Deuxième volet - « L’héritage, la trace laissée par Pierre Brossolette » : table ronde animée par Michèle Cotta, journaliste ; diffusion d’archives filmées de Pierre Brossolette prêtées gracieusement par INA ; témoignage de Claude Pierre-Brossolette ; revue de presse par Ivan Levaï, journaliste avec Jacques Vistel, conseiller d'État, président de la Fondation de la Résistance, Pierre Joxe, ancien ministre, François Bayrou, président du Mouvement démocrate, Mona Ozouf, historienne, philosophe, Guillaume Piketty, historien, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Conclusion : Mona Ozouf, présidente du Comité de Soutien pour le transfert des cendres de Pierre Brossolette au Panthéon.
↑« Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage aux quatre anciens résistants, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay », Elysée, (lire en ligne)
↑« Panthéon : le discours intégral de Hollande (vidéo) », France Info, (lire en ligne)
↑Au 28 rue Pierre-Brossolette se trouve l'école publique Georges Lapierre, ancien directeur de cette école, secrétaire général du SNI clandestin et membre du réseau Libération-Nord.