Jacques Dutronc est le fils cadet de Pierre (1908-2004) et Madeleine Dutronc (1914-1991), un couple d'intellectuels artistes. La famille habite au 67, rue de Provence à Paris. Son père, ingénieur aux Charbonnages de France et pianiste amateur, l'initie à la musique, puis lui fait suivre des cours de piano et de violon[1].
À 16 ans, il contracte la maladie de Bouillaud qui le cloître chez lui pendant un an. Il emprunte la guitare de son frère et débute en autodidacte, en reproduisant les chansons entendues à la radio ou sur disques. Il monte avec la « bande du square de la Trinité » le groupe Les Tritons. Le succès de Johnny Hallyday l'incite à s'engager dans la musique[3].
Débuts dans la chanson
Premières années (1960-1965)
Dessinateur, guitariste, assistant de directeur artistique, compositeur, puis chanteur, Jacques Dutronc participe à l'époque yéyé en guitariste et leader du groupe El Toro et les Cyclones signé chez Vogue le [4]. Le groupe publie deux super 45 tours en 1962.
Lors des prestations de son groupe, il rencontre des vedettes présentes ou à venir. Au début des années 1960, il compose trois titres pour le groupe les Fantômes dont le succès instrumental Fort Chabrol. José Salcy et Françoise Hardy reprennent ce titre qui, complété de paroles, devient Le Temps de l'amour, un des premiers hits de la chanteuse. Il est parfois guitariste d' Eddy Mitchell.
Le groupe El Toro et les Cyclones est dispersé du fait du service militaire : Jacques l'effectue dans les Forces françaises en Allemagne, à Trèves. Reformé sous le nom de Nashville Sound, le groupe se sépare en 1964.
Jacques Dutronc devient co-directeur artistique des éditions Alpha de Jacques Wolfsohn, et directeur artistique chez Vogue. Il veille au parcours de quelques artistes — comme Zouzou, pour qui il compose six chansons[5],[6], ou Benjamin, pour qui il compose un titre[7] — et s'occuper de la promotion de leurs disques. Pendant ses années Vogue, il compose une autre chanson interprétée par Françoise Hardy, Va pas prendre un tambour[1].
Premiers succès (1966)
Jacques Wolfsohn, irrité par le succès d'Antoine, lancé par Christian Fechner, décide de prouver que lui , qui a découvert Johnny et Françoise Hardy, peut encore dénicher des talents. Il propose à Jacques Lanzmann, romancier et directeur du magazine Lui , d'écrire des chansons. Un premier texte, Cheveux longs, chanté par le beatnik Benjamin, sort en 45 tours en 1966[7], sans succès.
Lanzmann écrit un deuxième texte pour Benjamin; Wolfsohn le transmet à Jacques Dutronc, qui compose une musique et fait une maquette, mais les essais ne sont pas concluants, pas plus que celui de son bassiste Hadi Kalafate, éternel complice de Jacques Dutronc. Finalement, la meilleure version est celle de Dutronc lui-même. C'est ainsi que paraît Et moi, et moi, et moi, un tube de l'été 1966 (plus de 100 000 ventes[8]) ; les autres chansons : Mini, mini, mini, Les gens sont fous et J'ai mis un tigre dans ma guitare marchent aussi.
Au mensuel Salut les copains, il déclare : « Ce qui a accéléré les choses pour le disque, c'est qu'étant dans la maison je savais exactement à qui adresser mes demandes, et à qui botter le cul pour que ça s'exécute! ».
En 1968, sa chanson Il est cinq heures, Paris s'éveille atteint les sommets des hit-parades, non seulement en France, mais aussi en Belgique (no 2) et aux Pays-Bas (no 3). Amateur de jazz manouche, il s'oriente dans certaines compositions vers un répertoire qui en est teinté : À tout' berzingue, sorti en 1969, par exemple. 1969 est aussi l'année de L’Aventurier, du Responsable et de L’Hôtesse de l'air… Les paroles sont du duo Jacques Lanzmann et Anne Segalen.
Un chanteur reconnu
Retour à la chanson (1970-1975)
En 1970, le dessinateur Fred succède, le temps de deux disques pour enfants (Le Sceptre et La Voiture au clair de lune) et d'un 45 tours simple (Le Fond de l'air est frais) à Jacques Lanzmann, qui jusque-là avait écrit tous les textes de Jacques.
Lors des années 1970 Jacques Dutronc semble s'essouffler. Néanmoins, il enregistre des succès comme À la vie, à l'amour, Le Petit Jardin, La France défigurée, Le Dragueur des supermarchés ou Le Testamour, et les génériques de la série télévisée Arsène Lupin, L’Arsène et Gentleman cambrioleur.
Il compose une chanson en "verlan", J'avais la cervelle qui faisait des vagues. Il fréquente Serge Gainsbourgqui dit de lui « c'est en France ce qu'il y a de plus intéressant, après moi… »[réf. nécessaire] et qui lui écrit Elle est si, L'Amour prison, Les Roses fanées, L'Île enchanteresse. Dutronc écrit toutes ses musiques, sauf les génériques TV et Les Roses fanées.
Avec Françoise Hardy (1978-1991)
En 1978, Jacques Dutronc chante un duo Brouillard dans la rue Corvisart avec Françoise Hardy. En 1980 il fait son retour avec l'album Guerre et pets, dont six titres sur neuf sont écrits avec Serge Gainsbourg. L'album n'égale pas les succès des débuts, mais chaque retour est un événement musical. L'Hymne à l'amour (moi l'nœud), manifeste anti-raciste, impertinent et désinvolte, reflète les tempéraments communs aux deux auteurs. Dutronc reprend Le Temps de l'amour composé vingt ans plus tôt pour sa compagne.
Cette décennie est celle des rééditions. Il faut attendre le single Merde in France en 1984 pour retrouver Jacques Dutronc en verve. Les albums Guerre et Pets (1980), disque d'or avec entre autres L'Hymne à l'amour (moi l'nœud) et J’ai déjà donné, un disque avec 7 titres de Gainsbourg), C'est pas du bronze (1982) (dans lequel il fait ses premiers pas d'auteur en solitaire avec Savez-vous planquer vos sous, Tous les goûts sont dans ma nature et L’Autruche) ou CQFD…utronc (1987), qui sera aussi disque d'or, rencontrent un succès d'estime.
Triomphe sur scène (1992-1995)
Il fait un retour en public en 1992, au Casino de Paris, concert filmé par Jean-Marie Périer, et édité en album vendu à 650 000 exemplaires, et suivi d'une tournée. Dutronc a alors 50 ans et la « Dutroncmania » semble reprendre, écrit alors Globe. Durant les années 1990, Jacques Dutronc publie un seul album studio, en 1995, Brèves Rencontres, en collaboration avec son fils Thomas, alors auteur débutant.
Son album Madame l'existence (2003)
Son dernier album Madame l'existence, publié en 2003, dont les textes sont cosignés Lanzmann-Dutronc, et les musiques sont de Dutronc contient deux reprises, L'Homme et l'Enfant, chantée dans les années 1950 par Eddie Constantine et Un jour, tu verras, de Marcel Mouloudji, un voisin des années 1960 de la rue de Provence. Le CD est disque d'or (plus de 100 000 exemplaires vendus) malgré une promotion réduite.
Il est en 2010 la 40e personnalité préférée des Français, tous métiers confondus, d'un classement publié chaque année par le JDD. Fin novembre, sortent Et vous, et vous, et vous, le CD et le DVD de la tournée. Selon la SACEM, c'est le 5e spectacle musical ayant généré le plus de droits en France en 2010.
En , Thomas et Jacques Dutronc annoncent une tournée commune sur le plateau de 20h30 le dimanche à compter d' et qui s'achèvera le à l'Accor Arena[12]. le à Courbevoie se tient le premier concert de cette longue tournée ; les 14 et le duo se produit au Casino de Paris, 30 ans après son retour en solo. Début juin, le premier concert de la tournée des festivals se joue sans Jacques, qui a contracté le Covid. Il rejoint Thomas dès la deuxième date, à Montauban. La tournée d'été s'achève le aux « nuits de la guitare », et une dernière date s'ajoute le 11 septembre à la Fête de L'Humanité.
Le , la tournée des Zéniths est lancée à Montpellier, puis parcourt la France jusqu'au à Bercy. Le lendemain, Thomas Dutronc annonce à la radio que son père préfère arrêter : « ça s'arrête parce que mon père préfère arrêter maintenant », mais il assure que son père est « en pleine forme ». Aussitôt, un courrier envoyé par sa maison de disques s''intitule « Jacques Dutronc a payé sa dernière tournée ». Mais Thomas n'est pas si définitif : « Je suis sûr qu'il va regretter de ne pas continuer, parce qu'on lui (avait) fait un spectacle aux petits oignons. Il a chanté merveilleusement, une voix vraiment fabuleuse »[13] On peut encore espérer voir Jacques sur scène dans les prochain(e) mois/années.
La carrière cinématographique de Jacques Dutronc est une réussite : la première est L'important c'est d'aimer de Andrzej Żuławski, réalisé en 1974. Jacques Dutronc y joue aux côtés de Romy Schneider avec qui il aura une relation amoureuse le temps du tournage[14],[15].
À la fin des années 1980, il tente de réaliser lui-même un long métrage dont l'action devait se dérouler en Corse, Pinzuti, (« L'Étranger ») qui ne vit toutefois pas le jour.[réf. nécessaire]
Vie privée
Le , il épouse Françoise Hardy, avec qui il vivait depuis 1967, à la mairie de Monticello, en présence de nombreux invités et amis. Il vit en Corse toute l'année sur les hauteurs de Monticello dans une propriété appelée (Virginie), dont la maison a été construite à la demande de Françoise Hardy[17]. Leur fils Thomas, né le , participe désormais à la conception de leurs disques. En 1987, il s'éloigne de Françoise Hardy mais ils restent mariés, Françoise vivant à Paris et lui dans leur maison en Corse. Depuis 1997, il vit en couple avec Sylvie Duval[18], rencontrée en 1997 au tournage de Place Vendôme, où elle était maquilleuse[19].
Il est aussi connu pour fumer le cigare, même pendant les interviews , et pour cacher ses yeux sensibles à la lumière derrière des Ray-Ban Pilote[20].
Un groupe anglais, Dutronc, a pris son nom[25]. Le groupe a enregistré un disque de reprises de ses gros tubes : Dutronc, Dutronc, Dutronc[réf. nécessaire].
Le Britannique Miles Kane reprend sur scène sa chanson Le Responsable.
Au Brésil, le groupe Les Responsables, de Porto Alegre, reprend fréquemment ses chansons.
En 2020, Clara Luciani reprend La Fille du Père Noël dans un EP du même nom en changeant un quelques paroles (c'est désormais le fils du Père Noël et la fille du Père Fouettard)
Notes et références
Notes
↑Trois dates sont annoncées pour les 5, 6 et 2014 à Bercy. Le , à l'ouverture de la billetterie, les trois premiers spectacles sont vendus en quelques minutes ; deux concerts sont ajoutés le jour même pour les 8 et 9 novembre, puis un dernier concert pour le 10 novembre.
↑ ab et cDocumentaire Hallyday, Mitchell, Dutronc : un trio de légende, réalisé par Mireille Dumas (2014), diffusé le vendredi 26 août 2016 sur France 3.
↑Magazine Première, no 54, septembre 1981, page 86, interview de Steven Spielberg par Henry Béhar.
« Question : "Le bruit avait couru que vous aviez eu l'intention de confier le rôle de Belloq, le méchant des Aventuriers à Dutronc." Réponse : "C'est tout à fait vrai." Question : "Quel a été le problème ?" Réponse : "La langue. S'il avait su ne serait-ce que se débrouiller en anglais, il aurait eu le rôle. Or, il est incapable d'aligner deux mots d'anglais et mon français se limite à la page deux du "Français sans peine". Mais Jacques Dutronc était mon choix numéro un. C'est pour moi le premier acteur au monde et je le tiens pour une véritable star. Il est sensuel, il est intelligent, il est très fort intérieurement comme extérieurement… Il pourrait être une plus grande star internationale que Robert Redford, s'il voulait bien apprendre l'anglais". »
↑Éric Jean-Jean dans l'émission du 2 mars 2015 « La curiosité est un vilain défaut » animée par Sidonie Bonnec et Thomas Hugues sur RTL et ayant pour thème la carrière de Jacques Dutronc.
↑Sonia Ouadhi, « Présidentielle 2022 : Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron… Qui sont les stars qui les soutiennent ? », voici.fr, (lire en ligne, consulté le ).