Il fut aussi connu pour être l'incarnation du gentleman, à la ville comme à l'écran. Viril, bel homme, garant des valeurs et de la morale dans ses films, il déclara à la fin de sa vie vouloir que l'on se souvienne de lui comme d'un bon père et d'un bon mari avant tout[1].
Né dans le quartier de La Jolla à San Diego (Californie), Eldred Gregory Peck est le fils unique de Gregory Peck, pharmacien / chimiste d'origines anglo-irlandaise né en Angleterre, et, de Bernice Mae Ayres née au Missouri d'origines anglo-écossaise, convertie au catholicisme, religion de son mari[2].
Malgré leur pratique stricte de la religion catholique, les parents de Gregory Peck divorcent alors qu'il n'a que cinq ans ; il est alors pris en charge par sa grand-mère. Il est ensuite envoyé à dix ans dans une école militaire catholique de Los Angeles, puis à la San Diego High School(en). Une fois diplômé, il s'inscrit à l'université d'État de San Diego puis à Berkeley.
À partir de 1936, il commence à développer un intérêt pour la comédie et s'implique dans la section de théâtre de Berkeley. Il apparaît dans cinq pièces durant ses années d'études. À la même époque, il doit travailler pour pouvoir financer ses études. Pendant une courte période, il travaille comme conducteur de camion pour une entreprise pétrolière, puis comme aide-cuisinier. Gregory Peck dira plus tard de ses années passées à Berkeley :
« It was a very special experience for me and three of the greatest years of my life. It woke me up and made me a human being » (« Ce fut une expérience très spéciale pour moi et trois des meilleures années de ma vie. Cela m'a éveillé et fait de moi un être humain »). »
En remerciement à son entraîneur, Ky Ebright, Peck fait un don de 25 000 dollars à sa section de Berkeley en 1997.
Après avoir obtenu son diplôme en langue anglaise, il enlève légalement le « Eldred » de son nom et part à New York étudier à la Neighborhood Playhouse, une école de comédie réputée. Il manque alors souvent de moyens et dort quelquefois à Central Park. En 1939, il travaille à l'Exposition universelle puis comme guide pour la chaîne de télévision NBC.
Débuts
Gregory Peck fait ses débuts à Broadway dans la pièce d'Emlyn Williams The Morning Star (1942) puis dans The Willow and I avec Edward Pawley et The Doctor's Dilemma. À cette même période, il épouse Greta Kukkonen Rice avec laquelle il a trois enfants.
Il gagne en popularité durant la Seconde Guerre mondiale, bien qu'exempté de service militaire en raison de maux de dos. Ce problème de dos serait dû à un mauvais mouvement durant une leçon de danse avec Martha Graham, mais la Twentieth Century Fox préfère annoncer qu'il résulte d'un accident d'aviron à l'université. Gregory Peck en dit plus tard :
« In Hollywood, they didn't think a dance class was macho enough, I guess. I've been trying to straighten out that story for years (« À Hollywood, ils ne pensaient pas que les cours de danse étaient assez macho, je suppose. J'ai essayé de rectifier cette histoire pendant des années »). »
Carrière cinématographique
Gregory Peck arrive à Hollywood en 1944 avec quatre contrats en poche. Jacques Tourneur lui donne son premier emploi au cinéma : le rôle principal de Jours de gloire (1944).
Il remporte l'Oscar à sa cinquième nomination, pour le rôle d'Atticus Finch(en) dans Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, 1962), adaptation du roman éponyme d'Harper Lee. Sorti en pleine lutte des Noirs américains pour obtenir l'égalité des droits civiques, ce film a pour thème l'injustice dont est victime un Noir de l'Alabama, accusé à tort de viol. Dans ce film, Peck joue un avocat, veuf et père de deux enfants, qui doit défendre cet homme injustement accusé contre la société raciste du Sud. Du silence et des ombres aurait été le film préféré de l'acteur. Le personnage qu'il interprète, Atticus Finch, est désigné en 2003, soit deux semaines avant la mort de l'acteur, par l’American Film Institute comme le plus grand héros de l'histoire du cinéma américain (avec en 2e place Indiana Jones et en 3eJames Bond).
En 1947, alors que beaucoup à Hollywood figurent déjà sur une liste noire de personnalités soupçonnées de communisme, Gregory Peck signe une lettre accusant le House Un-American Activities Committee (Comité des activités anti-américaines) et condamnant les investigations menées par Joseph McCarthy dans l'industrie du cinéma. Quand, en 1958, il tourne avec Henry King le western psychologique Bravados traitant d'une vengeance injustifiée, il déclare avoir voulu dénoncer le maccarthysme.
Il prend également la parole pendant la guerre du Viêt Nam, alors que son propre fils Stephen y combat. En 1972, il produit l'adaptation cinématographique de la pièce de Daniel Berrigan, Les Neuf de Catonsville, sur le procès d'un groupe de Vietnamiens accusés de désobéissance civile.
Dans une interview, il révèle aussi que le président Lyndon B. Johnson, alors candidat à sa réélection, lui avait proposé un poste d'ambassadeur des États-Unis en Irlande (poste que Peck aurait volontiers accepté en considération de son ascendance irlandaise).
Il encourage un de ses fils, Carey, dans sa carrière politique pour l'élection de la chambre des représentants en Californie. Mais celui-ci échoue par deux fois à entrer au Congrès en 1978 et 1980. Il perd les deux fois avec de faibles écarts de voix, obtenant 49 % en 1978 et 46,5 en 1980 contre le républicain Bob Dornan(en) (un ancien acteur).
Gregory Peck est présent aux côtés de Line Renaud (et en direct à la télévision, dans leur voiture commune, avec aussi Madame Peck, présentée par Line Renaud), lorsque la chanteuse française va féliciter Jacques Chirac à l'occasion de sa victoire à l'élection présidentielle, le .
Fin de carrière et mort
Dans les années 1980, Gregory Peck interprète le rôle d'Abraham Lincoln dans le téléfilm Les Bleus et les Gris. Il joue aussi dans The Scarlet and The Black, téléfilm sur un prêtre catholique qui sauve des juifs et des réfugiés du nazisme durant la Seconde Guerre mondiale.
L'acteur se retire du métier en 1991. Tout comme Cary Grant, il passe les dernières années de sa vie à parcourir le monde, multipliant les discours et les conférences.
De sa première épouse Greta Kukkonen (1911-2008), avec laquelle il est marié de 1942 à 1954, Gregory Peck a eu trois fils : Jonathan (né en 1944 et qui se suicide en 1975), Stephen (né en 1945) — père de l'acteur Ethan Peck — et Carey (né en 1949).
Au cours d'une interview en 1953, il répond aux questions d'une journaliste française de France-Soir, Véronique Passani, avant de se rendre en Italie pour tourner Vacances romaines avec Audrey Hepburn. Six mois plus tard, il invite Passani à déjeuner. Ils deviennent alors inséparables. Il l'épouse le , soit le jour où est prononcé son divorce d'avec Greta Kukkonen, mère de ses trois fils. Par amour pour lui, la journaliste abandonne son travail et s'installe aux États-Unis[3]. Ils ont un fils, Anthony (né en 1956) et une fille, Cecilia (née en 1958), tous deux devenus acteurs[4].
Il est l'un des premiers à recevoir une étoile sur le Hollywood Walk of Fame dans les années 1960, au 6100 Hollywood Boulevard, mais cette étoile est volée 45 ans plus tard, le ; elle a été depuis remplacée[6].
En 2022, le documentaire Grégory Peck, le gentleman acteur, réalisé par Grégory Maitre, a été diffusé en France sur OCS et sur la chaîne franco-allemande Arte, attirant près de 700 000 spectateurs[7].
Voix françaises
En France, Gregory Peck fut particulièrement doublé par des comédiens possédant un timbre grave, Marc Valbel et Jean-Claude Michel étant les deux plus réguliers.