Jacques Tourneur est le fils de Maurice Tourneur, illustrateur et réalisateur lui-même et de Fernande Petit. Il suit son père aux États-Unis à l'âge de dix ans et tous deux rentrent en France en 1925.
Carrière
Débuts
Il débute dans le cinéma au début des années 1930, comme monteur des films de son père (dont Les Gaietés de l'escadron), ou d'autres metteurs en scène. Il réalise quatre films en France à partir de 1931, avant de partir pour Hollywood en 1934. Il n'y réalise d'abord que des courts-métrages, puis dirige les secondes équipes de films plus importants. Dans ce cas il n'apparaît pas au générique, les secondes équipes n'étant pas créditées à l'époque. They All Came Out (1939), un documentaire romancé sur les prisons, lui permet d'accéder à la réalisation de longs métrages.
Il travaille ensuite pour la télévision, notamment les séries Bonanza et réalise un célèbre court-métrage de La Quatrième Dimension : Nightcall.
En 1966, il revient en France et s'installe en Dordogne, près de Bergerac[3], il y reçoit quelques amis d'Hollywood, notamment Dana Andrews un de ses comédiens d'élection[réf. souhaitée]. Malheureusement ses derniers projets ne suscitent l'intérêt d'aucun producteur français ; pour Murmures dans un corridor lointain Tourneur projetait d'enregistrer les bruits réels, de filmer à l'aide de caméras infra-rouges les traces de fantômes dans un château hanté d'Écosse. En 1977, quelques mois avant sa mort, il reçoit FR3 Aquitaine pour une dernière interview[4].
Il est inhumé au cimetière de la Beylive de Bergerac.
Vie privée
Jacques Tourneur épouse Marguerite (dite Christiane) Virideau. Née à Pessac (Gironde) le (acte n° 43), elle décède à Lamonzie Saint Martin (Dordogne) le . Tous deux n'ont pas d'enfant.
Style
Dans ses films fantastiques, mais pas seulement, il se distingue en jouant avant tout sur le non-dit et la suggestion, l'inquiétude pour susciter l'angoisse ; il est l'inventeur de l'effet-bus[5]. Dans Un jeu risqué, la brusque apparition de Wyatt Earp, au sommet d'une colline à la tombée du jour (un plan suffit) suscite parmi les hommes une vive inquiétude qui ne cessera pas jusqu'à la fin. Le film sera considéré par Budd Boetticher comme " à la fois le plus pur et le plus étrange western jamais réalisé..."[réf. souhaitée].
La scène de la piscine, du film La Féline est un bon exemple de sa « méthode », scène reprise telle quelle dans le remake réalisé quarante ans plus tard par Paul Schrader. Tourneur suscite une forte tension en jouant sur l'éclairage, les zones d'ombre, l'instabilité de l'environnement (l'eau de la piscine, les reflets de l'eau sur les murs), les prises de vue en plongée et contre-plongée, et la réverbération du son qui enveloppe totalement le spectateur, un tour de force avec les bandes-sons mono de l'époque[source secondaire souhaitée]. Il passe d'ailleurs deux jours à enregistrer le son de cette scène dans la piscine[6] (pour une durée de tournage totale de vingt-et-un jours[7]).
Commentaires et analyses
« Il y a des films qui nous regardent vieillir » Serge Daney. Cité par Serge Le Péron à propos des films de Jacques Tourneur. (Jacques Tourneur Le Médium, film d'Alain Mazars, 2015).
1960 : Passage secret (Mission of Danger), The Break out, les 2 autres épisodes, The Red Coat et The Secret of the Cliff ont été réalisés par George Waggner (3 épisodes de Northwest Passage, série TV)
1961 : Fury River, The Vulture, les 2 autres épisodes, Stab in the Back ont été réalisés par George Waggner et Fight at the River par Alan Crosland Jr. (3 épisodes de Northwest Passage, série TV)
1933 : Rothschild, réalisé par Maurice Tourneur (Monteur)
1935 : Le Marquis de Saint-Evremont, (A Tale of Two Cities), réalisé par Jack Conway, (la séquence de la prise de la Bastille réalisée par Jacques Tourneur).
Jacques Lourcelles, Dictionnaire des films [Entrées sur les films de Jacques Tourneur], Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN2221091124).
Jacques Lourcelles, Dictionnaire des films, volume 2, Note sur Jacques Tourneur (1966) p.1243, Préface à "Jacques Tourneur, une esthétique du trouble" (2006) p.1509, Robert Laffont coll. "Bouquins" 2022.
(en) Chris Fujiwara, The Cinema of Nightfall, Jacques Tourneur, Johns Hopkins University press, , 340 p. (ISBN9781476608112)
Fernando Ganzo (dir.), Jacques Tourneur, Capricci, , 207 p. (ISBN9791023902693)
Avec les textes suivants: « Préface », Pierre Rissient; « Un cinéma de frontière, entretien avec Jacques Tourneur », Patrick Brion et Jean-Louis Comolli (août 1966); « La France », Pierre Jailloux; « La période MGM », Mathieu Macheret; « Fantastique et suspens », Haden Guest, Chris Fujiwara, Peter Král et Carlo Chatrian ; « La guerre », Pierre Gabaston; « Westerns », Fernando Gonzo, Mariano Llinásè « Les territoires du thriller », Jean-François Rauger, Patrice Rollet ; « Le mal-aimé », Paola Raiman ; « Série noire », Hervé Gauville; « Contrebande », Pierre Eugène; « Période finale », Rinaldo Censi ; « Télévision », Chris Fujiwara. 2017.
Articles
Gilles Menegaldo, « Promenade avec la nuit et la peur : Le fantastique selon Jacques Tourneur », Sociétés & Représentations, no 4, , p. 219-233 (lire en ligne)