Simon Léotard, riche promoteur immobilier, vit avec son vieux père et n'a jamais voulu épouser Hélène, qu'il revoit de temps en temps. Il fréquente Mado, une prostituée. Simon lui demande si elle connaît un comptable parmi ses amis : entre en scène Pierre (Jacques Dutronc). Le suicide de son associé, Julien, et la découverte de ses malversations éclatent comme un coup de tonnerre : Simon ne se résout pas à enterrer son ami ruiné sans réagir, même si son associé avait contracté d'énormes dettes auprès d'un affairiste véreux, Lépidon. Celui-ci propose un arrangement à Simon qui refuse.
Par l'intermédiaire de Mado, Simon obtient des documents compromettants auprès d'un certain Manecca, un autre escroc, ancien associé de Lepidon, à qui Mado est très attachée. Grâce à ces documents attestant d'une escroquerie, Simon confond un de ses prête-noms, Barachet, ancien fonctionnaire corrompu. Celui-ci, contraint par Simon, signe la vente d'un terrain constructible à un prix dérisoire (son prix "agricole"), ce qui permet à Simon d'honorer les engagements de son ami défunt. Manecca est alors éliminé par les hommes de Lépidon.
Le film a été tourné entre le 6 mars et le 22 juin 1976[1].
Bande originale
La bande originale de Mado a été composée par Philippe Sarde, qui signait sa 5e collaboration avec Claude Sautet. La musique écrite pour ce film est très courte, le réalisateur a affirmé qu'elle durait une « quinzaine de minutes, pas plus ». On l'entend surtout dans le générique de début et de fin ; mais elle illustre aussi la solitude du personnage de Simon, et se revêt de teintes plus cuivrées pour l'inquiétant thème de Lépidon[2].
Orchestrée par Hubert Rostaing et interprétée par le saxophoniste baryton John Surman[3] (dont le timbre rugueux rappelle celui de la voix du réalisateur selon Stéphane Lerouge[4]) avec la participation discrète du fidèle Marcel Azzola[6], Mado fait partie des partitions les plus sombres parmi toutes celles que Philippe Sarde a imaginées pour Claude Sautet[2].
En dehors de la face A[7],[9] de la compilation 33 toursClaude Sautet et Philippe Sarde : Bandes sonores originales des films (publiée en 1977[10]), Mado n'a jamais fait l'objet d'une édition intégrale en CD[10].
Pour le professeur d'université et réalisateur allemand Dominik Graf, Mado est le plus beau travail de Sautet[11].
La promotion du film avait mis en avant les noms des deux têtes d'affiche : Piccolo et Piccoli.
Lors de la sortie du film à l'étranger, le producteur André Génovès fait apparaître côte à côte les noms de Michel Piccoli et de Romy Schneider, qui n'est présente que neuf minutes dans le film. Furieux de cette irrégularité du producteur, que Claude Sautet considère alors comme une escroquerie à l'encontre du public, il décide de supprimer la scène finale de Romy Schneider dans le premier montage.
Bibliographie
N. T. Binh et Dominique Rabourdin, Sautet par Sautet, Paris, de la Martinières, , 384 p. (ISBN2-7324-3341-1, BNF40096942)
Patrick Glâtre, Val-d'Oise, terre de tournage, Cergy-Pontoise, Comité du Tourisme et des Loisirs du Val-d'Oise, , 118 p., p. 49, 50,75, 86.
↑ a et bMichel Boujut, Conversations avec Claude Sautet : Edition définitive, Arles, Actes Sud, (ISBN978-2-330-03799-4), p. 166.
↑La discographie de John Surman avec la liste détaillée de toutes les sessions d'enregistrement des années 70 figure ici : (en) « Surman 1970s Sessions », sur Galata Bridge : A John Surman Website.
↑Présentation par Stéphane Lerouge du livret du CD Philippe Sarde – Le Cinéma De Claude Sautet, Universal Music Jazz France, 2000. p. 2.
↑Sur Mado, le célèbre accordéoniste mêle sa sonorité à celle de Surman d'une façon particulièrement subtile, et sa présence sur l'enregistrement a été notée dans la longue liste qui figure sur son site officiel[5].
↑Serge Elhaïk, Les Arrangeurs de la chanson française : 200 rencontres, Paris, Textuel, (ISBN978-2-84597-655-9), p. 1763.
↑La bande originale de Mado accapare une bonne partie de la face A du disque, tandis que le restant regroupe plusieurs extraits des bandes originales précédentes que le compositeur avait écrites pour Sautet. On note aussi une petite erreur concernant la mention de l'orchestrateur Jean-Michel Defaille inscrite sur l'étiquette centrale du vinyle : non seulement son nom a été mal orthographié puisqu'il s'agit de Jean-Michel Defaye mais surtout ce n'est pas lui qui a orchestré Mado. Il a visiblement été confondu avec Hubert Rostaing[8].