Gouvernement Philippe Pétain

Gouvernement Philippe Pétain

Troisième République

Président de la République Albert Lebrun
Président du Conseil Philippe Pétain
Législature XVIe (Troisième République)
Formation
Fin
Durée 24 jours
Composition initiale
Coalition Union nationale
(PRRRS-USR-SFIO-PSF-PDP et soutien sans participation de l'AD et de la FR)
Représentation
Chambre des députés
536  /  608
Description de l'image Flag of France.svg.

Le gouvernement Philippe Pétain est le dernier gouvernement de la Troisième République en France. Succédant le au cabinet de Paul Reynaud, il a été constitué en pleine débâcle, lors de l'invasion de la France par le Troisième Reich au début de la Seconde Guerre mondiale. Il fut dirigé jusqu'au par Philippe Pétain, favorable à l'armistice, contrairement au général de Gaulle, ce dernier étant favorable à la poursuite du combat dans le Conseil de défense de l'Empire[1]. Il est suivi de l'installation du gouvernement Pierre Laval V du régime collaborationniste de Vichy dans la France occupée.

Formation du gouvernement

Paul Reynaud, président du Conseil depuis le , ayant démissionné le en début de soirée, le président de la République Albert Lebrun appelle aussitôt le maréchal Philippe Pétain à former le nouveau gouvernement.

Pétain obtient la participation de la SFIO en reconduisant Albert Rivière et André Février avec l'accord de Léon Blum[2]. Bien que conscient dès le de l'attitude défaitiste du maréchal[3] et atterré par la chute du gouvernement Reynaud, le chef socialiste pense encore que le gouvernement Pétain quittera Bordeaux devant la progression de l'armée allemande[4]. Or, le , Blum constate avec dépit que Pétain impute la responsabilité de la défaite à « l'esprit de jouissance », désignant ainsi le Front populaire comme bouc émissaire[5],[6].

Pétain sollicite par ailleurs Marquet pour l'Intérieur et Laval à la Justice. Ce dernier exige les Affaires étrangères et refuse le portefeuille qui lui est proposé. Conseillé par François Charles-Roux, alors secrétaire général des Affaires étrangères, soutenu par le général Weygand et le président de la République Albert Lebrun, Pétain ne cède pas, entraînant le retrait de Laval, suivi de celui de Marquet par solidarité. Après la signature de l'armistice, Alibert convaincra Pétain de la nécessité de s'appuyer sur Laval, et les deux hommes intégreront le gouvernement[7].

Composition

Composition initiale

Portefeuille Titulaire Parti
Président du Conseil Philippe Pétain SE
Ministre d’État
Ministre d’État, vice-président du Conseil Camille Chautemps PRRRS
Ministres
Ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin SE
Ministre des Finances et du Commerce Yves Bouthillier SE
Ministre de la Guerre Louis Colson SE
Ministre de la Défense nationale Maxime Weygand SE
Garde des Sceaux, ministre de la Justice Charles Frémicourt SE
Ministre de l'Éducation nationale Albert Rivaud SE
Ministre de l'Intérieur Charles Pomaret USR
Ministre de la Marine marchande et militaire François Darlan SE
Ministre de l'Air Bertrand Pujo SE
Ministre des Travaux publics et de l’Information Ludovic-Oscar Frossard USR
Ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement Albert Chichery PRRRS
Ministre des Colonies Albert Rivière SFIO
Ministre du Travail et de la Santé publique André Février SFIO
Ministre des Anciens Combattants et de la Famille française Jean Ybarnegaray PSF
Sous-secrétaires d’État
Sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil Raphaël Alibert DXD
Sous-secrétaire d’État aux Réfugiés Robert Schuman PDP

Evolution de la composition

Nomination du 18 juin 1940

Nomination du 19 juin 1940

  • Jean Prouvost est nommé haut-commissaire à la Propagande française.

Ajustement du 23 juin 1940

  • Adrien Marquet et Pierre Laval sont nommés ministres d'État ;
  • André Février, alors ministre du Travail et de la Santé publique, hérite du portefeuille des Transmissions en plus de ses attributions précédentes.

Nomination du 26 juin 1940

  • Aimé Doumenc est nommé commissaire général à la Reconstitution nationale.

Remaniement du 27 juin 1940

  • Adrien Marquet, alors ministre d'État, devient ministre de l'Intérieur ;
  • Charles Pomaret, alors ministre de l'Intérieur, devient ministre du Travail et de la Santé publique ;
  • André Février, alors ministre du Travail, de la Santé publique et des Transmissions, devient ministre des Transmissions.

Fin du gouvernement

Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale réunie à Vichy vote les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain. Le Régime de Vichy commence alors.

Cette date est extrêmement importante en tant que point de bifurcation dans la continuité politique de la représentation de la France. Le lendemain, 11 juillet, le Général de Gaulle fonde le gouvernement du Conseil de Défense de l'Empire, à partir du premier noyau de résistants qui souhaitent poursuivre le combat depuis les colonies. Le régime de Vichy et la France libre resteront en concurrence jusqu'à la Libération et la dissolution de la commission gouvernementale de Sigmaringen en 1945.

Notes et références

  1. Le conseil de défense de l'Empire est le gouvernement en exil de la France Libre reconnu par Churchill après que Philippe Pétain s'est vu remettre les pleins pouvoirs constituants par l'Assemblée nationale par l'acte constitutionnel du (Texte des actes constitutionnels de Vichy, sur le site de la Faculté de droit et des sciences économiques de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 15 juillet 2006)
  2. Serge Berstein, Léon Blum, Paris, Fayard, , 835 p. (ISBN 2-213-63042-9), p. 633.
  3. Serge Berstein, Léon Blum, Paris, Fayard, , 835 p. (ISBN 2-213-63042-9), p. 632.
  4. Ilan Greilsammer, Léon Blum, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies Flammarion », , 611 p. (ISBN 2-08-067026-3), p. 428.
  5. Frédéric Monier, Léon Blum : la morale et le pouvoir, Paris, Armand Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », , 285 p. (ISBN 978-2-200-35589-0), p. 187.
  6. Serge Berstein, Léon Blum, Paris, Fayard, , 835 p. (ISBN 2-213-63042-9), p. 636.
  7. Cointet 2011, p. 38.

Bibliographie