Paul Reynaud, président du Conseil depuis le , ayant démissionné le en début de soirée, le président de la République Albert Lebrun appelle aussitôt le maréchal Philippe Pétain à former le nouveau gouvernement.
Pétain obtient la participation de la SFIO en reconduisant Albert Rivière et André Février avec l'accord de Léon Blum[2]. Bien que conscient dès le de l'attitude défaitiste du maréchal[3] et atterré par la chute du gouvernement Reynaud, le chef socialiste pense encore que le gouvernement Pétain quittera Bordeaux devant la progression de l'armée allemande[4]. Or, le , Blum constate avec dépit que Pétain impute la responsabilité de la défaite à « l'esprit de jouissance », désignant ainsi le Front populaire comme bouc émissaire[5],[6].
Pétain sollicite par ailleurs Marquet pour l'Intérieur et Laval à la Justice. Ce dernier exige les Affaires étrangères et refuse le portefeuille qui lui est proposé. Conseillé par François Charles-Roux, alors secrétaire général des Affaires étrangères, soutenu par le général Weygand et le président de la République Albert Lebrun, Pétain ne cède pas, entraînant le retrait de Laval, suivi de celui de Marquet par solidarité. Après la signature de l'armistice, Alibert convaincra Pétain de la nécessité de s'appuyer sur Laval, et les deux hommes intégreront le gouvernement[7].
Cette date est extrêmement importante en tant que point de bifurcation dans la continuité politique de la représentation de la France. Le lendemain, 11 juillet, le Général de Gaulle fonde le gouvernement du Conseil de Défense de l'Empire, à partir du premier noyau de résistants qui souhaitent poursuivre le combat depuis les colonies. Le régime de Vichy et la France libre resteront en concurrence jusqu'à la Libération et la dissolution de la commission gouvernementale de Sigmaringen en 1945.
↑Ilan Greilsammer, Léon Blum, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies Flammarion », , 611 p. (ISBN2-08-067026-3), p. 428.
↑Frédéric Monier, Léon Blum : la morale et le pouvoir, Paris, Armand Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », , 285 p. (ISBN978-2-200-35589-0), p. 187.
Antoine Prost, « La controverse juridique : 16 juin ou 10 juillet ? », dans Pierre Allorant, Noëlline Castagnez et Antoine Prost (dir.), Le moment 1940 : effondrement national et réalités locales, Paris, Éditions L'Harmattan / Éditions Pepper, coll. « Cliopolis », , 288 p. (ISBN978-2-296-96634-5), p. 91-99.