Le cabinet est formé d'une majorité de radicaux et s'appuie sur la majorité du bloc des gauches élue le mois précédent. Cette majorité est diminuée à cause de la division des Républicains modérés. Elle compte 338 députés et 57,4 % de sièges. La majorité se réduira encore après le retrait de socialistes du bloc des gauches en 1904, à la suite de la décision de l'Internationale socialiste de ne plus soutenir de gouvernements bourgeois. Le gouvernement Émile Combes se signale notamment par son anticléricalisme et son action en matière de séparation des Églises et de l'État.
La politique du ministère Combes s'explique par le contexte de l'affaire Dreyfus qui a fortement réactivé l'anticléricalisme et a suscité une méfiance des milieux républicains envers une partie de l'armée.
À la tête du ministère de la Marine, Camille Pelletan mène une politique Jeune École, privilégiant les petites unités (torpilleurs, sous-marins) aux dépens des navires cuirassés, et une politique démocratique de méfiance envers les amiraux de l'état-major, de soutien aux carrières des officiers d'origines modestes et d'écoute des matelots et des ouvriers des arsenaux. Accusé d'ébranler la discipline et d'être un péril national, il doit accepter la nomination d'une commission d'enquête extra-parlementaire sur la situation de la Marine.
À la tête du ministre de la Guerre, le général André est compromis dans le scandale de l'affaire des fiches (fichage clandestin par des relais maçonniques permettant de faire dépendre l'avancement des officiers en fonction de leurs opinions politiques et religieuses). Le général André est ainsi contraint à la démission en , ce qui contribue à la chute du gouvernement Combes le .
Postérité du ministère Combes
Le ministère Combes laissera un souvenir très différent et très clivé selon les milieux politiques. Pour la gauche anti-cléricale, il sera l'incarnation d'un gouvernement de combat tenace et courageux. Pour la droite catholique et nationaliste, qui le surnommera le « régime abject », il sera l'incarnation du sectarisme républicain.
Le combisme incarnera jusqu'à la guerre de 1914 la tendance gauche du Parti radical, attaché au maintien du bloc des gauches incarné par la formule « pas d'ennemis à gauche ».
Notes et références
↑ a et bMembre du précédent gouvernement ayant conservé son poste.
Emmanuel Thiébot, Le scandale oublié de la IIIe République : Le Grand Orient et l'affaire des fiches, Paris, Dunod, coll. « Ekho », , 360 p. (ISBN978-2-100-81521-0).
Guy Thuillier, « La crise de novembre 1904 - janvier 1905 : La lente chute de Combes », La Revue administrative, no 342, , p. 574-589 (ISSN0151-4539, JSTOR40773955).