Dès le , le journal Le Lexovien évoque le « projet d'un chemin de fer de Lisieux à Louviers, formant embranchement sur celui du Havre à Paris. » En 1844, une délégation du Conseil municipal lexovien sollicite le gouvernement pour la création du ligne de chemin de fer de Paris à Cherbourg passant par Caen et Lisieux. L'année suivante, la Préfecture du Calvados soumet à une enquête d'utilité publique divers projets de ligne dont la liaison Paris-Lisieux-Caen-Cherbourg, portée par l'ingénieur Letellier. En 1846, la compagnie Michaux et Gallois présente un projet de ligne Lisieux à Honfleur. En , le Corps législatif opte pour la ligne de Paris à Cherbourg, via Lisieux. En août, M. de Planhol, ingénieur de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Caen et Cherbourg, arrive à Lisieux pour étudier l'emplacement d'un embarcadère ; en novembre, le Conseil municipal insiste pour qu'il soit construit le plus près possible du centre-ville et que le raccordement des lignes Paris-Cherbourg et Lisieux-Honfleur soit facilité. Le , le Conseil municipal établit une convention avec la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, selon laquelle « la station de voyageurs à Lisieux sera placée dans la prairie de la rivière d'Orbec, à 335 mètres du pont [Graindin] sur la route d'Alençon », au sud le ville, sur la rive droite de la Touques. Le , une Société au capital de 9 millions est fondée à Trouville-sur-Mer, pour porter le projet d'une ligne de Lisieux à Honfleur avec un embranchement sur Trouville ; cette ligne est autorisée par le gouvernement le , et confiée à la Compagnie de Paris à Cherbourg[3].
La première locomotive à vapeur arriva de Paris le après six heures de trajet, ornée de fleurs ; les quais de la gare sont pavoisés aux couleurs de la France et de l'Angleterre. Le 26 juin, l'Inspecteur Général des Ponts et Chaussées reçoit officiellement les travaux et le personnel est installé[3]. La gare de Lisieux est officiellement mise en service le par la nouvelle compagnie des chemins de fer de l'Ouest, lorsqu'elle ouvre à l'exploitation la section de Mantes à Lisieux, première phase de sa ligne de Paris à Caen et à Cherbourg[4]. Préalablement, elle avait été officiellement inaugurée le lorsque la première locomotive à vapeur arriva de Paris après six heures de trajet, ornée de fleurs et de drapeaux[5]. Le la gare devient une gare de passage lors de l'ouverture de la deuxième section de Lisieux à Caen ; il faut attendre le pour qu'elle desserve Cherbourg[6]. Pour quitter la gare et franchir la Touques, la ligne passe à onze mètres de haut sur un viaduc de huit arches[7].
Lisieux devient un nœud ferroviaire, de la Compagnie de l'Ouest, le , lorsqu'elle ouvre la section de Lisieux à Pont-l'Évêque de sa ligne de Lisieux à Honfleur. La gare de Lisieux étant établie au sud, la voie qui se dirige vers le nord passe sous la ville par un tunnel de 980 m de long. Il y a qu'une station intermédiaire, Le Breuil-en-Auge, entre les deux gares d'extrémité. Cette ligne devient le tronc commun de deux prolongements, de Pont-l'Évêque à Honfleur en 1862 et de Pont-l'Évêque à Trouville - Deauville en 1863[8].
Le , c'est la ligne d'intérêt local de Lisieux à Orbec qui est mise en service. Ses trains arrivent dans la gare par une voie de garage affectée uniquement à ce service. Pour pouvoir pénétrer et utiliser les services de la gare de Compagnie de l'Ouest, le gestionnaire de la ligne locale paye un loyer annuel de 10 800 francs[9]. Le service voyageurs sur cette ligne sera supprimé le [10], et le service marchandises le [10] ; elle sera déclassée entre le [11].
La création d'un passage sous voies en souterrain est étudiée en 1926 ; son coût est évalué à 420 000 francs[12].
La bâtiment d'origine est complété par la construction d'une salle d'attente, d'un buffet et d'une buvette en 1937, dans une architecture rappelant les villas de la Côte Fleurie[5].
La gare au début des années 1900
Le buffet.
Quais et bâtiment.
L'ancien bâtiment de la gare ainsi que lignes furent détruits par le bombardement de Lisieux du ; la voie ferrée rouvrit en 1946[5]. Robert Camelot, par ailleurs architecte en chef de la reconstruction de Lisieux, fut chargé de la reconstruction de la gare. Il présenta en 1947 un premier projet donnant à l'édifice un caractère régional marqué, inspiré par la gare de Trouville - Deauville ; il devait comprendre un immense toit en pente et être orné sur le pignon de la salle des pas perdus par une claustra encadrée d'un jeu de briques et de pierres[13]. Finalement, ce projet sera abandonné et l'édifice, qui sera reconstruit en 1956[5], sera plus fonctionnel et perdra tout caractère régional.
Le a lieu la mise en œuvre du cadencement, les trains Intercités, en provenance ou à destination de Cherbourg sont sans arrêt entre les gares de Caen et Paris-Saint-Lazare. Un train par jour s'arrête à Lisieux.
En 2017, débute un grand chantier de modernisation et de mise accessibilité des installations de la gare, avec un budget prévu de 14 millions d'euros. La première tranche, en 2017, consiste a reprendre l'infrastructure, voies, caténaires et dalle du passage souterrain. En 2018, les quais sont rehaussés et des travaux préparatoires à la pose d'une passerelle sont effectués. En 2019, au mois de mars a lieu la pose de la passerelle, longue de 84 mètres pour un poids de plus de 500 tonnes[14], avec coupure de la circulation des trains, et la mise en place de ses équipements qui comprennent quatre ascenseurs[15]. En 2019, en parallèle du chantier de la passerelle, une rénovation complète du hall du bâtiment voyageurs a été effectué pour un coût prévisionnel de 4,7 millions d'euros[16]. Le hall de la gare rouvre au public le [17]. La gare entièrement rénovée est inaugurée par les élus et la SNCF le , en présence notamment du président de la région Normandie Hervé Morin, du maire de Lisieux Sébastien Leclerc et du président de la communauté d'agglomération Lisieux NormandieFrançois Aubey ; le chantier aura duré trois ans et aura coûté au total 19 millions d'euros[18].
Fréquentation
De 2015 à 2022, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[19].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Voyageurs
1 134 152
1 105 959
1 154 817
1 070 435
1 152 606
662 324
823 348
1 204 622
Voyageurs et non voyageurs
1 417 690
1 382 449
1 443 522
1 338 043
1 440 757
827 905
1 029 186
1 505 778
Service des voyageurs
Accueil
Gare SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs, avec guichet, ouvert tous les jours. Elle est équipée d'automates pour l'achat de titres de transport. C'est une gare « Accès Plus : service d'accompagnement des personnes handicapées »[20].
Un parc pour les vélos et un parking sont aménagés[20]. Une gare routière permet des correspondances avec les bus des lignes du réseau Astrobus et les cars interurbains du réseau Bus verts du Calvados, lignes : 50 Lisieux - Le Havre, 53 Lisieux - Vimoutiers et 56 Lisieux - Orbec.
↑ a et bDominique Fournier, Dictionnaire historique et étymologique des noms de rues et lieux-dits anciens et modernes de Lisieux, Lisieux, Société Historique de Lisieux, .
↑François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le Second Empire, t. 1 : 1852-1857, Paris, Palau éd., , 215 p. (ISBN2-9509421-1-3, BNF36712104), « 1.33 Mantes-Lisieux : 1er juillet 1855 », p. 109-110.
↑ abc et d« Lisieux. La gare est une vieille dame très fréquentée », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
↑Les Chemins de fer de l'Ouest. I La Normandie. - Éd. Rimage : Paris, 1980 (En ce temps-là…la vapeur!..).
↑François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le Second Empire, t. 1 : 1852-1857, Paris, Palau éd., , 215 p. (ISBN2-9509421-1-3, BNF36712104), « 1.44 Lisieux-Caen : 29 décembre 1855 », p. 128.
↑François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le second Empire, t. 2 : 1858-1863, Paris, Palau, , 223 p. (ISBN978-2-9509421-2-8 et 2-9509421-2-1, BNF37658881), « 3.14 Lisieux-Pont l'Évêque : 1er juillet 1858 », p. 29.
↑Conseil général, Rapports et délibérations, Caen, Calvados (département), (lire en ligne), « IV - Chemins de fer d'intérêt local : Chemin de fer d'Orbec à Lisieux », p. 337-339.
↑Journal Officiel de la République Française du 10 août 1969, page 8 017.
↑Conseil général, Rapports et délibérations, Caen, Calvados (département), (lire en ligne), « IV Vœux du Conseil municipal de Lisieux », p. 194.
↑Patrice Gourbin, L'architecture et l'urbanisme de la Reconstruction dans le Calvados, Caen, CAUE du Calvados, (lire en ligne), « Édifices publics, services et commerces », p. 109-110.
↑« Une passerelle de 84 mètres installée à la gare de Lisieux, dans le cadre de travaux d'accessibilité », Paris-Normandie, (lire en ligne, consulté le ).