Debussy compose Apparition sur un poème de Stéphane Mallarmé, le à Ville-d'Avray. Apparition est le premier contact du compositeur avec l'œuvre de Mallarmé. Le poème est paru dans la revue Lutèce en novembre 1883. Le manuscrit porte comme incipit « La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs. » et a comme dédicataire Mme Vasnier. La première édition se fait dans le supplément de la Revue musicale le , avant d'être publié aux éditions Jobert en 1969 sous le titre de Quatre chansons de jeunesse[1].
Analyse et commentaires
Apparition est en mi majeur, andantino, « rêveusement »[2].
Le poème « compare la femme aimée à une fée apparaissant dans une atmosphère baignée de lumières et de senteurs[2] ».
Pour le musicologue Denis Herlin, la mélodie « déploie un lyrisme d'une rare intensité soutenu par un accompagnement riche de sonorités quasi orchestrales annonçant certaines pages de Pelléas et Mélisande[3] ».
Musicalement, Marie-Claire Beltrando-Patier relève également « des traits d'écritures proches du style de Pelléas et Mélisande, tout spécialement dans l'opposition systématique de passages recto tono et de « tours de chant » déclamés, dans un mélos très fin de siècle. Exaltation et discours sur l'événement se partagent ces deux registres de langage, selon le sens[2] ». La musicologue souligne aussi la fin, en exténuation, « et en allant toujours se perdant » indique le compositeur sur la partition, qui « est significative et annonce la maturité de musicien[2] ». Passage dans lequel Vladimir Jankélévitch remarque le piano qui, imitant la harpe, « évoque en croulants arpèges les bouquets d'étoiles blanches qui neigent du haut de la nuit[4] ».
La durée moyenne d'exécution de la pièce est de trois minutes trente environ[5].