Le Théâtre de la Concorde, ancien Café des Ambassadeurs, puis Espace Pierre-Cardin, est un lieu artistique[2] situé dans le quartier des Champs-Élysées, au 1, avenue Gabriel, dans le 8e arrondissement de Paris et propriété de la ville de Paris. Ouvert depuis mars 2024 sous la direction d’Elsa Boublil, il propose des ateliers, des débats et des tables rondes gratuits autour de sujets d’actualité de la vie démocratique. La programmation des spectacles (théâtre, danse, musique etc.) s’articule autour de mois thématiques : « les femmes », « la mémoire », « le corps », etc.[2].
Le théâtre est composé d'une grande salle (673 places), d'un studio polyvalent (150 places), d'un cinéma, d’un studio podcast et d'une salle d’exposition.
Histoire
La construction du café des Ambassadeurs avait été autorisée à l'emplacement de l'actuel théâtre de la Concorde, en 1772, par l'abbé Terray, contrôleur général des finances. Ce café devait son nom aux hôtels édifiés par l'architecte Ange-Jacques Gabriel en bordure de la place de la Concorde, hôtels qui étaient censés servir de logements à des ambassadeurs étrangers[3].
Dirigé par la veuve Rouget en 1816, l'établissement est reconstruit en 1841 et se transforme en café-concert[4]. En 1847, trois auteurs et compositeurs de musique, Ernest Bourget[5], Paul Henrion et Victor Parizot, refusent de payer leurs consommations car leur musique y est jouée sans qu'ils reçoivent de droits d'auteur. Soutenus par l’éditeur Jules Colombier, ils intentent et gagnent des procès contre le cafetier. Forts de cette reconnaissance, ils décident de fonder une société pour représenter les créateurs et collecter leurs droits, donnant naissance à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) le 28 février 1851[6]. Le Café-Concert des Ambassadeurs (1885), un pastel de Degas, donne une idée de l'ambiance qui y régnait à cette époque. De 1897 à 1914, on y joue des revues. Celles-ci continuent après la Première Guerre mondiale, jusqu'à ce que le Café des Ambassadeurs soit démoli en 1929, et remplacé par un théâtre construit en 1931 par Edmond Sayag, également dénommé « des Ambassadeurs » et un nouveau restaurant, portant le même nom[2].
Après d’énormes travaux de rénovation, Edmond Sayag, directeur du Casino d'Ostende — le Casino-Kursaal —, présente son premier spectacle en venant directement de Londres[7] et de New York, Blackbirds de 1926 de Lew Leslie(en) et sa troupe, Florence Mills interprète le rôle principal[8]. Blackbirds capitalise sur le succès de la Revue nègre mis en scène plus tôt en 1925. C'est un succès instantané. Sayag a bel et bien fait des nouveaux ambassadeurs le rendez-vous nocturne le plus célèbre du monde pour les riches et les célébrités. Parmi les plus grandes vedettes françaises, qui assistent au spectacle on peut citer Maurice Chevalier, Sacha Guitry, Yvonne Vallée, les Dolly Sisters, Raquel Meller et même Joséphine Baker[2]. Il devient un modèle pour toutes les futures opérations de théâtre-restaurant qui devaient s'épanouir dans les années 1930. À la fin de la saison 1928, Sayag rénove les Ambassadeurs et construit un bâtiment plus grand autour du bâtiment existant, créant deux parties égales du music-hall et du restaurant avec une scène commune. Cole Porter crée La Revue des ambassadeurs, le . Alors que la saison estivale 1929 s'achève, Sayag annonce qu'il va fermer l'Ambassadeur et qu'il sera démoli.
En 1939, Roger Capgras, copropriétaire du théâtre, est également responsable des spectacles.
De 1940 à 1944, le théâtre est dirigé par l'actrice d'origine roumaineAlice Cocéa (1899-1970) qui se voit reprocher, à la Libération, son attitude sous l'Occupation.
Puis le théâtre est dirigé de 1952 à 1970 par Marcel Karsenty.
En 1970, la mairie de Paris, propriétaire des murs, accorde la concession du théâtre au couturier Pierre Cardin. Le lieu est rebaptisé espace Cardin[2].
À partir de 2006 et jusqu'en 2015, le lieu est dirigé par Nicolas Laugero Lasserre. Pendant cette période, l'espace est entièrement rénové.
En 2010, 50 théâtres privés parisiens réunis au sein de l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP) et du Syndicat national des directeurs et tourneurs du théâtre privé (SNDTP), dont fait partie l'espace Cardin, décident d'unir leur force sous une enseigne commune : les Théâtres parisiens associés[9].
En 2024, la maire Anne Hidalgo décide de rebaptiser le lieu « Théâtre de la Concorde » et, avec une nouvelle équipe, de dédier le lieu à l’art et la démocratie[2],[12].
Jauge
Théâtre : 673 places
Salle de restaurant : 460 m²
Salle polyvalente : 400 m²
Salle de conférence avec écran : 75 places
Rotonde : 150 m²
Répertoire
Café-concert des Ambassadeurs
1875 : Persivani et Vandevelde, Les Martinettes, Mlle Bécat, chanteuse de Café-Concert
1876 : Le Charmeur d'oiseaux, L'Avaleur de sabres, Les Frères Léopold, M. Gabel, duo Geneviève de Brabant, des deux hommes d'armes
↑L'Espace Cardin sur le site officiel des Théâtres parisiens associés.
↑Anne-Charlotte Dancourt, « Le Théâtre de la Ville va investir l’espace Pierre-Cardin », Le Monde, (lire en ligne)
↑Ariane Bavelier, « À Paris, le théâtre de la Ville rouvrira-t-il un jour ? », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous », 6-7 novembre 2021, p. 29 (lire en ligne).
Marine Costille, Spectacles au music-hall. Le cas de quatre salles parisiennes, 1917-1940 [Mémoire de master sous la direction de Pascale Goetschel, Histoire, 2016], Université Panthéon-Sorbonne, UFR Histoire, HAL dumas-01417493 (en ligne).
Geneviève Latour, Florence Claval (études réunies par), « Espace Cardin, anciennement théâtre des Ambassadeurs », dans Les théâtres de Paris, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris. Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Association de la régie théâtrale, (ISBN2-905118-34-2), p. 171-173