Georges Courteline est le fils de l'écrivain et auteur de théâtre Joseph Moineaux, connu sous le nom de plume de Jules Moinaux.
Georges Courteline, né à Tours en 1858, est d'abord élevé dans cette ville par ses grands-parents, avant que ses parents ne le fassent venir à Paris à l'âge de 5 ans. Tous les étés, la famille s'installe dans une villa à Montmartre, rue de la Fontenelle puis rue du Chevalier-de-La-Barre. C'est là que se rendent en visite toutes les célébrités du théâtre du Second Empire et Courteline en garde toute sa vie un souvenir impérissable[3].
Après ses études au collège de Meaux, il fait son service militaire à Bar-le-Duc en 1879 au 13e régiment de chasseurs à cheval, qui lui inspire quelques-unes de ses satires. En 1880, il entre comme expéditionnaire au ministère de l'Intérieur, à la Direction générale des cultes, et se met à écrire sous le pseudonyme de Courteline pour ne pas être confondu avec son père, Jules Moinaux[4]. Dans ses écrits, il dépeint notamment des fonctionnaires grisés par leur statut, des employés revendicatifs. Son directeur est Charles Dumay, un anticlérical convaincu qui a des velléités d'auteur dramatique et dont la nomination désespère le clergé. Courteline le fait bénéficier de ses relations dans la presse pour que celle-ci loue le directeur qui s'emploie à mener la vie dure à ses administrés religieux ; en échange, Dumay lui permet d'être peu assidu à son poste d'expéditionnaire et de se consacrer à l'écriture[5].
Carrière
En 1881, il crée avec Jacques Madeleine et Georges Millet une revue Paris Moderne dans laquelle ils publièrent jusqu'en 1883 quelques poèmes et textes en prose[6].
Courteline s'installe au 89 de la rue Lepic dans une villa qu'il habite entre 1890 et 1903[7]. Sa compagne, l'actrice Suzanne Berty ( - ), lui donne deux enfants : Lucile-Yvonne Moineau, née en 1893, et André Moineau, né en 1895 et qui consacrera sa vie au théâtre comme acteur et décorateur, sous le nom de Moineau-Courteline. Le , il épouse Suzanne, atteinte d'une tuberculose mortelle, et légitime ainsi ses deux enfants[8]. Après le décès de sa première femme, il rencontre l'actrice Marie-Jeanne Brécou (1869-1967). Il quitte Montmartre pour s'installer de 1907 à 1923 au no 43, avenue de Saint-Mandé, non loin du domicile de sa mère mourante[9]. Il épouse Marie-Jeanne le [10].
De 1888 à 1893, Georges Courteline fréquente très régulièrement L'Auberge du Clou, située avenue Trudaine. C'est là qu'il crée le conomètre ou idiomètre, un tube de verre gradué de 10 à 50 rempli d'alcool coloré en rouge et communiquant par un long tuyau en caoutchouc avec le sous-sol. Selon un langage convenu avec Courteline, un compère soufflait plus ou moins fort pour faire monter l'alcool dans le tube. De la sorte chacun, en prenant en main le tube, pouvait connaître son degré de stupidité. Le patron, qui n'était pas au courant de cette supercherie, dut lui aussi passer l'épreuve et fit monter l'alcool au maximum. Une réplique de son invention trône encore aujourd'hui dans le restaurant[11]. En 1896, Courteline est, avec Paul Delmet, Millanvoye et Albert Michaut un des quatre fondateurs de la goguette du Cornet[12].
Il arrête d'écrire en 1912, gérant les droits que lui rapportent son œuvre théâtrale. Il édite La Philosophie de Courteline en 1917. André Antoine lui demande d’écrire pour son Théâtre-Libre. La Paix chez soi et Boubouroche entrent au répertoire de la Comédie-Française en 1903 et 1910. Ses pièces sont adaptées au cinéma. Courteline est décoré de la Légion d’honneur en 1899, est fait officier de la Légion d'honneur en 1912 et commandeur de la Légion d'honneur en 1914[13]. Le , il reçoit un grand prix de l'Académie française et est élu à l'Académie Goncourt le [14].
Fin de vie et mort
En 1924, une inflammation de l'orteil occasionne une opération chirurgicale compliquée par le diabète. La gangrène sèche gagne rapidement la jambe droite et il subit une amputation le . De 1925 à 1927, il corrige et annote ses Œuvres complètes. Sa santé ne cesse de décliner et il doit subir l'amputation de la jambe gauche le , le faisant sombrer dans un coma fatal[15].
Il meurt le au 11 rue de la Santé, Paris 13e, à l'âge de 71 ans. Il est inhumé en plein cœur de la 89e division du cimetière du Père-Lachaise, situé dans la même ville. Sur la stèle de sa tombe est inscrite cette épitaphe : « J'étais né pour rester jeune et j'ai eu l'avantage de m'en apercevoir le jour où j'ai cessé de l'être ».
Le pseudonyme « Courteline »
On lit parfois que Georges Moinaux a choisi le pseudonyme « Courteline » car c'était le nom du moineau[16] dans le Roman de Renart ; ce ne peut être la bonne raison, car le moineau du Roman de Renart ne s'appelle pas Courteline mais Drouin[17] ou Drouineau. Il semble que Georges Moinaux ait opté pour Courteline« parce que cela sonnait bien. Ainsi, un musicien assemble des sons au caprice de son inspiration »[18].
↑« Moinaux ou Moineau ? Le patronyme semble n'avoir jamais été fixé définitivement. Le père de Joseph-Désiré inscrit son fils sous le nom de Moineau mais signe Moinaux. Un oncle, né en 1826, est enregistré sous le nom de Morinaux et opte plus tard pour Moineaux. Les générations suivantes utiliseront Moinaux ou Moineau indifféremment, sans que jamais le choix soit signifiant. »Haymann 1990, p. 13.
↑Julien Dieudonné, Aurélie de Cacqueray, Myriam Provence, Sophie Condat, Familles d'écrivains, Archives & culture, , p. 68.
↑Georges Courteline, Messieurs les rondes-de-cuir, Garnier-Flammarion, , p. 9.
↑Stéphane Guinoiseau, Comédies de Courteline, Hachette Éducation, , p. 122.
↑Rodolphe Trouilleux, Montmartre des écrivains, Bernard Giovanangeli Editeur, , p. 44.
↑Brigitte Level, À travers deux siècles, le Caveau, société bachique et chantante, 1726-1939, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, Paris 1988, page 196.
↑« Pourquoi Courteline? Tout simplement, m'avoue-t-il, parce que cela sonnait bien. Ainsi, un musicien assemble des sons au caprice de son inspiration : et c'est encore la pure fantaisie qui a guidé Courteline dans le choix de son pseudonyme. Je n'affirmerais pas qu'à certains jours Courteline, obsédé par le masque qu'il a mis sur son nom, ne rêve d'en changer. Oui, mais succès oblige ; et Courteline trainera son pseudonyme comme un boulet triomphal. » Le Théâtre (revue), numéro 133 à 144, p. 54, Manzi, Joyant et cie éditeurs, 1904, sur Google livres ».
↑Cette œuvre contient une boutade célèbre : « Neuf fois sur dix, la loi, cette bonne fille, sourit à celui qui la viole. ».
↑Synopsis de Godefroy. C'est dans cette pièce que se trouve la citation suivante : « Il pleut des vérités premières. Tendons nos rouges tabliers. » La formule renvoie à un vers de Victor Hugo : « Enfants, cachez vos rouges tabliers » (Odes et Ballades).