La place de la Concorde (initialement « place Louis XV »), qui s’étend sur 7,56 hectares, est la plus grande place de Paris. Elle est située dans le 8e arrondissement.
Elle a la spécificité d'avoir connu de nombreux changements de nom, en fonction des événements politiques majeurs traversés par la France, s'appelant successivement : place Louis-XV, place de la Révolution, place de la Concorde, place Louis-XVI (1826-1830) et, de 1830 jusqu'à nos jours, de nouveau place de la Concorde.
Cet ensemble monumental est, au point de vue de l'aménagement urbain, la plus importante création du siècle des Lumières dans la capitale. Il exprime un moment privilégié dans l'évolution du goût français : celui qui voit, vers le milieu du XVIIIe siècle, le déclin du style rocaille et la naissance d'un nouveau classicisme dont Ange-Jacques Gabriel, son architecte, et Edmé Bouchardon, le sculpteur de la statue équestre de Louis XV érigée au centre de la place et détruite à la Révolution, sont parmi les pionniers.
Sa dénomination a changé de nombreuses fois, traduisant l'instabilité des régimes politiques de la France depuis 1789 et une série d'événements joyeux, tragiques ou glorieux, certains d'une grande portée historique, qui se sont déroulés sur son sol. Elle s'est appelée « place Louis XV », puis « place de la Révolution » après le 10 août 1792, « place de la Concorde » sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, à nouveau « place Louis XV » puis « place Louis XVI » sous la Restauration, « place de la Charte » en 1830, pour reprendre enfin sous la monarchie de Juillet le nom de « place de la Concorde » ; de même, les monuments qui ont orné ou auraient dû orner son centre : statue équestre de Louis XV, statue de la Liberté, statue de Louis XVI, obélisque de Louxor.
Les aménagements, modestes sous la Révolution (installation des chevaux de Marly en 1794), ont été importants sous la monarchie de Juillet (en 1836, érection de l'obélisque, travaux d'embellissement de Hittorff : les deux fontaines, les statues des huit principales villes de France (les huit « matrones » vêtues à la grecque et couronnées de tours, leurs socles logeant des fonctionnaires et leur famille en attendant l'érection des statues[1], les lampadaires et les colonnes rostrales). Le Second Empire bouleversa la physionomie de la place : sur ordre de l'empereur, les jardins bas de Gabriel seront supprimés pour améliorer la circulation, contre l'avis du baron Haussmann qui déplorera cette mesure dans ses mémoires[2]. Le dernier aménagement sur le plan de l'architecture a été en 1931 la disparition de l'hôtel Grimod de La Reynière, construit en 1775 dans le respect de l'ordonnance de Gabriel, mais défiguré au fil du temps par des adjonctions successives, et son remplacement par l'ambassade des États-Unis dans le respect du projet originel. Depuis 1937, aucun changement notable ne peut plus affecter la place qui est classée dans son ensemble. Signalons un dernier embellissement en 1998, à l'initiative de l'égyptologueChristiane Desroches Noblecourt, la mise en place du pyramidion doré de l'obélisque.
Origine du nom
Le nom aurait été choisi par le Directoire pour marquer la réconciliation des Français après la Terreur et les appeler à la « concorde », dans le souhait où se trouvait le nouveau régime d'abandonner le nom de « place de la Révolution » qui avait été donné à la place au commencement de la première Terreur à la chute de la monarchie lors de la journée du 10 août 1792[3],[4],[5],[6],[7],[8].
Historique
Originellement, le terrain occupé par cette place se trouvait au milieu de bas-fonds marécageux livrés aux hasards des débordements de la Seine.
XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle, ce n'était qu'une esplanade entourée, à moitié d'un fossé qui servait de Dépôt des marbres pour les Bâtiments du Roi et communiquait par une barrière, avec un poste de gabelle et le port aux marbres[9]. Deux grands égouts découverts traversaient les deux extrémités de ce terrain, l'un coulant dans le fossé des Tuileries, l'autre le long des Champs-Élysées[10].
La Ville de Paris, en la personne de ses échevins et de son prévôt des marchands, décide, en 1748, d'ériger une statue équestre de Louis XV pour fêter le rétablissement du roi après la maladie dont il a été atteint à Metz. Un concours est lancé pour trouver le meilleur emplacement, concours auquel participent dix-neuf architectes, parmi lesquels Germain Boffrand, Gabriel de Lestrade et Jacques-Germain Soufflot[Note 1]. L'un d'eux, Ange-Jacques Gabriel, propose de retenir une simple esplanade de terre battue, sans fonction, sans dessin, qui se situe au bout du jardin des Tuileries, et qu'on appelle « esplanade du Pont-Tournant », en référence à un pont de bois qui enjambe alors le fossé bordant la terrasse des Tuileries. Bien qu'excentré, l'endroit peut servir à l'urbanisation des nouveaux quartiers qui tendent à se construire vers l'ouest de la capitale, dans le faubourg Saint-Honoré.
Le Roi est propriétaire de l'essentiel de ces terrains, ce qui permet de limiter les expropriations nécessaires. Avant même que la décision ait été officiellement prise, des négociations ont été engagées avec les héritiers de John Law, propriétaires de terrains qui empiètent sur l'emplacement nécessaire à la création, à cet endroit, d'une place royale , inscrite dans le vaste réseau de places royales qui vont, à Rennes, Rouen, Bordeaux, Dijon, Nantes ou Montpellier, théâtraliser la représentation équestre de Louis XV. Espaces de parade pour la statue, ces places se développent selon un principe qui va rester, à Paris, très ouvert, parce qu'il s'inscrit dans une zone encore vierge d'urbanisation. Valorisée par les façades dessinées par Gabriel, la place Louis XV devient un intermède architectural entre les frondaisons des Tuileries et l'échappée verte des Champs-Élysées.
En 1753, un concours est ouvert pour l'aménagement de l'esplanade, réservé aux membres de l'Académie royale d'architecture. Gabriel, directeur de l'Académie en sa qualité de Premier architecte du Roi, est chargé d'établir un projet empruntant les meilleures idées émises par les concurrents. Bénéficiant du soutien de Madame de Pompadour, qui supervisera l'ensemble des travaux, son projet est accepté en 1755. L'accord entre la Ville de Paris, les représentants du Roi et les héritiers de Law est signé en 1758. En échange des terrains qu'ils cèdent, les héritiers recevront le bâtiment situé au nord-ouest de la place ainsi que les terrains à construire de part et d'autre de la future rue Royale. Ils consentent à payer la construction des façades de tous les bâtiments dont ils auront la propriété et acceptent la servitude de galeries publiques sur la place.
Commencée par Edme Bouchardon et achevée par Jean-Baptiste Pigalle, la statue équestre de Louis XV est inaugurée le . Elle est placée au centre de l'esplanade, face à l'est, à l'intersection de l'axe de la nouvelle rue Royale, qui relie la Madeleine à la Seine, et de l'axe du jardin des Tuileries et de l'avenue des Champs-Élysées. Le roi est vêtu à la romaine, coiffé d'un catogan et couronné de lauriers. Le piédestal, dû à Jean-François-Thérèse Chalgrin, est orné de bas-reliefs et, à chaque angle, d'une statue de bronze évoquant les vertus du Roi : la Force, la Justice, la Prudence et la Paix. Comme le monarque est devenu, à l'époque de l'inauguration de la statue, largement impopulaire, on la chansonne en ces termes :
Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal,
Les vertus sont à pied et le vice à cheval.
Le , la place est le théâtre d'un événement dramatique, le « grand étouffement » : alors qu'un feu d'artifice est tiré en l'honneur du mariage du dauphin et de l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, 132 personnes périssent piétinées et étouffées lors d'une panique provoquée par un incendie déclenché par la chute d'une fusée[12].
En 1771, la foire Saint Ovide, située auparavant place Louis-le-Grand, vient s'installer sur la place, mais disparaîtra en 1777 à la suite d'un incendie[13]. Plusieurs directeurs de spectacles organisèrent des représentations au profit des victimes. C’est le premier acte de bienfaisance de cette nature[14].
La place est achevée en 1772. Une enceinte octogonale, pourvue d'une balustrade, bordée de fossés de 20 mètres de large et cantonnée de guérites, est créée pour ceindre ce vaste espace. Seul le côté nord de la place est bâti, ce qui dégage la vue sur la Seine. Une partie du programme ne sera toutefois jamais réalisée : ainsi, Gabriel avait prévu de surmonter les guérites de groupes sculptés représentant des trophées, et de créer deux fontaines de part et d'autre de la statue ; en outre, les deux grands bâtiments au nord de la place devaient être encadrés, légèrement en retrait, par deux hôtels plus petits et identiques. La place est baptisée « place Louis XV ». En 1776, l'espace intérieur est divisé en quatre compartiments de gazon entourés de barrières peintes en vert.
En 1789, l'architecte Bernard Poyet propose au roi un aménagement de la place Louis XV avec l'édification de bâtiments aux quatre angles de la place. L'opéra eût été installé dans le bâtiment du nord-est, mais ce projet n'a pas de suite[15].
Révolution
Au temps de la Révolution, la place est le lieu de passage obligé pour des convois, qu'ils soient improvisés ou ritualisés par le protocole des fêtes. Elle sera l'un des grands lieux de rassemblement de la période révolutionnaire, surtout lorsque la guillotine y sera installée. C'est aussi là que Louis XVI et Marie-Antoinette ont été exécutés.
Le , lendemain de l'abolition de la monarchie, la statue équestre de Louis XV est renversée de son piédestal puis envoyée à la fonte. À cette occasion, la place Louis XV est rebaptisée « place de la Révolution ». Le 23thermidoran I (), sur le piédestal de l'ancienne statue de Louis XV, resté vide pendant un an, est érigée une Statue de la Liberté de François-Frédéric Lemot, effigie de plâtre représentant la Liberté coiffée d'un bonnet rouge et tenant une pique dans la main droite. Cette statue est retirée en .
Le 3brumairean IV (), dernier jour de la Convention et veille de l'instauration du Directoire, le gouvernement décide de rebaptiser la place de la Révolution « place de la Concorde ».
Marquée par le souvenir sanglant de la Terreur et de l'exécution de la famille royale, la place de la Concorde pose un problème politique aux gouvernements du XIXe siècle. La statue de la Liberté ayant été retirée sous le Consulat, et les projets consistant à édifier une statue de Charlemagne, puis une fontaine, ayant été abandonnés, c'est finalement Louis XVIII qui envisage de bâtir au centre de la place un monument à la mémoire de son frère Louis XVI : la statue du roi martyr, encadrée d'une chapelle et d'un saule pleureur. Charles X en pose la première pierre, le . La même année, la place de la Concorde est rebaptisée « place Louis XVI » (l'inscription était toujours visible à l'angle de la rue Boissy-d'Anglas). Mais la statue projetée ne sera jamais élevée, interrompue par la révolution de juillet 1830, qui redonne à la place le nom de « place de la Concorde ».
En 1830, durant les Trois Glorieuses, la place fut le théâtre d'affrontements entre les insurgés et la troupe.
En 1831, le vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, offre à la France les deux obélisques qui marquent alors l'entrée du temple de Louxor à Thèbes. Seul le premier d'entre eux sera transporté vers la France et arrivera à Paris le . C'est Louis-Philippe qui décide de l'ériger sur la place de la Concorde où « il ne rappellera aucun événement politique ». L'opération, véritable prouesse technique, est réalisée le sous la direction de l'ingénieur de la marine Apollinaire Lebas, en présence de plus de 200 000 personnes. Le roi et la famille royale, incertains du succès de l'opération, ont préféré y assister depuis les salons de l'hôtel du Garde-meuble, ne paraissant sur le balcon que pour recueillir les applaudissements de la foule au moment précis où le monolithe se dresse à la verticale.
En 1835, il avait été projeté la construction d’une gare monumentale à l’entrée du cours la Reine. Elle aurait été la gare de départ d’un chemin de fer reliant Paris à Versailles[17].
Entre 1836 et 1846, la place est transformée par l'architecte Jacques-Ignace Hittorff qui conserve le principe imaginé par Gabriel. Il ajoute deux fontaines (qui sont parmi les premières à être réalisées en fonte de fer) monumentales de part et d'autre de l'obélisque et ceinture la place de lampadaires et de colonnes rostrales. La place se veut ainsi une célébration du génie naval de la France, en référence à la présence, dans l'un des deux hôtels édifiés par Gabriel, du ministère de la Marine. Les deux fontaines — inaugurées le 1er mai 1840 par le préfet Rambuteau — célèbrent la navigation fluviale (fontaine nord, avec des figures assises représentant le Rhin et le Rhône et les récoltes de raisins et de blé) et la navigation maritime (fontaine sud, avec la Méditerranée, l'océan et la pêche). Pour la réalisation des statues ornant ces fontaines, l'architecte fera appel à de nombreux artistes : Jean-François-Théodore Gechter, Honoré Jean Aristide Husson, François Lanno, Nicolas Brion, Auguste-Hyacinthe Debay, Antoine Desboeufs, Jean-Jacques Feuchère, Antonin-Marie Moine, Jean-Jacques Elshoecht (dit Carle Elshoecht) et Louis-Parfait Merlieux. Les colonnes rostrales portent des proues de navire, qui évoquent également l'emblème de la Ville de Paris. Les statues allégoriques de huit villes françaises dessinent le contour de l'octogone imaginé par Gabriel. Celle évoquant Strasbourg, par James Pradier est drapée de noir à partir de 1871, date du rattachement de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne. Le 28 septembre 1870, alors que la ville alsacienne a capitulé en pleine guerre franco-prussienne, un million de personnes vinrent déposer des gerbes et des drapeaux devant la statue ; elle devient alors un monument important pour les revanchards. Le 1er mars 1871, le siège de Paris terminé, les Prussiens posèrent en photographie place de la Concorde, autour de plusieurs canons[18].
En 1854, les fossés qu'Hittorff avait conservés sont comblés pour mieux adapter la place à la circulation.
En octobre 1896, à l'occasion de leur visite en France, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra passent par la place de la Concorde, « noire de monde » et spécialement décorée pour l'occasion, le trajet devant les conduire à l'ambassade de Russie[19].
Retour des cendres de Napoléon Ier par Jacques Guiaud.
Le , durant un raid de bombardiers allemands sur Paris, un accident d'avion français fut enregistré dans la nuit. La maréchal des logis Sachot, accompagne du quartier-maitre Le Juge, eut une panne de moteur à basse altitude au-dessus de Paris. Ne pouvant atteindre la banlieue il dut choisir pour atterrir un endroit propice dans la capitale. C'est ainsi qu'il essaya de se poser sur la place de la Concorde. Ce ne fut pas sans avarie : Sachot fut blessé grièvement et Le Juge eut une fracture à la base du crâne[20].
Le 6 février 1934, une manifestation antiparlementaire des ligues d'extrême droite se concentre place de la Concorde. Les affrontements avec les forces de l'ordre font 20 morts et 2 300 blessés.
La place de la Concorde, avec son sol, ses fontaines, ses statues, ses guérites, ses balustrades, ses colonnes et ses lampadaires fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [22].
Le , à l'occasion de la Journée mondiale du Sida, l'association Act Up-Paris revêt l'obélisque d'un préservatif géant de 30 mètres et rebaptise symboliquement la place : « place des morts du Sida »[26].
Le , les sympathisants de Jacques Chirac y célèbrent son élection à la présidence de la République. Ceci faisait écho à la victoire de François Mitterrand le , fêtée sur une autre place symbolique : la place de la Bastille.
En l’an 2000, le grimpeur urbain français Alain Robert escalade l’obélisque, sans avertir personne et sans aucun dispositif de sécurité.
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Le , comme en pour l'élection de Jacques Chirac, la place est utilisée pour fêter la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle. Elle sert également de lieu de meeting en plein air pour le président-candidat Nicolas Sarkozy le pour contrer un rassemblement à l'esplanade du château de Vincennes de François Hollande au même moment.
Durant l'été 2007, la place est vidée de ses passants pour les besoins du tournage du film d'Éric et Ramzy, Seuls Two.
En , l'œuvre monumentale PHARES[27] de l'artiste Milène Guermont[28],[29],[30] est installée sur la place de la Concorde pour six mois. C'est la première fois de toute l'histoire qu'une œuvre naît auprès de l'obélisque, le plus ancien monument de Paris. Cette sculpture de 30 mètres de haut est formée d'une résille en aluminium doré recouverte de phares de voiture. PHARES joue avec la lumière aussi bien le jour que la nuit grâce à son capteur cardiaque qui permet au public de provoquer son illumination en direct.
En , la place est choisie pour accueillir des compétitions des Jeux olympiques d'été de 2024[31] : basket-ball 3x3, BMX freestyle, breaking, skateboarding. Une enceinte éphémère pouvant accueillir 30 000 spectateurs y est construite : le parc urbain de la Concorde.
La moitié de la place, entre l'obélisque et le jardin des Tuileries, restera piétonne à l'issue des JO de 2024[32].
La principale particularité de la place de la Concorde est qu'elle est limitée par du « vide » sur trois côtés (contrairement à la plupart des places qui sont entourées par des bâtiments sur tous les côtés) : les Champs-Élysées, le jardin des Tuileries et la Seine.
Hôtels
À l'extrémité nord, deux larges bâtiments identiques en pierre ferment la perspective. Divisées par la rue Royale, ces structures sont parmi les meilleurs exemples de l'architecture du XVIIIe siècle.
Seules les façades ont été dessinées par Gabriel et érigées entre 1766 et 1775. Elles s'inspirent de la colonnade du Louvre édifiée par Claude Perrault par le principe d'une colonnade élevée sur un soubassement fortement marqué (ici par de vigoureux bossages), le grand entablement, les pavillons d'angle, et aussi par des éléments de décor comme les médaillons ovales ornés de guirlandes. Les frontons sont décorés d'allégories de l'agriculture, du commerce, de la magnificence et de la félicité publique par Michel-Ange Slodtz et Guillaume II Coustou.
Le bâtiment, situé à l'est de la rue Royale communément appelé hôtel de la Marine, a été bâti sur des plans de Gabriel sous la direction de Jacques-Germain Soufflot et fut, dès l'origine, entièrement propriété de la Couronne. D'abord affecté au Garde-Meuble, dont les galeries étaient ouvertes au public tous les premiers mardis de chaque mois « de la Quasimodo à la Saint-Martin » entre 9 heures et 13 heures, il accueillit à partir de 1799, le ministère de la Marine qui, sous la direction de Denis Decrès, développa considérablement ses bureaux jusqu'à occuper tout le bâtiment. Les décors intérieurs, d'une grande magnificence, sont l'œuvre de l'architecte Jacques Gondouin et constituent une étape importante dans l'évolution du goût au XVIIIe siècle. Ils ont malheureusement été profondément dénaturés par les transformations effectuées sous le Second Empire, même si les grands salons d'apparat et la Galerie Dorée conservent encore quelques éléments d'origine.
Le bâtiment situé à l'ouest de la rue Royale devait originellement abriter le nouvel hôtel des Monnaies dont la construction était projetée depuis 1768. Mais cet emplacement fut en définitive jugé trop éloigné du quartier des affaires, et un arrêt du Conseil décida que le nouvel édifice s'élèverait à son emplacement actuel sur le quai de Conti. Le terrain situé derrière la colonnade occidentale fut alors divisé en quatre lots qui furent cédés à des particuliers, à charge pour eux d'élever des hôtels particuliers derrière la façade de Gabriel :
l’hôtel de Coislin (no 4), le plus proche de la rue Royale, est l'œuvre de Gabriel lui-même. Il ne conserve aujourd'hui du décor original que des boiseries en chêne ornées de guirlandes et de fleurs dans les salons de l'étage ;
l’hôtel d'Aumont, futur hôtel de Crillon (no 10), à l'angle de la rue Boissy-d'Anglas, a été construit par l'architecte Louis-François Trouard, le décor intérieur étant réalisé par Pierre-Adrien Pâris. En 1788, l'hôtel est acheté par le comte de Crillon. En 1907, le bâtiment est racheté par la Société des Grands Magasins du Louvre et transformé en un luxueux hôtel de voyageurs, l'hôtel de Crillon, par l'architecte Walter-André Destailleur. Celui-ci laisse intact l'escalier d'honneur, édifie les façades sur cour dans le style de Gabriel, mais fait démonter la plupart des décors intérieurs d'origine. Ainsi, dans le salon des Aigles du premier étage, modèle de salle à l'antique conçue par Pâris, il ne laisse en place que la sculpture du plafond, mais fait copier les boiseries, les six portes monumentales et leurs encadrements et la glace, œuvre de l'ébéniste Bellangé, tandis que les originaux sont réinstallés dans l'hôtel de La Tour d'Auvergne (actuelle ambassade du Chili), avenue de La Motte-Picquet. D'autres boiseries se trouvent au Metropolitan Museum of Art de New York et à la villa Île-de-France, édifiée à Saint-Jean-Cap-Ferrat pour Béatrice Ephrussi de Rothschild. C'est dans cet hôtel que fut élaboré, du au , par le président Wilson et les délégués alliés, le pacte constitutif de la Société des Nations (plaque commémorative).
Conformément au dessein de Gabriel, des lettres patentes des et (toujours en vigueur) prescrivirent que les bâtiments situés aux angles nord-est et nord-ouest de la place soient construits selon des principes similaires.
Au nord-ouest de la place, du côté de la rue Boissy-d'Anglas, s'élevait jusqu'en 1775 le Dépôt des marbres de la Couronne. Après sa suppression, le terrain fut concédé au fermier généralLaurent Grimod de La Reynière, à charge pour lui d'édifier un bâtiment analogue à l'hôtel de Saint-Florentin, connu sous le nom d’« hôtel Grimod de La Reynière ». Le peintre Charles-Louis Clérisseau y exécuta le premier décor à l'antique inspiré des découvertes archéologiques faites à Pompéi et Herculanum. L'hôtel abrita ensuite le Cercle impérial, puis le Cercle de l'Union artistique. Défiguré par des adjonctions successives, l'hôtel a été rasé et remplacé par un pastiche de style néo-classique édifié entre 1931 et 1933 par les architectes William Delano et Victor Laloux pour abriter l'ambassade des États-Unis. Cet hôtel, qui répond bien à l'hôtel de Talleyrand, rétablit la symétrie du côté nord de la place telle que Gabriel l'avait initialement envisagée.
Il est à noter que les hôtels de la place de la Concorde conservent les plus anciennes numérotations de Paris. Elles ont été mises en place en 1805, à la suite du décret du par lequel le préfet Frochot met en place des numéros de rue dans Paris intra-muros[33].
L'obélisque égyptien de Louxor, vieux de 3 300 ans (XIIIe siècle av. J.-C.), fut transporté en France en 1836, offert par l'Égypte en reconnaissance du rôle du Français Champollion qui a été le premier à traduire les hiéroglyphes. Le roi Louis-Philippe le fit placer au centre de la place lors de son aménagement par l'architecte Hittorff. Haut de 22,86 mètres[34], le monolithe, en granite rose de Syène, pèse 227 tonnes. Il est érigé sur un socle de 9 mètres et est coiffé d'un pyramidion doré de plus de trois mètres et demi. Les hiéroglyphes qui le recouvrent célèbrent la gloire du pharaonRamsès II.
Le sommet de cet obélisque est surmonté d'un pyramidion de plus de 3,50 m, ajouté en à l'initiative de l'historienne Christiane Desroches Noblecourt, aussi pointu qu'étincelant, fait de bronze et de feuilles d'or. Il est censé remplacer un précédent ornement sommital, emporté lors d'invasions en Égypte au VIe siècle.
Depuis juin 1999[35], l’obélisque sert de gnomon à un cadran solaire, occupant la moitié nord de la place. L'ombre du sommet du monolithe, portée entre des lignes convergentes, matérialisées au sol par des bandes et des incrustations de métal dans le revêtement de la place[36], indique l'heure solaire figurant en chiffres romains à l'extrémité des lignes. Les deux courbes des solstices et la ligne droite des équinoxes sont matérialisées par des clous de bronze scellés dans la chaussée.
En 1794, les deux groupes sculptés par Antoine Coysevox représentant la Renommée et Mercure montés sur le cheval ailé Pégase furent placés aux Tuileries et remplacés par les Chevaux de Marly de Guillaume Coustou qui décoraient l'abreuvoir du château de Marly. Ceux-ci furent ensuite placés à l'entrée de l'avenue des Champs-Élysées en 1795, à l'initiative du charpentier Huzard, qui redoutait le vandalisme qui les menaçait. Les quatre groupes ont été remplacés en 1984 par des moulages[37],[38].
À chacun des coins de la place octogonale se trouve une statue représentant une ville française :
Brest et Rouen par Jean-Pierre Cortot. Situées à l'angle nord-ouest (côté Hôtel de Crillon) de la place. Selon la tradition populaire, Louis XVI aurait été guillotiné à l'emplacement de la statue de la ville de Rouen. Certains monarchistes s'y rassemblent toujours chaque 21 janvier[réf. nécessaire].
Lille et Strasbourg par James Pradier. Situées à l'angle nord-est (côté rue de Rivoli) de la place. On dit que Pradier prit, pour modèle de Strasbourg, Juliette Drouet qui avait été sa maîtresse avant de devenir celle de Victor Hugo. Le modèle peut être Louise Colet ou Ludovica d'Arcet, son épouse[39]. La statue de Strasbourg fut longtemps voilée d'un crêpe noir et fleurie en rappel du deuil de l'Alsace-Lorraine, annexée par l'Empire allemand en 1871.
Les deux fontaines de la place de la Concorde sont situées de part et d'autre de l'obélisque. L’œuvre de l'architecte Jacques Ignace Hittorff qui ajoute ces deux fontaines monumentales – la fontaine des Mers placée au sud (côté Seine) et la fontaine des Fleuves au nord (côté rue Royale).
Citations
« La place de la Concorde n'est pas une place, c'est une idée. » (Curzio Malaparte).
À partir de 1794, les dépouilles des condamnés furent transférées au cimetière des Errancis. Depuis les travaux d'urbanisme au XIXe siècle, leurs ossements ont tous été retirés de ce cimetière et entreposés pêle-mêle dans les catacombes.
↑Baron Haussman (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann. T. 3, 1890-1893 (lire en ligne), p. 228
↑La plupart des historiens s’accordent à reconnaître aujourd’hui que la Terreur, et dans ce cas « la 1re Terreur », commence avec la journée insurrectionnelle du : Georges Lefebvre, Raymond Guyot et Philippe Sagnac, La révolution française, Paris, Éditions F. Alcan, coll. « Peuples et civilisations ; histoire générale » (no XIII), , 584 p., in-8 (OCLC559992268), p. 122.
↑Albert Soboul, La révolution française, vol. 1 : De la Bastille à la Gironde, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Collection Idées » (no 43), , 377 p., 2 vol., 17 cm (OCLC491377975), p. 303.
Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris
De la place Louis XV à la place de la Concorde, musée Carnavalet, 1982
Jean Ducros, « La Place de Louis XV », in Les Gabriel, Paris, Picard, 331 p., 1982, p. 254-277 & 304-311 (ISBN2-7084-0086-X)
Michel Faul, La place de la Concorde se souvient. Mémoires d'un haut lieu de l'histoire de France, préface de Michel Carmona, Soteca, Paris, 2020 (ISBN978-2-376630-37-1)
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2C-G Names Preferred IUPAC name 2-(2,5-Dimethoxy-3,4-dimethylphenyl)ethan-1-amine Identifiers CAS Number 207740-18-9 Y 3D model (JSmol) Interactive image ChEMBL ChEMBL127202 Y ChemSpider 21106224 Y PubChem CID 22238091 UNII DTG7FMO01J Y CompTox Dashboard (EPA) DTXSID70174848 InChI InChI=1S/C12H19NO2/c1-8-9(2)12(15-4)10(5-6-13)7-11(8)14-3/h7H,5-6,13H2,1-4H3 YKey: NFOHGLKGLZIHJQ-UHFFFAOYSA-N YInChI=1/C12H19NO2/c1-8-9(2)12(15-4)10(5-6-13)7-11(8)14-3/h7H,5-6,13...
Commune in Sud-Est, HaitiJacmel Jakmèl (Haitian Creole)CommuneView of Jacmel.Nickname(s): Culture Capital, City of ArtistsJacmelLocation in HaitiCoordinates: 18°14′7″N 72°32′12″W / 18.23528°N 72.53667°W / 18.23528; -72.53667CountryHaitiDepartmentSud-EstArrondissementJacmelDemonymJacmelien(ne)Founded by Spain1504French settlement1698Founded byNicolás de OvandoGovernment • MayorMarky KessaPopulation (2019)[1] • ...
American actor (1928–2011) Tom AldredgeBorn(1928-02-28)February 28, 1928Dayton, Ohio, U.S.DiedJuly 22, 2011(2011-07-22) (aged 83)Tampa, Florida, U.S.Resting placeDavids Cemetery, Kettering, OhioOccupationActorYears active1961–2011Spouse Theoni V. Aldredge (m. 1953; died 2011) Thomas Ernest Aldredge (February 28, 1928 – July 22, 2011) was an American television, film and stage actor. He won a Daytime Emmy Award for playing the...
Mexican television network This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: TeleHit – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2021) (Learn how ...
Pandemi koronavirus 2020 di SwissPeta kanton-kanton di Swiss menurut jumlah kasus terkonfirmasi (pada 17 April)[1] 1-99 kasus 100-499 kasus 500-999 kasus 1.000-2.499 kasus 2.500+ kasusPenyakitCOVID-19Galur virusSARS-CoV-2LokasiSwissKasus pertamaLugano, TicinoTanggal kemunculan25 Februari 2020(4 tahun, 1 bulan dan 3 minggu)AsalWuhan, Hubei, Tiongkok melalui Milan, ItaliaKasus terkonfirmasi26.929[2]Kasus ...
Medium to long range surface-to-air/anti-ballistic missile David's Sling missile system David's Sling weapons system Stunner missile launch during final milestone testTypeMedium to long range surface-to-air/anti-ballistic missilePlace of originIsraelUnited StatesService historyIn serviceIsrael Defense Forces (2017–present)Production historyDesignerRafael Advanced Defense Systems and Raytheon Missiles & DefenseDesigned2009–presentManufacturerRafael and RaytheonUnit ...
Discontinued line of computers Compaq PresarioDeveloperCompaq (1993–2002)Hewlett-Packard (2002–2013)TypeLaptopdesktopall-in-onemonitorRelease dateSeptember 1993; 30 years ago (1993-09)Lifespan1993–2013Discontinued2013; 11 years ago (2013)PredecessorHP OmniBook (business notebooks)SuccessorHP Pavilion Presario is a discontinued line of consumer desktop computers and notebooks originally produced by Compaq. Introduced in September 1993, the Presari...
أقاليم الجبل الأسودRegioni Crne Goreنوع التقسيممناطق إحصائيةالدولةالجبل الأسودالعدد3 مناطقالسكان146,784 (المنطقة الساحلية) - 279,419 (المنطقة المركزية)المناطق1,591 كم2 (المنطقة الساحلية) – 8,399 كم2 (المنطقة الشمالية)التقسيم الأقلالبلدية اعتبارا من عام 2011، تم تحديد مناطق الجبل الأسود، بموج...
This article is about the bridge over Rock Creek. For historical and current bridges over the Anacostia River, see Pennsylvania Avenue Bridge (1890) and John Philip Sousa Bridge. Bridge in Washington, D.C.Pennsylvania Avenue BridgeCoordinates38°54′17″N 77°03′22″W / 38.90472°N 77.05611°W / 38.90472; -77.05611CarriesPennsylvania AvenueCrossesRock CreekLocaleWashington, D.C.Other name(s)Meigs BridgeOwnerDistrict of Columbia Department of TransportationCharacte...
Australian racing driver and commentator (born 1946) For other people named Alan Jones, see Alan Jones (disambiguation). This biography of a living person needs additional citations for verification. Please help by adding reliable sources. Contentious material about living persons that is unsourced or poorly sourced must be removed immediately from the article and its talk page, especially if potentially libelous.Find sources: Alan Jones racing driver – news · news...
Part of a series onBiogeochemical cycles Water cycle Water cycle deep water cycle Carbon cycle Global atmospheric terrestrial oceanic Sequestration carbon sink deep carbon cycle soil carbon mycorrhizal fungi Boreal forests Nutrient cycle Hydrogen cycle Nitrogen cycle human impact nitrification nitrogen and lichens fixation assimilation Oxygen cycle Phosphorus cycle assimilation Sulfur cycle assimilation Rock cycle Calcium cycle Silica cycle Carbonate–silicate cycle Marine cycle Marine bioge...
Pour les autres articles nationaux ou selon les autres juridictions, voir Conseil d'État. Conseil d'État (Genève) Armoiries du canton de Genève. Titulaire actuelNathalie Fontanet(présidente)Thierry Apothéloz(vice-présidente)Antonio HodgersAnne HiltpoldCarole-Anne KastPierre MaudetDelphine Bachmann Création 1848 Titre Conseiller d'ÉtatConseillère d'État Mandant Suffrage universel Durée du mandat 5 ans, renouvelable Premier titulaire François Jean Moulinié (PRD) Résidence offici...
إطار مرجعي عطالي أو نظام مرجعي قصوري أو إطار إسناد قصوري هو عبارة عن نظام إحداثيات يعرّف بكونه ذو حركة عطالية (أي مختبر فيزيائي ساكن أو يتحرك حركة منتظمة وفي خط مستقيم بالنسبة لنا، ويسود فيه القصور الذاتي) .[1][2][3] وهذا ما يميزه عن الإطار المرجعي اللاعطالي (المخت�...
Park in Michigan, USA Charles Mears State ParkIUCN category III (natural monument or feature)[1]Pentwater Lake Channel, the park's southern boundaryLocation in MichiganShow map of MichiganMears State Park (the United States)Show map of the United StatesLocationPentwater, Michigan, United StatesCoordinates43°47′00″N 86°26′26″W / 43.78333°N 86.44056°W / 43.78333; -86.44056[2]Area50 acres (20 ha)Elevation610 feet (190 m) [2]De...
Disambiguazione – Se stai cercando altri significati, vedi Massenzio (disambigua). Marco Aurelio Valerio MassenzioImperatore romano (auto-proclamato)Ritratto di Massenzio Nome originaleMarcus Aurelius Valerius Maxentius Regno28 ottobre 306 –28 ottobre 312 Nascita278 Morte28 ottobre 312Roma PredecessoreFlavio Severo SuccessoreCostantino I ConsorteValeria Massimilla FigliValerio RomoloUn secondo figlio (nome sconosciuto)[1] PadreMassimiano MadreEutropia Marco Aurelio Valer...