Te Deum

Le Te Deum en glagolitique, Venise, 1527.

Le Te Deum est une hymne latine chrétienne. L'expression complète est Te Deum laudamus qui signifie « Nous te louons, ô Dieu ». Dans les manuscrits anciens, il s'intitule parfois Laus angelica (louange angélique), Hymnus in die dominica (hymne pour le dimanche)[1] ou Hymnus ambrosianus (hymne ambrosien), par allusion à l'un de ses auteurs présumés, Ambroise de Milan. Il date probablement de la fin du IVe siècle ou du début du Ve siècle[2].

Dans l'Église catholique, le Te Deum est chanté à l'office monastique romain des matines ou des laudes. En dehors de la liturgie des Heures, il est chanté à l'occasion de services solennels d'action de grâce : victoires, fêtes nationales, naissances princières, saluts, processions... Il figure avec différentes prières du matin dans la Communion anglicane ainsi que dans de nombreuses Églises réformées.

Le Te Deum a fait l'objet de multiples créations musicales.

Origines

Le Baptême de saint Augustin, par Benozzo Gozzoli (v. 1465), église Sant'Agostino de San Gimignano.

Légende

Dans les anciens livres liturgiques, ce chant est souvent appelé Hymnus ambrosianus[3] (hymne ambrosien), par référence à Ambroise de Milan[4] ; une légende de la fin du VIIIe siècle voudrait qu'il ait été spontanément composé et chanté par trois saints la nuit du baptême de saint Augustin[2].

Auteurs successifs

Des analyses des mélodies grégoriennes notées, toutes tardives, permettent de distinguer plusieurs étapes rédactionnelles. Les spécialistes considèrent que la dernière rédaction fut achevée par Nicétas de Rémésiana († vers 414)[5].

Grâce à l'analyse selon les cordes-mères, modes archaïques avant les huit modes grégoriens, l'ancienneté du Te Deum est établie. Sa mélodie remonte au VIIIe siècle ou plus tôt[5]. À la différence du texte, il n'est pas facile de discerner la mélodie la plus ancienne. En effet, comme les neumes n'ont été inventés qu'au IXe siècle, toutes les notations furent copiées plus tard.

Manuscrits anciens

Mentions

Les mentions les plus anciennes se trouvent dans la Règle de saint Benoît (vers 530)[2],[6],[7], dans la Règle de saint Césaire (début du VIe siècle)[2],[7] et dans une lettre de Cyprien de Toulon († 546) adressée à l'évêque de Genève (texte partiellement cité)[2].

Notation

En admettant que la pratique du Te Deum ait toujours été gardée au sein de monastères durant tout le Moyen Âge, la trace de sa notation reste pauvre, vraisemblablement en raison de son attribution à la tradition ambrosienne, qui n'était pas officielle dans le rite romain jusqu'au XIIIe siècle[8].

En raison de nombreuses variantes dans les manuscrits, on a pu définir cinq tons selon la classification établie par dom Jean Claire de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Parmi ces cinq tons, la mélodie ambrosienne possède une couleur musicale différente tandis que le ton romain se trouve dans les manuscrits les moins anciens[9] : tonus solemnis, tonus simplex, tonus monasticus, tonus ambrosianus et tonus more romano.

Histoire

Terme et fonction

En français, le mot hymne est du genre féminin lorsqu'il désigne une composition à sujet religieux[10], d'auteur inconnu, désignée par les premiers mots de sa première strophe (Te Deum laudamus (« Dieu, nous te louons »)[4].

Le Te Deum dans la liturgie

Des anges et des saints tenant des banderoles où figure le texte du Te Deum, fresque du XIIe siècle, église de Vä, Suède.

Dans la règle de saint Benoît, datable des années 530-560, Benoît de Nursie demande de chanter le Te Deum pour l'office solennel des vigiles du dimanche ; il doit être entonné par l'abbé et suivi par la lecture de l'Évangile[11]).

Dans la plupart des liturgies de rite romain, restaurées après le concile Vatican II, le Te Deum est chanté lors de l'office des matines, des dimanches et des jours de fêtes et des solennités, après la proclamation de l'Évangile[4]. Dans l'Église anglicane, il est chanté tous les jours de l'année, mais aussi comme hymne d'action de grâce lors de circonstances particulières, au choix de l'ordinaire du lieu.

Le Te Deum n'est pas chanté durant la Semaine sainte ni dans les offices des morts[12].

L'hymne Te Deum peut être exécutée de différentes manières. Dans la liturgie des Heures, celui-ci est psalmodié par deux chœurs qui alternent les versets, comme dans la psalmodie, sur une mélodie grégorienne. Dans les services d'actions de grâce civils ou extérieurs à la liturgie des heures, il peut être chanté en polyphonie savante à plusieurs voix, parfois accompagnée d'un orchestre et entrecoupé d'intermèdes instrumentaux. Les musiciens pour l'œuvre de Giovanni Paisiello, chantée en 1802 et 1804 à Notre-Dame de Paris, se composaient de deux orchestres, double chœur et quatuor de solistes, afin d'amplifier la gravité des célébrations, à savoir un concordat et un sacre[c 1]. Toutefois, les ecclésiastiques de haut rang avaient tendance à donner la priorité au chant grégorien. Ainsi, pour le sacre du roi Louis XV exécuté le à Reims, Michel-Richard de Lalande préparait son motet Te Deum. Au dernier moment, « vint un ordre de le chanter en plain chant. »[b 1].

Par ailleurs, on chante parfois dans les paroisses le Te Deum à l'occasion du 31 décembre, par imitation de la liturgie des Heures qui le prescrit logiquement à l'office de nuit de la fête du 1er janvier (octave de Noël, ou Circoncision du Seigneur, ou sollenité de Marie Mère de Dieu). On observe des coutumes particulières différentes en fonction des traditions locales ou des familles religieuses[13]).

Il est aussi exécuté en remerciement d'une faveur particulière comme un baptême, l'élection d'un pape (comme de fut le cas le lors de la messe d'entrée en fonction du pape Francois[14]), la consécration d'un évêque, la profession d'un religieux, la publication d'un traité de paix, un couronnement, une victoire militaire.

À la cour de France, il fallait que le Te Deum soit chanté lors de la célébration du sacre des rois[15],[b 1]. Déjà en 816, celui-ci fut exécuté lorsque Louis le Pieux fut sacré à Reims par le pape Étienne IV[16].

Symbole de la victoire ou de la paix

Tout comme son ancienneté, de nombreuses traditions se trouvent dans toute l'Europe depuis le Moyen Âge.

Ainsi, en 1212, après la bataille de Las Navas de Tolosa, l'archevêque de Tolède et les croisés entamèrent un Te Deum pour rendre grâce à Dieu de cette victoire[17]. De même, le roi de France Philippe le Bel n'oublia pas de faire chanter, après la victoire de Mons-en-Pévèle en 1304, le Te Deum et des antiennes et oraisons de la Sainte Vierge et de saint Denis[18].

Le Te Deum est également le symbole de la paix. En 1482, le roi de France Louis XI expédia un certain nombre de lettres, après avoir rétabli la paix avec la maison de Habsbourg, plus précisément le traité d'Arras. Il s'agissait de son dernier cadeau afin de rétablir un royaume florissant, avant son décès. L'exécution du Te Deum était symbolique.

En 1686, un Te Deum fut chanté après le siège de Buda, en Hongrie, où les Turcs furent vaincus par l'armée chrétienne[19].

Histoire de France

Chapelle royale du château de Versailles dans laquelle les motets Te Deum des sous-maîtres étaient exécutés. Marc-Antoine Charpentier n'ayant jamais été un musicien du roi, son Te Deum n'y fut jamais chanté, jusqu'à ce que l'œuvre se retrouve au XXe siècle.

Aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, la composition de Te Deum connut en Europe une grande vogue. Cette mode était due à la signification clairement politique que prit ce chant religieux. Il était systématiquement chanté lors de fêtes en l'honneur du souverain : la célébration d'une Te Deum était alors clairement identifiée avec la volonté d'honorer le souverain en place. Ainsi, sous le règne de Louis XIV, cette hymne était très fréquemment exécutée.

Naissance du dauphin Louis, futur Louis XIV

Avant tout, l'hymne fut chantée avec tous les ecclésiastiques de la cour dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye, aussitôt que la reine Anne d'Autriche eût donné naissance à ce prince le  :

« Dans la même chambre & dans le même moment le Dauphin fut ondoyé par M l'Evêque de Meaux Premier Aumosnier ; l'après-dînée on chanta le Te Deum dans la Chapelle.... on remarqua que la Reine étant accouchée à onze heures[20]; »

— Abbé Louis Archon, même document, p. 780

Règne de Louis XIV

L'évolution de l'exécution en 1677 de cette hymne est due à un musicien italien. Il s'agissait d'un motet, c'est-à-dire le Te Deum en ensemble instrumental. À peine terminée la célébration de baptême de son fils aîné Louis, dont le parrain était le roi, à la chapelle du château de Fontainebleau, Jean-Baptiste Lully, surintendant de la Musique de la Chambre, fit chanter, sans aucune annonce, cette œuvre. Son effet était immense. « Croiroit-on que cette considération particulière dont le Monarque honorait les talens du plus grand Musicien qu'il y eût alors, » écrivit l'abbé Oroux en 1777, « a servi de prétexte dans la suite aux successeurs de Lully, Michel-Richard de Lalande, Henry Desmarest, Élisabeth Jacquet de La Guerre, Louis-Nicolas Clérambault, Nicolas Bernier, André Campra, Charles Levens pour soutenir que dans toutes les cérémonies extraordinaires, telles que les sacres & les mariages des Rois, les actions de grâces pour la naissance des Enfans de France, pour la paix, c'est aux Surintendant de la Musique de la Chambre & non aux Sous-maîtres de la Musique de la Chapelle de diriger l'exécution du Te Deum[21]. » Alors, deux ans plus tard, lors des noces de Marie-Louise d'Orléans, nièce du roi, « Son Éminence étant ensuite retournée à son fauteuil proche d'Autel, entonna le Te Deum qui fut continué par la Musique de la Chapelle & de la Chambre[22]. »

À la suite de la guérison du Roi Soleil en 1686, celles de grands compositeurs parmi lesquels Lully furent solennellement chantées à Paris[a 1]. Ensuite, les années 1690 - 1693 s'illustraient des victoires de l'armée française après une longue période difficile. Des 6 Te Deum composés par Marc-Antoine Charpentier, 4 nous sont parvenus, deux furent composés durant ces années. Le célèbre Te Deum (H.146) aurait été exécuté à la suite de la victoire de Steinkerque (1692) tandis que le Te Deum à quatre voix (H.147) pourrait être attribué à la reddition de Charleroi (1693)[a 2]. Louis XIV avait rencontré de grosses difficultés. L'exécution du motet Te Deum à Messine lors des événements militaires avait provoqué un conflit considérable avec les Espagnols, le roi dut alors retirer les troupes françaises de la Sicile en 1678[23].

Au XVIIIe siècle

Après leur victoire lors de la bataille de Turin en 1706 sur les troupes de Louis XIV, le duc Victor-Amédée II de Savoie et le prince Eugène, à leur entrée en tant que libérateurs dans Turin, firent célébrer, suivant l'usage, un Te Deum pour commémorer cette victoire[24],[25]. Enfin, le traité d'Utrecht fut conclu en 1713 ; sitôt la paix revenue, Georg Friedrich Haendel composa son œuvre Utrecht Te Deum et jubilate (HWV 278/279).

Après avoir été sacré avec un Te Deum en grégorien en 1722, le jeune roi Louis XV entendit celui de Nicolas Bernier, lorsqu'il épousa Marie Leszczynska en 1725[b 1].

Ce siècle connut un changement historique, car dorénavant le Te Deum était pareillement exécuté sans sa fonction, à savoir pour les concerts. Il s'agissait du Concert Spirituel à Paris[b 2]. Entre 1725 et 1770, le motet Te Deum de Michel-Richard de Lalande (S 32) y était l'une des œuvres les plus appréciées dans les programmes et il y compta au moins 30 représentations. Après cette popularité absolue, les Te Deum de François-Joseph Gossec (1779) et de François-André Danican Philidor (1786) aussi y eurent le vent en poupe[c 2].

Donc, ces deux derniers Te Deum furent composés pour le concert, et non la liturgie, quoiqu'il s'agît de musique sacrée. Au contraire, la première version du motet de Lalande avait été composée en 1684 pour la chapelle royale de Versailles. Devenu sous-maître l'année précédente, il devait le composer sitôt, tout comme ses prédécesseurs, pour les offices en présence du roi. Depuis , en tant qu'également surintendant de la Musique de janvier à juin, il pouvait exécuter son propre Te Deum.

Certains historiens pensaient qu'à la suite de la Révolution de 1789, une difficulté apparut lorsque les nouveaux citoyens demandèrent la célébration d'un Te Deum, censé célébrer un heureux événement royal, le retour du roi à Paris. Les citoyens contestèrent le monopole royal de cet usage et l'accord fut donné par les députés[26]. En fait, le , un nouveau Te Deum en latin de Gossec composé pour l'État avait été exécuté en plein air, car cette cérémonie nationale restait chrétienne[c 3]. C'était dès 1793 que la célébration manquait de Te Deum ainsi que de chant latin[c 4]. De plus, le Te Deum était déjà devenu l'un des principaux répertoires du concert, par le Concert Spirituel.

La Réforme calviniste supprima, quant à elle, le Te Deum au XVIe siècle alors que l'Église anglicane le maintint, mais pour un temps en langue vulgaire. Il fut réintroduit dans les Églises de Suisse romande à la suite des modifications de la liturgie initiées par Jean-Frédéric Ostervald au début du XVIIIe siècle. Il s'imposa ensuite sous la forme du cantique Grand Dieu, nous te bénissons, inspiré de la version allemande qu’en donne Ignaz Fränzl en 1768 (Großer Gott, wir loben dich).

Napoléon Ier

À Paris, le Te Deum de Giovanni Paisiello était finalement un témoin de deux événements importants au début du XIXe siècle. Le dimanche de Pâques , ce Te Deum fut exécuté au cours d'une messe à Notre-Dame de Paris, à la suite d'un concordat adopté dix jours auparavant[c 5]. Au même endroit, celui-ci fut à nouveau chanté, avant que le pape Pie VII ne se rende à l'autel afin de célébrer une messe, lors du sacre de Napoléon Ier le dimanche [c 1].

Entre ces deux cérémonies, il alla à la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle. Le , après un Te Deum, les reliques de Charlemagne lui furent présentées[27].

Le dimanche , lors du couronnement de Napoléon Ier comme roi d'Italie dans la cathédrale de Milan, un Te Deum composé par Francesco Pollini est joué[28].

Second Empire

Les [29] et [30], un Te Deum fut célébré dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris sans que cela ait un caractère de légitimité religieuse du pouvoir impérial[31]. Pour la cérémonie d’inauguration de l’Exposition universelle de 1855, un Te Deum créé par Hector Berlioz fut joué[32].

Libération de Paris

Le , au lendemain de la libération de Paris, un Te Deum devait être chanté en présence du général Charles de Gaulle à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Toutefois, sans archevêque, sans orgues, et à cause de tirs à l'extérieur, il fut remplacé par un Magnificat, plus connu et plus bref. Le Te Deum fut donc finalement chanté le lendemain de la capitulation de l'Allemagne : le [33].

Lors des fêtes nationales

En Europe

Un Te Deum en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles (1815).

En Belgique, un Te Deum est chanté deux à trois fois par an, lors de la fête nationale (le ), généralement lors des cérémonies patriotiques du 11 novembre (armistice mettant fin à la première guerre mondiale) ainsi que lors de la fête du Roi (le )[34]. Cette hymne est chantée dans de nombreuses communes pendant que la famille royale assiste au Te Deum en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles[35]. On y prie pour le souverain, et la cérémonie se termine par l'hymne national, La Brabançonne.

Au Luxembourg, lors de la fête nationale (le 23 juin), un Te Deum est chanté dans la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg en présence de la famille grand-ducale, du gouvernement, des représentants de la Chambre des députés, du Conseil d'État, du collège échevinal de la ville de Luxembourg, de la magistrature, du corps diplomatique et des institutions européennes présentes au Luxembourg. Il est suivi d'un tir de 21 coups de canon depuis le Fetschenhaff.

Amérique latine

Dans plusieurs pays d'Amérique latine, tels que l'Argentine, la Colombie, le Guatemala, Panama, le Paraguay ou le Pérou, on chante un Te Deum lors de la fête nationale. En Équateur, et plus particulièrement dans la ville de Cuenca, on le chante deux fois par an, lors des fêtes de la fondation et de l'indépendance, en présence du maire, et des principales autorités civiles, religieuses et militaires de la ville.

Au Chili, les fêtes patriotiques du 18 septembre ont un caractère œcuménique, avec le « Te Deum œcuménique des Fêtes patriotiques » chanté dans la cathédrale de la capitale, Santiago du Chili, à 11 heures, en présence du président de la République, de l'archevêque et des principaux représentants des églises chrétiennes - catholiques ou non - du pays.

Texte

Texte latin original Texte français (version littérale) Texte français (traduction officielle)[36]

Te Deum laudamus,
te Dominum confitemur.
Te aeternum Patrem,
omnis terra veneratur.

Tibi omnes angeli,
tibi caeli et universae potestates,
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant :

« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »

Te gloriosus Apostolorum chorus,
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.

Te per orbem terrarum
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium ;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.

Tu rex gloriae, Christe.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.

Tu, devicto mortis aculeo,
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.

Iudex crederis esse venturus.
Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni,
Quos pretioso sanguine redemisti
Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari[37].

Salvum fac populum tuum, Domine,
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos
et extolle illos usque in aeternum.

Per singulos dies benedicimus te ;
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.

Dignare, Domine, die isto
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.

Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi :
non confundar in aeternum.

Dieu, nous Te louons,
Seigneur, nous T’acclamons,
Père éternel,
toute la terre Te vénère.

C’est pour Toi que tous les anges,
pour Toi, que toutes les puissances du ciel,
pour Toi, que les chérubins et les séraphins,
chantent d’une voix ininterrompue :

« Saint, Saint, Saint
Le Seigneur, Dieu Sabaoth [des Armées].
Les cieux et la terre sont remplis
de la grandeur de Ta gloire. »

C’est Toi que le chœur glorieux des Apôtres,
Toi que le nombre illustre des Prophètes,
Toi que l’armée radieuse des martyrs louent.

Toi que par toute la terre,
la sainte Église acclame :
Père à la majesté infinie ;
Ton unique, vrai et adorable Fils ;
et aussi le Saint Esprit Paraclet [Avocat, Intercesseur, Défenseur]

Toi, Christ, roi de gloire.
Toi, Fils éternel du Père.
Toi, qui a assumé la nature humaine pour la délivrer,
Tu n’as pas redouté la matrice de la Vierge.

Toi qui, en vainquant l’aiguillon de la mort,
as ouvert aux croyants le Royaume des cieux.
Toi qui est assis à la droite de Dieu,
dans la gloire du Père.

Toi dont on croit que Tu es le juge à venir,
nous T’en prions donc : « Viens au secours de tes serviteurs,
que Tu as rachetés par un précieux sang.
Fais qu’ils soient comptés parmi Tes saints, dans la Gloire éternelle.»

Sauve Ton peuple, Seigneur,
et bénis Ton héritage.
Conduis les,
et exalte les jusque dans l’éternité.

Chaque jour, nous Te bénissons ;
et nous louons Ton nom à jamais,
et dans les siècles des siècles.

Daigne, Seigneur, en ce jour,
nous garder sans péché.
Aie pitié de nous, Seigneur,
aie pitié de nous.

Que Ta miséricorde, Seigneur, vienne sur nous,
selon l’espérance que nous avons mise en Toi.
En Toi, Seigneur, j’ai espéré :
que je ne subisse pas à jamais la confusion.

À Toi, Dieu, notre louange !
Nous t'acclamons : tu es Seigneur !
À Toi, Père éternel,
L'hymne de l'univers.

Devant Toi se prosternent les archanges,
Les anges et les esprits des cieux ;
Ils Te rendent grâce ;
Ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l'univers ;
Le ciel et la terre sont remplis
De Ta gloire,

C'est Toi que les Apôtres glorifient,
Toi que proclament les prophètes,
Toi dont témoignent les martyrs ;

C'est Toi que par le monde entier
L’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous T'adorons : Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant,
Le Seigneur de la gloire,
Tu n'as pas craint de prendre chair
Dans le corps d'une vierge pour libérer l'humanité captive.

Par ta victoire sur la mort,
Tu as ouvert à tout croyant les portes du Royaume ;
Tu règnes à la droite du Père.

Tu viendras pour le jugement.
Montre-Toi le défenseur et l'ami
des hommes sauvés par Ton sang ;
Prends-les avec tous les saints
Dans Ta joie et dans Ta lumière.

Sauve ton peuple, Seigneur,
Et bénis Ton héritage.
Dirige les tiens
Et conduis-les jusque dans l'éternité.

Chaque jour nous te bénissons
Et nous louons Ton nom à jamais
Et dans les siècles des siècles.

Daigne, Seigneur, en ce jour,
Nous garder de tout péché.
Aie pitié de nous, Seigneur,
Aie pitié de nous.

Que ta miséricorde soit sur nous, Seigneur,
Car nous avons mis en Toi notre espérance.
En Toi, Seigneur, j'ai mis mon espérance :
Que je ne sois jamais confondu.

Œuvres musicales

De nombreux compositeurs, tels que Lully, Purcell, Campra, Graun, Mozart, Berlioz, Liszt, Dvořák, Bruckner, Bortniansky (en slavon) ont mis cette prière en musique. C'est le Te Deum H.146 de Marc-Antoine Charpentier qui reste cependant la version la plus connue. Le prélude a servi de générique à certaines émissions de l'Union européenne de radio-télévision, indicatif de l'Eurovision[a 3] [écouter en ligne].

Moyen Âge

Musique de la Renaissance

Musique baroque

Musique classique

Musique romantique

Musique moderne

  • Max Reger (1873–1916) : « Fantaisie sur Te Deum laudamus », 3e partie des Drei Orgelstücke opus 7 (1892) ; « Te Deum » tiré des Zwölf kleine Stücke für die Orgel opus 59 (1901) ;
  • Wilhelm Furtwängler (1886–1954) : Te Deum pour solistes, chœur et orchestre (1910) ;
  • Charles-Marie Widor (1844-1937) : Te Deum 4e mouvement de la symphonie antique pour solistes, chœur, orgue et orchestre (1911);
  • Isabel Güell i López (1872-1956) : Te Deum (1918)[60];
  • Walter Braunfels (1882–1954) : Te Deum op. 32 pour soprano, ténor, chœur, grand orchestre et orgue (1920/1921) ;
  • Ralph Vaughan Williams (1872–1958): Te Deum in sol majeur pour chœur, orgue et orchestre (1928) ; Festival Te Deum pour chœur, orgue et orchestre (1937) ;
  • Benjamin Britten (1913–1976) : Te Deum in ut majeur (1934) ; Festival Te Deum opus 32 pour chœur et orgue (1944) ;
  • Hermann Schroeder (1904–1984) : Te Deum op. 16 (1934) ;
  • Zoltán Kodály (1882–1967) : Budavári Te Deum (1936) ;
  • Heinz Schubert (1908-1945) Hymnisches Konzert pour soprano, ténor, chœur, orgue et orchestre (1939) ;
  • Joseph Haas (1879–1960) : Te Deum opus 100 für Soli, gem. Chor und Orchester (1945) ;
  • William Walton (1902–1983) : Coronation Te Deum für Chor, Orchester und Orgel (1952–53) ;
  • Ernst Pepping (1901–1981) : Te Deum (1956) ;
  • Jeanne Demessieux (1921-1968): Te Deum, op. 11 pour orgue (1959) ;
  • Walter Kraft (1905–1977) : Te Deum (?) ;
  • Günter Gerlach (1928–2003) : Te Deum, cycle pour orgue (1961) ;
  • Percy Young (1912–2004) : Festival Te Deum (1961) ;
  • Heinrich Sutermeister (1910–1995) : Te Deum (1975) ;
  • Krzysztof Penderecki (1933- ) : Te Deum pour solistes, chœur et orchestre (1980) ;
  • Hans Posegga (1917–2002) : Oratorio Te Deum Benediktoburanum (1981) ;
  • Petr Eben (1929–2007) : Prager Te Deum (1989) ;
  • Pēteris Vasks (1946- ) : Te Deum (1991) pour orgue ;
  • Arvo Pärt (1935- ) : Te Deum pour trois chœurs, piano, cordes et bande magnétique (1992) ;
  • Xavier Benguerel i Godó (1931-2017) : Te Deum pour solistes, chœur et orchestre (1993) ;
  • Jan Sandström (1954- ) : Te Deum pour chœur et orchestre (1996) ;
  • Ruth Zechlin (1926–2007) : Te Deum (2001) ;
  • Heinrich Poos (1928- ) ;
  • Steve Dobrogosz (1956- ) ;
  • Siegfried Matthus (1934- ) : Te Deum pour solistes, chœur et orchestre (2005, composé à l'occasion de la fin des travaux de rénovation de la Frauenkirche de Dresde) ;
  • Winfried Nowak (1965- ) : Te Deum pour soprano et chœur à trois voix a cappella (2006) ;
  • Jeanne Barbey (1977-) : Te Deum (2006, composé en faveur de l'abbaye Sainte-Marie de Lagrasse).
  • Wojciech Kilar (1932-2013) : Te Deum pour solistes, chœur et orchestre (2008).
  • Christophe Looten : Te Deum pour grand choeur et orchestre (2024)

Articles connexes

Références

  1. a b et c p. 160 ; d'après des articles du Mercure galant : « « J'aurais à remplir un volume de tous les Te Deum qui ont été chantés en actions de grâces pour le rétablissement de la santé du roi. Ainsi je ne vous parlerai seulement de quelques-uns. » ; « Nous de même : signalons les compositions de Ludet, officier ordinaire de la Musique du roi, chez les Augustins déchaussés, de Lorenzani à l'église des Jacobins réformés de la rue Saint-Honoré, de Moreau, de Nivers, de Desmarest à l'église des Pères de l'Oratoire, de Chaperon à la Sainte-Chapelle, de Oudot à l'église Saint-Hippolyte.......... » Le 8 janvier [1687], on se presse à l'église des Feuillants de la rue Saint-Honoré pour entendre le Te Deum de Lully, entonné par cent cinquante exécutants. Cette pièce avait été composée dix ans auparavant pour le baptême du fils aîné du surintendant, Louis, dont l'illustre parrain n'était autre que le roi. », Fayard, Paris 2004
  2. p. 218
  3. p. 21
  4. p. 535 - 542
  1. a b c et d p. 64
  2. p. 80
  3. p. 145
  1. a et b p. 497
  2. a b et c p. 443
  3. a et b p. 486 - 487
  4. p. 483
  5. a et b p. 491
  6. p. 166
  7. p. 358
  8. p. 315 : « et le Te Deum exécuté à Fontainebleau, le 8 septembre 1677 lors du baptême du fils de Lully. »
  • Jean-Paul Montagnier, « Le Te Deum en France à l’époque baroque : un emblème royal », Revue de musicologie 84 (1998), p. 199-233.
  • Jean-Paul Montagnier, « Le Te Deum de Jacques Morel et le Concert spirituel d’Alexandre de Villeneuve comme exemples de divertissements sacré », Revue de musicologie 88 (2002), p. 265-296.

Notes et références

  1. https://archive.org/stream/antiphonarybang00ambrgoog#page/n54/mode/2up Années 690
  2. a b c d et e Université de Paris IV: Paris-Sorbonne, Le cantus firmus hymnologique, pédagogique et lexicologique, , 205 p. (ISBN 978-2-84050-331-6, lire en ligne), p. 24.
  3. Par exemple, Psautier latin-français du bréviaire monastique, p. 105 (le dimanche à matines) Société de Saint-Jean-l'Évangéliste et Desclée et Cie., Paris-Tournai-Rome, 1938.
  4. a b et c « Te Deum / Liturgie & Sacrements », sur Liturgie & Sacrements (consulté le ).
  5. a et b Daniel Saulnier, Le Chant grégorien, p. 104-107 avec notation, abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2003.
  6. http://www.st-wandrille.com/index.php/la-vie-monastique/la-regle-de-saint-benoit chapitre 11
  7. a et b Anne Penesco, Itinéraires de la musique française : théorie, pédagogie et création, , 234 p. (ISBN 978-2-7297-0538-1, lire en ligne), p. 22.
  8. Daniel Saulnier, Le chant grégorien, p. 108, abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2003
  9. Anne Penesco, Itinéraires de la musique française : théorie, pédagogie et création, , 234 p. (ISBN 978-2-7297-0538-1, lire en ligne), p. 26.
  10. http://www.univ-nancy2.fr/MOYENAGE/UREEF/MUSICOLOGIE/AdMMAe/Huglo_SdM_Hymne.pdf
  11. Paul Delatte, Commentaire sur la règle de saint Benoît, p. 178, 2e édition, Librairie Plon, Paris 1913
  12. Richard H. Hoppin, La musique au Moyen Âge, , 638 p. (ISBN 978-2-87009-352-8, lire en ligne), p. 124.
  13. Les fidèles de l'Opus Dei le chantent ou le récitent le dernier jour de l'année avant une messe célébrée à minuit ou durant l'Exposition du Saint Sacrement ;cf. De spiritu et de piis servandis consuetudinibus - Del Espíritu y de las Costumbres, Roma, 1990 9e édition- no 100
  14. article du Figaro "Des milliers de fidèles à la messe d'installation du Pape"
  15. Par exemple, le 22 octobre 1722, celui de Louis XV : https://books.google.fr/books?id=cSeyAAAAMAAJ&pg=PA611
  16. Université de Paris IV: Paris-Sorbonne, Le cantus firmus hymnologique, pédagogique et lexicologique, , 205 p. (ISBN 978-2-84050-331-6, lire en ligne), p. 26.
  17. (es) La batalla de las Navas de Tolosa: España junta, sola y vencedora
  18. Louis Archon, Histoire De La Chapelle Des Rois De France, t. II, Paris, , 793 p. (lire en ligne), p. 237
  19. Victor Tissot, Voyage au pays des Tziganes (La Hongrie inconnue), Paris, 1880, p. 476.
  20. Louis Archon, Histoire De La Chapelle Des Rois De France, , 793 p. (lire en ligne), p. 780.
  21. Oroux (abbé.), Histoire ecclésiastique de la cour de France, où l'on trouve tout ce qui concerne l'histoire de la Chapelle, & des principaux officiers ecclésiastiques de nos rois, , 708 p. (lire en ligne), p. 520.
  22. Même document, p. 514
  23. (it)http://www.treccani.it/enciclopedia/paolo-lorenzani_%28Dizionario-Biografico%29 ; voir aussi Paolo Lorenzani
  24. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : ouvrage entièrement neuf, , 576 p. (lire en ligne), p. 389.
  25. (it)http://www.museopietromicca.it/nuovositofrancese/html/assedio_fr.html chapitre Les phases finales
  26. Compte-rendu à l'Assemblée nationale par M. le Comte de Vioménil, page 23.
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