Le baron Henri James Nathaniel Charles de Rothschild, né le à Paris[1] et mort le , est un entrepreneur, philanthrope, collectionneur d'art[2], et auteur dramatique. Pour ses activités littéraires, il est connu sous les pseudonymes : André Pascal, Charles des Fontaines, Henri Desfontaines[3], P.-L. Naveau et André Pascales[4].
Biographie
Issu de la branche anglaise de la famille Rothschild mais établi en France, fils de James Nathan « Édouard » de Rothschild (1844–1881) et Thérèse von Rothschild (1847–1931), Henri de Rothschild fit des études de médecine et finança généreusement plusieurs hôpitaux, dont celui de Berck avec sa chapelle décorée par le peintre Albert Besnard et la sculptrice Charlotte Besnard. Il finança aussi les recherches de Pierre et
Marie Curie. Entrepreneur inlassable, toujours plein de nouveaux projets, il fonda des industries diverses, depuis les voituresUnic, qui finirent par être absorbées par IVECO, jusqu'à une savonnerie.
Passionné de théâtre, il dirigea le théâtre Antoine et fit construire le théâtre Pigalle en hommage à sa maitresse Marthe Régnier[5] ce qui fit scandale à l'époque. Il fut auteur dramatique sous les pseudonymes de Charles Des Fontaines et André Pascal.
Il épousa, en 1895, Mathilde Sophie Henriette von Weissweiller (1872-1926). Ils eurent trois enfants :
Alors qu'il se faisait appeler le plus souvent « Docteur Pascal » lors de ses courses automobiles[6], il remporta la troisième course de côte de Chanteloup en 1900 au nord-ouest de Paris sur Daimler 24 hp., engageant à l'occasion ses propres pilotes, comme lors de la Semaine automobile niçoise[7] l'ancien chauffeur impérial Wilhem Bauer à Nice - La Turbie (décès en 1900), ou encore Wilhelm Werner celui alors à venir de l'empereur Guillaume II, en 1899 puis 1901, sur des voitures Daimler ou Benz (le Domaine de Rothschild accueillant son propre évènement à trois reprises de 1928 à 1930, remporté par René Dreyfus et Louis Decaroli)[8]. En , il gagna le concours tourisme d'Aix-les-Bains sur Mercedes 60 hp[9].
Le 21 juin 1914, à 2 h du matin, après avoir assisté au gala de l'Opéra avec le docteur Zadoc-Kahn, Henri de Rothschild a été victime d'un attentat boulevard des Capucines, au niveau de la rue Édouard-VII. Le crémier Pierre Prudon, ruiné par l'Œuvre philanthropique du bon lait, tira plusieurs coups de revolver dont une atteint la hanche, mais le baron en réchappa[11].
Pendant la guerre de 1914-1918, il fabriqua de grandes quantités d'ambrine, pommade cireuse de résine d'ambre et de paraffine, créée pour soigner ses propres rhumatismes par le médecin de marine Edmond Barthe de Sandfort, né en 1853 à Toulon, qui débarrassa de leurs douleurs tous les soldats brulés.
Il possédait également une maison de campagne en forêt de Rambouillet, l'abbaye des Vaux-de-Cernay, ainsi que le Domaine de Baudouvin[12] à partir de 1926. Grâce à M. Bonnefoy, un jardinier attaché à la propriété, horticulteur et gérant du domaine, Baudouvin est alors couvert de potagers, de vergers et de vignobles. Ce domaine, aujourd'hui propriété de la commune de La Valette-du-Var, est labellisé Jardin remarquable.
Son rendez-vous de chasse à Fréteval, « Le Chalet du loir », est actuellement en très mauvais état.
Potage bisque, sous le pseudonyme de Charles Des Fontaines, comédie en 1 acte en prose, Bruxelles, Théâtre royal du Parc, . Publié dans une édition de luxe avec des illustrations de Carlos Schwabe (Paris, impr. de G. Kadar, 1906, lire en ligne sur Gallica)
La Sauvegarde, sous le pseudonyme de Charles Des Fontaines, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre des Capucines,
L'Escarpolette, comédie en 2 tableaux, Monte-Carlo, Théâtre du Palais des Beaux-arts,
La Pierre de touche, pièce en 3 actes, Monte-Carlo, Théâtre de la Salle Garnier, 1907
Espada, ballet en un acte, musique de Massenet (1907), sous le pseudonyme de René Maugars
Pour être heureux, sous le pseudonyme d'André Pascal et avec Paul Arosa, comédie en 2 actes, Bruxelles, Comédie Royale,
L'Appendicite, notes de vulgarisation populaire, 1897
La Consultation des nourrissons à la polyclinique H. de Rothschild. Quelques observations sur l'alimentation des nouveau-nés, et de l'emploi raisonné du lait stérilisé, 1897
Notes sur l'hygiène et la protection de l'enfance, d'après des études faites à Berlin, Saint-Pétersbourg, Moscou, Vienne et Budapest, 1897
Les Troubles gastro-intestinaux chez les enfants du premier âge. Etiologie, pathogénie, symptomatologie et traitement, alimentation des nourrissons dyspeptiques, 1898
Hygiène de l'allaitement, allaitement au sein, allaitement mixte, allaitement artificiel, sevrage, 1899
La Mortalité par gastro-entérite chez les enfants âgés de 0 à 1 an, à Paris et plus particulièrement à la polyclinique H. de Rothschild en 1898 et 1899, 1900
Le Lait. I. Les théories pasteuriennes appliquées à l'industrie laitière ; II. Pasteurisation et stérilisation ; III. Principales méthodes d'analyse ; IV. Fraudes et falsifications, 1903
Notice sur la polyclinique Henri de Rothschild, 1903
Traitement de la gastro-entérite par le lait écrémé acidifié, 1903
L'Industrie laitière au Danemark : production et commerce du lait, alimentation des vaches, sociétés de contrôle, écoles de laiterie, législation relative à la margarine, fabrication et exportation du beurre, Rapport adressé à M. le ministre de l'Agriculture, 1904
Traité d'hygiène et de pathologie du nourrisson et des enfants du premier âge, 1904-1905
Dyspepsies et infections gastro-intestinales des nourrissons, 1906
Valeur thérapeutique de la liqueur de Van Swieten chez les nourrissons atteints de troubles digestifs chroniques avec atrophie, 1906
Études sur la physio-pathologie du corps thyroïde et de l'hypophyse, avec le Dr Léopold Lévi, 1908
Soins à donner aux femmes en couches et aux nouveau-nés, 1909
Cent ans de bibliophilie (1839-1939) : la bibliothèque James de Rothschild, 1939
Collection d'objets d'art
Henri de Rothschild fut un fervent bibliophile. Il posséda également des tableaux et des gravures, dont une des trois versions de La Blanchisseuse de Chardin, qui fut perdue durant la Seconde Guerre mondiale. Une grande partie de sa collection de livres a été léguée en 1949 à la Bibliothèque nationale de France[14].
Son épouse, Mathilde Sophie Henriette de Weisweiler (1874-1926), accumula cent quatre-vingt objets représentent un ensemble de memento mori, de divers formats, principalement d'origine occidentale. Henri de Rothschild rendit à peine compte de cette collection dans son ouvrage consacré à son épouse, Une dame d'autrefois. La baronne Mathilde Henri de Rothschild (1872-1926) (Lausanne, 1946), que son épouse légua au musée des Arts décoratifs ; en 2018, la fondation Bemberg à Toulouse a exposé cette collection, qui prend sa source dans la vente en 1919 de la collection de Maurice Le Barbier de Tinan (1842-1918), père de Jean de Tinan[15].
Notes et références
↑Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 8/1048/1872 (consulté le 3 novembre 2012)
↑Mandana Mortazavi, Barthélémy Jobert, Essais et mélanges: Histoires d'art : mélanges en l'honneur de Bruno Foucart, Paris, Norma éditions, 2008, p. 572