Fille d'Auguste de Chambure, propriétaire bourguignon de L'Argus de la presse, elle épouse en 1923 Marc de Becker Remy, fils d'un aristocrate belge, Auguste de Becker Remy, dont elle divorce en 1934. Elle se remarie alors en 1935 avec le baron Philippe de Rothschild, dont elle a déjà une fille, Philippine, née en 1933[1]. Un fils, Charles-Henri, naît après leur union, en 1938, mais, gravement handicapé, l'enfant décède peu après sa naissance[2]. La perte de cet enfant met un terme à une union passionnée et tumultueuse[1] : le couple divorce en 1939[2] et Élisabeth reprend son nom de jeune fille[3].
Ne pensant pas qu'elle puisse être inquiétée, étant née catholique et issue d'une vieille famille française, Élisabeth reste en France. Cependant, en 1941, la Gestapo l'arrête à Chalon-sur-Saône, l'accusant d'avoir tenté de franchir la ligne de démarcation avec un faux passeport[3]. Relâchée, elle gagne alors Paris[3] où — selon les mémoires de Philippe — sous l'influence de familiers ralliés à Vichy, elle fréquente des individus pro-nazis qui savent lui procurer ce qu'elle désire[1].
Elle est arrêtée par la Gestapo, selon les versions, en mai[1] ou en juin 1944[6], et déportée le 15 août 1944 dans le dernier convoi de la région parisienne (« convoi des 57000 ») vers le camp de concentration de Ravensbrück[1] où elle meurt le [7],[8]. Les raisons de son arrestation ne sont pas claires et, d'après le témoignage de sa codétenue Odette Fabius, elle ne s'en expliquait pas elle-même le motif, espérant vainement une intervention de Fernand de Brinon, ambassadeur de Vichy en zone occupée[1]. Il est possible que la Gestapo cherchait à connaître les activités de son ex-mari mais on rapporte également l'épisode selon lequel, à quelques semaines de la libération de Paris, elle aurait refusé de s'asseoir à côté de Suzanne Abetz, épouse française de l'ambassadeur du IIIe Reich Otto Abetz[1] — couple devenu l'épicentre de la vie mondaine parisienne sous l'occupation[9] — lors d'un défilé de la maison Schiaparelli place Vendôme à Paris[6].
↑ Dans son autobiographie, Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975, page 174 (ISBN2226001530), l'acteur Jean Marais rappelle qu'un dîner avait été organisé par Élisabeth de Rothschild en présence de Jean Cocteau pour le choix des acteurs de son film La belle et la bête, avant son arrestation par la Gestapo. «Cette femme, charmante, eut la mort atroce de la chambre à gaz » .