« La partie de l'ancien duché de Luxembourg, comprise dans les limites spécifiées par l'article suivant, est également cédée au prince souverain des Provinces-Unies, aujourd'hui roi des Pays-Bas, pour être possédée à perpétuité par lui et ses successeurs en toute propriété et souveraineté. Le souverain des Pays-Bas ajoutera à ses titres celui de grand-duc de Luxembourg, et la faculté est réservée à sa majesté de faire, relativement à la succession dans le grand-duché, tel arrangement de famille entre les princes, ses fils, qu'elle jugera conforme aux intérêts de sa monarchie et à ses intentions paternelles.
Le grand-duché de Luxembourg servant de compensation pour les principautés de Nassau-Dillenbourg, Siegen, Hadamar et Dietz, formera un des États de la Confédération germanique, et le prince roi des Pays-Bas entrera dans le système de cette confédération comme grand-duc de Luxembourg, avec toutes les prérogatives et privilèges dont jouiront les autres princes allemands.
La ville de Luxembourg sera considérée sous le rapport militaire comme forteresse de la confédération. Le grand-duc aura toutefois le droit de nommer le gouverneur et commandant militaire de cette forteresse, sauf l'approbation du pouvoir exécutif de la confédération, et sous telles autres conditions qu'il sera jugé nécessaire d'établir en conformité de la constitution future de ladite confédération. »
Le Luxembourg, élevé au rang de grand-duché, était indépendant (et faisait en superficie le double du grand-duché actuel) mais son souverain était le roi des Pays-Bas. Ce royaume avait donc les limites du Benelux (hors les cantons de la Belgique orientale alors prussiens) actuel mais sous un unique souverain conservateur et protestant, comme le sera d'ailleurs également Léopold Ier de Belgique.
Le Luxembourg, promu au rang de grand-duché, qui devenait indépendant et membre de la Confédération germanique, lui était remis à titre personnel, en compensation de ses pertes patrimoniales dans l'espace allemand (à l'est de Coblence) au profit de la Prusse qui s'était étendue en Rhénanie.
Cependant, sa politique autocratique et anticléricale provoque l'hostilité de l'Église catholique et le mécontentement des futurs Belges envers ce roi protestant. Néanmoins, après l'indépendance de la Belgique, ils choisirent un nouveau roi lui aussi protestant : Léopold Ier de Saxe-Cobourg-Gotha.
Toutefois, les Pays-Bas (amputés d'une partie du Limbourg) et le Luxembourg (amputé de sa moitié occidentale) restent unis sous le règne de Guillaume Ier qui n'accepte cet état de fait qu'en 1839.
Vaincu et contesté, Guillaume Ierabdique en 1840 pour pouvoir se remarier avec la femme de son choix, une dame catholique et wallonne, Henriette d'Oultremont. Il reprend alors le titre de comte de Nassau.
La politique de Guillaume Ier en Wallonie
Le roi Guillaume Ier jette les bases de la prospérité économique de la Wallonie. Il favorise l'installation d'industriels, tels que John Cockerill, et son gouvernement contribua à améliorer les voies navigables par le creusement de canaux, tels que le canal Bruxelles-Charleroi. Il fonde l'université de Liège, première université wallonne, en 1817. Le projet de constitution proposé au vote en 1815 est ainsi adopté à la quasi-unanimité en Wallonie, tandis qu'il est unanimement rejeté dans les provinces flamandes. Le roi compte de nombreux soutiens en Wallonie et lors de la révolution belge, les principaux centres orangistes seront situés dans les grandes villes industrielles wallonnes[3]. Il épouse une Wallonne, Henriette d'Oultremont, en 1841.