Fils de la reine Victoria, Albert-Édouard resta l'héritier de la Couronne britannique et porta le titre de prince de Galles pendant près de 60 ans. Durant le long règne de sa mère, il fut largement mis à l'écart des questions politiques et personnifia la riche élite aristocratique britannique.
L'époque édouardienne coïncida avec le début du XXe siècle et connut d'importants changements technologiques et sociaux. Édouard VII joua un rôle important dans la modernisation de la Home Fleet, la réforme des services médicaux militaires et la réorganisation de l'Armée de terre britannique après la seconde guerre des Boers. Il développa de bonnes relations entre le Royaume-Uni et les autres pays européens, en particulier la France, et reçut pour cela le surnom populaire de Peacemaker (« Pacificateur »).
En tant que fils aîné du souverain britannique, il devint automatiquement duc de Rothesay et de Cornouailles à sa naissance. Il reçut des titres de prince de Saxe-Cobourg et Gotha et de duc de Saxe provenant de son père. La reine Victoria le fit prince de Galles et comte de Chester dès le . Il fut également fait comte de Dublin le , chevalier de la Jarretière pour son 17e anniversaire le et chevalier du Chardon le [4]. Son oncle n'ayant pas d'enfant, il renonça en 1863 à ses droits au trône de Saxe-Cobourg et Gotha en faveur de son frère cadet, le prince Alfred[5]. La reine Victoria et le prince Albert souhaitaient que leur fils aîné reçoive une éducation devant lui permettre de devenir un monarque constitutionnel exemplaire. À l'âge de sept ans, « Bertie » entama un programme d'éducation rigoureux conçu par le prince Albert avec plusieurs tuteurs. À la différence de sa sœur aînée, Victoria, Édouard n'excellait pas particulièrement dans ses études. Il essaya sans résultat de satisfaire les attentes de ses parents. Édouard n'était pas un étudiant très assidu mais il se rattrapait par son charme, sa sociabilité et son tact ; le Premier ministre britanniqueBenjamin Disraeli le décrivit comme averti, intelligent et bien élevé[6].
Après un voyage pédagogique à Rome dans les premiers mois de l'année 1859, il passa l'été à étudier à l'université d'Édimbourg sous le tutorat, entre autres, de Lyon Playfair. En octobre, il s'inscrivit au collège de Christ Church de l'université d'Oxford[7]. Libéré du carcan éducatif de ses parents, il commença à apprécier les études pour la première fois et obtint son diplôme de manière satisfaisante[8].
À son retour, Édouard espérait poursuivre une carrière dans l'Armée de terre britannique, mais cela fut refusé car il était l'héritier au trône. Ses grades militaires furent donc purement honorifiques. En 1861, Édouard entra au Trinity College de l'université de Cambridge[11] où il apprit l'histoire avec Charles Kingsley[12]. Édouard était passionné par ses cours et il obtint ses meilleurs résultats académiques avec lui[13]. En septembre de la même année, "Bertie" fut envoyé en Allemagne, prétendument pour assister à des manœuvres militaires, mais en réalité pour rencontrer la princesse Alexandra de Danemark, la fille aînée du prince Christian de Danemark et de la reine née Louise de Hesse-Cassel. La reine Victoria et le prince Albert avaient déjà décidé qu'Édouard et Alexandra devaient se marier. Ils se rencontrèrent à Spire le à l'instigation de sa sœur aînée, la princesse Victoria[14]. Cette dernière, suivant les instructions de sa mère, avait rencontré la princesse Alexandra à Neustrelitz en juin ; la jeune princesse danoise lui avait fait une très bonne impression. Édouard et Alexandra s'apprécièrent dès le premier rendez-vous, et les préparatifs du mariage commencèrent[15].
Le prince de Galles gagna à cette époque une réputation de séducteur qui ne le quitta plus. Déterminé à obtenir une expérience militaire, Édouard assista à des manœuvres militaires en Irlande et pour le déniaiser, ses collègues officiers dissimulèrent l'actrice irlandaise Nellie Clifden dans sa tente. Choqué par la nouvelle et malgré sa maladie, le prince Albert rendit visite à Édouard à Cambridge pour le réprimander. Albert succomba de la fièvre typhoïde en , deux semaines après la rencontre. La reine Victoria, inconsolable, porta des vêtements de deuil jusqu'à sa mort et blâma Édouard pour la mort de son père. Elle considérait avec appréhension son successeur qu'elle qualifiait de frivole, indiscret et irresponsable et écrivit à sa fille aînée, la Kronprinzessin Victoria : « je ne pourrai jamais le regarder sans un frisson[16] ».
Mariage
Une fois veuve, la reine Victoria se retira de la vie publique. Peu après la mort du prince Albert, elle organisa un coûteux voyage au Moyen-Orient pour Édouard qui visita l'Égypte, Jérusalem, Damas, Beyrouth et Constantinople[17]. À son retour, il se fiança le avec la princesse Alexandra au palais de Laeken en Belgique en présence de son grand-oncle[18] le roi des BelgesLéopold Ier. "Bertie" et Alexandra se marièrent dans la chapelle Saint-Georges le ; ils avaient respectivement 21 et 18 ans. La reine Victoria était partagée sur l'opportunité de ce mariage étant donné le climat politique[19].
Le mariage de l'héritier du trône britannique fut critiqué dans certains cercles car la plupart des relations de la reine Victoria étaient allemandes, et le Danemark était à couteaux tirés avec la Confédération germanique au sujet des duchés de Schleswig et de Holstein. Lorsque le père d'Alexandra hérita du trône danois en , il voulut annexer les deux duchés dont une grande partie de la population était de langue allemande. La Prusse réagit immédiatement. Alliée à l'Autriche, elle déclara la guerre au Danemark qui succomba rapidement face à d'aussi puissants adversaires. La Prusse et l'Autriche se partagèrent les deux duchés.
La princesse de Galles et sa sœur Dagmar qui, entretemps, avait épousé le futur tsarAlexandre III de Russie, n'oublièrent pas l'humiliation que la Prusse avait imposée à leur petite patrie et transmirent leur germanophobie à leur entourage , notamment à leurs fils. Édouard et son épouse choisirent Marlborough House comme résidence londonienne et Sandringham House dans le comté de Norfolk comme maison de campagne. Après le mariage des jeunes gens, la reine s'inquiéta du mode de vie « extravagant » de son fils et de sa belle-fille et tenta de les influencer sur de nombreux sujets, jusqu'aux noms de leurs enfants.
Édouard eut des maîtresses tout au long de sa vie. Il fréquenta l'actrice Lillie Langtry, Lady Randolph Churchill (la mère de Winston Churchill[20]), la mondaine Daisy Greville[21], l'actrice Sarah Bernhardt, Lady Susan Vane-Tempest, la chanteuse Hortense Schneider, la riche humanitaire Agnes Keyser(en) . Les historiens présument que le futur Édouard VII eut au moins 55 liaisons[22] mais son niveau d'implication dans ces relations est inconnu. Édouard faisait tout son possible pour être discret mais cela n'empêcha pas les ragots dans la haute société et les rumeurs médiatiques[23]. Il ne reconnut aucun enfant illégitime[24]. Il semble qu'Alexandra ait été au courant de la plupart de ses aventures et qu'elle ait fait le choix de les accepter[25].
En 1869, Charles Mordaunt, un député, menaça d'accuser Édouard d'adultère dans le cadre de son divorce d'avec son épouse Harriet. Il ne mit pas sa menace à exécution mais Édouard fut appelé en tant que témoin au début de l'année 1870. Il fut démontré qu'Édouard s'était rendu à la résidence de Charles pendant que ce dernier était à la chasse ou à la Chambre des communes. Même si aucune relation ne fut établie et qu'Édouard nia les accusations d'adultère, celles-ci se révélèrent dommageables[8],[26].
En 1910, un aventurier installé à Brooklyn, John De Guelph, affirmait être le fils aîné d’Édouard, né en 1861 d'un prétendu mariage secret du prince avec une Irlandaise[27].
Voyages et vie publique
Engagements officiels publics
Durant le veuvage de la reine Victoria, Édouard développa le concept d'apparitions publiques royales comme elles existent aujourd'hui en inaugurant par exemple les digues de la Tamise en 1871, le tunnel de Mersey en 1886 et Tower Bridge en 1894[28]. De même, il emprunte le chemin de fer du Mont-Cenis en , alors la plus haute ligne ferroviaire jamais construite et dont la prouesse d'ingénierie lui fera dire : « Il me semble que c'est le chemin de fer le plus sûr ! »[29],[30]. Sa mère ne lui permit cependant pas d'avoir un rôle actif dans la gestion du pays avant 1898[31],[32]. Il recevait des résumés des documents gouvernementaux importants mais elle refusait de lui donner accès aux originaux[8]. Il embarrassa sa mère en prenant le parti du Danemark en 1864 dans la question du Schleswig-Holstein alors qu'elle était pro-allemande et en rencontrant Giuseppe Garibaldi la même année[33]. Le Premier ministre libéralWilliam Ewart Gladstone lui transmit néanmoins certains de ses documents[8].
Pendant les années 1870
En 1870, le républicanisme britannique fut renforcé par la défaite de l'empereurNapoléon III lors de la guerre franco-allemande et l'instauration de la Troisième République en France[34]. La popularité d'Édouard et sa relation avec sa mère s'améliorèrent pendant l' lorsqu'il faillit mourir. Alors qu'il résidait à Londesborough Lodge près de Scarborough, Édouard contracta la fièvre typhoïde, la maladie qui aurait tué son père. Tout le pays s'inquiéta d'autant plus que l'un de ses invités, George Stanhope, en était mort. La convalescence d'Édouard fut accueillie par un soulagement presque universel[8] et Arthur Sullivan composa le Festival Te Deum(en). Édouard cultivait son amitié avec des hommes politiques de tous les partis dont des républicains, et cela dissipa en grande partie tous les sentiments résiduels contre lui[35]. En 1886, le secrétaire d'État des Affaires étrangères, Archibald Primrose, lui transmit des dépêches du ministère et à partir de 1892, il reçut l'accès à certains documents du Cabinet[8].
En 1875, Édouard entama un long voyage de huit mois en Inde, accompagné — entre autres — par Eugène Goblet d'Alviella. Ses conseillers remarquèrent son habitude de traiter tous ses interlocuteurs de la même manière quelles que soient leur classe sociale ou leur couleur de peau. Dans une lettre, il se plaignit du traitement des Indiens par les officiels britanniques : « Même si un homme a le visage noir et une religion différente de la nôtre, il n'y a aucune raison de le traiter comme un sauvage[36] ». À la fin de ce voyage, le Parlement offrit à sa mère le titre d'impératrice des Indes, en particulier du fait du succès de la visite[37].
Il était considéré dans le monde entier comme une référence pour la mode masculine[41],[42]. Il popularisa le tweed, le chapeau Homburg et les vestes Norfolk(en) ainsi que le port du smoking en remplacement de la queue-de-pie pendant les soirées[43]. Il lança également la mode du repassage des pantalons pour que les plis soient sur l'avant et l'arrière plutôt que sur les côtés[44] et on considère qu'il introduisit également le col haut et retourné[45]. Perfectionniste au sujet de l'habillement, il aurait admonesté le Premier ministre Lord Salisbury car il portait le pantalon de la fraternité de la Trinity House avec un veston de conseiller privé. Préoccupé par une crise internationale, le Premier ministre répondit qu'il avait eu un matin terne et que « [son] esprit devait être occupé par un quelconque sujet de moindre importance[46] ». La mode masculine de ne pas boutonner le dernier bouton de sa veste de costume proviendrait d'Édouard qui aurait pris cette habitude en raison de son embonpoint[8] ; son tour de taille était en effet de 122 cm peu avant son couronnement[47],[48]. Il introduisit la pratique du repas du dimanche composé de rosbif, de pommes de terre au four, de sauce au raifort et de yorkshire pudding, et ce menu reste encore un plat populaire au Royaume-Uni[49]. Il n'était pas un gros buveur, même s'il consommait du champagne et occasionnellement du porto[48].
Pendant les années 1890
En 1891, Édouard fut impliqué dans le scandale du baccara royal lorsqu'il fut révélé qu'il avait joué une partie illégale en misant de l'argent l'année précédente. Le prince fut obligé d'apparaître comme témoin devant le tribunal lorsqu'un des participants porta plainte pour diffamation contre les autres joueurs après qu’ils l'eurent accusé d'avoir triché[50]. La même année, Lord Charles Beresford(en) menaça de révéler à la presse des détails de la vie privée du prince de Galles en représailles des interférences d'Édouard dans sa relation avec Daisy Greville. L'amitié entre les deux hommes fut irrémédiablement endommagée et l'amertume ne disparut jamais[51]. Les colères d'Édouard étaient habituellement de courte durée et « après s'être laissé aller… [il] apaisait les choses en étant particulièrement aimable[52] ».
À la fin de l'année 1891, le fils aîné d'Édouard, Albert Victor, se fiança à la princesse Victoria Mary de Teck. Il mourut cependant d'une pneumonie quelques semaines plus tard en . Édouard était ravagé par le chagrin et il écrivit, « perdre notre fils aîné est l'un de ces désastres que l'on ne surmonte jamais complètement ». Il dit à sa mère, « j'aurais donné ma vie pour lui car je n'accorde aucune valeur à la mienne[53] ». Albert Victor était le second enfant d'Édouard à mourir. En 1871, son fils cadet, John, était mort seulement 24 heures après sa naissance. Édouard avait insisté pour mettre personnellement John dans son cercueil malgré « les larmes coulant sur ses joues[54] ».
Tentative d'assassinat
Au cours de son voyage de retour du Danemark par la Belgique le , Édouard échappa à une tentative d'assassinat quand Jean-Baptiste Sipido tira à deux reprises sur la fenêtre de son wagon de train pour protester contre la seconde guerre des Boers. Sipido fut arrêté puis acquitté par un tribunal belge, avant de s'enfuir en France. Cela associé avec le dégoût britannique concernant les accusations d'exactions dans l'État indépendant du Congo ternit les relations déjà mauvaises entre les deux pays. L'affabilité et la popularité d'Édouard ainsi que ses connexions familiales lui permirent néanmoins de mettre un terme au splendide isolement du Royaume-Uni et de former des alliances avec des pays européens dans les dix années qui suivirent[55].
Roi du Royaume-Uni
Accession au trône et couronnement
Lorsque la reine Victoria mourut le , Albert devint roi du Royaume-Uni et des pays membres de l'Empire ayant le statut de dominions (Canada et Australie), ainsi qu'empereur des Indes[56]. Il choisit de régner sous le nom d'Édouard VII plutôt qu'Albert-Édouard Ier comme le souhaitait sa mère, pour ne pas « sous-évaluer le nom d'Albert » porté par son père et généralement utilisé seul dans l'aristocratie[57]. Albert-Édouard accède au trône à l'âge tardif de 59 ans, un record d'attente du trône aujourd'hui détenu par son arrière-arrière petit-fils, le roi Charles III, qui fut l'héritier de la couronne de sa mère pendant 70 ans, 7 mois et 2 jours. John Boynton Priestley écrivit : « je n'étais qu'un enfant quand il succéda à Victoria en 1901 mais je peux témoigner de son extraordinaire popularité. Il était le roi le plus populaire que l'Angleterre ait connu depuis le début des années 1660[58] ».
Il céda la résidence estivale d'Osborne House située sur l'île de Wight à l'État et continua de vivre à Sandringham[59]. Il avait les moyens d'être magnanime ; son secrétaire particulier, Lord Knollys, avança qu'il était le premier héritier créditeur à monter sur le trône[60]. Les finances d'Édouard VII étaient gérées par Dighton Probyn, le contrôleur de la Cour, suivant les conseils de banquiersjuifs amis d'Édouard comme Ernest Cassel, Maurice de Hirsch et la famille Rothschild[61]. À une époque où l'antisémitisme était répandu, Édouard attira les critiques liées à ses amitiés publiques avec des Juifs[62].
Édouard VII et Alexandra furent couronnés dans l'abbaye de Westminster le par l'archevêque de CantorbéryFrederick Temple. Le couronnement était initialement prévu pour le , or Édouard VII fut diagnostiqué avec une appendicite le [63]. Cette maladie, généralement pas traitée chirurgicalement, était souvent fatale. Les progrès de l'anesthésie et l'asepsie au cours du XIXe siècle permirent de la soigner plus efficacement et de réduire le risque de mort[64]. Frederick Treves, avec l'aide de Joseph Lister, réalisa l'intervention, radicale pour l'époque, consistant à drainer l'appendice infecté à travers une petite incision. Dès le lendemain, Édouard VII fut capable de s'asseoir et de fumer un cigare[65]. Deux semaines plus tard, la presse annonça que le roi était hors de danger. Treves fut honoré par le titre de baronnet (ce qu'Édouard VII avait décidé avant d'être opéré[66]) et la chirurgie de l'appendicite devint une pratique médicale courante[64].
Premières mesures
Édouard VII redécora les palais royaux, réintroduisit des cérémonies traditionnelles, comme la cérémonie d'ouverture du Parlement, que sa mère avait délaissée, et créa de nouveaux ordres comme celui du mérite pour récompenser les contributions dans les arts et les sciences[67]. En 1902, le chah de Perse, Mozzafar-al-Din, visita le Royaume-Uni et s'attendait à être nommé dans l'ordre de la Jarretière. Édouard VII refusa de lui décerner cet honneur car il s'agissait de sa responsabilité personnelle et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, Henry Petty-FitzMaurice, l'avait accordé sans son accord. Édouard VII était également réticent à faire entrer un musulman dans un ordre de chevaleriechrétien. Son refus menaça d'endommager les tentatives britanniques pour renforcer leur influence en Perse[68]. Édouard VII en voulait à ses ministres d'avoir essayé de réduire ses prérogatives[69]. Il céda finalement ; le Royaume-Uni envoya une ambassade spéciale au chah pour le faire entrer dans l'Ordre l'année suivante[70].
Politique étrangère
Devenu roi, Édouard VII s'intéressa particulièrement à la politique étrangère et aux questions militaires. Parlant couramment le français et l'allemand, il réalisa de nombreuses visites diplomatiques et prenait des vacances annuelles à Biarritz et Marienbad[38]. L'un des plus importants voyages de ce type eut lieu du 1er au lorsqu'il rencontra le président françaisÉmile Loubet à Paris[71]. Au retour d'une entrevue avec le papeLéon XIII à Rome, qui aida à poser les bases de l'Entente cordiale, un accord visant à régler les différends coloniaux entre les deux pays et à empêcher toute future guerre entre le Royaume-Uni et la France fut signé. Les négociations furent menées par le ministre français des Affaires étrangères, Théophile Delcassé, et son homologue britannique Henry Petty-FitzMaurice. L'accord final signé à Londres le par Petty-FitzMaurice et l'ambassadeur français Paul Cambon marquait la fin de siècles d'antagonisme franco-britannique et du splendide isolement de la Grande-Bretagne ; il permettait également de contrebalancer la puissance grandissante de l'Empire allemand et de son allié austro-hongrois[72].
En , durant les vacances annuelles d'Édouard VII à Biarritz, il accepta la démission du Premier ministre britannique Henry Campbell-Bannerman. En rupture avec la tradition, Édouard demanda au successeur de Campbell-Bannerman, Herbert Henry Asquith, de se rendre à Biarritz pour qu'il lui baise la main(en). Asquith s'exécuta mais la presse critiqua la nomination d'un Premier ministre sur un sol étranger[75]. En , Édouard VII devint le premier monarque régnant à se rendre en Russie. Une précédente visite en 1906 avait été annulée du fait des mauvaises relations entre les deux pays à la suite de la guerre russo-japonaise, l'incident du Dogger Bank et la dissolution par le tsar de la Douma[76]. À son retour, Édouard VII visita les pays nordiques et devint le premier souverain britannique à se rendre en Suède[77].
Seconde guerre des Boers
Édouard VII s'impliqua largement dans les discussions sur la réforme de l'armée, une priorité après les défaites pendant la seconde guerre des Boers. Il soutint la refonte du commandement de l'armée, la création de la Territorial Army et la décision de déployer une force expéditionnaire en France dans le cas d'un conflit avec l'Allemagne[78]. Une réforme de la Royal Navy fut suggérée du fait de l'émergence de sa rivale allemande[79]. Un important débat opposa l'amiral Charles Beresford, favorable à une augmentation des dépenses et un large déploiement de la flotte et le First Sea Lord, à l'amiral John Arbuthnot Fisher défendant le retrait des navires obsolètes et la mise en service des nouveaux dreadnoughts pour défendre les Îles Britanniques[80]. Le roi apporta son soutien à Fisher, en partie parce qu'il détestait Beresford. Fisher annonça sa démission à la fin de l'année 1909 mais la plus grande partie de ses politiques furent conservées[81]. Le roi fut largement impliqué dans le choix de son successeur car la rivalité entre Fisher et Beresford avait divisé la marine et le seul officier qualifié étranger à la dispute était Arthur Knyvet Wilson qui avait pris sa retraite en 1907[82]. Wilson était réticent à l'idée de reprendre du service mais Édouard VII intervint personnellement pour le convaincre, et il devint First Sea Lord le [83].
En tant que prince de Galles, Édouard avait eu des relations amicales et respectueuses avec William Ewart Gladstone que sa mère détestait[84]. Le fils de Gladstone, le secrétaire d'État à l'IntérieurHerbert Gladstone, irrita cependant le roi par sa volonté d'autoriser les prêtres catholiques portant leurs costumes ecclésiastiques à transporter les hosties dans les rues de Londres, et en nommant deux femmes, Frances Balfour et Emma Tennant, au sein d'une commission royale chargé de réformer la loi sur le divorce ; Édouard VII considérait que l'on ne pouvait pas discuter du divorce « avec tact ou même décence » devant des femmes. Le biographe d'Édouard VII, Philip Magnus, suggère que Gladstone était peut-être le bouc-émissaire de l'irritation du roi concernant le gouvernement libéral. Gladstone fut renvoyé lors du changement gouvernemental de l'année suivante et le roi accepta avec réticence de le nommer gouverneur général d'Afrique du Sud[85].
Opinions politiques libérales
Édouard VII s'intéressait peu à la politique, même si ses opinions étaient assez libérales pour l'époque. Durant son règne, il aurait dit que le mot nigger (« nègre ») était « scandaleux » même s'il était souvent utilisé[86]. En tant que prince de Galles, il avait dû être dissuadé de rompre avec la tradition constitutionnelle en votant ouvertement pour le Representation of the People Act de 1884 qui élargissait le droit de vote, défendu par Gladstone à la Chambre des lords. Sur d'autres sujets, il était moins progressiste. Il n'était ainsi pas favorable au droit de vote des femmes[8],[87] même s'il suggéra que la réformiste sociale Octavia Hill soit nommée à une commission sur les logements sociaux[88]. Il s'opposa également à une plus grande autonomie pour l'Irlande et lui préférait une forme de double monarchie[8]. La vie luxueuse d'Édouard VII était souvent très éloignée de celle de la majorité de ses sujets mais son charme personnel et son opposition aux discriminations de classes ou d'origines apaisa le républicanisme et les tensions raciales se développant au cours de sa vie[8].
Crise constitutionnelle de 1909
Vers la fin de son règne, Édouard VII se retrouva impliqué dans une crise constitutionnelle quand la majorité conservatrice à la Chambre des lords refusa de voter le People's Budget présenté par le gouvernement libéral d'Herbert Henry Asquith. La crise entraîna finalement, après la mort d'Édouard VII, le retrait du droit de veto des Lords.
Le roi était mécontent des attaques libérales contre les pairs, dont le discours de David Lloyd George critiquant la richesse des conservateurs[89], et la demande par Churchill d'élections générales (pour laquelle Asquith s'excusa auprès du conseiller du roi, Lord Knollys, et réprimanda Churchill). Il fut tellement déprimé par cette guerre des classes, même si Asquith lui avait dit que la rancœur de son parti était lié au rejet de la première Home Rule en 1886, qu'il présenta le prince George de Galles au secrétaire d'État à la Guerre, Richard Haldane, comme « le dernier roi d'Angleterre[90] ».
Le cheval du roi, Minoru, remporta le Derby le . Lorsqu'il revint sur le champ de course le lendemain, un homme cria, « vous avez remporté le Derby. Rentrez chez vous et dissolvez ce maudit Parlement ! ». Le roi éclata de rire[91].
Le roi pressa sans succès les chefs conservateurs Arthur Balfour et Henry Petty-FitzMaurice pour qu'ils votent le budget. Cela n'était pas inhabituel, car la reine Victoria avait aidé à négocier un accord entre les deux Chambres au sujet de la sécularisation de l'Irlande en 1869 et la réforme du suffrage en 1884[92]. Cependant, sur les conseils d'Asquith, il ne leur promit pas l'organisation d'élections, qu'ils allaient probablement remporter, en récompense de ce vote[93].
La loi de finances fut votée par la Chambre des communes le mais rejetée par les Lords le ; ils insistèrent pour faire passer une résolution affirmant qu'ils étaient en droit de rejeter cette loi car le gouvernement n'avait pas de légitimé électorale. Le roi était gêné que ses efforts pour faire accepter le budget aient été rendus publics[94] et il interdit à son conseiller Lord Knollys qui était un pair libéral actif de voter pour le budget, même si Knollys avait suggéré que cela serait un geste adapté pour démontrer la volonté royale de voir le budget accepté[95].
Les élections de furent dominées par la question du droit de veto des Lords. Durant la campagne, Lloyd George parla de « garanties » et Asquith de « garde-fous » qui seraient nécessaires avant de former un nouveau gouvernement libéral mais le roi informa Asquith qu'il n'était pas prêt à envisager la création de pairs, pour créer une majorité libérale à la Chambre des lords, avant une seconde élection générale[8],[96]. Certains membres du Cabinet suggérèrent que le droit de créer des pairs soit donné au Premier ministre, une proposition qui causa un certain désarroi au sein de la royauté[97]. Balfour refusa de se prononcer sur sa volonté de former un gouvernement conservateur, mais il conseilla au roi de ne pas promettre de créer des pairs avant d'avoir vu les propositions de changements constitutionnels[98]. Durant la campagne, le chef des conservateurs, Walter Long, avait demandé à Lord Knollys la permission d'affirmer que le roi n'était pas favorable à la Home Rule en Irlande mais Lord Knollys refusa car il n'était pas approprié que les opinions du monarque soient rendues publiques[99].
Malgré une sévère défaite lors de l'élection, les libéraux parvinrent à former un gouvernement minoritaire avec l'aide des députés irlandais, et ces derniers voulaient supprimer la possibilité de veto des Lords sur la mise en place de la Home Rule en Irlande. Ils menacèrent de voter contre le budget si leurs revendications n'étaient pas acceptées. Asquith révéla alors qu'il n'y avait aucune « garantie » sur la création de nouveaux pairs. Le Cabinet envisagea donc de démissionner et de laisser Balfour essayer de former un gouvernement conservateur[100]. Dans son discours du Trône du , le roi fit référence à l'introduction de mesures transformant le pouvoir de veto des Lords en une capacité à retarder le passage des législations mais Asquith introduisit la phrase « selon l'avis de mes conseillers » pour que le roi apparaisse comme neutre dans la législation à venir[101].
Le , la Chambre des communes vota pour supprimer le droit de veto des Lords sur les lois budgétaires, pour transformer le veto sur les autres lois en un report de deux ans de la législation et pour réduire le mandat du Parlement de sept à cinq ans[98]. Au cours du débat, Asquith indiqua, pour obtenir le soutien des députés irlandais, qu'il demanderait au roi de mettre un terme à l'impasse « dans ce Parlement » ; cela signifiait qu'il demanderait la création massive de pairs malgré l'affirmation précédente d'Édouard VII qu'il y aurait une seconde élection avant. Le budget fut accepté par les deux Chambres en avril[102].
Dégradation de son état de santé
Édouard VII fumait habituellement 40 cigarettes et cigares par jour. Vers la fin de sa vie, il souffrit de plus en plus de bronchites[8]. En , le roi se trouvait à Biarritz quand il s'effondra. Il y resta quelque temps pour récupérer, tandis qu'à LondresAsquith essayait de faire passer la loi budgétaire. La mauvaise santé du roi fut gardée secrète, et il fut critiqué pour rester en France alors que les tensions politiques étaient au plus haut. Le , il rentra toujours souffrant au palais de Buckingham. Alexandra revint d'une visite auprès de son frère Georges Ier de Grèce à Corfou une semaine plus tard, le .
Mort du roi et inhumation
Le lendemain, le roi fut victime de plusieurs crises cardiaques. Il refusa de se coucher en déclarant, « Non, je n'abandonnerai pas ; je continuerai ; je travaillerai jusqu'à la fin[103] ». Le prince de Galles lui dit que son cheval, Witch of the Air, avait remporté la course de Kempton Park dans l'après-midi. Le roi répondit « j'en suis ravi » et ce furent ses derniers mots[8] car il perdit conscience à 23 h 30 et fut mis dans son lit. Quinze minutes plus tard, après une courte agonie, le roi Édouard VII mourut, à l'âge de 68 ans[103]. Son fils, le prince de Galles, lui succéda sous le nom de George V.
Le , son cercueil fut emmené dans Westminster Hall où il fut exposé au public, et des centaines de personnes défilèrent devant celui-ci pour rendre un dernier hommage au souverain. Après des funérailles nationales, le roi fut inhumé dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor. Dans The Guns of August, Barbara W. Tuchman décrivit ainsi ses funérailles : « jamais tant de grands de cette terre ne s'étaient encore trouvés ainsi réunis, jamais plus ils ne devaient l'être sous cette forme[104] ». En effet, neuf souverains européens et un grand nombre de nobles dont beaucoup étaient apparentés au défunt étaient rassemblés pour cet événement.
Héritage
En tant que roi, Édouard VII se révéla bien plus efficace qu'espéré. Il était déjà âgé et n'eut pas le temps d'assumer complètement son rôle. Au cours de son règne, il s'assura que son second fils et héritier, George, fût préparé pour devenir roi. Ses contemporains décrivirent leur relation comme étant plus celle de deux frères que celle d'un père et d'un fils[105] et à la mort d'Édouard VII, George V écrivit dans son journal qu'il avait perdu son « meilleur ami et le meilleur des pères… Je ne me suis jamais disputé avec lui. J'ai le cœur brisé et je suis submergé par le chagrin[106] ». Édouard VII fut critiqué pour son apparent hédonisme mais fut largement félicité pour son affabilité, ses bonnes manières et ses talents de diplomate. Comme son petit-fils l'écrivit, « son côté léger… obscurcissait le fait qu'il était à la fois perspicace et influent[107] ». John Boynton Priestley nota qu'il « était un grand amateur des plaisirs de la vie mais qu'il avait également un profond sens du devoir[108] ». Reginald Brett écrivit qu'il était « gentil et débonnaire sans manquer de dignité — mais trop humain[109] ». Édouard VII fut surnommé le « pacificateur[110] » mais s'inquiétait que son neveu, l'empereur allemandGuillaume II, ne pousse l'Europe dans la guerre[111]. Quatre ans après sa mort, la Première Guerre mondiale éclata et les réformes navales, l'alliance franco-britannique et les relations au sein de sa famille élargie furent mises à l'épreuve.
Édouard est resté prince héritier pendant 59 ans et 73 jours, une durée qui a été battue le par Charles de Galles, l'actuel Charles III. Comme le titre de prince de Galles ne coïncide pas avec la position d'héritier, il est resté le plus long détenteur de ce titre avec 59 ans et 45 jours jusqu'en 2017 ; Charles porte ce titre pendant 64 ans, 44 jours.
En tant que prince de Galles, George portait les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un écu des armoiries de Saxe et un lambel de trois points argent. Lors de son règne, il portait les armoiries royales non-différenciées[112].
↑Les lettres rédigées par Édouard à Lady Randolph ne « montraient rien de plus qu'un badinage amoureux » mais étaient « écrites sous la pression liée à une familiarité excessive » (Hattersley 2004, p. 21).
↑, Alice Keppel. À Paris, le prince de Galles fréquentait régulièrement la maison close de luxe Le Chabanais
↑(en) Anthony Camp, Royal Mistresses and Bastards : Fact and Fiction, 1714-1936, (lire en ligne)
↑Jean Bellet, Le col du Mont-Cenis : Porte millénaire des Alpes, Saint-Jean-de-Maurienne, Société d'Histoire et d'Archéologie de Maurienne, , 260 p. (lire en ligne), p. 113-124.
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↑ a et b(en) P. Mirilas, J.E. Skandalakis, « Not just an appendix : Sir Frederick Treves », Archives of Disease in Childhood, no 88, , p. 549-552 (PMID12765932, PMCID1763108, DOI10.1136/adc.88.6.549)
↑Nicholas A. Lambert, Sir John Fisher's Naval Revolution, Columbia, South Carolina, University of South Carolina Press, , 410 p. (ISBN1-57003-492-3, lire en ligne) ; Eric J. Grove, The Royal Navy since 1815 : A New Short History, Basingstoke, Palgrave Macmillan, , 312 p. (ISBN0-333-72126-8), p. 88-100
Koordinat: 8°26′26″S 115°33′24″E / 8.440487°S 115.556685°E / -8.440487; 115.556685 BebandemKecamatanPeta lokasi Kecamatan BebandemNegara IndonesiaProvinsiBaliKabupatenKarangasemPemerintahan • CamatDra. I Gusti Ayu Wija Srianjani[1]Populasi • Total51,435 jiwa (2.016)[2] 45,160 jiwa (2.010)[3] jiwaKode pos80852Kode Kemendagri51.07.06 Kode BPS5107060 Desa/kelurahan8 Desa Kecamatan Bebandem adalah sebuah keca...
Pour les articles homonymes, voir Pavarotti (homonymie). Luciano Pavarotti Luciano Pavarotti en 2003 à Saint-Pétersbourg. Données clés Naissance 12 octobre 1935 Modène (Italie) Décès 6 septembre 2007 (à 71 ans) Modène (Italie) Nationalité Italie Activité principale Artiste lyriqueTénor Style Opéra Années d'activité 1961-2006 Collaborations Joan Sutherland, Plácido Domingo, José Carreras, Herbert von Karajan, Mirella Freni, Richard Bonynge, Georg Solti Site internet http...
الدوري النمساوي 2009–10 تفاصيل الموسم الدوري النمساوي النسخة 99 البلد النمسا المنظم اتحاد النمسا لكرة القدم البطل ريد بول سالزبورغ مباريات ملعوبة 180 عدد المشاركين 10 الدوري النمساوي 2008–09 الدوري النمساوي 2010–11 تعديل مصدري - تعديل الدوري النم�...
Jean-Baptiste d'OmaliusFonctionsPrésidentAcadémie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique1872PrésidentAcadémie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique1858Président de la Société géologique de France1852Constant PrévostÉdouard de VerneuilPrésidentAcadémie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique1850Sénateur belge13 juin 1848 - 15 janvier 1875Vice-présidentSénat1848-1870Gouverneur de la province de Namur1815-1830...
Pour les articles homonymes, voir Loud. Loud Album de Rihanna Sortie 12 novembre 2010(voir l'historique des sorties) Enregistré février à août 2010 Durée 46:38 Genre Dance-pop[1], R&B Compositeur Alex da Kid, Polow da Don, The Runners, Sandy Vee, Sham, Mel & Mus, Soundz, StarGate, Tricky Stewart Producteur Rihanna (exec.), Antonio L.A. Reid (exec.), Carl Sturken, Evan Rogers (exec.) Label Def Jam Albums de Rihanna Rated R(2009) Talk That Talk(2011)Singles Only Girl (In...
2023 Mr Vegas Grand Slam of DartsTournament informationDates11–19 November 2023VenueAldersley Leisure VillageLocationWolverhampton, EnglandOrganisation(s)Professional Darts Corporation (PDC)FormatLegsPrize fund£650,000Winner's share£150,000Nine-dart finish Ryan Searle High checkout170 Krzysztof Ratajski Luke Humphries Rob Cross Champion(s) Luke Humphries «2022 2024» Darts tournament The 2023 Mr Vegas Grand Slam of Darts was the seventeenth staging of the Grand...
TV station in Kerrville–San Antonio, Texas For current information on CW 35 in San Antonio, see WOAI-TV. KMYSATSC 3.0 stationKerrville–San Antonio, TexasUnited StatesCityKerrville, TexasChannelsDigital: 32 (UHF)Virtual: 35ProgrammingAffiliations35.1: Dabl35.2: TBD35.3: The NestOwnershipOwnerDeerfield Media(Deerfield Media (San Antonio) Licensee, LLC)OperatorSinclair Broadcast GroupSister stationsKABB, WOAI-TVHistoryFirst air dateNovember 6, 1985(38 years ago) (1985-11-06)Former...
Pemandangan Whitby, Yorkshire Sungai Esk adalah sungai di Yorkshire Utara, Inggris yang bermuara di Laut Utara di Whitby, setelah menempuh perjalanan sekitar 45 km melalui Lembah Eskdale, Yorkshire Utara, dinamai sungai itu sendiri. Nama sungai ini berasal dari rumpun bahasa Britonik isca yang berarti air[1]. Esk adalah satu-satunya sungai besar di Yorkshire yang mengalir langsung ke Laut Utara; semua aliran air lainnya yang ditetapkan sebagai sungai besar oleh Environment Agency, bai...
Laure des Grottes de KievPrésentationType Monastère orthodoxePartie de Kiev : cathédrale Sainte-Sophie et ensemble des bâtiments monastiques et laure des grottes de Kiev (d)Diocèse Éparchie de Kiev (en)Style Baroque ukrainienArchitecte Théodose des GrottesConstruction Diverses époques, nombreux bâtiments du XVIIIe siècleSurface 290 000 m2Religion Christianisme orthodoxePatrimonialité Partie d'un site du patrimoine mondial UNESCO (d) (1990)Site web www.lavra.ua P...
American political scientist, sociologist, and economist James March redirects here. For the American Horror Story: Hotel character, see Mr. James March. This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: James G. March – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2018) (Learn how and when to remove t...
19th-century state church of the Kingdom of Hawaiʻi Church of HawaiʻiKamehameha IV and Queen Emma established the Anglican Church of Hawaiʻi in 1862ClassificationProtestantOrientationAnglicanTheologyAnglican doctrinePolityEpiscopalRegionHawaiʻiFounderKamehameha IVOrigin1862 Kingdom of HawaiʻiBranched fromAnglican Communion The Church of Hawaiʻi, originally called the Hawaiian Reformed Catholic Church, was the state church and national church of the Kingdom of Hawaiʻi from 1862 to 1893....
2012 studio album by B1A41Regular edition coverStudio album by B1A4ReleasedOctober 24, 2012 (2012-10-24)Recorded2011–2012GenreJ-pop, Dance-popLanguageJapaneseLabelPony CanyonB1A4 chronology Ignition(2012) 1(2012) In the Wind(2012) Singles from 1 Beautiful TargetReleased: June 27, 2012 Oyasumi Good NightReleased: August 29, 2012 1 is the Japanese debut studio album by the South Korean boy band B1A4. It was released on October 24, 2012 in three different editions.[1...
Nicolas Dipre, Presentazione di Maria al Tempio, 1500 circa, Museo del Louvre, Parigi Nicolas Dipre oppure Nicolas d'Amiens o anche Nicolas d'Ypres (Parigi, 1460 circa – Parigi, 1532) è stato un pittore francese. Indice 1 Biografia 2 Galleria d'immagini 3 Opere principali 4 Note 5 Bibliografia 6 Altri progetti Biografia Detto anche di Amiens, in quanto la sua famiglia di artisti si trasferì ad Avignone, dove Dipre fu attivo dal 1495 al 1532.[1] Il padre Colin Amiens, chiamato anch...
Short-time bicycle rental service This article is about access to a bicycle fleet service. For access to an individual bicycle, see Bicycle rental. For the sharing of an individual bicycle, see Sociable, Tandem bicycle, and Quadracycle. Docked bicycles in Gothenburg, Sweden A bicycle-sharing system, bike share program,[1] public bicycle scheme,[2] or public bike share (PBS) scheme,[3] is a shared transport service where bicycles are available for shared use by individu...
Gundukan pasir Nakatajima yang berlokasi di selatan kota Hamamatsu. Barikade yang terbuat dari bambu mencegah pasir terbang lebih jauh sehingga melestarikan kawasan pantai berpasir ini Sebuah struktur bersejarah di Dunedin, Selandia Baru, barisan tonggak kayu yang difungsikan sebagai pemecah angin berpasir Pagar pasir adalah pemecah pasir merupakan struktur yang serupa dengan pagar salju, yaitu sebuah barikade untuk mengurangi kekuatan angin berpasir sehingga pasir berkumpul di tempat yang di...
Effectiveness of a material in transmitting radiant energy This article is about transmission through a volume. For transmission through a surface, see Surface transmittance. Earth's atmospheric transmittance over 1 nautical mile sea level path (infrared region[1]). Because of the natural radiation of the hot atmosphere, the intensity of radiation is different from the transmitted part. Transmittance of ruby in optical and near-IR spectra. Note the two broad blue and green absorption ...
Questa voce sull'argomento tennisti statunitensi è solo un abbozzo. Contribuisci a migliorarla secondo le convenzioni di Wikipedia. Rosie CasalsNazionalità Stati Uniti Altezza159 cm Tennis Carriera Singolare1 Vittorie/sconfitte 595–325 Titoli vinti 11 Miglior ranking Risultati nei tornei del Grande Slam Australian Open SF (1967) Roland Garros QF (1969, 1970) Wimbledon SF (1967, 1969, 1970, 1972) US Open F (1970, 1971) Doppio1 Vittorie/sconfitte 92–94 T...