Mount Vernon était la plantation dans laquelle résidait George Washington, premier président des États-Unis, dans l'État de Virginie. Situé sur les bords du fleuve Potomac à quelques minutes au sud de Washington DC, près de la communauté de Mount Vernon, ce domaine est aujourd'hui ouvert au public toute l'année. A la mort de George Washington, l'exploitation comptait 317 esclaves[1]. Les tombeaux de George et Martha Washington s'y trouvent.
Le début de l'histoire du domaine à Little Hunting Creek est distinct de l'histoire de la maison, qui ne débute pas avant 1741-42 et qui ne fut occupée la première fois qu'en 1743. En 1674, John Washington et Nicholas Spencer obtenaient les droits pour la terre sur laquelle la plantation de Mount Vernon serait bâtie. Quand John Washington meurt en 1677, son fils Lawrence Washington (attention il y a deux Lawrence Washington), le grand-père de George Washington, hérita de la part de la propriété que son père lui avait léguée. En 1690, il accepta de diviser le domaine de 5 000 acres (20 km²) avec les héritiers de Nicholas Spencer. Ceux-ci prirent la partie méridionale bordant la Dogue Creek (du nom des Indiens Doeg, mais à l'origine appelée Epsewasson dans la concession des terrains par Lord Culpeper en ) laissant aux Washington la partie le long de la crique de Little Hunting.
À sa mort, Lawrence Washington légua la propriété à sa fille, Mildred. En 1726, sur l'insistance de son frère Augustine Washington (le père de George Washington), Mildred lui vendit le domaine de la rivière Potomac. En 1735, Augustine Washington avec sa famille s'installait au domaine, prenant résidence dans un "quartier", un système d'établissements assez précaires, le long de la crique Little Hunting. En 1738, Augustine rappela Lawrence (demi-frère de George, par la première épouse d'Augustine, décédée), chez eux de la Appleby School en Angleterre et, le plaçant à la tête de la plantation familiale de tabac de Little Hunting Creek, pouvait de ce fait retourner avec sa famille en ville à Fredericksburg à la fin de 1738.
En 1739, Lawrence, ayant atteint sa majorité (21 ans) commença à racheter des parcelles de terrain aux Spencer, en commençant par les terres autour du moulin à moudre le blé à Dogue Creek. Durant l'été 1740, Lawrence reçu sa commission d'officier de l'armée régulière britannique, et se prépara à partir en guerre dans les Caraïbes avec le nouveau régiment américain. Une partie des préparatifs consistait à confier à son père le contrôle légal des terres rachetées aux Spencer pendant qu'il serait à la guerre, s'assurant ainsi que le domaine reste aux Washington. Pendant qu'il combattait (la Guerre de Succession d'Espagne, 1739-1743), Lawrence écrivit à son père de Jamaïque en mai 1741, l'informant que, s'il survivait à la guerre, il avait l'intention de construire une maison de ville à Fredericksburg, sur l'une des parcelles qu'il y possédait, et d'y élire domicile.
À cette même époque la famille Spencer était en conflit juridique sur la vente d'autres parcelles de leurs terres à leur voisins. Pour trancher sur la ligne conflictuelle de délimitation des terres, une cour du comté du Prince William ordonna que soit établi un nouveau relevé des 5 000 acres ou 20 km² de la concession originale conjointe aux Washington et aux Spencer. La carte, un relevé au sol établi en 1741 par le géomètre du comté, Robert Brooke, révèle que la surface du domaine avait été grossièrement sous évaluée en , n'octroyant que 17 km², et non les 20 prévus. L'une des raisons en serait que la propriété était entourée d'eau sur 3 côtés et que ni la rivière, ni les deux autres cours d'eau n'avaient des cours rectilignes. Se basant sur les états de la concession originale par Culpeper, on reconnut l'arpenteur d'origine de 1669 responsable de cette erreur d'estimation, ayant estimé le terrain par triangulation sans tenir compte des méandres des Dogue Run et Little Hunting Creek.
Surtout, cette carte de terrain par Brooke de et qui existe toujours révèle que l'emplacement actuel du manoir était alors non occupé, avec les Washington ayant leur quartier le long de Little Hunting Creek (comme indiqué sur une carte similaire de plus grande échelle, d'une carte cadastrale du Potomac de 1738).
Lors de la réception des nouvelles de son fils indiquant qu'il avait l'intention de s'installer à Fredericksburg, Augustine Washington semble avoir entrepris d'ériger une modeste maison de ferme sur une zone libre des bords escarpés du fleuve Potomac (où se trouve le manoir aujourd'hui) en 1741-42. Il semblerait que Lawrence aurait reçu des nouvelles sur les intentions de son père vers la fin de 1741, alors qu'il était en Jamaïque, et il aurait répondu à ce dernier en lui demandant de nommer la maison "Mount Vernon" en l'honneur de son officier supérieur d'alors, le Vice-Amiral britannique Edward Vernon (connu comme étant le plus grand héros militaire de cette époque en Grande-Bretagne). Au début d', le lieu nommé "Mount Vernon" apparut sur une lettre, écrite par William Fairfax de Belvoir, le voisin de Lawrence sur la rivière Potomac. Lawrence Washington revint de la guerre fin 1742. Il enterra son père en , se maria à une membre de la famille Fairfax et s'installa à "Mount Vernon" en . Vers la fin des années 1740, Lawrence entreprit d'agrandir la maison qu'Augustine avait construite à son intention.
Lors de la mort de Lawrence en , son testament stipulait que sa veuve bénéficierait d'un droit d'établissement à vie à Mount Vernon, avec George, son frère bien-aimé, pour héritier conjoint. George Washington était déjà installé à Mount Vernon et dirigeait probablement la plantation. La veuve de Lawrence, Anne Fairfax, se remaria rapidement à un membre de la famille Lee et quitta la propriété. À la mort du seul fils de Lawrence et d'Anne en 1754, George, au titre de gestionnaire des biens de Lawrence, établit "Mount Vernon" en location. Par la suite, il racheta à sa belle-sœur ses parts d'usufruit et devint ainsi propriétaire de la plantation. En 1757, il entama la première des deux grandes entreprises d'expansion et d'amélioration de la maison. La seconde expansion débuta peu avant le début de la guerre d'indépendance des États-Unis. À ces occasions, il a entièrement reconstruit la maison sur les fondations d'origine mais en doublant la taille de celle-ci à chaque fois. La grande majorité du travail a été fait par des esclaves et des artisans. Pendant ces deux reconstructions, George Washington n'a jamais changé le nom patriotique anglais de la maison.
Avec la mort d'Anne Fairfax Washington Lee en 1761, George devenait l'unique dépositaire de droits à la propriété sur le domaine de Mount Vernon. Il avait déjà commencé à acheter des parcelles de terrain adjacentes vers la fin des années 1750, et continua à agrandir la propriété jusque tard dans les années 1780. De 1759 jusqu'à la Guerre d'indépendance, Washington, qui à cette époque aspirait à devenir un grand entrepreneur agricole, tenait le domaine exploité en 5 fermes différentes. Washington avait une approche scientifique de l'agriculture, recueillant méticuleusement et à grande échelle les données concernant le travail fourni et les résultats obtenus. L'un de ses plus grands succès fut la distillerie : il devint l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand, distillateur de whiskey du pays.
Après sa période militaire, Washington retourna à Mount Vernon et en 1785-1786 il passa beaucoup de temps à l'amélioration paysagère du domaine. Certains estiment que durant ses deux mandats de président des États-Unis (1789-1797), Washington passa 434 jours à Mount Vernon. Après sa présidence, Washington passa son temps à la réparation des bâtiments, à l'amélioration du jardin et à recevoir. George et Martha Washington mais également des autres membres de la famille, sont enterrés à Mount Vernon.
Après la mort de Washington en 1799, la plantation passa de descendants en descendants, qui manquaient soit de volonté soit de moyens pour la maintenir telle qu'elle était. Après avoir essayé sans succès durant cinq ans de restaurer le domaine, John Augustine Washington le mit à la vente en 1848. La Virginie et le gouvernement fédéral refusèrent l'achat du domaine.
En 1860, l'association des Mount Vernon Ladies, sous la direction de Ann Pamela Cunningham, acquit le manoir et une partie du terrain pour $200 000 de l'époque (soit plus de 6 300 000€ actuels), le sauvant de dégradation par manque de réparations et négligence. Le domaine a servi de terrain neutre aux deux camps durant la guerre de Sécession, alors que les combats faisaient rage dans la campagne environnante. Mount Vernon a été désigné comme National Historic Landmark le et plus tard sera inscrit au Registre national des lieux historiques.
Le manoir a été entièrement restauré par l'association (sans accepter de fonds de l'État de Virginie ou de fonds fédéraux). Le domaine est aussi bien connu pour son exceptionnel aménagement et ses bâtiments auxiliaires.
George Washington's Mount Vernon: At Home in Revolutionary America par Robert F. Dalzell, Jr. et Lee Baldwin Dalzell. New York, Oxford University Press, 1998.
Mount Vernon: Washington's Home and the Nation's Shrine par Paul Wilstach. Indianapolis, The Bobbs-Merrill Company, 1918, 1930.
Virginia: A Guide to the Old Dominion. New York, Oxford University Press, 1940. pages 338-342.