Elle fut une protectrice des arts, connue de Johann Christian Bach et de Mozart, entre autres. Elle fut aussi une botaniste amatrice qui œuvra à la fondation de Kew Gardens. Le genre Strelitzia a d'ailleurs été nommé en sa mémoire. George III et la reine Charlotte eurent quinze enfants, dont treize atteignirent l'âge adulte.
Pour une femme mariée au souverain de l'un des États les plus puissants de l'époque, son hérédité était moins prestigieuse que d'autres princesses royales. Aucun de ses ancêtres jusqu'à la génération de ses arrière-arrière-arrière-grands-parents n'avaient de rang royal. Bien que ses cinquante-huit aïeux et parents les plus proches aient compté parmi eux quelques princes régnants, on peut observer qu'elle était de sang ducal et princier, plutôt que de sang royal. Seulement deux de ses quinquisaïeux[2] furent rois : Gustave Ier de Suède et Frédéric Ier de Danemark et de Norvège. D'autres monarques royaux se trouvent dans son ascendance plus éloignée.
Mariage avec George III
Le frère de Charlotte, Adolphe-Frédéric IV de Mecklembourg-Strelitz (règne 1752–94), et sa mère négocièrent activement en vue de cette union qu'ils considéraient comme prestigieuse. Charlotte à 16 ans fut choisie pour être l'épouse du jeune roi George, bien qu'elle ne fût pas son premier choix. Il avait déjà courtisé plusieurs jeunes femmes considérées comme peu convenables par sa mère, Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg, et par ses conseillers politiques. La rumeur disait aussi qu'il avait épousé une jeune femme quaker, du nom de Hannah Lightfoot(en), bien que plus tard cela fût considéré comme infondé, les prétendus documents attestant de ce mariage s'avérant être des contrefaçons.
La princesse Charlotte arriva en Angleterre en 1761, et le couple se maria à la Chapelle Royale du palais Saint James, Londres, le 8 septembre de cette année. Peu appréciée de sa belle-mère, elle affronta pendant quelques années son hostilité.
Le mariage de Charlotte fut tout de même heureux, malgré le passé amoureux de son mari et le manque de sympathie de sa belle-mère, la princesse douairière de Galles, et le roi ne lui fut apparemment jamais infidèle. Ils eurent quinze enfants, tous sauf deux — Octavius et Alfred — atteignirent l'âge adulte. Le temps passant, elle bénéficia d'un pouvoir considérable sur le royaume, bien qu'elle n'en abusât jamais.[réf. nécessaire]
Intérêts et patronage
La reine Charlotte était vivement intéressée par les beaux-arts. Elle aida de ses deniers Johann Christian Bach qui fut son professeur de musique. Mozart, alors âgé de huit ans, lui dédia ses six sonates pour clavecin avec accompagnement de violon KV 10 à KV 15, à sa demande. La reine fonda aussi des orphelinats et un hôpital pour les futures mères.
En 2004, la Galerie de la Reine au Palais de Buckingham accueillit une exposition illustrant le patronage enthousiaste de George et de Charlotte pour les arts. Le couple royal exerça son mécénat avec éclat, contrairement aux premiers monarques hanovriens ; cela tranchait favorablement avec les goûts aventureux du père du roi, Frédéric, prince de Galles. Le ménage royal aimait particulièrement l'ébéniste William Vile(en), l'orfèvre Thomas Heming, le paysagiste Capability Brown, et le peintre allemand Johann Zoffany, qui fit plusieurs portraits du roi, de la reine et de leurs enfants, dans le style anglais, c'est-à-dire libéré des codes du portrait en majesté.
Thomas Lawrence, au talent précoce, n'a que 20 ans lorsqu'il peint le Portrait de la Reine Charlotte. Mais ce tableau n'a plu ni au roi George ni à la reine Charlotte et n'est pas entré dans la collection royale. Il est resté entre les mains de Lawrence et était dans sa vente d’atelier après sa mort[3].
La reine était aussi une botaniste qui aida à l'établissement de ce que sont aujourd'hui les Kew Gardens.
L'éducation des femmes avait une grande importance pour la reine, et elle fit en sorte que ses filles soient mieux instruites qu'il n'était d'usage pour les jeunes femmes de l'époque. Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, est une femme d'esprit, de génie et pleine de qualités[4]. Elle donna ainsi une éducation admirable à ses enfants. Prodige de devoir, de modestie, de piété et vertueuse de religion[5], elle donne à la cour un exemple de pureté. Elle y éloigne, sans ménagement et avec sévérité, toutes les personnes dont la réputation manque de clarté.
Avant sa mort, elle exprime le souhait de voir se rencontrer deux de ses fils, le prince régent et le duc de Sussex, qui ne s'étaient pas vus depuis plusieurs années[6].
C'est en son honneur que fut nommé un dessert : la fameuse charlotte.
Maladie de son mari
Au début de sa maladie, George III fut confié aux soins de sa femme, qui ne pouvait pas elle-même lui rendre visite très souvent, en raison de son comportement erratique et de ses accès de violence. Cependant, Charlotte continua de soutenir son mari alors que sa maladie mentale, que l'on suppose aujourd'hui avoir été une porphyrie, empira avec l'âge. Leur fils aîné fut proclamé régent en 1811.[réf. nécessaire]
Décès
Charlotte vécut à une époque où le royaume de son mari et la France, sa première rivale, étaient en guerre quasi-permanente, notamment pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763) , la guerre d'indépendance des colonies Américaines (1776-1787), la Révolution française (1789-1799) et la période napoléonienne (1799-1815). La nièce de la reine, Louise de Mecklembourg-Strelitz, reine de Prusse, fut l'âme de la résistance allemande face à la France.
En 1815, le Congrès de Vienne qui refondait l'Europe après la chute de Napoléon, éleva les deux duchés au rang de grands-duchés. La reine mourut en 1818 à l'âge de 74 ans en présence de son fils aîné, le prince-régent, qui tenait sa main comme elle s'asseyait dans un fauteuil dans la retraite provinciale de la famille, à Dutch House dans le Surrey (connu maintenant comme Kew Palace). Elle fut enterrée à la chapelle Saint-Georges à Windsor. Son mari mourut deux ans plus tard[7].
1814–1818 : Sa Majesté la reine du Royaume-Uni et de Hanovre
Maternité de la reine Charlotte
La maternité de la reine Charlotte à Londres perdure depuis 1739, faisant d'elle la plus ancienne maternité du Royaume-Uni. Le fils de la reine Charlotte, le duc du Sussex, la persuada de donner son nom à l'hôpital qui était une institution charitable à l'époque.
↑Ange Goudar, L'espion Chinois, ou l'Envoyé secret de la cour de Pékin, pour examiner l'état présent de l'Europe, M. Lévy, (lire en ligne), p. 183
↑Jean Louis Soulavie, Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI, depuis son mariage jusqu'à sa mort, Treuttel & Würtz, (lire en ligne), « Volume 3 », p. 362
↑Ch. J. Fr Hénault, Abrégé chronologique de l'histoire de France depuis Clovis jusqu'à la mort de Louis XIV, Ed. Proux, (lire en ligne), p. 841