François Chabot

François Chabot
Physionotrace de Jean-Baptiste Fouquet gravé par Gilles-Louis Chrétien, 1793.
Fonctions
Député français
Loir-et-Cher
Convention nationale
-
Député français
Loir-et-Cher
Assemblée nationale législative de 1791
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 37 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activité
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Junius Frey (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Ordre religieux
Parti politique

François Chabot, né le à Saint-Geniez-d'Olt (ancienne province de la Rouergue, actuel département de l’Aveyron) mort guillotiné le 16 germinal an II () à Paris[1], est un homme politique de Révolution française.

Biographie

Fils d’Étienne Chabot, cuisinier au collège de Rodez, François Chabot entre dans les ordres, en 1772, au couvent des Capucins de Rodez, sous le nom de « père Augustin »[2]. Le caractère pré-révolutionnaire de ses panégyriques lui vaut, en 1788 une interdiction de prêcher de la part de l’évêque de Castlehill. Aussitôt après, il compose une brochure intitulée De l’origine et de la destination des biens soi-disant ecclésiastiques, développant un plan complet de gouvernement fondé sur la disparition de la monarchie, la destruction de la religion et la réforme des finances[2]:11.

En mai 1790, il fonde la Société des Amis de la Constitution de la ville de Rodez et prête serment à la Constitution civile du clergé. Durant l'été 1791, il devient vicaire général de l'abbé Grégoire, évêque constitutionnel de Blois.

Mandat à la Législative

La France devient une monarchie constitutionnelle en application de la constitution du 3 septembre 1791. Le même mois, François Chabot est élu député du département du Loir-et-Cher, le quatrième sur sept, à l'Assemblée nationale législative[3].

Il siège sur les bancs de la gauche de l'Assemblée. En avril, il vote pour que les soldats du régiment du Châteauvieux, qui s'étaient mutinés lors de l'affaire de Nancy, soient admis aux honneurs de la séance[4]. En août, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[5].

L'historien Alphonse Aulard juge que Chabot et ses collègues Claude Basire (député de la Côte-d'Or) et Antoine Merlin (député de la Moselle) forment un trio cordelier qui figurent « parmi les partisans les plus zélés » de Georges Danton[6].

La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est suspendu et incarcéré, avec sa famille, à la tour du Temple.

Mandat à la Convention

En septembre 1792, François Chabot est réélu député du Loir-et-Cher, le deuxième sur sept, à la Convention nationale[7].

Chabot siège sur les bancs de la Montagne. Dès octobre 1792, il est nommé membre du Comité de sûreté générale[8]. Il s'élève chaudement contre le remaniement du Comité en janvier 1793, composé majoritairement de députés de la Gironde[9] :

Ce ne sera plus un comité de sûreté générale, ce sera un comité de contre-révolution.

Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort, et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[10]. Le 8 février 1793, il déclare s'être opposé aux massacres de Septembre, et demande l'amnistie contre ses auteurs[11] :

Je dirai que quand il fallut sauver la vie des Suisses, puisqu'il faut me vanter, je me suis exposé à perdre la vie pour soustraire à la fureur du peuple, non seulement les Suisses, mais les grenadiers des Filles-Saint-Thomas, qui avaient voulu m'assassiner.

Le 13 avril, il est absent lors du scrutin sur la mise en accusation de Jean-Paul Marat[12]. Le 28 mai, il vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[13].

Chabot est en effet représentant en mission durant son mandat. Le 8 mars 1793, aux côtés de Louis Maribon-Montaut (député du Gers), il est envoyé auprès de la section de Molière et La Fontaine[14]. Le 9 mars, il est envoyé, aux côtés de Jean-Baptiste Bô (député de l'Aveyron), dans les départements de l'Aveyron et du Tarn afin d'y accélérer la levée en masse[15]. Le 28 juillet 1793, il est envoyé en mission aux côtés d'André Dumont (député de la Somme) à Amiens puis dans le département de la Somme[16]. Le 9 août, il est remplacé par Joseph Le Bon (député du Pas-de-Calais)[17].

Durant l'été 1793, Chabot prononce plusieurs dénonciations et rapports au nom du Comité de sûreté générale :

« — Où alliez-vous M. Chabot ? — Le V. me crible jusqu’aux Os. » Caricature représentant Chabot reçoit un traitement de Mercure avec des pilules de Bellost réputées traiter la syphilis.
Caricature représentant Chabot en mi-capucin, mi révolutionnaire.

Dans le même temps, il se compromettait avec les agents des « riches capitalistes ». Pour justifier l'origine d'une partie de sa fortune si soudainement acquise grâce aux pots-de-vin que versés pendant l'été par les actionnaires au cours de la liquidation de la Compagnie des Indes orientales, il contracte un mariage blanc avec Léopoldine Dobruska, la sœur de Junius Frey et Emmanuel Frey, qu'il dota secrètement lui-même, ce qui lui permet de blanchir au moins 700 000 livres[22].

Déjà suspect à la fin de l'été 1793, il n’est pas conservé au Comité de sûreté générale renouvelé, à la demande de Robespierre, tous ses membres étant soupçonnés, non sans raison, de pratiquer la protection intéressée des émigrés rentrés. Quand ils ne pouvaient pas résilier un ordre d'arrestation généralement lancé par les sections, la Commune ou l'administration du Département, Chabot et ses collègues Julien de Toulouse, Joseph Delaunay, Charles-Nicolas Osselin faisaient en sorte que la personne poursuivie, moyennant finances, soit assignée à résidence. Le , Fabre d'Églantine le dénonce comme participant de la « conspiration de l’étranger » . En retour, le , François Chabot dénonce lui aussi cette « conspiration de l’étranger », nommant Anacharsis Cloots, Jacques-René Hébert et le comte de Proly.

Extrême dans sa mise et ses prises de positions, compromis dans de nombreuses affaires de trafic d’influence et notamment celle de la liquidation de la Compagnie des Indes orientales, il est arrêté le . Entre le 28 novembre et le 19 décembre, il écrit à quatre reprises à Georges Danton, pour accuser Delaunay et Hébert de conspiration, mais en exonérant Fabre et Basire, entrés, selon lui, dans le complot à seule fin de le démasquer. À la découverte de preuves évidentes de la culpabilité de Fabre, le 4 janvier 1794, dans les papiers de Delaunay, il est arrêté, le 12 janvier. Selon Albert Mathiez, Chabot a trahi les Hébertistes pour tenter de s’attirer la gratitude des Indulgents[23], et couvert Fabre, pour profiter de l'influence dont disposait cet ami de Danton au sein des Comités[24] [a]. Selon Henri Houben, Chabot qui avait été chargé par Delaunay de faire signer à Fabre, en échange de 100 000 livres, le projet de loi amendé dans le sens des intérêts de la Compagnie des Indes, aurait pris celui-ci au saut du lit avec un projet de loi « mis au net », « mot à mot», « sans rature », auquel il aurait, à moitié réveillé, apposé sa signature sans vérification. Il aurait ensuite gardé l’argent en rapportant à Delaunay que Fabre l’avait accepté[27]. Compris dans le procès de Danton et des dantonistes, il est guillotiné le 16 germinal an II[28].

Notes et références

Notes

  1. Après avoir initialement écarté la thèse du complot de l’étranger[25], Mathiez finira par l’adopter[26].

Références

  1. Archives de Paris, « État-civil reconstitué, registre des décès, vue 29 / 51, 5Mi1 1133 » Accès libre, sur https://archives.paris.fr, (consulté le )
  2. a et b Joseph de Bonald, François Chabot, membre de la Convention (1756-1794), Paris, Émile-Paul, , 2e éd., xii-356 p., portr. ; in-16 (OCLC 1496458, lire en ligne sur Gallica), p. 6.
  3. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, Liste des députés » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  4. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 41, séance du 9 avril 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  5. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Les orateurs de la Législative et de la Convention : l'éloquence parlementaire pendant la Révolution française. Tome 2 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  7. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, Liste des députés par départements » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  8. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 17 octobre 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  9. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 56, séance du 9 janvier 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  10. Froullé, Jacques-François (≃1734-1794) et Levigneur, Thomas (≃1747-1794), « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  11. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 58, séance du 8 février 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  12. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  13. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  14. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 2 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  15. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 2 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  16. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 5 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  17. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 5 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  18. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 68, séance du 8 juillet 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  19. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 68, séance du 12 juillet 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  20. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 68, séance du 14 juillet 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  21. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 70, séance du 6 août 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  22. Michel Eude, « Une interprétation « non-mathiézienne » de l'affaire de la Compagnie des Indes », Annales historiques de la Révolution française, no 244,‎ , p. 239-261 (JSTOR 41913542).
  23. Geoffroy Bruun, « Deux lettres de Chabot à Saint-Just concernant la conspiration de l'étranger », Annales historiques de la Révolution française, no 57,‎ , p. 245-249 (JSTOR 41925139).
  24. (en) Norman Hampson, « Francois Chabot and His Plot », Transactions of the Royal Historical Society, vol. 26, no 7,‎ , p. 1-14 (DOI 10.2307/3679069., JSTOR 3679069).
  25. Albert Mathiez, Un Procès de corruption sous la terreur : l'affaire de la Compagnie des Indes, Paris, Librairie Félix Alcan, , 399 p. (OCLC 2434201, lire en ligne).
  26. Albert Mathiez, La Conspiration de l'étranger, Paris, Armand Colin, coll. « Études robespierristes », , 314 p., in-16 (OCLC 1883817, lire en ligne), p. 13.
  27. Henri Houben, Finance et politique sous la Terreur : la liquidation de la Compagnie des Indes (1793-1794) Le faux décret. L’instruction. Les procès, Paris, Félix Alcan, , 313 p., in-16 (OCLC 1039736325, lire en ligne), p. 11.
  28. Claudine Wolikow, « Chabot François », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, (réimpr. 2005 coll. « Quadrige », 1332 p.), 1132 p. (ISBN 978-2-13042-522-9, OCLC 260091139, lire en ligne), p. 199-200.

Bibliographie

Liens externes