Autrice d'essais, de préfaces, de traductions et de quelques poèmes, elle a été un quart de siècle durant, l'adjointe de la direction de la seconde NRF, la première femme à jouer, au sein de la prestigieuse maison Gallimard, plus qu'un rôle d'influence dans le monde de l'édition française, la première à être reconnue professionnellement pour cela en devenant en 1974 conseillère du ministre de l’Éducation. Une des premières jeunes filles admises en 1925 en hypokhâgne, elle avait été avant guerre une pionnière du journalisme féminin.
Compagne clandestine de Jean Paulhan jusqu'au-delà de la mort de celui-ci, elle s'est révélée en 1994, à l'âge de quatre-vingt-six ans, être l'autrice d'Histoire d'O, un des textes français les plus traduits. Publié en 1954 par le jeune éditeur Jean-Jacques Pauvert sous le pseudonyme de Pauline Réage, cet unique roman et sa suite parue en 1969, amputés d'une troisième partie qui en délivrait le sens mystique[3], composent un manifeste érotique voulu comme une réponse aux fantasmes sadiens des hommes qui fait d'elle la créatrice d'un nouveau genre, la littérature libertine féminine.
Fascinée par les filles, c'est au cours de son adolescence qu'elle apprivoise sa bisexualité. À quinze ans, à la rentrée 1923, il lui est interdit de jamais revoir son premier amour, une Jacqueline chez laquelle les parents ont intercepté leur correspondance érotique[9]. Mais dix ans plus tard, sa relation avec ce personnage, qui sera mise en scène dans Histoire d'Ô[9], n'a pas été rompue[10], prenant une tournure apparemment échangiste[11]. Curieuse de l'anatomie masculine, elle conservera un souvenir de crudité mécanique et de dégoût de la première démonstration que le cousin d'une complice de son père lui offre dans un hôtel de passe[12].
Son rejeton est admis avec deux autres jeunes filles en hypokhâgne au lycée Condorcet où lui-même enseigne depuis 1919, classe qui est une véritable école d'écriture et de style mais où les professeurs s'emploient à dégoûter les candidates féminines[18]. Compétitrice qui n'a jamais supporté que d'être première ou seconde en lettres[19], Anne Desclos abandonne au bout d'un an.
En 1933, elle retourne vivre chez ses parents, en emmenant son fils. Elle fréquente toujours son amour d'adolescence, Jacqueline[10], mais c'est d'un sculpteur[24], René, dont elle est secrètement amoureuse[9]. Or c'est Jacqueline que cet homme à femmes finit par séduire[9]. Par l'intermédiaire de René[25], elle rencontre le journaliste d'extrême droiteThierry Maulnier, un collègue de son mari de six ans plus jeune que celui-ci, qui travaille lui aussi à la revue 1933[26]. Tous les deux avec René, le dessinateur Bernard Milleret et une Claudine, ils participent à l'intérieur du Louvre, où elle a accès en tant qu'étudiante, à une réunion dont l'objet est inavouable et dont la révélation serait compromettante[27]. Commencée au printemps 1933[26], leur liaison, clandestine à cause du mari, le restera sans nécessité sinon celle du désir[28] les huit années qu'elle durera.
À l'automne 1938, Dominique Aury demande à son amant Thierry Maulnier de rédiger la préface à une Introduction à la poésie française[38], recueil qui fait suite au mémoire qu'elle a soutenu en Sorbonne[39]. L'anthologie parait sous le seul nom de Thierry Maulnier en [40], durant la drôle de guerre. Reçu comme une diane française, le livre devra être réimprimé de nombreuses fois tant son succès sera grand[40].
Réfugiée dans la maison de campagne que son père a achetée au printemps 1934[47] à Launoy[48], écart du village de Blennes situé dans le Gâtinais entre Fontainebleau et Sens, Dominique Aury passe son permis de conduire et adresse une candidature au journal fémininTout et Tout. Elle est engagée comme chroniqueuse par le directeur, Georges Adam[49]. Celui-ci la prend en sympathie, devient son premier véritable correcteur et lui enseigne le métier de rédacteur.
Employée de Vichy au service de la Résistance (1941-1944)
Leur collaboration continue sous le régime de Vichy quand le journal est interdit et que Georges Adam[51] prend en charge la diffusion clandestine des Lettres françaises[49], hebdomadaire fondé en par Jacques Decour dont le premier numéro ne sortira que le . Petite main du CNE au sein de la Résistance, son travail de mise sous pli, qui a valu à plusieurs de ses collègues d'être déportées[49], l'amène à déposer des exemplaires au bureau de la NRF. Elle y croise les membres du comité de rédaction, Léon-Paul Fargue, Bernard Groethuysen, Germaine Paulhan et son mari, Jean, qu'elle ignore être le directeur clandestin de la revue qu'elle colporte. Celui-ci lui fait tout de suite confiance et lui donne à lire pour avis les épreuves[52]. Quand elle se rend à Paris, elle dépose les numéros à distribuer chez l'illustrateurBernard Milleret, un de ses amants[53] depuis au moins 1933[27]. Avec sa femme, celui-ci lui offre aussi le logement, créant une situation ambiguë dont il tente d'abuser. Elle est intégrée aussi au réseau de distribution clandestin des Éditions de Minuit[54], dont le premier ouvrage est achevé d'imprimer en .
En , alors que Jean Paulhan, en désaccord avec la censure d'épuration mise en œuvre par Louis Aragon et le CNE, est en train de quitter les Lettres françaises, elle publie avec celui-là aux Éditions de MinuitLa patrie se fait tous les jours, une anthologie de textes écrits sous l'Occupation par soixante écrivains engagés dans la Résistance comportant une notice pour chacun d'eux. Séduite par la finesse d'esprit de son aîné de vingt-trois ans avec lequel elle partage une exigence spirituelle, elle devient, à l'occasion de ce travail en commun commencé des mois auparavant, l'une de ses maîtresses secrètes, parallèlement à Édith Boissonnas[67] et d'autres.
Dominique Aury noue à partir du milieu des années 1940 avec la chartisteÉdith Thomas une liaison devenue, dans son jeu de séduction, un véritable attachement[76]. C'est à cette écrivaine et journaliste engagée, biographe de Pauline Roland et de Flora Tristan, qu'elle empruntera les traits principaux pour composer la figure d'Anne-Marie, le personnage du troisième des quatre chapitres d'Histoire d'O[77]. Avec Gaston Gallimard et Marcel Arland, Dominique Aury est impliquée étroitement dans le projet de refondation de la NRF que poursuit Jean Paulhan depuis qu'elle en est devenue parallèlement la maîtresse. Son amant perd la mère de ses enfants en 1951 et, depuis plus de dix ans, sa seconde épouse sombre peu à peu dans une maladie de Parkinson. Effarouchée par un possible triangle amoureux, Dominique Aury s'éloigne alors d'Edith Thomas, avec laquelle elle ne rompra cependant jamais totalement malgré l'interdiction de Jean Paulhan, et qu'elle continuera d'aimer « comme un homme aime une femme »[78].
Passé l'âge de quarante ans, elle craint de ne pouvoir retenir l'homme à femmes[79] qui lui a donné quelquefois la certitude d'être aimée. À la remarque de celui-ci, qui termine un essai sur Sade[80], lui remettant un livre masochiste japonais[81] que « les femmes ne peuvent pas écrire de romans érotiques », elle rétorque : « Moi aussi je pourrais écrire de ces histoires qui vous plaisent… »[82]. À la fin de l'été 1951[83], dans l'appartement de la Cité universitaire[83] ou en vacances avec ses parents dans la maison de campagne de Launoy puis entourée d'écrivains dans la villa de Flora Groult à Juan-les-Pins[84], La Vigie, elle se met à la rédaction d'une « lettre d'amour »[85] par nuit adressée poste restante[7], acte autant que récit en abyme du sacrifice passionnel d'une femme pour l'être aimé comme image de Dieu incarné dans toutes ses turpitudes. Par l'aveu aussi mystique[86] qu'érotique de sa condition de pécheresse, elle accomplit, ou profane, cet amour, exalté par le Fénelon de son adolescence, qui « avilit infiniment tout ce qui n’est point le bien-aimé »[87]. Confession intégrale mais complaisante de soi autant que subversion de son lectorat dans les formes les plus décentes[88] du grand style, la correspondance à sens unique devient en trois mois[83], sans que son destinataire n'y ait apporté aucun changement, sinon la suppression d'un « sacrificiel » par trop précieux[83], Histoire d'O.
Le scandale, la critique et la censure (1953-1955)
Le projet de nouvelle Nouvelle Revue réalisé le , Dominique Aury siège au Comité de lecture, où ses analyses seront déterminantes. Son éditeur Gallimard, dans l'ignorance de l'identité de l'auteur, se range à l'avis de Jean Dutourd de refuser le roman scandaleux, que René Defez accepte pour les Éditions des Deux Rives. Une copie accompagnée d'une préface intitulée Le bonheur dans l'esclavage et signée Jean Paulhan en ayant été remise par celui-ci en à Jean-Jacques Pauvert, premier éditeur déclaré de Sade, le manuscrit est arraché précipitamment par le jeune éditeur à son concurrent[89], déjà sous le coup de la censure pour un autre livre. À moins de trente ans, il publie en six cents puis trois fois de suite mille autres exemplaires de ce qui, initialement réservé au seul cercle d'une critique aiguillonnée par la préface et le scandale et prête à louer très cher un exemplaire, deviendra un de ses premiers best-sellers.
Simultanément, il confie la publication en anglais à Maurice Girodias, c'est-à-dire les éditions Olympia Press. La traduction est bâclée et vulgaire mais la sortie, interdite dans un premier temps aux États-Unis, y fait sensation, où les deux mille exemplaires imprimés sont épuisés en trois semaines. Deux ans plus tard, la nouvelle traduction d'Austryn Wainhouse(en), infidèle et édulcorée, paraît sous le titre The Wisdom of the Lash pour déjouer la censure. Traduite depuis en dix-sept langues, l’œuvre, constamment rééditée, compte plusieurs millions d'exemplaires dans le monde[90], ce qui fait du roman de Dominique Aury l'un des plus lus de la littérature française.
Cultivant le malentendu avec un public sensible aux scènes de divertissement pornographique, cette critique subversive choisit au contraire, en vain face à la censure, de mettre en avant la représentation que fait l'autrice d'une expérience intérieure quiétiste et de la nécessité du Péché subi dans toute sa crudité, peut-être, à l'imitation du Christflagellé, jusqu'au sacrifice humain[100], pour éprouver en ce monde damné l'extase de la Grâce : « (...) le silence son refuge y [était] peut-être pour quelque chose (...). Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie (...), elle se sentait à la lettre le réceptacle d’impureté, l’égout dont parle l’Écriture (...) Qu’à être prostituée elle dût gagner en dignité étonnait, c’est pourtant de dignité qu’il s’agissait. Elle en était éclairée (...) et l’on voyait (...) sur son visage (...) l’imperceptible sourire intérieur, qu’on devine aux yeux des recluses »[101].
La Brigade mondaine en revanche convoque le [102], après quelques jours d'enquête[103], Jean Paulhan, qui avait échappé à la Gestapo et ne dénonce personne aux policiers astreints à un cours de littérature. Ceux-ci poursuivent Anne Desclos pour « outrage aux bonnes mœurs » jusque chez elle, où elle habite avec son fils et ses parents[4]. Le livre, l'autrice, les éditeurs tombent sous le coup des articles 119, 121, 125, 126 et 127 du décret signé le en application du premier alinéa de l'article 7 de la loi du 16 juillet 1949[104]. La loi invoquée a été élaborée sous le gouvernement Daladier, celui-là même qui avait au début de la guerre interdit le Parti communiste, incarcéré les députés de ce parti, interné les opposants au nazisme dans le camp des Milles. Le débat autour de la censure d'Histoire d'O n'échappe pas à un arrière-plan politique[105] et mobilise des inimitiés entre anciens collaborationnistes et ex membres opposées entre eux de différentes factions de la Résistance.
La NRF aux côtés de Paulhan (1956-1967)
« (...) les prismes pour décomposer la lumière fixe des astres morts[106]. »
Durant ce qui ne s'appelle alors officiellement pas la guerre d'Algérie, le fils de Dominique Aury, Philippe d'Argila, fait partie du contingent des appelés[107]. L'autrice d'Histoire d'Ô n'évite un procès que par un décret d'annulation pris le au lendemain d'un dîner ourdi par sa médecin, Odette Poulain, et l'intime de celle-ci, le généralCorniglion-Molinier, ministre de la Justice« très content de rencontrer »[108] parmi ses invités une femme modeste et vertueuse qui n'aura pas dit un mot. Le livre restera toutefois sous le coup de la triple interdiction[109] de vente aux mineurs, d'affichage et de publicité, noyant l'écrivaine Dominique Aury dans une « conspiration du silence »[89]. L'année suivante Jean de Berg lui rend un hommage clandestin en lui dédiant son romansadomasochiste, L'Image[89], fiction[110] publiée sous le manteau avec une préface signée par Alain Robbe-Grillet des initiales de Pauline Réage.
Toujours au second plan, « femme d'à côté », Dominique Aury continue jusqu'en 1977 sa carrière effacée et influente comme secrétaire générale de la NRF auprès de Jean Paulhan puis de Marcel Arland et de Georges Lambrichs. Parfaitement bilingue, « La Fouettée »[112] est celle qui permet à la maison d'ouvrir le public français à la littérature internationale[112]. En 1956, elle publie Lecture pour tous, essais savants où elle étudie à travers des œuvres choisies, depuis Tristan jusqu'à Lolita en passant par René, les auteurs qui s'y cachent. Elle en est récompensée par le Grand Prix des Critiques.
Elle participe à de nombreux jury littéraires, ceux des
Elle y exerce avec conviction[113] une partialité constante en faveur de la maison Gallimard. En 1960, elle quitte la Guilde du livre. La NRF publie certains de ses poèmes sous le titre de Songes[114], qui sera repris pour une première édition dédiée trente ans plus tard[115]. Elle reçoit la Légion d'honneur des mains du général de Gaulle, lequel n'a pas été laissé dans l'ignorance de l'identité de Pauline Réage[90].
En 1961, elle crée chez Gallimard une collection, L'Histoire fabuleuse, consacrée à de nouveaux talents, tel Michel Bernard[116], réinterprétant les « héros, les mythes et les civilisations perdues (…) pour que l'enchantement demeure »[106]. Ce faisant, elle applique les règles d'une esthétique nouvelle assignées au roman par la Jeune droite d'avant guerre[117] pour le dégager d'une littérature conventionnelle, psychologique et réaliste, telles que les avaient formulées Kleber Haedens sous la direction de Thierry Maulnier[118]. Comme le théâtre de Racine, il n'importe pas tant au roman qu'il raconte une histoire vraie ou vraisemblable pourvu qu'il porte au lecteur une parole archétypale à laquelle il soit sensible[118]. L'aventure dure trois ans mais ce souci de concilierclassicisme et modernité est resté la signature de la NRF, gage de reconnaissance pour les écrivains. C'est elle qui par la suite confère à François Nourissier la notoriété en l'y faisant entrer.
En 1962, les trois mille six cents premiers exemplaires d' Histoire d'O étant épuisés, Jean-Jacques Pauvert lance une nouvelle édition et en confie la diffusion en anglais à Grove Press l'année suivante. Ce n'est qu'en 1965, après un procès en appel, que peut paraître la nouvelle traduction faite par Richard Seaver(en). Ayant signé Sabine d'Estrées, celui-ci évite les peines prévues par la censure, beaucoup plus sévères dans certains États des États-Unis. Au Royaume-Uni, les copies sont saisies[119] mais la diffusion s'organise depuis Paris. En 1967, Maurice Béjart veut créer un ballet Histoire d'O, mais finit par renoncer dans un contexte délétère d'homophobie exacerbée par le choix de Dominique Aury et Jean Paulhan de publier l'antimilitaristeTombeau pour cinq cent mille soldats, dans lequel Pierre Guyotat dépeint sans pudeur l'homosexualité masculine.
La liaison de Dominique Aury avec Jean Paulhan s'enchevêtre de celle qu'elle noue avec Jeannine Aeply, qui est l'épouse soumise et la collaboratrice du peintre caractériel et alcoolique Jean Fautrier, adepte violent de parties fines et illustrateur du sulfureux Georges Bataille, mais la relation à quatre qui se propose restera confinée au fantasme. C'est que, habitante de Malakoff, elle s'efforce de rejoindre le plus souvent possible la maison de campagne qu'elle a achetée à la fin des années cinquante, grâce au succès d'Histoire d'O[120], à Boissise-la-Bertrand, 7 rue François Rolin, où elle vit avec un âne, sa mère, veuve qui se laisse mourir[121], et un Jean Paulhan souffrant de ses blessures de guerre et d'une sciatique, malade qu'elle veille, elle-même migraineuse depuis l'enfance, avec abnégation[122] jusqu'à la mort de celui-ci en 1968.
Effacement en clair obscur (1968-1998)
« J'ai vécu avec lui (...) la dernière part de moi vivante, de ma vie d'être vivant. Après, je n'ai pas vécu. J'ai cessé. Tout. »
— A propos de Jean Paulhan, Anne Desclos en 1998 à la cinéaste Pola Rapaport venue la photographier.
Au printemps 1968, alors que Jean Paulhan se meurt à l'hôpital, Dominique Aury rédige la nuit, au chevet de son amant, Une fille amoureuse, où elle s'explique dans ses rapports secrets à l'homme aimé. Le texte sert de préface l'année suivante au cinquième et dernier chapitre, initialement écarté, du manuscrit d'Histoire d'O qu'elle publie sous le titre Retour à Roissy. Quelques mois plus tard, en 1970, c'est sa mère qu'elle perd[123], puis Édith Thomas.
En 1994, elle reçoit le reporter John de Saint-Jorre, qui mène une enquête sur Maurice Girodias, l'éditeur obstiné de Story of O. Un compte rendu publié dans The New Yorker[131] trahit la confidence, confirmant les rumeurs selon lesquelles Dominique Aury est la mystérieuse Pauline Réage, qui avait été jusqu'alors identifiée à Jean Paulhan, à André Malraux, à André Pieyre de Mandiargues, à Henry de Montherlant, à Alain Robbe-Grillet… un écrivain qui ne pouvait être qu'un homme. L'article précise que le prénom du pseudonyme fut choisi en hommage aux héroïnes de l'écrivaine, Pauline Borghese et Pauline Roland, avant que ne soit trouvé sur une carte d'état major le nom évocateur de Réage. D'aucuns ont remarqué que Pauline Réage est l'anagramme à un h près d' égérie Paulhan.
Son ultime secret révélé, Dominique Aury, oubliée, envahie depuis plus de dix ans par l'amnésie[123] grandissante de la sénilité, abandonnée par son fils que les difficultés psychologiques rendent incapable et par sa belle fille, ne quitte plus sa chambre de la maison de Boissise salie par des dizaines de chats et chiens, et se laisse mourir de faim dans le diogénisme[132]. En 1996, deux ans avant sa mort, est publié le recueil Songes, une partie de son œuvre poétique.
« (...) je n’aurai jamais rien fait. Une fois, transmis des fantasmes, oui, mais si bien transmis qu’ils ne sont plus à moi. »
La liste n'inclut pas les innombrables articles de critique littéraire que Dominique Aury a produit en tant que journaliste et chroniqueuse littéraire.
Histoire d'O, avec douze compositions, bandeaux et culs-de-lampe de Léonor Fini, Au cercle du livre précieux aux dépens de la Compagnie des Bibliophiles, 1962, 352 ex.
Élisabeth Porquerol, Fr. Delavenage, V. Courbessac, L.-B. Quapols, P.E. Caissargues & M. Redessan, Lectures et figures. Dictionnaire guildien de la littérature vivante, Guilde du Livre, Lausanne, 1956, 410 p.
A. Mary, Tristan : La merveilleuse histoire de Tristan et Iseut et de leurs folles amours, restituée en son ensemble et nouvellement écrite dans l'esprit des grands conteurs d'autrefois., La Guilde du Livre, Lausanne, 1961, 299 p.
Trad. R.-P. Gosa, Le Japon / Lafcadio Hearn - "Kwaidan ou Histoires et études de choses étranges" - "Kottô" - "Le roman de la Voie lactée" - "Au Japon spectral" - "Pèlerinages japonais", Mercure de France, Paris, 1993, 723 p.
Principaux articles parus dans les revues de critique
« (...), on regarde un supplice qui n'en finit pas. Mais on reste, on écoute de toutes ses forces pour entendre à travers les cris ce qui n'échappe aux âmes que dans les supplices, la vérité de la honte, du remords, du désir, du désespoir[134]. »
« (...) Sade, (...) m’a fait comprendre que nous sommes tous des geôliers, et tous en prison, en ce sens qu’il y a toujours en nous quelqu’un que nous-mêmes nous enchaînons ; que nous enfermons, que nous faisons taire. Par un curieux choc en retour, il arrive que la prison même ouvre à la liberté[136]. »
— Dominique Aury expliquant le rôle libérateur de la rêverie qui explore le désir inconscient face aux frustrations que subissent les projets raisonnables dans un monde absurde.
« (...) ce ne sont pas les gens qui lisent Sade qui ont fait les camps de concentration. Ce sont des gens qui n'avaient jamais lu Sade. »
— A propos de l'hypocrisie de la censure et de ses prétentions morales et éducatives.
A. Destais, L’Émergence de la littérature érographique féminine en France : 1954-1975 - thèse de doctorat, Université de Caen, Caen, .
F. Wilhelmi, Was darf Kunst? Die Erörterung einer schweren Frage anhand Pauline Réages "Die Geschichte Der O", GRIN(de), Ravensbourg, , 72 p. (ISBN9783640895847).
Ch. Okret Manville, La politique de promotion culturelle britannique en France (1930-1953) - De la publicité aux relations culturelles. - thèse de doctorat, IEP, Paris, 2002.
↑M. Luther, Pecca fortiter sed crede fortius, in Lettre n° 501 à Melanchthon, 1er août 1521. (Pêche avec courage mais crois avec plus de courage encore).
↑A. Desclos, La correction des épreuves écrites dans les examens: enquête expérimentale sur le baccalauréat, in International Examinations Inquiry - French committee, La Maison du livre, Paris, 1936.
↑A. Desclos, Atlas de l'enseignement en France, Commission française pour l'enquête Carnegie, 1933
↑J. Donne, « Demain », in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . J. Donne, « L'Apparition », in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . J. Donne, « Chanson » in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . J. Donne, « Un rêve », in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . J. Donne, « Message pour interdire le deuil », in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . D.Aury, « "The Wild Palms" de William Faulkner », in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 1, Corrêa, Paris, . D. Aury, « "Let the People Sing(en)" de J. B. Priestley », , in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 2, Corrêa, Paris, . D. Aury, « "After Many a Summer" d'Aldous Huxley », , in M. R. Bertin, Revue française des arts et des œuvres, no 2, Corrêa, Paris, mai 1940.
↑F. de Fénelon, Lettres sprituelles, no 258, in Œuvres de Fénelon, archevêque de Cambrai, vol. I, p. 574, Lefèvre, Paris, 1835 (rapprochement fait par Garcin, art. cité).
↑Héloïse, « (…) j'eus (…) le courage de me perdre sur ton ordre. (…) tu règnes en seul maître sur mon âme comme sur mon corps. (…) Le nom d'épouse paraît plus sacré (..). J'aurais voulu, si tu permets, celui de concubine et de putain. », in Lettres à Abélard, II.
↑D. Aury, « Des raisons d'amitié qui jouent à ce niveau? Sûrement. Et pourquoi pas? », citée in G. Pudlowski,Ils élisent, mais lisent-ils?, in Les Nouvelles littéraires, p. 4, Paris, 17 novembre 1978.
↑D. Aury, Songes, in NRF no 95, Paris, novembre 1960.