Pauline Roland a reçu une instruction à l’insistance de sa mère, receveuse des postes de Falaise. Initiée par un de ses professeurs aux idées saint-simoniennes du fondateur du socialisme français, elle devient une adepte enthousiaste de sa philosophie. Suivant son arrivée à Paris en 1832, elle commence à écrire pour les premiers journaux féministes et compile une remarquable série d’histoires de France (1835), d’Angleterre (1838), d’Écosse et d’Irlande (1844).
Proche associée de George Sand et de Pierre Leroux[5], elle se joint à son phalanstère fouriériste à Boussac en 1847 où elle travaille comme institutrice et écrit pour l'Éclaireur de l'Indre. Elle vit pendant douze ans en union libre jusqu’en 1845 avec Jean-François Aicard, en insistant pour que leurs deux enfants, et un fils dont le père était Adolphe Guéroult, portent son nom et soient élevés par elle : « Je ne consentirai jamais à épouser aucun homme dans une société où je ne pourrais pas faire reconnaître mon égalité parfaite avec celui auquel je m’unirais… » À la mort de Flora Tristan en 1844, elle prendra également soin de sa fille Aline (qui sera plus tard la mère de Gauguin).
De à , elle publie plusieurs articles dans les journaux de Proudhon, Le Peuple puis la Voix du Peuple[6].
En octobre 1849, les délégués de plus de 100 professions élisent Pauline Roland au comité central. Cette tentative de rétablissement du mouvement coopératif en 1848 est supprimée par le gouvernement en avril 1850 et Pauline Roland est au nombre des cinquante personnes arrêtées le mois suivant. À son passage devant la justice pour socialisme, féminisme et « débauche », elle fait l’objet d’attaques violentes avant d’être emprisonnée sept mois jusqu’à juillet 1851. Ceci ne l’empêche aucunement de s’impliquer très activement dans la résistance parisienne au coup d'État du 2 décembre 1851 qui mène au Second Empire, ce qui lui vaut d’être condamnée à dix ans de déportation en Algérie. Elle ne doit sa libération anticipée qu’à l’intervention de George Sand et de Pierre-Jean de Béranger. Sur le chemin du retour où elle allait retrouver ses enfants, les dures conditions de détention qu’elle avait dû endurer finissent par avoir raison de sa santé et entraîner sa mort.
Ses enfants étaient là qui voulaient l’embrasser ;
On les chassa. La mère en deuil les vit chasser
Et dit : — partons ! — Le peuple en larmes criait grâce[8].…
ainsi qu'un poème entier de 128 vers, intitulé "Pauline Roland" (Livre V, poème XI)[9] et qui débute ainsi:
Elle ne connaissait ni l’orgueil ni la haine ;
Elle aimait ; elle était pauvre, simple et sereine…
Postérité
À Fleury-sur-Orne, dans le Calvados, la bibliothèque municipale porte le nom de Pauline Roland.
Dans le 19e arrondissement de Paris, au 35 de la rue Fessart, se trouve le plus ancien "asile-ouvroir" (centre d'hébergement pour femmes et enfants) de la ville. Ouvert en 1890, aujourd'hui "centre d'hébergement et de réinsertion sociale", il porte toujours le nom de Pauline Roland[10].
↑Cyrille Ferraton et Ludovic Frobert, « « C’était une espèce d’apôtre » : Pauline Roland et « la commune associée » », Revue d'histoire de la pensée économique, vol. 2022/1, no 13, , p. 213 (DOI10.48611/isbn.978-2-406-13254-7.p.0213, lire en ligne, consulté le )
Stéphane Michaud, Flora Tristan, George Sand, Pauline Roland : les Femmes et l’invention d’une nouvelle morale, 1830-1848, Paris, Créaphis, 2002 (ISBN978-2907150507)
Édith Thomas, Pauline Roland : socialisme et féminisme au XIXe siècle, Paris, Marcel Rivière, 1956.
Fayçal Ouaret, Terres noires, Journal de Pauline Roland à Sétif, roman, Alger, Éditions Alpha, 2007.