Ne pas confondre avec l’Action française, le mouvement politique dont il est l’organe de presse.
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Le quotidien pratiquait la diffamation (« il arrivait souvent que des personnes fussent accusées à tort »[2]), l'utilisation de faux documents[3], et la provocation au meurtre[4]. L'Action française fut également à l'origine d'une école intellectuelle et littéraire qui rassembla de nombreux philosophes, historiens, poètes ou romanciers autour de publications comme la Revue critique des idées et des livres (1908-1924) ou la Revue universelle (1920-1941).
Dès lors, l'ensemble de la presse maurrassienne rencontre un certain succès[5]. L'année 1908 voit aussi la naissance de la Revue critique des idées et des livres, qui est, jusqu'à la guerre, le « laboratoire d'idées » et l'organe littéraire du mouvement maurrassien.
Donations, tirage et capital
Le journal, qui envoyait des milliers d'abonnements gratuits, était fortement déficitaire et faisait régulièrement appel à des souscriptions pour lutter « contre l'or juif »[6]. Beaucoup de donateurs sont de la noblesse ; en 1912 le prétendant au trône orléaniste donne 1 000 francs par mois[6]. En 1914, le quotidien avait 20 000 lecteurs dont la moitié d'abonnés[7]. Entre 1920 et 1926, « les pertes du journal s'élevèrent à près de cinq millions de francs ». Le milliardaire François Coty donna deux millions de francs à L'Action française entre 1924 et 1928[8]. Entre 1930 et 1935, la perte moyenne dépassait le million de francs par an[9]. De fait, « la seule période où le budget de L'Action française paraît s'être trouvé en équilibre, c'est peu avant qu'il ait cessé de paraître », dans Lyon occupé par l'armée allemande[10].
Son tirage varie entre 50 000 et 100 000 exemplaires, avec un maximum de 200 000 en 1934 pendant l'affaire Stavisky et la crise du [11].
Années 1920
Peu avant la condamnation papale, le quotidien vit son apogée. Ainsi, beaucoup d'officiers de l'Armée française sensibles au nationalisme intégral de Maurras[12] lisent le journal. En 1926, alors que le journal tire à près de 100 000 exemplaires[E 1], le journal nationaliste compte, selon Eugen Weber, 45 000 abonnés et le même nombre d'acheteurs au numéro[A 1] auxquels il faut ajouter les 25 000 abonnés du supplément du dimanche, L'Action française agricole[E 1]. En 1920, son tirage n'était que 60 000 exemplaires[13] Le , le tirage atteint une pointe de 200 000 exemplaires[13]. Mais en 1939, il est revenu à 45 000 exemplaires.
Au niveau militaire d’ailleurs, c’est à partir de 1928, qu’une page spéciale contenant la rubrique du général Lavigne-Delville est imprimée le 10 et le 25 de chaque mois formant ainsi la liaison entre presse, armée et pouvoir[14].
Mais en cette même année, la condamnation romaine entraîne une non-reconduction de beaucoup d'abonnements bien que certains restent fidèles au journal tel le capitaine Philippe de Hautecloque qui sera un lecteur assidu de Bainville et de L'Action française dans les années 1930[15]. À la suite de la crise de 1926-1927 avec le Saint-Siège et la condamnation de l'Action française par le pape Pie XI, Jacques Maritain prend ses distances avec l'organisation et le journal. Cette condamnation pontificale scandalise Georges Bernanos, catholique fervent, qui se rapproche alors de Charles Maurras, l'agnostique[16].
Années 1930 et régime de Vichy
Hostiles au pangermanisme, et à l'Allemagne de façon générale, certains des collaborateurs de l'Action française ont critiqué la politique allemande durant les années 1930.
Après l'armistice de 1940, le journal se replie à Limoges, puis à Lyon en . La sympathie de Maurras et de ses proches pour le régime de Vichy en fait un des piliers idéologiques du nouveau régime. Après l'occupation de la totalité du pays en , l'alignement sur la puissance occupante, l'Allemagne nazie, est plus sensible.
Plusieurs journalistes, comme Jacques Delebecque[17], employé au service de la propagande (journal L’Éclair) du régime de Vichy puis réfugié en Suisse jusqu’en 1949 durant l’épuration[18], sont impliqués dans la collaboration avec les nazis. Le journal donne régulièrement les dépêches de l’office français d’information (OFI) annonçant les « conseils de révision »[19] de la Waffen-SS, jusqu’en 1944, qui ouvrent guichet aux Français désirant s’engager dans la division Charlemagne[20]. Le journal est violemment hostile aux résistants, qui sont appelés les « terroristes »[21]. Maurras appelle à exécuter les résistants et les membres de leurs familles[22]. L’historienne Bénédicte Vergez-Chaignon résume la rupture inévitable de Maurras avec certaines de ses ouailles (comme Philippe Ariès) : « après les événements décisifs de novembre 1942, après l’instauration du STO, après la création de la Milice, un certain nombre de maurrassiens, comme d’autres Français d’opinions différentes, découvrent avec plus ou moins de violence l’incompatibilité totale de leur volonté de se battre contre l’occupant avec les positions de Maurras. Le discours du leader de l’AF apparaît soudain pour ce qu’il est »[23].
En 1947, Georges Calzant fonde un nouveau journal d'Action française intitulé Aspects de la France, reprenant les initiales AF. Tandis que ce périodique reste fidèle à la doctrine maurrassienne et perpétue une certaine forme d'idéalisme et de radicalisme monarchiste, Pierre Boutang (autre disciple de Maurras) fonde un autre journal se réclamant de L'Action française : La Nation française. Rassemblant surtout des intellectuels et des universitaires (dont Philippe Ariès et Raoul Girardet), cette nouvelle branche de l'AF se veut plus réflexive et mieux adaptée à la réalité politique d'après-guerre ; elle rejette l'antisémitisme de ses prédécesseurs et se distancie du discours des nostalgiques de Vichy. Elle tente de repenser le monarchisme et le nationalisme en fonction des problèmes que pose la France des années 1950 (notamment la guerre d'Algérie) en restant fidèle aux initiatives de Charles Maurras.
Le titre de L'Action française est repris par le mouvement politique pour son journal entre 1998 et 2018. Il paraît alors tous les premiers et troisième jeudi de chaque mois sous le nom d'Action française 2000. Il est vendu à la criée par les militants dans la rue, mais est également disponible dans certains kiosques un peu partout en France.
En 2019, le journal Le bien commun édité par le CRAF prend la suite de L'Action française 2000 et est aussi vendu à la criée par les militants du mouvement[24],[25].
↑ a et bAriane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-Droite en France. De Maurras à Le Pen, Bruxelles, Complexe et PUF, coll. « Questions au XXe siècle », 1987, 1996, 519 p. (ISBN978-2-87027-573-3 et 2-87027-573-0, LCCN97156576), p. 184.
↑Olivier Forcade, Éric Duhamel et Philippe Vial, Militaires en république, 1870-1962 : les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, Publications de la Sorbonne, , p. 30.
↑Bénédicte Vergez-Chaignon, « Des maurrassiens aux prises avec le nationalisme intégral : rupture résistante ou coexistence avec l’Action française (1940-1948) ? », In « LE MAURRASSISME ET LA CULTURE. VOLUME III », Olivier Dard, Michel Leymarie, Neil McWilliam, , p. 301-311 (lire en ligne).
Elena Serina, Nuovi elementi sul rapporto fra Action Française e Santa Sede: il ruolo di Louis Dimier nella difesa di Maurras, «Rivista di Storia del Cristianesimo», 2 (2020): 497-518.
Frédéric Ogé, Le Journal L'Action française et la politique intérieure du gouvernement de Vichy, Toulouse, Institut d'Études Politiques, coll. « Travaux et documents », no 1984-2, Centre William Isaac Thomas d'analyse des systèmes sociaux, 1984, présentation en ligne, présentation en ligne.