Par son œuvre sensible, Henriette Grindat est considérée comme l'une des figures marquantes de la photographie des années 1950 à 1980.
Biographie
Atteinte jeune de la poliomyélite, elle effectue ses études secondaires de 1941 à 1944 à Lausanne, puis obtient un diplôme de photographe à l'école de photographie (Lausanne et Vevey, 1945-1948) dirigée par Gertrude Fehr[2].
En 1948, Henriette Grindat monte son atelier de photographie personnel à Lausanne et publie son travail dans plusieurs magazines et quotidiens suisses. Henriette Grindat s'installe à Paris en 1949 ; elle travaille pour différents journaux et diverses maisons d'édition (Bordas, Arthaud, Seuil). Elle expose dans la capitale française où ses œuvres séduisent, entre autres, André Breton, Man Ray, René Char et Albert Camus. Ces deux derniers lui proposent d'éditer un livre en trio ; achevé en 1952, La Postérité du soleil ne paraît qu'en 1965, cinq ans après la mort de Camus[3]. En , le Club des Libraires de France réédite L'Étranger de Camus avec deux
photographies d'Henriette Grindat représentant des plages algériennes[4].
Photographiant au Rolleiflex, Henriette Grindat développe aussi un travail plus personnel proche des surréalistes, puis de la photographie humaniste. Elle réalise dans les années 1970 des photographies de nus féminins[2],[5].
Henriette Grindat expose en Italie (Florence, Milan), aux États-Unis (Chicago) et à plusieurs reprises en Suisse, notamment à Lausanne. Elle obtient le Prix fédéral des arts appliqués en 1952, 1953 et 1954.
Un an et demi après le décès de son compagnon, le graveur Albert-Edgar Yersin, Henriette Grindat se suicide, le [2].
Ses photographies et publications font l'objet de plusieurs rétrospectives en Suisse, au Kunsthaus de Zurich en 1984 et au Musée de l'Élysée à Lausanne en 1995 et en 2023.
Adriatique, texte de Jacques Chessex, Lausanne, F. Mermod, 1959.
Lausanne, texte de Georges André. Chevallaz, Neuchâtel, éditions du Griffon (coll. « Trésors de mon pays », no 91, 1959, 24 p.
Le Nil : des sources à la mer, des pyramides aux barrages, texte de Charles-Henri Favrod, Lausanne, Guilde du Livre, 1960, 135 p.[10].
À la rêveuse matière, texte de Francis Ponge, Lausanne, éditions du Verseau, 1963 : feuille (94,5 x 52 cm) pliée en 9 avec 4 textes de Francis Ponge (La Terre, Les Ombelles, Le Paysage, La Robe des choses), illustrations d'Albert-Edgar Yersin et photographies de Henriette Grindat[11].
La Postérité du soleil, textes d'Albert Camus et René Char, Genève, Edwin Engelberts, 1965, 149-6 p., 30 photographies en noir et blanc, tirage à 120 exemplaires numérotés[12].
rééditions :
Lausanne, éditions de l'Aire, 1986 ; préface de Jean Romain.
Autriche, texte de Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Rencontre (coll. « L'atlas des voyages », no 55), 1966, 192 p.
La Dogana. Poèmes vénitiens, texte de Henry Bauchau, Albeuve, P. Castella, 1967, 31 p., 12 photographies en noir et blanc (tirage limité à 950 exemplaires)[14].
↑Guy Basset, « Les éditions illustrées des œuvres de Camus », Société des études camusiennes. Bulletin d'information, no 87, , p. 28-36 (lire en ligne).
↑Jean-Claude Lemagny, « La femme vue par une femme : Henriette Grindat », L'Œil, no 232, , p. 42-45.
↑Serge Linarès, « Usages imprimés du manuscrit. Francis Ponge et la publication autographe », Cahiers Francis Ponge, no 3, , p. 53-77.
↑Anne Prouteau, « La Postérité du soleil », dans Jean-Yves Guérin, Dictionnaire Albert Camus, Laffont, , p. 707.
↑Laurent Greilsamer, « Le Trousseau de Moulin premier, de René Char et La Postérité du Soleil, d'Albert Camus : images retrouvées du pays de René Char », Le Monde, (lire en ligne).
↑Marc Quaghebeur,, « Les deux dogana », Francofonia, no 42, , p. 115-121 (lire en ligne).
↑(de) Daniele Muscionico, « Fotografie. Die Schweizerin in der künstlerischen Résistance – auch Albert Camus wollte Henriette Grindat », Tagblatt der Stadt Zürich(de), (lire en ligne).
(de) Sylvie Henguely (dir.) et Martin Gasser (dir.), Henriette Grindat : Méditerranées. Aus der Sammlung der Fotostiftung Schweiz (catalogue d'exposition), Zürich, Limmat Verlag, , 87 p. (ISBN978-3-85791-570-3).
Musée de l'Élysée et Fondation suisse pour la photographie, Henriette Grindat : rêve et découverte (catalogue d'exposition), Wabern-Bern, Benteli, coll. « Schweizer Photographie » (no 11), , 175 p. (ISBN3-7165-1000-9).