Au début des années 1990, la Communauté économique européenne et, plus tard l'Union européenne, cherche à étendre ses relations avec l'Ukraine au-delà de la coopération, vers une intégration économique et un approfondissement des liens politiques. Au cours de cette décennie, l'Ukraine devient peu à peu le partenaire prioritaire de la politique européenne de voisinage dans le cadre du Partenariat oriental, devant la Russie et les autres pays de l'Est non-membres de l'Union européenne. Dès 1993, le gouvernement ukrainien déclare que l'adhésion à l'UE est le principal objectif de sa politique étrangère. Le dialogue politique commence entre l'UE et l'Ukraine en 1994, quand l'accord de partenariat et de coopération est signé. L'accord se focalise sur les problèmes économiques et sociaux, sur la nécessité de mettre en place des réformes de l'administration publique et de garantir la liberté de la presse et les droits civils.
Le premier sommet UE-Ukraine a lieu en septembre 1997 à Kiev, capitale de l'Ukraine. L'accord de partenariat et de coopération signé en 1994 entre en vigueur en 1998, et expire dix ans plus tard en 2008. Durant le deuxième sommet UE-Ukraine d'octobre 1998 à Vienne en Autriche, les relations UE-Ukraine sont définies comme un "partenariat stratégique et unique" et l'Ukraine montre son envie d'acquérir l'adhésion associé dans l'UE[1]. Cependant, aucune des grandes rencontres n'offre de changements majeurs quant à une approche de l'UE.
En 2002, le commissaire à l'élargissement européen Günter Verheugen dit qu'une "perspective européenne" pour l'Ukraine ne voulait pas forcément dire une adhésion dans une dizaine ou une vingtaine d'années; cependant, c'était une possibilité. La même année, le président ukrainien Leonid Koutchma déclare que l'Ukraine veut signer un accord d'association avec l'Union européenne d'ici 2003-2004 et que son pays souhaiter remplir tous les critères d'adhésion à l'UE vers 2007-2011[1].
En 2004, l'Ukraine s'étant montrée préoccupée par les changements climatiques a ratifié le protocole de Kyoto, il a par ailleurs été question de discussions à propos de la protection de l'environnement (notamment en ce qui concerne la biodiversité et la préservation de la mer Noire) et de sûreté de l'énergie nucléaire lors d'un meeting en 2005[2]. Le 13 janvier de la même année, le Parlement européen adopte presque à l'unanimité (467 voix pour et 19 contre) une motion indiquant le souhait du Parlement européen d'établir des liens plus étroits avec l'Ukraine en vue de la possibilité d'une adhésion à l'UE[3]. Cependant, en raison de la longueur des négociations d'adhésion, la Commission européenne déclare qu'une future adhésion à l'UE n'était pas à l'ordre du jour.
Le 22 novembre 2010, l'Ukraine et le Conseil européen annoncent un plan d'action pour l'Ukraine « à travers l'établissement d'un régime d'exemption de visa pour les séjours courts »[4]. Les négociations pour un amendement à l'accord de facilitation de visa de 2007 ont été finalisées en décembre 2011, et l'accord a été ratifié par la Rada ukrainienne le 22 mars 2013. Le Parlement européen le ratifie le 18 avril, et le Conseil européen fait de même le 13 mai.
Craintes sur la démocratie ukrainienne et le rapport avec la Russie
En 2012, l'UE signe des accords de libre-échange et d'association politique avec l'Ukraine. Mais les dirigeants européens déclarent que ces accords ne seront pas ratifiés, tant que l'Ukraine ne répond pas aux préoccupations concernant la « détérioration de la démocratie et de la primauté du droit ukrainien », en faisant référence notamment à l'emprisonnement des opposants Ioulia Tymochenko et Iouri Loutsenko en 2011 et 2012[5],[6],[7].
Le , l'UE donne un délai de trois mois à l'Ukraine afin de mener à bien les changements nécessaires à sa justice et son système électoral afin de permettre la signature officielle des accords bilatéraux[8],[9].
Le 21 novembre 2013, alors que Moscou met la pression à l'Ukraine, Viktor Ianoukovytch, le président ukrainien qui est considéré comme pro-russe, décide de suspendre la signature de l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, prévue pour le 29 novembre 2013. Cela entraîne d'importantes manifestations à Kiev et dans d'autres grandes villes ukrainiennes pour protester contre cette décision et exiger la démission de Ianoukovytch. Ces manifestions sont connues sous le nom d'Euromaïdan.
Le , la Verkhovna Rada (le Parlement ukrainien) approuve le projet de loi sur la ratification de l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne[11], et ce dernier entre en vigueur de manière provisoire le 1er janvier 2016.
L'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, signé en juin 2014, entre en vigueur de manière définitive le 1er septembre 2017. Les deux parties annoncent en février 2021 commencer à renégocier l'accord en vue d'y étendre les domaines d'activité[13].
Le 12 octobre 2021, l'Ukraine et l'Union européenne signent l'accord sur la Zone commune d'aviation européenne, pendant le 23ème sommet Ukraine-UE.
La coopération entre l'UE et l'Ukraine a conduit la Russie en 2009 à envisager une limitation de ses exportations vers l'UE après qu'une entente a été conclue entre l'Ukraine et l'UE le concernant les gazoducs ukrainiens[14],[15]. Le ministre russe de l'énergie, Sergei Shmatko(en), accuse l'UE de vouloir se rapprocher de l'Ukraine, ce qui pourrait nuire aux intérêts de Moscou et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié l'accord d'« acte inamical[16] ».
En novembre 2013, alors qu'un accord d'association doit être signé entre l'UE et l'Ukraine, la Russie essaie de faire pression sur Kiev pour la faire changer d'avis, notamment en restreignant certains produits, en revoyant les prix du gaz et en envisageant d'imposer aux citoyens ukrainiens un passeport étranger. Moscou craint en effet que cette union se fasse à son désintérêt, alors que Vladimir Poutine ambitionne en même temps un rapprochement avec les anciennes républiques soviétiques. De l'avis de l'analyste politique Vladimir Fessenko : « en mettant ainsi la pression, la Russie ne fait que pousser l'Ukraine dans les bras de l'Europe »[17]. Le 21 , l'Ukraine décide finalement, en raison des pressions russes[18], de refuser l'accord avec l'Union européenne et de « relance[r] un dialogue actif avec Moscou »[19]. Ce revirement entraîne d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant au moins 100 000 personnes, l'occupation de la place Maidan et de la mairie de Kiev, avec comme mot d'ordre la démission du président Viktor Ianoukovytch[20].
Le 2 décembre 2013, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso rencontre une délégation ukrainienne pour discuter à propos de liens plus étroits avec l'UE, mais déclare ne pas relancer de négociations sur l'accord d'association. Le 17 décembre 2013, l'Ukraine et la Russie signe un traité (le Plan d'action russo-ukrainien du 17 décembre 2013) prévoyant que la Russie payerait 15 milliards d'Eurobonds ukrainiens et que le coût du gaz naturel russe envoyé à l'Ukraine serait réduit. Trois jours plus tard, des hauts responsables européens disent que l'UE est toujours prête à signer l'accord d'association « aussi tôt que l'Ukraine était prête pour », que l'accord était aussi bénéfique pour la Russie, et que l'UE n'est pas « concernée par le fait que l'Ukraine signe des accords avec la Russie »[21],[22],[23],[24].
Le même jour que la ratification du rattachement de la Crimée par le Conseil de la fédération de Russie, l'Ukraine signe le volet politique du Partenariat oriental avec l’Union européenne, dont le rejet par Viktor Ianoukovytch avait déclenché les manifestations d’Euromaïdan. La signature de ce document et le rapprochement avec l'UE était l'une des revendications du mouvement.
Relations économiques
Durant les années 1990, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie sont les principaux partenaires commerciaux de l'Ukraine. Selon Eurostat, entre 2000 et 2007, le commerce UE-Ukraine a plus que triplé, les exportations passant de 5,5 milliards d'euros à 22,4 milliards d'euros, tandis que les importations ont augmenté de 4,8 milliards d'euros à 12,4 milliards d'euros. Néanmoins, cette augmentation ne fait pas de l'Ukraine l'un des partenaires commerciaux majeurs de l'UE. En 2007, l'Ukraine ne représente en effet que 2 % des exportations de l'UE et à peine 1 % de ses importations, occupant ainsi la 16e place du commerce extérieur de l'Union européenne.
Selon la Commission européenne, le commerce UE-Ukraine est dominé par les échanges de produits manufacturés. En 2007, presque la moitié des exportations européennes vers l'Ukraine sont des machines et des véhicules. La même année, les principales exportations européennes vers l'Ukraine étaient des médicaments, des véhicules motorisés et des téléphones, quand les principales importations étaient des produits en fer et en acier, de l'huile de tournesol, du ferronickel, des minerais de fer et du pétrole.
Parmi les Vingt-Sept, l'Allemagne est le plus important exportateur (26 % des exportations européennes vers l'Ukraine, pour une valeur de 5,9 milliards d'euros), suivi par la Pologne (4,1 milliards d'euros, 18 %). L'Italie est le plus important importateur (2,4 milliards d'euros, 19 % des exportations ukrainiennes vers l'UE), suivie par la Bulgarie (1,6 milliard d'euros, 13 %) et l'Allemagne (1,3 milliard d'euros, 11 %).
Selon un sondage en , quatre ans après la révolution orange, 44,7 % de la population ukrainienne s'est dite favorable à une adhésion de leur pays à l'UE tandis que 35,2 % des sondés se sont dits contre[31]. L'Ukraine occidentale est une région historiquement europhile et se montre globalement plus enthousiaste que l'Ukraine orientale, région principalement russophile, bien que dans la plupart des régions, les citoyens pensent que leurs vies s'amélioreraient grandement et rapidement si leur pays adhérait à l'UE[32],[33].
Le 28 février, puisque les négociations pour tenter de sortir de la guerre avec la Russie ont échoué, Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine, a demandé que son pays intègre l'Union européenne « sans délai »[36], et signe le même jour la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
Soutien de la population ukrainienne à l'adhésion à l'UE (sondages)
Après l'invasion russe de l'Ukraine, le soutien à l'adhésion à l'UE a atteint un record de 91 %[37]. Dans les premiers jours de la guerre russo-ukrainienne à grande échelle, il y a eu une augmentation de 68 % à 86 %, puis a continué de croître et à la fin du mois de mars, il est de 91 % - un record absolu pour toutes les années de recherche[38].
Pierre Avril, « La Russie tente d'empêcher les noces entre l'Ukraine et l'UE », Le Figaro, (lire en ligne)
Jean-Jacques Mével, « Mise en échec, l'UE laisse la porte ouverte à l'Ukraine », Le Figaro, (lire en ligne)
(de) Kalman Dezseri, Economic and political relations after the EU enlargement: the Visegrad countries and Russia, Ukraine, Belarus and Moldova, Budapest, .
(de) Wolfgang Tiede et Sabina Krispenz, « Die Ukraine auf dem Weg in die Europäische Union ? » [« L'Ukraine sur la voie de l'Union européenne ? »], Osteuropa-Recht, vol. 6, , p. 417-426.
(de) Wolfgang Tiede et Christina Schröder, « Die Ukraine auf dem Weg in die NATO ? » [« L'Ukraine sur la voie de l'OTAN ? »], Osteuropa-Recht, vol. 3, , p. 294-304.
(de) Andreas Umland, « Europa und die ukrainische Misere: Weil die EU dem Land eine Mitgliedschaft gar nicht in Aussicht stellt, trägt sie zum Chaos in Kiew bei. Ein historischer Fehler », Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, , p. 15.
(de) Anatolij Ponomarenko, Die europäische Orientierung der Ukraine : Dekret des Präsidenten der Ukraine über die Strategie der Integration der Ukraine in die Europäische Union ; Partnerschaftsabkommen zwischen der EU und der Ukraine, Bonn, Zentrum für Europäische Integrationsforschung, , 42 p. (ISBN3-933-30739-2).