La place Vendôme (ainsi nommée depuis 1799, après avoir porté successivement les noms de place des Conquêtes, de place Louis-le-Grand à partir de 1699 puis de place des Piques à partir de 1792[1]) est une place de Paris, située dans le 1er arrondissement.
Son architecture est due à l'architecte Jules Hardouin-Mansart qui conçoit, en 1699, un plan d'urbanisme strict auquel doivent se conformer les propriétaires des immeubles. Une grande partie des façades est classée monument historique. En son centre se trouve la colonne Vendôme édifiée en 1810, abattue par les communards, reconstruite ensuite.
Typique de l'urbanisme classique français, c'est une des places de Paris les plus célèbres et considérée comme l'une des plus luxueuses du monde.
Avant de devenir un lieu central de l’époque contemporaine pour la joaillerie, la place Vendôme est, avec la rue de la Paix, l'épicentre de l'élégance parisienne durant un demi-siècle, comptant nombre de couturiers ou modistes.
En 1677, un groupe de spéculateurs, parmi lesquels l'architecte Jules Hardouin-Mansart, a la première idée de la place Vendôme. Inspiré de la place des Vosges, l’ensemble architectural devait comprendre un rez-de-chaussée à arcades formant promenoir. Un arc monumental, donnant sur une large rue, fermait la face nord. Les bâtiments étaient destinés à la Bibliothèque, à la Monnaie, à l'Académie et à un hôtel des Ambassadeurs. Des difficultés financières ont mis fin au projet. Un autre, plus modeste, est alors présenté[2].
Le projet de 1685
En 1685, Louvois reprend l'idée et achète l'hôtel de Vendôme et le couvent des Capucines qui se trouvent alors, au nord de la rue Saint-Honoré. À leurs emplacements, les architectes Jules Hardouin-Mansart et Germain Boffrand proposent de construire une vaste place rectangulaire, entièrement ouverte sur la rue Saint-Honoré et destinée à être bordée de vastes bâtiments publics : bibliothèque royale, hôtel de la Monnaie, hôtel des Académies, hôtel des Ambassadeurs. Au fond de la place, la façade doit être percée d'une arcade monumentale laissant voir le couvent des Capucines, reconstruit au nord de la nouvelle place en 1688.
Les façades sont construites (avant même les bâtiments) et au milieu de la place est érigée une statue équestre en bronze de Louis XIV que Louvois commande à François Girardon. La place prend alors le nom de « place Louis-le-Grand », qu'elle garde jusqu'à la Révolution.
Le projet de 1699
En 1699, le programme public de 1685 est abandonné au profit d'une opération privée. Le roi vend le terrain à la ville et les façades, qui sont construites pour l'inauguration, sont démolies afin de réduire l'emprise de la place d'une vingtaine de mètres de chaque côté. La nouvelle place est entourée d'hôtels particuliers derrière des façades uniformes, dessinées par Jules Hardouin-Mansart.
De plan carré avec des pans coupés aux angles, elle est fermée et traversée par une voie unique nord-sud reliant la rue Saint-Honoré au portail des Capucines. Dépourvus d'arcades au rez-de-chaussée, conformément à leur vocation d'immeubles d'habitation, les nouveaux bâtiments sont couverts d'un toit brisé dont le comble est percé à l'origine d'une alternance d'œils-de-bœuf et de lucarnes (les œils-de-bœuf ont pour la plupart été remplacés par des lucarnes au XIXe siècle).
Cette place qui devait initialement s'appeler « place des Conquêtes » prend finalement le nom de « place Louis-le-Grand » jusqu'à la Révolution.
Au milieu de la place s’élève alors une statue équestre de Louis XIV, inaugurée le 6 août 1699. Le roi y est représenté en chlamyde romaine.
En 1764, la foire Saint-Ovide s'installe sur la place avant d'emménager en 1771 vers la place Louis-XV, future place de la Concorde[3], en raison du mécontentement général des nouveaux propriétaires des hôtels particuliers.
Au milieu de la place, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau est placé nu et sanglant, recouvert d'un simple drap laissant apparaître sa plaie, sur le socle, dans un grand appareillage néo-antique mis en scène par le peintre.
La colonne Vendôme est élevée en 1810 à l'emplacement de la statue de Louis XIV, par les architectes Jacques Gondouin et Jean-Baptiste Lepère, à l'imitation de la colonne Trajane de Rome, qui comporte également un bas-relief hélicoïdal. Celui-ci, sculpté par Étienne Bergeret, représente la campagne de 1806. La colonne est surmontée d'une statue de Napoléon en « César » par Antoine-Denis Chaudet. Connue du public sous le nom de colonne Vendôme, elle est initialement nommée colonne d’Austerlitz ou colonne de la Grande-Armée[4].
La place est brièvement renommée, « place Internationale » en 1871, pendant la Commune de Paris, durant laquelle la colonne Vendôme est abattue par les communards, qui y voient alors un symbole de la tyrannie et du militarisme de Napoléon Ier.
Renversement par les Communards de la colonne Vendôme portant la statue de l'empereur Napoléon Ier, le 16 avril 1871.
La place Vendôme est connue de nos jours comme l'emplacement où de nombreux bijoutiers-joailliers réputés ont élu domicile. Après le milieu du XIXe siècle, elle est surtout le lieu de l'élégance parisienne et mondiale. Les clientes arpentent le quartier à la recherche de la plus belle robe, du plus beau chapeau ou des plus beaux bijoux.
Initialement, les joailliers-bijoutiers ont investi la rue de la Paix à la suite de la maison de joaillerie Mellerio dits Meller, lorsqu'elle s'y est installée en 1815[9] au percement de la rue sous le Premier Empire. Prolongeant la rue de la Paix, la place Vendôme est à son tour investie.
En 1858, le couturier Charles Frederick Worth ouvre au 7, rue de la Paix. Son immense succès attire nombre de couturiers, modistes, chapeliers, tailleurs, bottiers, parfumeurs et fait du quartier l'épicentre de la mode, s'étendant également rue de Castiglione. Une des premiers magasins, situé à l’angle ouest de la rue Saint-Honoré, est celui de la maison de couture Aine-Montaillé, fondée en 1863[4]. Jusqu'aux années suivant la Première Guerre mondiale, les maisons de mode restent omniprésentes sur la place, bien que le monde de la mode se soit peu à peu déplacé vers l'avenue d'Antin depuis l'ouverture par Paul Poiret de sa maison de couture quelques années avant[10].
Le premier bijoutier qui s'installe sur la place est Frédéric Boucheron en 1893. Il désire quitter le quartier du Palais-Royal, pour s'installer près du nouvel Opéra construit par l'architecte Garnier. Il s'établit dans l'hôtel de Nocé, côtoyant la comtesse Virginia de Castiglione, qui quitte son appartement de l'entresol en 1894. Il entraîne dans sa suite plusieurs installations de joailliers sur la rue de Castiglione, au début du siècle suivant[10].
↑Musée Carnavalet, inv. S.3502. Cf. Thierry Sarmant, Louis XIV et Paris, collections du musée Carnavalet, Paris, Paris Musées, 2013 (ISBN978-2-7596-0213-1), p. 53. Le pied a été exposé jusqu'en 2015 dans la salle correspondant à la chambre de l'hôtel La Rivière.
↑Pierre Lavedan, Destinée de Paris, Les Éditions du Chêne, , page 36.
↑Paul Léon, Paris - Histoire de la rue, 1947, La Taille Douce, , page 220.
↑Thiébault Dromard, « Louis Vuitton élève encore sa gamme », Challenges, no 308, , p. 40 (ISSN0751-4417).
Voir aussi
Bibliographie
Georges Cain, La Place Vendôme, Devambez, 1908, 149 p.
Alexis Gregory, Place Vendôme, Assouline, 2015, 240 p. (ISBN9781614282761).
Henry Lapauze, « Rue de la Paix, place Vendôme, rue de Castiglione », La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, hors-série, , 400 p.
Pierre Lavedan, Histoire de l'urbanisme à Paris, Hachette, coll. « Nouvelle Histoire de Paris », réédition de 1993 (ISBN9782859620127), p. 221-227 pour l'Ancien Régime et p. 339 pour l'Empire.
Fernand de Saint-Simon, La Place Vendôme, Éditions Vendôme, 1982, 512 p.
Rodolphe Trouilleux, « Quelques dettes aux origines de la place Vendôme », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France. 1990, t. 117, , p. 85-113 (lire en ligne)