Le toponyme Montérégie, comme le terme montérégien pour désigner l'ensemble des collines de la région, provient de la forme latinisée du mont Royal, soit mons regius. Le mont Royal sur l'île de Montréal, bien qu'à l'extérieur de la région de la Montérégie, est l'une des collines montérégiennes. Ce terme pour nommer cet ensemble de collines dans la plaine du Saint-Laurent a été créé initialement en 1903 en anglais par le géologue Frank Dawson Adams pour désigner une nouvelle province pétrographique[1]. Outre le mont Royal, deux autres collines montérégiennes ne sont pas situées en Montérégie : le mont Mégantic, en Estrie, et les collines d'Oka, dans les Basses-Laurentides.
Sont répartis sur son territoire, en ordre d'importance : les terres agricoles (53,5 %), les forêts (27,4 %), les surfaces artificielles (9 %), les eaux (6,1 %) et finalement les milieux humides (4 %)[2].
Situation
La Montérégie est située immédiatement au sud de la région de Montréal, à mi-chemin vers les États-Unis. Sa superficie s'étend sur 8 824 km2[3]. Région administrative la plus populeuse après Montréal, la Montérégie est également reconnue pour être le « grenier du Québec », avec ses terres fertiles et plus de la moitié de son territoire consacré à l'agriculture[4].
Elle est bordée à l'ouest par la province canadienne de l'Ontario, au sud par les états américains de New York et du Vermont, au nord par les régions administratives de Montréal, des Laurentides et de Lanaudière, puis à l'est par les régions administratives de l'Estrie et du Centre-du-Québec.
Relief
La topographie de la Montérégie est caractéristique des basses-terres du Saint-Laurent. Son altitude moyenne est plus basse que la majorité des autres régions du Québec, ce qui en fait un territoire très fertile. Le long du fleuve Saint-Laurent et de la vallée de la rivière Richelieu, l'altitude ne dépasse jamais les 50 mètres. La monotonie de son paysage très plat est toutefois rompue par la présence remarquée des collines Montérégiennes, une série d'inselbergs alignés d'est en ouest.
Les premières traces d'occupation humaine remontent à 6500 av. J.-C., à la tête du lac Saint-François, à une époque où des Paléoaméricains atteignent la Montérégie dans leur chasse du caribou. À mesure que la région se réchauffe, la végétation passera de la toundra à une forêt dominée par les feuillus, et ce depuis environ 5 000 ans[5].
Le site de Pointe-du-Buisson est fréquenté par les Amérindiens durant plusieurs siècles. Vers l'an 500, la pêche occupe de plus en plus de place par rapport à la chasse. Vers l'an 1000, la croissance de la population et la baisse du gibier fait entrer la région dans le Sylvicole supérieur, ouvrant la voie à la sédentarisation et l'agriculture.
Malgré le fort potentiel de la région, ces troubles ont nui à la colonisation et la population vit essentiellement dans les seigneuries concédées près du fleuve, face à Montréal : Longueuil (1657), Boucherville et La Prairie (1667). À la Conquête britannique, la Montérégie compte environ 9 000 habitants, soit 13 % de la colonie[7].
La coupe commerciale de la forêt débute dans les années 1720 et on retrouve au moins treize scieries dans la région avant 1760. Néanmoins, c'est l'agriculture qui est et qui restera la principale activité économique : la surface défrichée passe 7 km2 en 1681 à près de 100 km2 en 1739, puis environ 5 000 km2 en 1850. À la fin des années 1760, des centaines de familles acadiennes exilées plus tôt en Nouvelle-Angleterre, rejoignent la Montérégie et s'établissent dans « La Cadie ». Toutefois, c'est principalement aux colons loyalistes britanniques qu'on réserve toutes les terres non défrichées de la région, qui sont désormais divisées en cantons plutôt qu'en seigneuries. La forte fécondité des Canadiens de souche permet toutefois de conserver une hégémonie francophone en Montérégie, comparativement aux Cantons-de-l'Est[8].
Conflits et développement
Durant l'invasion américaine du Québec en 1775, les États-Unis s'emparent brièvement des forts Saint-Jean et Chambly. À leur deuxième tentative, en 1813, les Américains sont de nouveau arrêtés en Montérégie grâce aux troupes des Voltigeurs canadiens lors de la bataille de la Châteauguay. Bien que la Montérégie soit géographiquement frontalière des États-Unis, c'est surtout grâce à la rivière Richelieu, une voie navigable jusqu'au lac Champlain, qu'elle peut en tirer un avantage. Au début du XIXe siècle, de petits paquebots assurent une liaison entre la colonie et le voisin américain. L'ouverture des canaux Champlain (1823) puis Érié (1825), du côté américain, va toutefois orienter une grande partie du commerce vers les Grands Lacs. Du côté montérégien, la construction du canal de Chambly permet le développement du sud de la région en lui donnant accès au Saint-Laurent[9],[10].
En 2021, les MRC de Brome-Missisquoi et de la Haute-Yamaska sont détachées de la Montérégie et incluses dans la région de l'Estrie[12]. Historiquement, le territoire correspondant à ces MRC a été associé à la région de Montréal (de laquelle a été détachée la Montérégie en 1987) depuis le découpage initial du Québec en régions administratives, en 1966[13].
Démographie
Principales villes
Dix villes les plus populeuses de la Montérégie (2016)
Surnommée le « garde-manger du Québec » la région de la Montérégie occupe une place stratégique dans la production et la transformation des aliments, notamment en raison de ses sols et de ses climats favorables à la culture[16]. En tout, les secteurs de la production de biens, des services et le tourisme occupent aussi une importante part du marché et des emplois de la région[17].