Un inselberg ou monadnock est un relief (colline ou petit massif) isolé qui domine significativement une plaine ou un plateau subhorizontal (glacis d'érosion de type pédiment accumulé à son pied). Selon le Dictionnaire de la géographie de Pierre George (1970), il s'agit, brièvement, d'un relief résiduel rocheux, escarpé ; Pierre Birot les décrira ensuite comme des montagnes miniatures créées par l'érosion[1].
Origine du terme et synonymes
Le terme inselberg provient de l'allemandberg et insel signifiant « montagne-île ». Il peut s'écrire inselbergs, inselberge ou inselgebirge au pluriel.
Le terme a été conçu par W. Bornhardt en 1898 pour désigner un relief montrant des flancs abrupts, isolé et entouré par un pédiment (glacis d’érosion constitué sur des roches dures, au pied d’un inselberg) et sa définition a donné lieu dès le tout début du XXe siècle à une très abondante littérature scientifique. Cependant, les confusions persistent dans beaucoup d'ouvrages de vulgarisation.
Les formations de ce type sont abondantes dans le Sud de l'Afrique[2],[3]. En Afrique de l'Est et du Sud, le terme kopje est également utilisé. Aux États-Unis, le terme monadnock est privilégié et dérive d'un mot amérindien de la langue abénaquie. D'autres synonymes sont employés en géologie comme montinsule[4] ou cabouron.
Le Pain de Sucre et le Corcovado, inselbergs du Brésil
Inselbergs et bornhardts représentent des formes ubiquistes présentes depuis les savanes tropicales jusqu’aux socles englacés des hautes latitudes. Ces reliefs (souvent granitiques) dominent le paysage, une pédiplaine (surface sensiblement horizontale, constituée par un ensemble de pédiments) : lorsque la roche moins résistante de la plaine ou du plateau est érodée, les matériaux plus durs de l'inselberg forment une « montagne » isolée, résiduelle.
Éléments géomorphologiques associés
pédiment correspond au glacis d’érosion constitué sur des roches dures au pied de l'inselberg.
pédiplaine correspond à un ensemble de pédiments, très légèrement incliné ou presque à l'horizontale.
knick correspond à la rupture de pente établissant le raccord entre inselberg et pédiment.
tor est un relief résiduel, constitué par des éléments de roches non altérées dans un contexte de matériau météorisé souvent au sommet d'un inselberg ou d'un pédiment (voir chaos de boules ou de blocs des paysages granitiques).
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au centre de Terre-Neuve, des tolts de 100 m dominent les hautes-terres, les trois tolts au nord de Buchans : Main Topsail, Gaff Topsail et Mizzen Topsail évoqueraient les hautes voiles d'un trois-mâts.
Mont Conner, Attila ou Artilla (859 m), dans les Territoires du Nord (sommet plat et en forme de fer-à-cheval) ;
Mont Cooroy (408 m) dans le Sud-Est du Queensland ;
Murphy's Haystacks dans la plaine de Nullabor, péninsule de Eyre : deux ensembles de granite rose Hiltaba de 1 590 millions d'années noyé dans les dunes quaternaires de 34 000 ans)[5] ;
Wave Rock - Hyden Rock, Australie occidentale (2,63 milliards d'années, partie du craton d'Ylgarn).
Ensemble des Kata Tjuta/monts Olga (1 070 m), Australie : inselbergs (arkosesnéoprotérozoïques) et pédiment (plaine) dominé de 400 à 600 m ; modelé en dômes arrondis, ravinements et traces de décompression, méga-écaillage.
↑Y. Lageat, « La surface de piémont de Namibie », Géomorphologie : relief, processus, environnement, 1, 2000, p. 3-12.
↑Y. Lageat, Y. Gunnell, « Landscape development in tropical shield environment », in A. Godard, J.-J. Lagasquie, Y. Lageat (Eds), Basement regions, Springer, Berlin, Heidelberg, New York, 2001, p. 173-197
↑J.-J. Lagasquie, Y. Lageat, J.-P. Peulvast, A. Godard, Y. Gunnell, « Morphostructural units, multi-storeyed scenery and the origin of escarpments in basement terrains », in A. Godard, J.-J. Lagasquie, Y. Lageat (Eds), Basement regions, Springer, Berlin, Heidelberg, New York, 2001, p. 35-63
C.R. Twidale, A. Godard, I. Vincent, « Les inselbergs à gradins et leur signification : l'exemple de l'Australie », Annales de Géographie, 91, 508, 1982, pages 657-678.
Roger Brunet (dir.), Les mots de la géographie, Paris, Reclus-La Documentation française, 1993 (ISBN2-11-003036-4), article « monadnock », page 335.