Jean-François Deniau est issu d’une famille de viticulteurs et de forestiers établie en Sologne depuis plus de quatre siècles. Un de ses trisaïeuls maternels (Georges Crismanovich) était né en 1785 à Dubrovnik (Raguse) et fut l'aide de camp du maréchal Marmont. Son père, Marcel Deniau, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, meurt alors qu'il a sept ans. Il est élevé par sa mère avec le soutien de la famille Deniau.
En 1949, Jean-François Deniau rejoint son frère aîné Xavier Deniau en Indochine, où il sert dans une unité de partisans montagnards. C'est à Saïgon qu'il passe les épreuves écrites du concours d'entrée à l'ENA, dans des circonstances un peu rocambolesques qu'il raconte avec humour dans ses Mémoires.
Admis à l'ENA en 1950, il effectue une année de stage au Haut Commissariat de France en Allemagne, auprès de l'ambassadeur André François-Poncet. Accueilli à Bonn par Alain Peyrefitte et Claude Cheysson, il noue avec eux des relations d'amitié[3].
En 1956, il devient secrétaire général permanent de la délégation française à Bruxelles, dont le président est Maurice Faure. Il est rédacteur du préambule du traité de Rome, signé le , dans lequel il a eu la grande satisfaction de glisser le mot « idéal ». De 1958 à 1963, à la Commission européenne, il est successivement directeur puis directeur général chargé des négociations avec l'Angleterre, et enfin commissaire chargé des négociations avec les pays d'Afrique qui aboutissent aux accords de Lomé.
En , Jacques Rimbault prend sa revanche aux élections législatives et l'emporte avec 52 % des suffrages. En 1986, Jean-François Deniau est réélu député du Cher, confirmé à chaque élection suivante jusqu'en 1997. Progressivement, et bien qu'il préside encore le conseil général du Cher, il se détache de la vie politique. Il doit en outre subir trois endoprothèses de l'aorte.
En 1997, il choisit de ne pas se représenter aux élections législatives, soutenant la candidature d'Yves Fromion (RPR), après avoir initié l'investiture d'Yves Galland (UDF-Parti radical), qui renonce finalement à se présenter. En , il est distancé au premier tour des élections cantonales par Franck Thomas-Richard, candidat UDF-Démocratie libérale, ce dernier étant battu au second tour par la candidate socialiste. À la suite de ce qu'il dénonce amèrement comme un « lâchage » de sa famille politique, il démissionne de l'UDF, alors en pleine crise interne, à la suite des alliances de cinq présidents de conseils régionaux avec le FN.
Journaliste-chroniqueur au Figaro et éditorialiste à l'hebdomadaire L'Express, Jean-François Deniau écrit beaucoup et s'investit toujours autant dans les causes extérieures notamment en Afghanistan où il effectue des missions clandestines, notamment dans la province de Wardak, et s'efforce d'obtenir la reconnaissance de la résistance afghane par la communauté internationale.
En 1988, embarqué sur le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc, croisant en mer de Chine, il est invité à passer quelques heures à bord du Mary, cargo généreusement prêté par son armateur à Médecins du monde pour une opération de sauvetage de réfugiés vietnamiens (boat-people) qui a duré trois mois. Durant ce bref passage, il croise l'écrivain et grand reporter Olivier Weber, alors en reportage pour Le Point, puis rencontre quelques réfugiés pour les besoins d'un article à paraître dans Paris Match.
Élu à l'Académie française le au fauteuil 36, occupé auparavant par Jacques Soustelle, il est reçu par son ami Alain Peyrefitte qui, dans la conclusion de son discours, caractérise le parcours du récipiendaire dans les termes suivants : « Rêve et honneur, Monsieur, vous ont toujours habité. Votre itinéraire aura réconcilié plus d'un de nos contemporains avec notre époque »[6].
Fin 2006, il est nommé membre du comité d'honneur du traité de Rome qu'il a contribué à négocier aux côtés de Maurice Faure et de Jean François-Poncet. Il assiste avec ferveur à la première réunion de ce comité.
Jean-François Deniau meurt le à son domicile parisien situé dans le 6e arrondissement de Paris[8].
Vie privée
Jean-François Deniau était marié avec Frédérique Dupuy, avocate et première adjointe au maire de Bourges[9]. Il fut le compagnon de la journaliste Marie Dabadie[10]. Il est le père de deux enfants : Maureen Deniau, artiste-peintre[11] et le journaliste Grégoire Deniau.
Distinctions et hommage
Grand officier de la Légion d'honneur en 2005, au titre du ministère de la Défense (sergent dans l'artillerie). Il avait été élevé au grade de commandeur en 1998.
↑Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN978-2-7246-3915-5)
↑David Colon, « Les jeunes de la Conférence Olivaint et l'Europe, de 1919 à 1992 », dans Histoire@Politique no 10 « Jeune Europe, jeunes d'Europe», 2010.
↑Dans ses mémoires, il relate un déjeuner amical qui réunit, durant son séjour en Allemagne, de jeunes fonctionnaires promis à une carrière ministérielle : outre Peyreffite et Cheysson, Jean Sauvagnargues, Louis de Guiringaud, ainsi que Jean d'Ormesson.