Jacques Salomon Hadamard est né, en 1865, dans une famille juive française. Son père, Amédée Hadamard (1828-1888), originaire de la Moselle, était professeur d'histoire, de grammaire et de littérature classique au lycée impérial de Versailles, puis au lycée Charlemagne à Paris. Sa mère Claire Marie Jeanne, née Picard, donnait des leçons de piano. Il a trois sœurs, nées après lui, Jeanne Hortense, Suzanne Jeanne et Germaine Consuelo[2] (1875-1946). Jeanne, née en 1869, décéda en 1870, avant le siège de Paris. Suzanne Jeanne, née en 1871, décéda en 1874. L'épisode de la guerre de 1870 fut désastreux pour la famille.
Il se marie, en 1892, avec Louise Anna Trénel[4] (1868-1960), avec qui il aura trois fils, Pierre Amédée Isaac (1894-1916), Étienne (1897-1916) et Mathieu Georges (1899-1943), et deux filles, Cécile Mariette et Jacqueline.
Il obtint son doctorat en 1892, sous la direction de Picard, pour des recherches sur les fonctions définies par séries de Taylor[6]. La même année, il se maria avec Louise-Anna Trénel (1858-1960)[7],[8].
À la suite de l'affaire Dreyfus (la femme de Dreyfus, née Lucie Hadamard, était la fille de David Hadamard, un cousin du père de Jacques), il s'engagea politiquement dans la reconnaissance juive à partir de 1897.
Ses deux premiers fils, Pierre[11] et Étienne[12], meurent au front en 1916[13].
En 1940, il fuit l'Occupation avec sa famille grâce à Louis Rapkine et s'installe aux États-Unis. L'accueil n'est pas des plus chaleureux. On raconte que Jacques Hadamard ne parvient même pas à se faire reconnaître comme mathématicien auprès des universitaires américains[14]. Pour subsister, il donne des conférences à la Free French University (École libre des Hautes études qui, à la fin de la guerre, sera relocalisée en France pour devenir l'École des Hautes études en sciences sociales (EHESS)[15]), une école créée à l'initiative de Claude Lévi-Strauss pour permettre aux intellectuels français exilés à New York de continuer à s'exprimer. Elle est financée par la Fondation Rockefeller. Jacques Hadamard apprend la mort de son troisième et dernier fils, le lieutenant Mathieu Hadamard, en 1943, en Libye[16]. À la fin de la guerre, il retourne s'installer à Paris.
En 1962, la mort de son petit-fils, Étienne Picard, le fils de sa fille Cécile, dans un accident de montagne l'affaiblit considérablement. Il meurt l'année suivante à l'âge de 97 ans.
De plus, on retrouve son nom dans le théorème de Cauchy-Hadamard, énoncé par Cauchy, mais redécouvert et popularisé par Hadamard. Ce théorème dit sur quel disque une série entière converge.
Célèbre pour sa distraction, il aurait servi de modèle principal pour le personnage du savant Cosinus.
Publications
Ouvrages
Essai sur l'étude des fonctions données par leur développement de Taylor. Étude sur les propriétés des fonctions entières et en particulier d'une fonction considérée par Riemann, 1893
Cours d’analyse professé à l’École polytechnique, 2 vols., Paris, Hermann 1925/27, 1930 (vol. 1 : Compléments de calcul différentiel, intégrales simples et multiples, applications analytiques et géométriques, équations différentielles élémentaires ; vol. 2 : Potentiel, calcul des variations, fonctions analytiques, équations différentielles et aux dérivées partielles, calcul des probabilités)
La Série de Taylor et son prolongement analytique, 2e éd., Gauthier-Villars, 1926
Le Problème de Cauchy et les équations aux dérivées partielles linéaires hyperboliques, Hermann, 1932
Grand-croix de la Légion d'honneur Il est fait officier le , promu commandeur en . Il est élevé à la dignité de Grand officier le , et de grand-croix le [19]
↑Louise était la fille d'Isaac et Cécile née Ennery. Isaac Trénel (1822-1890) était le directeur du Séminaire israélite de France, et descendant d'une vieille famille juive de Metz.
↑Carlos Madrid et Étienne Ghys (trad. de l'espagnol), Le papillon et la tornade : théorie du chaos et changement climatique, Paris, RBA France, impr. 2013, cop. 2013, 141 p. (ISBN978-2-8237-0126-5, OCLC893787312, lire en ligne), « La redécouverte du chaos »
↑(en-US) France-Amérique, « À l’école de la résistance », France-Amérique, (lire en ligne, consulté le )
↑Geneviève Guitel, « Jacques Hadamard, Essai sur la Psychologie de l’invention dans le domaine mathématique. Première édition française revue et augmentée par l'auteur », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 18, no 2, , p. 399-401 (lire en ligne).