Il est le fils de Pierre Louis Christophe Doré, ingénieur des Ponts et Chaussées, né à Coblence le 23 thermidor de l’an X de la République, et d’Alexandrine Marie Anne Pluchart, née à Paris le . Ils eurent deux autres fils, Ernest, né à Épinal le , qui deviendra compositeur et employé de banque et Émile Paul, né deux ans après Gustave, futur général. La famille Doré vivait sur de bons revenus, ce qui permettra à Gustave de s’adonner pleinement à son art.
Gustave Doré noua un lien très fort avec sa mère pendant toute sa vie ; celle-ci était remplie d’orgueil face au talent de son fils qu’elle qualifia souvent de génie. Ce soutien était moins partagé par son père qui le destinait à une carrière moins précaire et souhaitait l'inscrire à l'École polytechnique[2]. En 1834, la famille Doré s'installe au 6 rue des Écrivains, près de la cathédrale gothique.
Jeunesse (1832-1847)
Dès l'âge de cinq ans, Gustave Doré, doté d'un sens pointu de l'observation, montre un talent singulier pour le dessin. Dès l'obtention de sa première palette de peinture, la nuit venue, il peint en vert une poule qui terrifia toute la ville. Sa grande curiosité lui permet de multiplier les croquis éclectiques (scènes intimes ou urbaines, mythologiques ou de l'Antiquité). Gustave entre dans la classe de la pension Vergnette, place de la Cathédrale, comme interne[3] où il commence à illustrer ses cahiers d'écolier et des lettres qu'il écrit à ses parents et amis. Il réalise ses premières caricatures, prenant pour objet son entourage. Son imagination fertile se nourrit de lectures et d'inspirations précoces exceptionnelles pour son âge. Doré dessine M. Fox, une série de six dessins à la mine de plomb inspirés par l'œuvre de Grandville.
Avec un ton humoristique et vivace, il enchaîne le dessin de scènes indépendantes en utilisant l'anthropomorphisme, il s'inspire notamment de Cham et de Rodolphe Töpffer, surtout de ses « histoires en estampes »[4]. Doré apprend également le violon, qu'il maîtrise très vite et dont il jouera toute sa vie. En 1840, à l'occasion du quadri-centenaire de l'invention de l'imprimerie et de l'inauguration d'une statue de Gutenberg à Strasbourg, il propose à ses camarades d'école de reproduire le cortège historique. Il organise le tout, décore les chars et conduit le char de la guilde des peintres-verriers. Cet épisode inaugural a marqué rétrospectivement l'artiste et ses biographes.
En 1841, le père de Gustave Doré, Jean-Philippe Doré, polytechnicien, est nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de l'Ain et la famille Doré s'installe à Bourg-en-Bresse[5]. L'enfant aux dons précoces est un très bon élève du collège mais il se fait encore davantage remarquer par ses caricatures et ses dessins inspirés du monde bressan qui l'entoure. Il trouve une inspiration dans les décors gothiques et les maisons du Moyen Âge de Bourg.
À l'âge de 13 ans, en 1845, ses premières œuvres à être publiées sont trois dessins lithographiés à la plume par l'imprimerie Ceyzeriat de Bourg dont La Vogue de Brou. La même année il réalise Les Aventures de Mistenflûte et de Mirliflor un album de 16 pages.
Les débuts professionnels (1847-1850)
La famille de Gustave Doré descend à l'hôtel Louvois, rue de Richelieu à Paris, en septembre 1847 pour ce qui devait être un court séjour. Tandis que son père s'absente, Doré, âgé de 15 ans, part rencontrer Charles Philipon, directeur de la maison d'édition Aubert & Cie et fondateur des journaux satiriques La Caricature (interdit par les lois sur la presse de 1835) et Le Charivari pour lui montrer ses nombreux travaux. Ces journaux ont dévoilé bon nombre d'illustrateurs dont Paul Gavarni et Honoré Daumier.
Charles Philipon propose alors un contrat de trois ans à Gustave Doré, lui permettant la réalisation d'une page hebdomadaire de dessins dans le nouvel hebdomadaire Le Journal pour rire. Cet accord ne voit le jour qu'après six mois de délibérations avec le père de Gustave toujours fortement opposé à ce que son fils devienne artiste. Il donne finalement son approbation, notamment grâce à l'appui de madame Doré en faveur de son fils. La signature du contrat est conditionnée à la poursuite de ses études et à une juste rétribution. Le contrat à peine signé, Philipon publie Les Travaux d'Hercule, le premier ouvrage lithographié officiel de l'artiste, dans la collection des « Jabot » chez l'éditeur Aubert. Comme le précise Thierry Groensteen, Les Travaux d'Hercule s'inscrivent « dans la première collection de bandes dessinées de l'histoire de l'édition française ». Cet album montre un trait souple, à la plume et à l'encre lithographique sur la pierre, avec un maximum de trois cases par page et des légendes brèves qui font allusion au comique parodique des dessins. De cet enchaînement de cases surgissent mouvement, durée et dynamisme.
L'éditeur parisien demande à Gustave Doré de venir s'installer à Paris où à partir de 1847, il suit les cours du lycée Charlemagne. Il sera logé chez madame Hérouville, une amie de sa mère, rue Saint-Paul. Il partagera son temps entre les cours et les caricatures pour le Journal pour rire dès 1848[6]. Gustave Doré arrive en plein essor de la presse (grâce à la mécanisation), des caricatures et des romans-feuilletons. Le mois de marque sa première publication dans le journal avec le tirage du Beau jour des Étrennes. Pour composer ses caricatures, il se nourrit de sa vie quotidienne au lycée et de l'actualité bouillonnante de l'époque.
Malgré son jeune âge, Gustave Doré fait preuve d'un caractère indépendant et se forge un réseau important dans les milieux qu'il fréquente. Le , son père meurt des suites d'une maladie foudroyante, il ne l'avait pas revu depuis que celui-ci lui avait donné son consentement pour travailler auprès de Philipon. La veuve Doré et ses trois fils s’installent à Paris dans l’hôtel particulier situé au 73, rue Saint-Dominique (au numéro 7, aujourd'hui) dont Alexandrine Doré vient d’hériter. Il profite du Salon libre pour y exposer deux de ses dessins à la plume : Le Nouveau Bélisaire et une scène d’ivrognes et L’union fait la force. Par ailleurs il peint sa première toile Pêcheur amarrant une barque pendant la tempête.
Voyages, premiers essais de peinture, grandes œuvres graphiques (1850-1860)
Son deuxième album, Trois artistes incompris et mécontents […], sort de presse vers 1851, suivi des Des-agréments d’un voyage d’agrément, et tout au long de la décennie il lithographie des suites comiques (Ces Chinois de Parisiens, Les Folies gauloises depuis les Romains jusqu’à nos jours) et collabore au journal L’Illustration.
Les deux albums Trois artistes incompris et mécontents et Des-agréments d'un voyage d'agrément sont publiés chez Aubert. Libéré de l'inspiration de Rodolphe Töppfer et du respect des cadres, Gustave Doré réalise des vignettes librement disposées avec plusieurs dimensions. La pluralité de la composition des pages, ses innovations et ses variantes graphiques se déploient surtout dans Des-agréments d'un voyage d'agrément. Sa technique fait appel au dessin direct sur la pierre avec le crayon lithographique.
Peintre
À partir de 1851, tout en exposant ses toiles, il produit quelques sculptures de sujets religieux et collabore à diverses revues dont le Journal pour tous. En 1851, il expose son premier tableau, Pins sauvages, au Salon.
Il est convié à la cour par Napoléon III en 1854, il profite alors de la vie mondaine parisienne qu’il affectionne. Au Salon, sa première œuvre religieuse, L’Ange de Tobie, est acquise par l’État pour la somme de 2 000 francs. Fort de son expérience graphique, Doré se lance dans la peinture d’histoire avec La Bataille de l’Alma, présentée au Salon de 1855 avec deux paysages. Sa toile Le Meurtre de Riccio est refusée par le jury.
De plus en plus reconnu, Gustave Doré illustre, entre 1852 et 1883, plus de cent vingt volumes qui paraissent en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre et en Russie. Il achève plusieurs albums lithographiques (La Ménagerie parisienne, Les Différents Publics de Paris).
Le Juif errant
En 1852, il illustre avec une main de peintre, Le Juif errant, un poème mis en musique de Pierre Dupont, une œuvre de rupture dans son parcours artistique et dans l'histoire de la gravure sur bois. Délaissant la gravure sur cuivre ordinairement privilégiée, Gustave Doré choisit la technique du bois de teinte (gravure d'interprétation). Cette dernière permet une palette infinie de tons, très proche des effets picturaux. Le bois de teinte permet de dessiner directement au lavis et à la gouache sur des blocs de bois de bout (coupés en tranches perpendiculairement au tronc) dont la surface dure est travaillée au burin. Doré a formé sa propre école de graveurs. Chaque planche de l'œuvre, avec une courte légende issue du poème, est une œuvre de peinture. Le format important de l'ouvrage permet le passage aux films in-folio. L'image est indépendante du texte. Cette œuvre connaît un grand succès public.
La guerre de Crimée lui inspire son quatrième récit graphique, L'Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la sainte Russie. Lors de la campagne de Crimée, il réalise, en 1854, à la fois comme auteur et comme illustrateur, Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la sainte Russie, une charge contre ce pays avec qui la France et l'Angleterre étaient entrées en guerre. Considéré comme le dernier des albums de « bandes dessinées » de Gustave Doré, le seul ouvertement politique, il est réalisé dans un contexte d'un large mouvement nationaliste avec le début de la guerre de Crimée et réanime le cliché occidental de la barbarie russe.
Constitué de plus de 500 vignettes, remettant en cause les codes de la mise en page et du dessin, ce violent pamphlet politique résume l'histoire sanglante de la Russie des origines jusqu'à l'époque contemporaine de Gustave Doré. Le caractère démesuré des scènes de guerres, de massacres, d'assassinats, de tortures provoque plus le sourire que des grimaces d'effroi. La jubilation est à l'honneur tant sur le plan verbal que graphique. Comme le souligne David Kunzle, « Doré met ses fantaisies graphiques au diapason de ses extravagances verbales, se livrant aux joies du calembour à un point tel que c'est souvent la perspective d'un jeu de mots qui justifie le choix d'un épisode. »
C'est un album qui préfigure la bande dessinée, où il joue sur le décalage entre le texte et l'illustration, et où il utilise d'étonnantes astuces graphiques[7]. On ressent aussi particulièrement dans cet album les influences de Rabelais (que Doré cite abondamment), Sterne, Bürger ainsi que d'auteurs plus modernes comme Töpffer, Cham ou même Nodier.[réf. nécessaire]
Rabelais
Paul Lafon, écrivain et éditeur, dont il avait fait la connaissance chez Philipon, accepte à sa demande d'illustrer les œuvres de Rabelais. En 1854, l'ouvrage est publié chez Joseph Bry avec 99 vignettes et 14 planches hors texte gravées sur bois. Cette édition abordable, avec une faible qualité d'impression et un format modeste (un grand in-octavo) n'est pas à la hauteur des ambitions fortes de Gustave Doré. En 1873 il illustre une autre version des Œuvres de Rabelais.
À peine de retour de vacances familiales en Suisse, Doré prend la route de Biarritz en compagnie de Paul Dalloz et Théophile Gautier qui le soutient vivement dans ses critiques d’art. Il fait une incursion en Espagne, en vue d’illustrer le Voyage aux eaux des Pyrénées (1855) de son ami Hippolyte Taine. L’illustration, en 1855 de Les Cent Contes drolatiques d'Honoré de Balzac d’Honoré de Balzac (près de 600 dessins) confirme sa réputation d’illustrateur.
Gustave Doré souhaite déployer son talent dans l'illustration des grandes œuvres de la littérature, souffrant du mépris observé envers la caricature et le dessin d'actualité. Il va lister la trentaine de chefs-d'œuvre dans le genre épique, comique ou tragique de sa bibliothèque idéale en souhaitant les illustrer dans le même format que Le Juif errant, L'Enfer de Dante, les Contes de Perrault, Don Quichotte, Homère, Virgile, Aristote, Milton ou Shakespeare.
La Divine Comédie
Gustave Doré s'attaque à la Divine Comédie, et commence à produire ses dessins à partir de 1857. les éditeurs refusent de produire cette publication luxueuse d'un trop grand coût. Gustave Doré doit auto-publier l'œuvre de Dante en 1861.
Le succès critique et populaire salue la congruité saisissante des compositions sur le texte. L'un deux[Qui ?] affirme que :
« L'auteur est écrasé par le dessinateur. Plus que Dante illustré par Doré, c'est Doré illustré par Dante. »
Les éditions Hachette, entre 1861 à 1868, finissent par publier la Divine Comédie de Dante incluant les dessins de Doré traduits sous la forme de gravures sur bois. Doré triomphe notamment avec la parution de L’Enfer en 1861, ouvrage particulièrement soignéet L’Enfer de Dante[9]. Doré expose en même temps au Salon trois grandes peintures d’après la Divine Comédie, dont sa toile monumentale Dante et Virgile dans le neuvième cercle de l'Enfer, des dessins, un paysage et des photographies d’après des bois gravés, avant leurs tirages.
La plupart des critiques reprocheront, à partir de cette date, et de manière récurrente à sa peinture de n'être qu'une illustration agrandie. En effet la peinture de Gustave Doré a influencé l'illustration de ses ouvrages de littérature par le choix des formats, le sens de la composition, la mise à l'honneur du décor et par son art de la mise en scène. Gustave Doré multiplie les points de vue, en plongée, contre-plongée, plans panoramiques ou frontaux avec une recherche d'efficacité maximale de l'image. Gustave Doré est le premier illustrateur à avoir utilisé l'image comme un ressort essentiel du suspense. Selon Ray Harryhausen, célèbre concepteur d’effets spéciaux, « Gustave Doré aurait été un grand chef opérateur, […] il regarde les choses avec le point de vue de la caméra. » En effet, dans les gravures qu'il consacre à la ville de Londres, avec ses gares et sa foule permanente, le regard se positionne de manière à agripper et suivre le mouvement constant[10].
Des Contes de Perrault au Quichotte
En 1862, il publie chez l’éditeur Hetzel les Contes de Perrault ainsi que L’Album de Gustave Doré, son dernier recueil de lithographies.
Il effectue entre 1861 et 1862 un voyage en Espagne avec le baron Jean Charles Davillier pour le compte du journal Le Tour du monde qui lui permet de se documenter en vue de son Don Quichotte (1863, voir le tome 2), entrepris en à Baden-Baden en compagnie du graveur Héliodore Pisan. Outre les publications périodiques, du voyage d'Espagne sera tiré un livre : L'Espagne, de Charles Davillier avec 309 gravures sur bois de Doré, publié en 1874. Et les planches sur les combats de taureaux seront republiées ultérieurement sous le titre La Tauromachie de Gustave Doré.
En même temps, Doré mise de plus en plus sur la peinture. En avril 1861, il s’installe dans un nouvel atelier, beaucoup plus vaste, 3, rue Bayard (VIIIe arrondissement).
Dans les années 1860, il illustre également la Bible[12]. En 1866, sa monumentale sainte Bible en deux volumes (voir aussi le tome 2) est publiée ainsi que Paradise Lost de Milton (chez Cassell) consacrent sa réputation en Angleterre.
À l’occasion de la visite de la reine d’Angleterre à l’Exposition universelle de Paris de 1867, il a fait la connaissance du journaliste londonien William Blanchard Jerrold, avec lequel il collabore activement autour de 1870.
La Doré Gallery et la Commune de Paris (1867-1871)
En 1869, à Londres, où sa Bible connaît un immense succès, une Doré Gallery ouvre au 35, New Bond Street[14], pour laquelle il produit de nombreux tableaux religieux qui iront ensuite jusqu’aux Etats-Unis.
En 1870, il s’engage dans la Garde nationale pour défendre Paris de l’armée prussienne et réalise plusieurs toiles patriotiques jusqu’en 1871. Pendant la Commune de Paris, il se réfugie à Versailles[15].
Il publie London: A Pilgrimage de Blanchard Jerrold, en 1872, son art de la composition atteint son apogée dans ce véritable reportage sur le Londres de la fin du XIXe siècle où toutes les classes sociales sont présentes, son inspiration est particulièrement éclatante dans la description des bas-fonds londoniens.
Multipliant en même temps dessins et illustrations en tous genres (fantastique, portraits-charges), sa notoriété s'étend à l'Europe, il rencontre un immense succès en Angleterre avec la Doré Gallery ouverte à Londres en 1868 au 168 New Bond Street[16].
Il meurt d'une crise cardiaque à 51 ans, le , en laissant une œuvre imposante de plus de dix mille pièces, qui exercera par la suite une forte influence sur nombre d'illustrateurs. Son ami le maréchal Foch organise les obsèques à Sainte-Clotilde, l'enterrement au Père-Lachaise[17] et un repas d'adieu au 73 rue Saint-Dominique.
Sa mère meurt en 1879[18]. De manière paradoxale, Gustave Doré a abordé son œuvre d'illustrateur dans le costume d'un peintre tandis que sa peinture a été constamment jaugée selon son talent d'illustrateur[19]. Ce jugement a terriblement affecté Gustave Doré, désespérant d'être reconnu en tant que peintre. Pendant tout son parcours artistique, Gustave Doré avait un engagement égal dans la peinture et dans l'illustration sans y voir d'incompatibilité. Il faudra attendre ses dix dernières années pour qu'il n'aborde l'illustration que comme une activité lui permettant de financer « ses couleurs et ses pinceaux ».
Gustave Doré sur son lit de mort par Nadar (1883).
Tombe de Gustave Doré (cimetière du Père-Lachaise, division 22).
Parcours artistique et réception critique
Évolution de son style pictural
La remarque de Marie Jeanne Geyer résume parfaitement le parcours artistique de Gustave Doré :
« C'est pourtant dans l'ombre de la peinture que Gustave Doré invente malgré lui une imagerie moderne dans laquelle apparaît, à travers un dessin novateur et expressif et des mises en scène condensant toute la tension dramatique d'une histoire, une nouvelle façon d'appréhender l'illustration. Toute la modernité de Doré consiste dans cet éloignement du texte illustré et dans l'invention d'un langage particulier qui paraît étrangement précéder le récit en laissant émerger une image définitive[20]. »
Gustave Doré et son rapport à la gravure
L'importance de la gravure et de l'édition est fondamentale pour comprendre la popularisation des images composées par Doré.
Gustave Doré est avant tout un dessinateur et un peintre. Il a très peu gravé lui-même ses compositions. Il possédait une connaissance des différentes techniques de gravure, notamment le bois gravé, et le dessin sur pierre lithographique, cette dernière fut celle par laquelle il commença sa carrière, dès 1845. À la fin de sa vie, il expérimente à partir de 1872, l'eau-forte, ou du moins dessinait-il sur le vernis mou, laissant le soin à d'autres de faire mordre sur le métal ses compositions ; au total, on en compte une trentaine de planches (sans compter les états intermédiaires). Tels sont les éléments que rapportent Henri Beraldi qui produisit une étude assez complète sur cette question (1887)[21].
Ses propres créations d'estampes, de lithographie ou d'eau-forte représentent un pourcentage très faible par rapport à l'ensemble du corpus des illustrations, son intérêt pour ces techniques correspond à la vogue dont ont bénéficié celles-ci successivement au moment où Doré les a pratiquées[22].
Il laissait à d'habiles graveurs (voir plus loin) le soin de traduire ses compositions, et travaillait en concertation avec eux, ainsi qu'avec les tireurs et les éditeurs. La pierre lithographique rend beaucoup mieux l'énergie, le style, la fureur, et même certains veloutés propres du trait de Doré, tandis que la traduction sur bois tend à écraser quelque peu l'ensemble.
Toutefois, certains graveurs sur bois ont su retraduire le génie graphique de Doré : l'un deux est Adolphe Gusman[23].
Publications
Ouvrages écrits et illustrés par Gustave Doré
1847 : Les Travaux d’Hercule, coll. « Les Jabots », Paris, Chez Aubert & Cie.
1850 [décembre] : Trois artistes incompris et mécontens, Paris, Chez Aubert & Cie.
Contrairement à ce qui est dit parfois, Gustave Doré — ami pourtant de Hetzel — n'illustra aucun des Voyages extraordinaires de Jules Verne[24]. Sa production s'élève à plus d'une centaine d'ouvrages, en particulier :
François Rabelais : Œuvres, 1851, 104 ill. ; nouvelle édition avec gravures sur bois, 1873
Wright Thomas : Historical cartoons, from the first to the nineteenth century. 1868 Londres John Camden Hotten. 20 lithographies.
Jean de La Fontaine : Fables, 1868, 248 ill. Paru aux éditions Hachette dès et vendu en 60 « livraisons » à raison d'une livraison de 16 pages par semaine pour 50cts
Edmund Ollier, The Doré Gallery, containing two hundred and fifty beautiful engravings, selected from the Doré Bible, Milton, Dante's Inferno, Dante's Purgatorio and Paradiso, Atala, Fontaine, Fairy Realm, Don Quixote, Baron Munchausen, Croquemitaine, etc., etc., Londres, Cassel, Petter and Galpin (s.d.), grand in-4° (BNF31035576)
La bibliothèque nationale de France possède un fonds numérisé sur sa plateforme Gallica[38]. Le département des Estampes et de photographie de la BnF conserve un œuvre de Gustave Doré riche de 4 221 pièces réunies en 34 recueils factices[39].
Émile Zola rendit hommage à Gustave Doré dans un article intitulé « Cervantès et Gustave Doré, à propos de Don Quichotte illustré » paru dans le Journal populaire de Lille du [44] : « On appelle ça illustrer un ouvrage : moi, je prétends que c'est le refaire. Au lieu d'un chef-d’œuvre, l'esprit humain en compte deux. C'est une même pensée traduite en deux langues. »
« Jusqu'à son physique m'ennuie et m'est désagréable ; c'est un homme gras, frais, poupin, la face ronde, plate, une figure de lune, de lanterne magique; son teint d'enfant de chœur, sa mine sans âge, où le labeur effrayant de sa production n'a pas mis d'années, cet air d'enfant prodige — tout cela m'est d'un contact antipathique et finit par me mettre mal à l'aise. »
Jules-Antoine Castagnary dit de lui en 1877 : « Nous constaterons avec tristesse, que mauvais dessinateur et mauvais peintre, M.Gustave Doré vient d'ajouter à sa réputation celle de mauvais sculpteur. Quel bénéfice en tirera-t-il ? »
« Non, jamais tragédie ne m'a remué à ce point ! […] Non, il n'y avait pas sur le pavé de Paris d'être plus malheureux que celui-ci : il était dégoûté de tout; il ne fallait pas lui parler de sa gloire d'illustrateur; c'était précisément de cela qu'il souffrait le plus. On lui jetait toujours ses illustrations à la tête pour tuer le peintre. »
« Car à sa silhouette on doit rester fidèle !
La mienne me convient si c'est à cause d'elle
Qu'à la sottise je déplus !
Qui me dessinerait un bon harnois de guerre ?
Je n'ai pas confiance au goût de l'antiquaire,
Et Gustave Doré n'est plus ! »
René Delorme, Gustave Doré, peintre, sculpteur, dessinateur et graveur, Paris, Ludovic Baschet, 1879.
(en) Blanche Roosevelt, The Life and Reminiscences of Gustave Doré: Compiled from Material Supplied by Doré’s Relations and Friends, and from Personal Recollection: With Many Original Unpublished Sketches, and Selections from Doré’s Best Published Illustrations, Londres, S. Low, 1885.
Blanche Roosevelt, La Vie et les œuvres de Gustave Doré, d’après les souvenirs de sa famille, de ses amis et de l’auteur, traduit de l’anglais par M. du Seigneux, préface par Arsène Houssaye, Paris, Librairie illustrée, 1887.
(en) Blanchard Jerrold, Life of Gustave Doré, Londres, W. H. Allen, , 493 p. (lire en ligne) (réédition e-book 2013, avec nombreuses illustrations de Gustave Doré).
Henri Leblanc, Catalogue de l’œuvre complet de Gustave Doré, Paris, Ch. Bosse, 1931.
(de) Gabriele Forberg et Günter Metken (dir.), Gustave Doré: Das graphische Werk, Munich, Rogner & Bernhard, 1975.
Philippe Kaenel, Le plus illustre des illustrateurs… le cas Gustave Doré, 1832/1883, Actes de la recherche en sciences sociales, EHESS, no 66/67, (lire en ligne), p. 35-46, (sur persee.fr).
Philippe Kaenel, Le Métier d’illustrateur, 1830-1880, Rodolphe Töpffer, J. J. Grandville, Gustave Doré, Genève, Droz, 2004 (2e éd.) (compte-rendu de l'édition 1996 de cette thèse par Pierre Georgel, « L'artiste illustrateur », sur Persée.fr,
Collectif, Gustave Doré, ogre et génie : D'après chroniques et historiens, 6 essais illustrés de 99 magnifiques reproductions, Musées de la ville de Strasbourg, (ouvrage publié à l'occasion de l'exposition « Doré & Friends » au Cabinet d'art graphique du MAMCS, du au )
Cyril Devès (dir.) Gustave Doré 1883-2013, Lyon, Centre de Recherche et d'Histoire Inter-médias de l'école Emile Cohl, 2013 (Actes du colloque international, École Emile Cohl, 22 et )
Catalogue d'exposition
Exposition rétrospective Gustave Doré 1832 — 1883, édition du Palais des beaux-arts de la ville de Paris (Petit Palais), 1932[54].
↑Richard Tames, Voyages dans l’Histoire : Londres, National Geographic, 2011 (ISBN978-2-84582-342-6).
↑La Commune de Paris, révolution sans images ? : Politique et représentations dans la France républicaine (1871-1914), Bertrand Tillier, Éditions Champ Vallon, 2004.
↑Olivier Deloignon, Guillaume Dégé et alii, Gustave Doré, Ogre et génie : d'après chroniques et historiens, 6 essais illustrés de 99 magnifiques reproductions, Strasbourg, Musées de Strasbourg, , 84 p. (ISBN978-2-35125-108-9), « Par le glaive, la lance et l’estoc ».
↑Idylls of the King(en) est un cycle de 12 poèmes narratifs autour du Roi Arthur et des personnages du cycle arthurien. Doré a illustré les quatre premiers : Enid, Vivien, Elaine et Guinevere, parus en 1859.
↑Philippe Kaenel, Guy Cogeval (1955- …), Marc Daniel Mayer (1956- … ; directeur de musée) et Laetitia Itturalde, op. cit., p. 28.
↑Émile Zola, Chroniques politiques. Tome I - (1863-1870) Œuvres complètes, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du XIXe siècle », , 669 p. (ISBN978-2-406-06513-5, lire en ligne).
↑ a et bPhilippe Kaenel, Guy Cogeval (1955- …), Marc Daniel Mayer (1956- … ; directeur de musée) et Laetitia Itturalde, op. cit., p. 15.
↑Henri Auteur du texte Leblanc, Catalogue de l'œuvre complet de Gustave Doré : illustrations, peintures, dessins, sculptures, eaux-fortes, lithographies : avec un portrait et 29 illustrations documentaires : Henri Leblanc, (lire en ligne), p. 13.
↑Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers… ouvrage rédigé et tenu à jour, avec le concours d'écrivains et de savants de tous les pays, L. Hachette, (lire en ligne).
Drew PearsonDrew Pearson (kiri) dengan Presiden Lyndon Johnson di Taman Gedung Putih pada 1964.LahirAndrew Russell Pearson(1897-12-13)13 Desember 1897Evanston, Illinois, ASMeninggal1 September 1969(1969-09-01) (umur 71)Rockville, Maryland, ASSebab meninggalSerangan jantungMakamMerry-Go-Round FarmsPotomac, Maryland39°03′11″N 77°16′25″W / 39.05301°N 77.27363°W / 39.05301; -77.27363PendidikanPhillips Exeter AcademyAlmamaterSwarthmore CollegePekerjaa...
Untuk kegunaan lain, lihat Ambisi (disambiguasi). AmbisiSutradaraNya Abbas AkupProduserSafari Sinar sakti FilmDitulis olehMus MualimPemeranBing SlametBenyamin SAnna MathovaniFifi YoungDeddy DamhudiKoes PlusBimboGod BlessNuke Maya SaphiraPenata musikBing SlametSinematografer-Tanggal rilis 1973 (1973) Durasi95 menitNegaraIndonesia Penghargaan Festival Film Indonesia 1974 Tata Artistik Terbaik : Ami Prijono Ambisi adalah sebuah film Indonesia yang dirilis pada tahun 1973. Film ko...
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Buddhist cemetery of Shaolin Temple under Mount Song. Pagoda Forest at Shaolin Temple塔林, Ta LinPagoda Forest.CemeteryLocation of site in China.Alternative nameTower ForestCoordinates34°30′19″N 112°56′19″E / 34.50538690631235°N 112.9385338036657°E / 34.50538690631235; 112.9385338036657Area14,000 m2 (3.5 acres)HistoryAbandonedNever abandoned.Site notesConditionWell preserved, some pagodas partially restored.OwnershipPeople's Republic of ChinaPub...
Association football club in Portugal Football clubS.C.U. TorreenseFull nameSport Clube União TorreenseShort nameTorreense SCUTFounded1 May 1917; 107 years ago (1 May 1917)GroundEstádio Manuel Marques, Torres VedrasCapacity12,000PresidentJosé SebastiãoManagerTulipaLeagueLiga Portugal 22022–23Liga Portugal 2, 9thWebsiteClub website Home colours Away colours Current season Sport Clube União Torreense is a Portuguese sports club, best known for its association football sectio...
American electronic music duo This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Fischerspooner – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (January 2010) (Learn how and when to remove this message) FischerspoonerBackground informationOriginNew York City, U.S.GenresElectroclashYears active1998–2019LabelsMin...
pemandangan Berbera sebelah timurlaut Berbera adalah sebuah kota di daerah Saaxil, Somalia. Daerah ini kini merupakan bagian dari Somaliland. Berbera adalah sebuah pelabuhan laut, dengan pelabuhan yang terletak di bagian selatan Teluk Aden. Populasinya pada 2000 diperkirakan 200.000 jiwa. Sebelum perang saudara, Berbera merupakan tempat dari beberapa pelabuhan angkatan laut kecil yang dibangun oleh Uni Soviet, kemudian digunakan oleh Amerika Serikat. Dia kini berupa pelabuhan komersial. Semen...
Ancient Christian church For other uses, see Church of Antioch (disambiguation).This article relies excessively on references to primary sources. Please improve this article by adding secondary or tertiary sources. Find sources: Church of Antioch – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (January 2024) (Learn how and when to remove this message) The Church of Antioch (Arabic: كنيسة أنطاكية, romanized: kánīsa ʾanṭākiya; Arabic...
هذه المقالة حول حدث رياضي مستقبليّ أو منتظر. ومن الممكن أن تكون المعلومات حوله متضاربةً وقد يكون مضمونها متغيرًا تغيراً كبيراً خاصة مع اقتراب انطلاق الحدث. لا تتردد في تحسين المعلومات عن طريق الاستشهاد بمصادر موثوقة. كل عنصر ذو أخبار غير موسوعية يوجه إلى ويكي الأخبار. الأل�...
For the logistics company, see Wincanton plc. Human settlement in EnglandWincantonWincanton High StreetWincantonLocation within SomersetPopulation6,568 (2021)[1]OS grid referenceST712286DistrictSouth SomersetShire countySomersetRegionSouth WestCountryEnglandSovereign stateUnited KingdomPost townWINCANTONPostcode districtBA9Dialling code01963PoliceAvon and SomersetFireDevon and SomersetAmbulanceSouth Western UK ParliamentSomerton and Frome List o...
Thuyết tương đối rộng G μ ν + Λ g μ ν = 8 π G c 4 T μ ν {\displaystyle G_{\mu \nu }+\Lambda g_{\mu \nu }={8\pi G \over c^{4}}T_{\mu \nu }} Dẫn nhập · Lịch sử · Nguyên lý toán họcKiểm chứng Khái niệm cơ sởThuyết tương đối hẹpNguyên lý tương đươngTuyến thế giới · Hình học Riemann Hiệu ứng và hệ quảBài toán Kepler · T...
Oliver PlattLahirOliver James Platt12 Januari 1960 (umur 64)Windsor, Ontario, KanadaPekerjaanAktorTahun aktif1985–sekarang Oliver James Platt (lahir 1 Desember 1960) adalah Kanada-lahir Amerika film, televisi, dan aktor panggung. Dia telah dinominasikan untuk sebuah Golden Globe Award, sebuah Tony Award, dua Screen Actors Guild Awards, dan empat Primetime Emmy Awards. Filmografi Married to the Mob (1988) Working Girl (1988) Crusoe (1989) Flatliners (1990) Postcards from the Edge ...
Jón Baldvin HannibalssonJón Baldvin Hannibalsson nel 2011 Ministro per gli affari esteri dell'IslandaDurata mandato28 settembre 1988 –23 aprile 1995 Capo del governoSteingrímur Hermannsson Davíð Oddsson PredecessoreSteingrímur Hermannsson SuccessoreHalldór Ásgrímsson Ministro delle finanze dell'IslandaDurata mandato8 luglio 1987 –28 settembre 1988 Capo del governoÞorsteinn Pálsson PredecessoreÞorsteinn Pálsson SuccessoreÓlafur Ragnar Grímsson Dat...
يفتقر محتوى هذه المقالة إلى الاستشهاد بمصادر. فضلاً، ساهم في تطوير هذه المقالة من خلال إضافة مصادر موثوق بها. أي معلومات غير موثقة يمكن التشكيك بها وإزالتها. (ديسمبر 2023) إفريم كارش (بالعبرية: אפרים קארש) معلومات شخصية الميلاد 6 سبتمبر 1953 (71 سنة) إسرائيل الجنسية ...
This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article may require copy editing for grammar, style, cohesion, tone, or spelling. You can assist by editing it. (May 2023) (Learn how and when to remove this message) This article is missing information about its crucial colonial period. Please expand the article to include this information. Further details may exist on the talk page. ...
Katedral St. George'sKatedral Dikandung Tanpa Nodabahasa Inggris: Immaculate Conception CathedralKatedral St. George'sKoordinat: 12°3′6″N 61°45′19″W / 12.05167°N 61.75528°W / 12.05167; -61.75528LokasiSt. George'sNegaraGrenadaDenominasiGereja Katolik RomaArsitekturStatusKatedralStatus fungsionalAktifAdministrasiKeuskupanKeuskupan Saint George's Katedral St. George's yang bernama resmi Katedral Dikandung Tanpa Noda (bahasa Inggris: Immaculate Concepti...
В Википедии есть статьи о других людях с фамилией Гоулд. Шейн Гоулд Личная информация Пол женский Полное имя англ. Shane Elizabeth Gould Имя при рождении англ. Shane Elizabeth Gould Страна Австралия Специализация плавание Дата рождения 23 ноября 1956(1956-11-23)[1] (67 лет) Место рождения �...