Les manuscrits autographes de Roussel sont respectivement datés des et , à Paris[3]. Outre les versions pour chant et piano, le compositeur est l'auteur de versions pour chant et orchestre des mélodies[3].
Les partitions sont publiées en 1919 par Durand[4]. Une version des mélodies avec textes en anglais, par Rosa Newmarch(en), est éditée la même année. Les Deux mélodies figurent également dans le recueil Six mélodies publié en 1929[3].
Pour Gilles Cantagrel, les Deux mélodies op. 20 sont un « chef-d'œuvre d'ironie et de séduction[2] ».
La première mélodie du cycle, Le Bachelier de Salamanque, peint « une sérénade interrompue par le rythme immuable d'un piano qui se fait guitare[2] ». L'accompagnement du piano, riche en quintes à vide, secondes et sixtes abaissées, expose en effet une figure initiale de quatre doubles croches suivie de croches en staccato, « comme des cordes grattées[2] ». L'ensemble se répète, sous une narration qui est « le fait d'un témoin interpellant le « bachelier » en un débit rapide presque parlé[2] ». Une deuxième partie, plus lente, évoque « le couvre-feu avant que, revenant au premier tempo, le témoin ne rappelle la prison menaçant les donneurs de sérénade — à quoi bon, puisque la belle reste indifférente aux soupirs de l'importun (très modéré, mouvement syncopé)[2] ». La conclusion s'effectue « sur le rire étouffé d'un long glissando murmuré[2] » : l'« amoureux est éconduit par un spirituel glissando évoquant le rire moqueur de la fille de l'Almirante[6] », relève Damien Top.
La deuxième mélodie, Sarabande, est un « des rares poèmes d'amour heureux élus par Roussel[2] ». Pour Damien Top, la mélodie « ressuscite les « Fêtes Galantes » dans un parc aristocratique, avec rêverie près d'une fontaine nimbée de clarté lunaire[7] ». Dans le texte, « la femme aimée est contemplée dans un jardin parmi les tourterelles et les jets d'eau[2] ». Musicalement, le piano rend « sensibles la fluidité de l'eau, les rumeurs du jardin ou les frissons de la chair nue de l'amante : une figure de triolets de doubles croches suivi d'une croche parcourt la page, se transformant ou se diluant pour modifier les éclairages de ce paysage de l'âme, tandis que des dissonances teintent l'air d'un érotisme diffus[2] ».
Pour Damien Top, après les Deux mélodies de l'opus 19 de Roussel, portant les stigmates de la Première Guerre mondiale, l'opus 20 « (début 1919, l'extraordinaire Bachelier de Salamanque et la délicieuse Sarabande, deux des plus belles mélodies du répertoire) atteste le calme et la malice recouvrés[8] ».
La durée moyenne d'exécution de l’ensemble est de quatre minutes trente environ[5].
Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.