Si le 934 Fifth Avenue accueille depuis plus de soixante ans la communauté française de New York, cet hôtel particulier est aussi un des derniers vestiges architecturaux du XIXe siècle de la Cinquième Avenue. En effet, avant d'abriter le consulat général de France, le 934 était d'abord la résidence de Charles E. Mitchell(en), président de la National City Bank (devenue Citibank).
Depuis , Cédrik Fouriscot (d) en est le consul général.
Durant sa résidence au 934, de à , Charles E. Mitchell était particulièrement estimé des milieux financiers et prodiguait, de manière informelle, des conseils aux présidents américains Warren G. Harding et Herbert Hoover. Cependant, son épouse, Elizabeth Mitchell, fait du 934 un lieu de renom par les nombreuses soirées musicales qu'elle y organisait. Ainsi, des musiciens tels que George Gershwin, Fritz Kreisler, Rudolph Ganz(en), Ignacy Paderewski ou encore José Iturbi se produisaient régulièrement dans le salon rose du 934 Fifth Avenue.
Au début des années , à la suite du krach boursier et des enquêtes financières le concernant, Charles E. Mitchell perd une grande partie de sa fortune et doit quitter New York, renonçant à sa demeure.
Le 934 est pourtant le seul survivant des sept hôtels particuliers que comptait anciennement ce block. Les premières demeures établies dans les années furent remplacées en moins de cinquante ans par des grands immeubles d'habitation, tout aussi luxueux. La Charles E. Mitchell House a pu être conservée grâce à son acquisition en [1] par le régime de Vichy qui y installe son consulat général.
Partenaires historiques, la France et les États-Unis entretiennent une relation de proximité et d'amitié dès les premières heures de la nation américaine, avec la aide de la France dans la guerre d'indépendance. La première représentation consulaire française est établie à Philadelphie en . Dès , un consulat français est établi à New York, le premier consulat à s'installer dans cette ville[2]. St John de Crèvecœur devient le premier consul. En revanche, peu d'informations sont connues quant aux bâtiments qui abritaient le consulat au cours des XVIIIe et XIXe siècles.
De à , le consulat général de France est localisé au Rockefeller Center au 610 de la Cinquième Avenue. En dépit du caractère prestigieux de l'installation, il est décidé en d'acquérir un autre bâtiment qui pourrait accueillir les bureaux et la résidence du consul. Ainsi, en , le 934 de la Cinquième Avenue devient une propriété française. Néanmoins, ce n'est qu'en , après le rétablissement des relations franco-américaines (interrompues sous le régime de Vichy), que les affaires consulaires peuvent reprendre avec la France libre.
Fidèle à l'esprit de ses fondateurs, Charles E. Mitchell et son épouse, qui avaient conçu le 934 comme un lieu de culture, notamment littéraire et musicale, le consulat continue de perpétuer cette tradition en accueillant, chaque année, de nombreux événements autour de la communauté française. Ainsi le 934 reçoit, dans ses salons, jusqu'à 150 événements par an, comme les mensuelles Conférences 934 qui réunissent des intervenants français et américains.
Les services culturels de l'ambassade ont leur siège principal à New York, au 972 de la Cinquième Avenue, dans l'ancienne résidence de la famille Whitney, la Payne Whitney House. On y trouve également la seule librairie française de la ville : la librairie Albertine[5].
↑(en) « Vichy Buys the Palatial Mitchell Mansion On Fifth Ave. for Use as Consulate General », The New York Times, , p. 11 (lire en ligne).
↑(en) Abraham Phineas Nasatir et Gary Elwyn Monell, French Consuls in the United States: A Calendar of Their Correspondence in the Archives Nationales, Washington, Bibliothèque du Congrès, , XII-606 p., in-8°.
↑« Histoire du Consulat », sur newyork.consulfrance.org, § « Les titulaires du « 934 » depuis ».
Anthony W. Robins et Cécile Girardeau (trad. Lynda Stringer, photogr. Gary Landsman), Consulat général de France à New York, Paris, Éditions internationales du patrimoine, coll. « Résidences de France », , 175 p. (ISBN979-10-90756-07-6).
(en) Michael C. Kathrens, Great Houses of New York : –, New York, Acanthus Press, coll. « Urban Domestic Architecture Series », , 383 p. (ISBN0-926494-34-1), p. 371–372.
Gérald Sim, Le corps diplomatique et consulaire français aux États-Unis : –, Paris, Les Indes Savantes, , 753 p. (ISBN978-2-84654-530-3).
Olivier Brégeard, « Une communauté fragile : Les Français de New York au milieu du XIXe siècle », Annales de démographie historique, Paris, Belin, no 1 « Les Français d'Amérique », , p. 43–60 (DOI10.3406/adh.2000.1966, JSTOR44385462).