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Rébellion du groupe Wagner
Extension maximale (en gris) du territoire contrôlé par le groupe Wagner au cours de la rébellion.
Elle se déroule dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine, menée par l'armée russe avec l'appui du groupe Wagner, au cours de laquelle les relations entre ces deux entités n'ont cessé de se dégrader.
Dans une allocution télévisée le matin du 24 juin, Vladimir Poutine condamne la « trahison » d'Evgueni Prigojine. Il promet une intervention « sévère » contre les « insurgés ».
Dans la soirée du 24 juin, après l'annonce d'une médiation du président biélorusse Alexandre Loukachenko, Evgueni Prigojine fait savoir qu'il renonce à marcher sur Moscou et que ses troupes rejoignent leurs quartiers. Les poursuites judiciaires contre Prigojine et ses hommes sont déclarées comme abandonnées. Le 26 juin, il déclare que le but de la marche était d'empêcher la dissolution du groupe Wagner, ainsi que de traduire en justice ceux « qui ont commis un grand nombre d'erreurs lors de l'opération militaire spéciale »[6].
Au début des années 1990, Evgueni Prigojine, qui a purgé près d'une décennie de prison pour plusieurs vols dans les années 1980, se lance dans une carrière d'entrepreneur. Avec ses multiples restaurants réputés, il devient une figure importante de la vie économique de Saint-Pétersbourg et rencontre dans ce cadre Vladimir Poutine, qui est alors activement engagé dans la politique municipale[7],[8]. Les deux hommes se rapprochent progressivement, jusqu'à ce que Prigojine devienne un confident de Poutine au cours de son accession au pouvoir[9].
En 2014, Prigojine fonde le groupe Wagner, une société militaire privée. Malgré l'interdiction théorique des sociétés militaires privées en Russie, Wagner peut opérer sans entrave avec un soutien implicite[9], voire le financement du pouvoir russe[10],[11]. De nombreux analystes ont estimé que le gouvernement russe a employé les services de Wagner pour permettre un déni plausible de ses ingérences et masquer le bilan réel humain et financier des interventions de la Russie à l'étranger[12].
Outil de la politique étrangère et militaire russe, Wagner est devenu au fil des années une force de combat très impliquée dans diverses régions, notamment dans le conflit du Donbass (2014)[13] ; mais aussi lors de l'intervention militaire de la Russie dans la guerre civile syrienne aux côtés du président syrien Bachar el-Assad (2015)[14],[15]. La société d'Evgueni Prigojine a également participé à des conflits au Mali (2018), en Libye (2021) et en République centrafricaine (2018). Sur tous ces théâtres d'opérations, le groupe Wagner s'est distingué par ses méthodes brutales et sa participation à de nombreux crimes de guerre[15],[16],[17]. Le groupe noue cependant des liens étroits avec de nombreux gouvernements africains, bénéficiant d'une autonomie considérable pour exploiter les ressources naturelles de ces États en échange d'un soutien dans leur lutte contre les divers rebelles antigouvernementaux auxquels ils font face[18],[19]. Cette main-mise économique de Wagner sur les ressources africaines permet au groupe de financer ses opérations dans le monde, et particulièrement en Ukraine après le déclenchement de l'invasion russe[19].
Montée des tensions durant l'invasion de l'Ukraine
Tentatives de limitation de l'influence de Prigojine
Selon des responsables américains, des différends de longue date existent entre Prigojine et le ministre russe de la DéfenseSergueï Choïgou avant l'invasion de l'Ukraine, mais ces tensions se sont aggravées et ont été rendues publiques au cours de cette phase de la guerre russo-ukrainienne[20],[21] Après les pertes importantes subies par les forces terrestres russes lors des premières phases de l'invasion, les autorités russes cherchent à enrôler des mercenaires pour éviter d'avoir à déclencher une mobilisation. Pour mener à bien cette tâche, Evgueni Prigojine et le groupe Wagner se voient attribuer des ressources importantes ainsi que l'autorisation de recruter des détenus dans les prisons russes[22].
Malgré l'absence de position officielle ou d'autorité légale[23], Evgueni Prigojine acquiert dans le processus une stature internationale, et le groupe Wagner est rapidement perçu comme sa propre armée privée[23]. Cette situation suscite des tensions avec le ministère de la Défense et l'armée, qui cherchent à limiter l'influence du chef de Wagner[23]. Au début de l'année 2023, Prigojine annonce que Wagner cesse de recruter des prisonniers[24], ce que le ministère britannique de la Défense interprète comme une interdiction venue du Kremlin de telles pratiques[25]. Cette mesure, censée poser des problèmes de main d’œuvre à Wagner[26], a plutôt permis à Evgueni Prigojine de se présenter comme une figure populiste opposée un certain establishment militaire[27]. À plusieurs reprises au cours de l'invasion, il critique le commandement russe et est l'une des rares figures russes à se plaindre directement à Poutine des commandants militaires[28]. Ses critiques virulentes visent principalement le ministère de la Défense, dont il qualifie les fonctionnaires de corrompus[20],[21], mais il attaque aussi d'autres segments de l'élite russe[29], leur reprochant de jouir d'une vie luxueuse alors que des gens « ordinaires » meurent sur le front. Selon l'Institut pour l'étude de la guerre, ses sorties acerbes lui ont valu une influence notable dans la communauté ultranationaliste des blogueurs militaires russes[30].
Les tensions entre le groupe Wagner et le ministère de la Défense ont atteint un point critique au cours de la bataille de Bakhmout[30]. Evgueni Prigojine exprime à plusieurs reprises au cours de cette dernière son mécontentement quant à l'approvisionnement inadéquat de ses hommes par l’État russe. Confronté selon ses dires à une pénurie de munitions, il menace de se retirer de la bataille si ses demandes ne sont pas satisfaites[31]. Il accuse directement dans une vidéo Sergueï Choïgou et Valeri Guerassimov de causer des pertes importantes chez les combattants de Wagner en les privant de moyens[31].
Après la proclamation de la victoire russe à Bakhmout fin mai 2023, Wagner commence à se retirer de ses positions pour céder la place aux troupes régulières russes[32]. Des conflits internes persistent cependant entre Wagner et les militaires pendant cette transition[33]. Prigojine affirme à plusieurs reprises que des militaires russes ont attaqué ses forces. Sa popularité augmente également considérablement lorsqu'il accuse publiquement des « personnes influentes » de saboter activement sa très rentable entreprise de restauration en association avec l'armée russe. Cette dernière accusation tourne l'image publique de Prigojine davantage vers le monde politique, qu'il commence à dénoncer[34],[35].
Intégration de Wagner dans l'armée russe
Le , le ministère de la Défense russe ordonne à Wagner de signer des contrats avec l'armée pour tout ses membres avant le . Cette mesure aurait pour effet d'intégrer la société militaire privée à la chaîne de commandement régulière et de saper l'influence d'Evgueni Prigojine. Ce dernier refuse cependant cet ordre et en profite pour accuser une nouvelle fois le ministre Choïgou d'incompétence[36],[37]. Selon Meduza (un média en lignerussophone basé à Riga en Lettonie), l'intégration de Wagner dans l'armée russe pourrait aussi mettre en péril les lucratives activités du groupe en Afrique[38]. Prigojine s'oppose donc activement à cet ordre en redoublant de virulence dans ses critiques contre le Ministère de la Défense[39], allant jusqu'à appeler à l'exécution de Sergueï Choïgou et faisant allusion à un soulèvement populaire contre les « fonctionnaires ineptes »[40]. Il semble également penser qu'en cas de soulèvement de son groupe, Vladimir Poutine se rangera à ses côtés[40],[41],[38].
Préparation de la rébellion
Les services de renseignement américains observent après cette montée des tension une accumulation progressive des forces de Wagner près de la frontière russo-ukrainienne ainsi que des preuves que Wagner stocke du matériel et des ressources en vue de la rébellion[42],[43]. Bien qu'ils obtiennent grâce à des interceptions de communications et à l'analyse d'images satellites[43] des informations sur le lieu et le déroulement de la rébellion, le moment exact de son déclenchement reste inconnu des Occidentaux[42]. Plusieurs semaines avant la rébellion, les services américains estiment cependant qu'elle se produira après le . Prigojine semble avoir accéléré sa préparation après la décision prise le 10 d'incorporer Wagner dans l'armée russe[42].
Des responsables américains anonymes révèlent après la rébellion[Note 1] au New York Times que le général d'arméeSergueï Sourovikine avait eu connaissance du projet de rébellion[44], aurait servi d'intermédiaire entre Prigojine et la hiérarchie militaire[45] et qu'il était globalement perçu comme ayant des liens étroits avec le patron du groupe Wagner[45]. CNN a en outre obtenu des documents indiquant que Sourovikine disposait avant la rébellion d'un numéro d'enregistrement personnel auprès de Wagner et qu'il était membre « VIP » clandestin du groupe, aux côtés d'au moins 30 autres hauts responsables de l'armée et des services de renseignement russes[46]. Il est également possible que d'autres hauts-gradés inconnus aient soutenus le projet de Prigojine : ce dernier n'aurait pas lancé la rébellion sans avoir la conviction du soutien d'une partie du pouvoir russe[44].
Selon les révélations faites par des responsables occidentaux au Wall Street Journal, le Service fédéral de sécurité russe découvre le plan de Wagner deux jours avant son exécution. Cette découverte entraîne un déclenchement précipité des opérations par Prigojine le , alors qu'il aurait dû avoir lieu au plus tard le 25 selon Viktor Zolotov, le commandant de la Garde nationale russe[43]. Autre conséquence de la découverte : le plan doit être revu. En effet, le dirigeant de Wagner comptait initialement capturer Sergueï Choïgou et Valeri Guerassimov lors d'une visite conjointe dans le sud de la Russie, près de l'Ukraine. Selon les renseignements occidentaux, ce plan initial avait de bonnes chances de réussir s'il n'avait pas été découvert. Après son éventement cependant, Evgueni Prigojine doit improviser une alternative, comptant toujours sur le soutien d'une part assez large de l'armée[43]. La réaction des services de sécurité en Russie est cependant assez mitigée. Selon des témoignages anonymes transmis à Meduza, il est possible que les services de sécurité « n'aient pas eu le courage de dire au président qu'il y avait un problème avec Prigojine [...] parce que s'ils signalaient le problème, des décisions devraient être prises. Et comment prendre cette décision ? ». Selon les sources de Meduza, après que Prigojine n'a pas réussi à se soustraire à l'ordre d'intégrer Wagner dans l'armée régulière, « un mauvais pressentiment s'est répandu dans l'air [au niveau du gouvernement russe], que quelque chose était sur le point de se produire ». Les fonctionnaires du Kremlin« en ont parlé lors de réunions et sont arrivés à la conclusion que [Prigojine] est un opportuniste audacieux qui ne respecte pas les règles ». Malgré tout, les haut-responsables entourant Vladimir Poutine ont estimé que le risque d'une insurrection armée était « nul » et sont partis du principe que les actions de Prigojine n'étaient qu'un vaste bluff, jusqu'à ce qu'il s'empare de Rostov-sur-le-Don[39]. Cette erreur d'appréciation va considérablement retarder la réponse loyaliste le jour de la rébellion.
Selon le Moscow Times, Evgueni Prigojine prévoyait quelques heures seulement avant d'entrer en rébellion d'assister à une table ronde à la Douma menée par Sergueï Mironov, président du parti Russie juste (opposition fantoche à Poutine) au cours de laquelle des députés devaient critiquer la conduite de la guerre en Ukraine. Prigojine devait donner à cette occasion une nouvelle critique du commandement militaire et regagner le soutien de Vladimir Poutine. Ces plans sont cependant abandonnés sans explication à la dernière minute avant le déclenchement de la rébellion de Wagner[47].
Prélude
Dans la journée du , Prigojine accuse l'armée russe d'avoir mené des frappes sur des camps de ses combattants à l'arrière du front ukrainien, faisant un « très grand nombre de victimes »[1]. Il accuse personnellement le ministre de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir donné l'ordre de ces frappes et affirme que les commandements du groupe Wagner ont décidé de « stopper » ceux qui ont « la responsabilité militaire du pays »[1]. Il ajoute : « Ceux qui résisteront à cela seront considérés comme une menace et détruits immédiatement. [...] Nous étions prêts à faire des concessions avec le ministère de la Défense, rendre nos armes et prendre une décision pour continuer à défendre notre pays. Mais ces ordures ne se sont pas calmé[es] »[1]. En réponse, le FSB annonce l'ouverture d'une enquête contre Prigojine pour « appel à la mutinerie armée »[48].
Déroulement
Occupation de Rostov par le groupe Wagner
Dans la nuit du 23 au 24 juin, Prigojine annonce être entré en Russie avec ses troupes dans le but de renverser le commandement militaire.
Il déclare : « Nous sommes tous prêts à mourir, tous les 25 000. Et après il y en aura encore 25 000. Parce que nous mourons pour la patrie, nous mourons pour le peuple russe qu'il faut libérer de ceux qui bombardent la population civile »[49]. Il revendique la destruction d'un hélicoptère de l'armée qui a « ouvert le feu sur une colonne civile »[49]. Dans la matinée, les hommes du groupe Wagner entrent dans la ville de Rostov-sur-le-Don et prennent le contrôle du quartier général de l'armée russe[50],[51]. D'après Prigojine, Rostov est investie sans que ses hommes n'aient tiré un seul coup de feu[52]. Les hommes du Groupe Wagner se déploient au centre de la ville avec des chars et des véhicules blindés[53]. Pour se reconnaître, les mercenaires se munissent de brassards argentés[53].
La population reste globalement passive : certains habitants houspillent les mercenaires en les accusant de semer le « chaos », tandis que d'autres leur apportent des vivres ou les acclament aux cris de « Wagner, Wagner ! »[5],[50],[51],[4]. D'autres habitants affluent à la gare de Rostov-Glavny, afin de fuir la ville[5],[54].
Des régiments tchétchènes dépêchés par Ramzan Kadyrov pour réprimer la mutinerie dans « les zones de tension » en Russie sont vus aux abords de Rostov dans l'après-midi[5],[19].
Avancée vers Moscou
Après la prise de Rostov, les hommes du Groupe Wagner s'engagent sur la route fédérale M4 en direction du nord et de Moscou[4]. Selon le média Baza, lié aux services de sécurité russes, environ mille véhicules de tous types, « du minibus au système de défense antiaérienne », répartis en quatre colonnes, font mouvement sur la capitale[4].
L'agence Reuters indique que selon une source proche du gouvernement de la république populaire de Donetsk, 5 000 hommes seraient dans le convoi en direction de Moscou, avec à leur tête Dmitri Outkine[55]. Selon RFI, 11 000 mercenaires prennent la route de Moscou[56].
En chemin, le Groupe Wagner investit les installations militaires de la ville de Voronej, à 500 km de Moscou[57],[58]. Un dépôt de carburant est incendié[15]. Cette fois, des affrontements éclatent dans la matinée entre les mercenaires et l'armée russe[5]. L'aviation russe attaque le convoi de Wagner stationné sur l'autoroute et des duels opposent des hélicoptères Ka-50 à des systèmes antiaériens 9K35 Strela-10[5].
L'armée russe se montre incapable de freiner la progression du Groupe Wagner[4]. D'après le journal Le Monde : « Certaines des unités qui se sont retrouvées face aux hommes de Wagner ont refusé le combat, par peur ou par sympathie »[4]. Des barrages de police sont mis en place sur la MKAD, le périphérique moscovite, dans le cadre des « opérations antiterroristes » décidées le matin par le maire. Le ciel au dessus de Moscou est survolé par des hélicoptères et avions[62].
Réponse du gouvernement russe
Le , dans une déclaration télévisée diffusée vers 8 h heure de Moscou (UTC+3), Vladimir Poutine dénonce une « trahison », mais sans nommer Evgueni Prigojine[63]. Il promet de « punir » les « traîtres » et agite le spectre d'une « guerre civile » : « C'est un coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple. Ce à quoi nous faisons face, ce n’est rien d’autre qu’une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels »[50],[64],[65]. Dans son allocution, Vladimir Poutine dresse un parallèle avec la guerre civile russe qui a débuté lors de la fin de la Première Guerre mondiale en Russie et qui a divisé le peuple russe entre l'armée blanche et l'Armée rouge de 1917 à 1921-1923 à la suite de la révolution russe[66].
Evgueni Prigojine répond que Vladimir Poutine « se trompe profondément » et que ses combattants « ne se rendront pas » : « Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit »[51].
De son côté, le général Sergueï Sourovikine appelle les membres de Wagner à rentrer dans leurs casernes. Le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie demande aux mercenaires de Wagner d’arrêter Prigojine. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, annonce l'ouverture d'une « enquête pénale en lien avec la tentative d’organiser une mutinerie armée »[54]. Les forces de l'ordre mènent des perquisitions dans les propriétés de Prigojine à Saint-Pétersbourg, où l'on découvre des armes, plusieurs lingots d'or, plusieurs paquets de poudre blanche, des centaines de sceaux de différentes entreprises, de faux passeports, des milliards de roubles en cash. Une masse de deux mètres de hauteur avec l'inscription « En cas de négociations importantes » et une photo encadrée représentant plusieurs têtes humaines tranchées sont également retrouvées dans la demeure du chef de Wagner[67],[68],[69],[70].
Dans l'ensemble, les députés, gouverneurs ou élus locaux font corps derrière Vladimir Poutine et diffusent des messages de soutien au président[4]. Les gouverneurs des oblasts de Rostov, Lipetsk et Voronej appellent les habitants à ne pas sortir de chez eux[53],[71],[72].
Prigojine annonce alors le retrait de ses troupes afin d'éviter de faire « couler le sang russe »[50]. Il déclare : « Nos colonnes font demi-tour et nous partons dans la direction opposée, nous rentrons dans les camps. Il y était de l’intérêt supérieur d’éviter un bain de sang »[50]. Les poursuites judiciaires contre Prigojine et ses hommes sont abandonnées[50],[74]. Le Kremlin annonce que les hommes de Wagner qui n'ont pas participé à la mutinerie pourront signer un contrat avec le ministère de la Défense, tandis que les autres doivent rejoindre leurs camps de base[4]. Prigojine assure cependant le soir du 24 juin que le Groupe Wagner ne sera pas démantelé[4]. Selon les termes de l'accord, Prigojine devrait quant à lui quitter la Russie pour se rendre en Biélorussie[50].
Le soir du , les combattants du groupe Wagner commencent à se retirer de Rostov-sur-le-Don[50]. Ces derniers sont applaudis et acclamés par un attroupement d'habitants[5]. Des voitures de police viennent ensuite prendre position autour du QG, mais la foule les accueille par des huées, en traitant les agents de « traîtres »[5].
Pertes
D'après des blogueurs militaires russes, les pertes de l'armée russe sont de treize à vingt hommes dans les rangs de l’armée, quasiment tous tués à bord de six hélicoptères et d'un avion abattus[4]. Le Monde indique que des sources proches d'Evgueni Prigojine et du ministère de la Défense russe convergent pour faire état de la perte de six hélicoptères et d'un avion Il-18[5]. La chaîne Telegram pro-Kremlin Readovka donne un bilan de 15 militaires russes tués dans les environs de Voronej[5].
Du côté de Wagner, Prigojine donne le 26 juin un bilan d'environ 30 morts dans le bombardement du 23 juin[2] et d'au moins deux tués dans la journée du 24 juin[75]. Il affirme qu'aucun homme de l'armée russe n'a été tué lors de combats au sol[2]. Il dit « regretter d’avoir été forcé de frapper des moyens aériens [russes] mais c’est parce qu’ils larguaient des bombes »[2].
D'après le site d'analyse de défense basé sur les sources ouvertes Oryx[3], les pertes militaires sont :
Vladimir Poutine s'exprime à nouveau le soir du 26 juin[78]. Il remercie « ceux qui sont restés fidèles et loyaux » et affirme avoir donné l'ordre « d'éviter une effusion de sang »[78]. Il dénonce des « traîtres à la nation », mais sans les nommer précisément, et déclare que « les gens qui travaillent pour Wagner sont des patriotes, ils l’ont déjà montré »[78]. Il annonce alors que les hommes de Wagner peuvent signer un contrat avec le ministère de la Défense, rentrer chez eux ou partir pour la Biélorussie[78].
Le , le Moscow Times annonce l'arrestation du général Sergueï Sourovikine en raison de ses liens présumés avec le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, dans le cadre de la rébellion avortée de celui-ci, les 23 et 24 juin derniers[79]. Il est officiellement démis de ses fonctions militaires le [80]. Le même jour, Evgueni Prigojine et son associé Dmitri Outkine meurent dans un accident d'avion présumé.
Relais d'influence russe, le groupe Wagner serait devenu une menace pour le Kremlin depuis la mutinerie, qualifiée de trahison par Vladimir Poutine[81].
Le chef de la République tchétchèneRamzan Kadyrov condamne les évènements, qu'il qualifie de « vile trahison », et appelle à « écraser la rébellion »[15]. Ramzan Kadyrov affirme son soutien au président russe Vladimir Poutine et propose l'envoi de ses hommes pour contrer Wagner[82].
Le gouverneur de l'oblast de Koursk Roman Starovoït a appelé Prigojine à « abandonner ses plans »[83].
Le président serbe, Aleksandar Vučić, déclare que la Serbie « ne soutient pas ce coup d'état »[91] et affirme que « la mutinerie de Wagner a reçu une implication et un soutien de l'étranger »[92].
Le , le président ukrainienVolodymyr Zelensky a notamment déclaré : « celui (en faisant référence à Vladimir Poutine) qui choisit le chemin du mal s’autodétruit, envoie des centaines de milliers de personnes à la guerre pour finalement se barricader dans la région de Moscou pour se protéger de ceux qu’il a lui-même armés. La faiblesse de la Russie est évidente. Une faiblesse totale, il est tout aussi évident que l’Ukraine est capable de protéger l’Europe contre une contamination par le mal et le chaos russe. La Russie a utilisé la propagande pour masquer sa faiblesse et la stupidité de son gouvernement. Et maintenant, le chaos est tel que plus personne ne peut mentir à son sujet »[95].
↑Le New York Times note cependant que les responsables américains auraient tout intérêt à diffuser de manière sélective des informations préjudiciables à Sourovikine, qu'ils estiment plus efficace que d'autres membres du commandement militaire russe, et donc plus dangereux pour leurs intérêts[44].
Références
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