Patrick Pécherot est un journaliste, écrivain et scénariste de bande dessinée français né le à Courbevoie (France).
Biographie
Patrick Pécherot a exercé plusieurs métiers dans le secteur de la protection sociale[1]. Un temps proche des milieux libertaires et pacifistes[2], il s'engage syndicalement à la CFDT. Il fut rédacteur en chef de l'hebdomadaire Syndicalisme Hebdo. Il anime ensuite le supplément fédéral de CFDT Magazine[3].
La plupart de ses romans se situent dans le genre du roman noir[4].
Son premier roman Tiuraï est publié à la Série noire en 1996. Il s'agit d'une enquête du journaliste Thomas Mecker en Polynésie française sur les essais de Mururoa. Ce polar est un hommage à l'écrivain Jean Meckert, décédé un an plus tôt, qui avait également situé son roman La Vierge et le Taureau (1971) dans le même espace géographique et dénoncé les expériences nucléaires françaises. Terminus nuit (1999) est la seconde enquête de Thomas Mecker sur une bavure policière à Paris sur fond de grève des cheminots et d'attentats islamistes[5].
Les Brouillards de la butte (Grand prix de littérature policière en 2002), Belleville Barcelone (2003) et Boulevard des branques (2005) forment une trilogie qui invente la jeunesse de Nestor Burma[6], le célèbre détective de Léo Malet, dans le Paris de l'entre-deux-guerres, de 1926 à 1941[7].
Soleil noir (2007) conte le braquage d'un fourgon blindé par quatre marginaux et Tranchecaille (2008) revient sur un conseil de guerre durant la Première Guerre mondiale.
En dehors du roman noir, Patrick Pécherot a écrit des romans jeunesse, des nouvelles, un essai ainsi que trois scénarios de bande dessinée pour Jeff Pourquié.
Œuvres
Romans jeunesse
Le Voyage de Phil, Syros jeunesse, 2005, SCUP-La Déviation, 2017
L'Affaire Jules Bathias, Syros jeunesse, 2007
Romans
L'Homme à la carabine, Gallimard, coll. « Blanche », 2011
Le jour où Johnny est mort in Banlieues parisiennes Noir, chez Asphalte éditions, coll. « Asphalte Noir (Nouvelles noires) » (2019) (ISBN978-2-918767-86-2)
Recueil de nouvelles
Dernier Été, SCUP-La Déviation, 2018
Essai
Petit éloge des coins de rue, Folio 2€, Gallimard, 2012
Noir comme l'espoir ou l'engagement lucide du polar, dans Sophie Béroud - Tania Régin (dir.), Le roman social. Littérature, histoire et mouvement ouvrier, Éditions de l'Atelier / Éditions ouvrières, 2002.
Le polar, miroir du social, Sciences Humaines, no 134, .
Sur quelques ouvrages
Hével (2018)
Hiver 1957-1958, dans l'Est de la France, Augustin (Gus) et André, camionneurs, cherchent pour leur vieux Citron, fatigué de l'essieu, du fret de proximité (Jura, Doubs, Morbier, Morez, Dole, Forêt de Chaux). André a changé depuis que le corps de son petit frère, Paul, engagé en 1953 pour l'Algérie, a été rapatrié. Il continue à fréquenter Simone et son auberge. Des fellagas ont enlevé des soldats français. Des Arabes à Dole et ailleurs se sont mis en grève. Un prisonnier est en cavale. s'est échappé. Gus, ancien crieur de journaux, se fait blesser lors d'une rixe franco-arabe à Dole, au Poiset. Un itinérant, trimard qui se fait appeler Pierre Lucas, se manifeste, est accepté, et remplace Gus suffisamment handicapé pour deux semaines, en conduite, chargement et déchargement. Une nuit d'insomnie, de retour dans le quartier, sans mobile, il donne un coup de tête à un Arabe, Kader Houcine, qui en meurt. La neige arrive. Gus retrouve l'ouvrier qui l'a planté, Mourad, qui lui offre un thé.
Gus était crieur de journaux, quand il a rencontré André, plus âgé, ancien passeur à l'époque de la Résistance, à l'époque de l'Affaire Dominici. Il se souvient des crevettes Bigarddubombardement de Sakiet Sidi Youssef (). Pierre est un copain de Paul, également allergique à la torture et à la baignoire, à la Bollardière ou à la JJSS, et il annonce que Paul s'est suicidé, et que lui a déserté, a pisté André et cherche le passage en Suisse. André lui promet le passage. Simone Flavin (1925-1992) fournit à Gus la probable piste qu'ils vont suivre. Gus se lance en randonneur solitaire pour les assister. Il est rejoint par un caïd fellaga recherché, transporteur d'impôt révolutionnaire FLN, Abderrahmane. Ce sont alors deux duos que les forces de l'ordre française recherchent...
Le récit est celui que Gus, seul survivant, longtemps réfugié dans un monastère en Suisse, de retour au pays, fait, soixante ans plus tard, à des jeunes gens, dans une formidable reconstitution du quotidien de ces années-là, avec des zones d'ombre, et une belle histoire de lynx.
Le titre renvoie à la formule de l'Ecclésiaste " Tout est vanité (réalité illusoire)".
↑Terminus nuit a été décrié par une partie de la critique à cause, notamment, des opinions politiques de l'auteur. À propos des grèves de 1995 qui ont inspiré l'atmosphère de ce roman, il écrivait : « Elles m'ont d'autant moins laissé indifférent que je ne partageais pas leurs motivations. Je persiste à penser qu'elles étaient à côté de la plaque. On les a confondues avec le malaise qu'elles reflétaient, mais sur le fond, elles étaient plus corporatistes qu'autre chose. Elles auront au moins permis de poser une question : tout mouvement populaire est-il par essence progressiste ? En tout cas, merci aux grévistes. Paris paralysé avait quelque chose de fantastique. Un décor parfait. » (Revue l'Ours polar, 1996)
↑Pécherot écrit a ce propos : « J’ai donc lu la série lorsqu’elle est reparue dans les années 1970, et j’ai trouvé dans Burma un des derniers héros populaires et un certain nombre de réminiscences d’un univers dont je me sentais proche, en piéton de Paris… On y trouvait aussi la trace des surréalistes. Et j’ai eu envie de jouer avec le personnage de Burma.» (entretien avec E. Borgers en février 2006 sur le site Polar Noir)
↑« Patrick Pécherot : "L’Histoire oublie souvent les individus et massifie les récits, j’aime visiter ses coulisses pour comprendre à l’échelle humaine ces événements" », France Culture, (lire en ligne, consulté le )