Elle fait ses études secondaires au lycée Molière à Paris et est titulaire d'un doctorat en histoire de l'université Paris 1. Son ouvrage Ossements animaux du Moyen âge au monastère de La Charité-sur-Loire, publié en 1986 aux Publications de la Sorbonne, est dérivé de sa thèse intitulée Archéozoologie de la Charité-sur-Loire médiévale, soutenue trois ans plus tôt[3], qui lui a valu le Prix national d'histoire de la Fondation Dèze[4].
Fred Vargas écrit son premier roman policier, Les Jeux de l'amour et de la mort, au milieu des années 1980 en parallèle à son travail sur un chantier archéologique dans la Nièvre. Cela lui permet de gagner le prix du premier roman du festival de Cognac et de publier ce roman dans la collection Le Masque[5]. Elle choisit le pseudonyme de Fred Vargas à partir de celui de sa sœur jumelle Joëlle, peintre connue sous le nom de Jo Vargas ; hommage à Maria Vargas, personnage joué par l'actrice Ava Gardner dans le film La Comtesse aux pieds nus.
Elle publie à un rythme soutenu une quinzaine de romans, des nouvelles et deux bandes dessinées en collaboration avec Edmond Baudoin. Ses livres la font régulièrement apparaître parmi les dix romanciers ayant le plus vendu (toutes éditions confondues) sur une année, classés par Le Figaro[6].
Elle fait de son frère Stéphane Audoin-Rouzeau le personnage d'un de ses romans[7].
Engagement
Elle est décrite par Le Monde comme étant, avec sa sœur Jo Vargas, « marquées à gauche »[8].
À partir de 2004, Fred Vargas s'engage très activement dans la campagne qui réunit nombre de politiciens et d'intellectuels de gauche et d'extrême gauche français protestant contre l'extradition de l'activiste et terroriste italien d'extrême gaucheCesare Battisti, condamné pour quatre meurtres dans la péninsule[9]. Elle rédige La Vérité sur Cesare Battisti et, avec la chanteuse Lio et le maire socialiste du 9e arrondissement de Paris, constitue un comité et organise une soirée au nom de « l’honneur de la France et de la parole donnée »[10],[11]. Elle enquête pendant sept ans sur ce cas [5] et, en 2014, écrit la préface d'un ouvrage de Carlos A. Lungarzo consacré à l'ex-terroriste. En 2015, elle le soutient toujours alors que celui-ci est menacé d'extradition depuis le Brésil[12]. En 2019, ce dernier reconnaîtra avoir directement participé à deux assassinats et en avoir commandité deux autres[11] sans que cela ébranle les convictions de l'auteur qui déclare : « Je maintiens mon soutien à Cesare Battisti »[13] « Je n'ai pas clamé son innocence en me basant sur une conviction, mais sur des recherches scientifiques. Je suis chercheur à la base, avant d'être écrivain. Et je maintiens mes conclusions[14] ».
Elle soutient en 2018 le collectif européen « Pacte Finance Climat » destiné à promouvoir un traité européen en faveur d'un financement pérenne de la transition énergétique et environnementale pour lutter contre le réchauffement climatique[15][source insuffisante].
En , elle publie L'Humanité en péril, un ouvrage sur la « catastrophe » en cours au niveau du climat et de la biodiversité. Sur France Inter, elle explique qu'elle a voulu faire un ouvrage accessible à tous, pour donner accès à l'information que les gouvernants auraient choisi de passer sous silence, sur l'ensemble des impasses de notre mode de vie : disparition des espèces, augmentation de la température, épuisement des ressources minières. Elle espère de cet ouvrage un sursaut de la population, qui une fois informée, saura contraindre, sans violence, les gouvernants à changer de cap[16][source insuffisante]. Pour Libération, les arguments employés par Fred Vargas dans cet essai sont « convenus, voire imprécis. »[17]. En , elle en publie une édition augmentée d’un chapitre sur la COP 25, pointant de nouvelles menaces[18][source insuffisante]
En 2022, elle publie L'Humanité en péril 2 où elle renouvelle son constat alarmant.
Œuvre
Présentation
La principale série de Fred Vargas est celle du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Vargas a aussi publié, avant les années 2000, plusieurs romans sans ce personnage. Elle a écrit quelques textes non narratifs et a collaboré plusieurs fois avec le dessinateur Edmond Baudoin, pour des bandes dessinées et des recueils de nouvelles illustrés.
Parmi les caractéristiques du style de Vargas, on trouve une attention importante portée aux personnages et intrigues secondaires et aux dialogues, ainsi qu'une forte présence des légendes et de l'Histoire[19]. Ses romans font aussi la part belle à l'humour et la poésie[20].
Personnages principaux de la brigade dirigée par Adamsberg
Direction
Jean-Baptiste Adamsberg : personnage principal de la plupart des romans, commissaire flâneur et flegmatique, dépourvu de véritable méthode d'investigation. On sait qu'il mesure 1,71[Notes 1], presque toujours vêtu de toile noire souvent froissée, qu'il a une « belle gueule » bien que rien dans son visage ne soit à sa place et qu'il ne peut rester longtemps assis, il doit marcher. C'est un homme à l'esprit ouvert qui possède envers autrui une grande empathie.
Officiers
Adrien Danglard : capitaine – puis commandant – homme méthodique au savoir immense ; premier adjoint au commissaire ; divorcé, père de cinq enfants qu'il élève seul et grand consommateur de vin blanc et de bière.
Mordent : capitaine – puis commandant – deuxième adjoint au commissaire.
Violette Retancourt : lieutenante très appréciée de Adamsberg. De stature et corpulence respectables[Notes 2], elle peut « tout » faire en convertissant son énergie, et est surnommée la « déesse » de la brigade par le commissaire. Retancourt a inspiré Josée Dayan pour son personnage de la capitaine Marleau interprétée par Corinne Masiero. Cette dernière interprétait déjà Retancourt dans les cinq téléfilms réalisés par Josée Dayan[21].
Hélène Froissy : lieutenante. Obsédée par la nourriture et cependant très mince, elle en cache partout. Mais nourrit dès que nécessaire les membres de la brigade, qui d'ailleurs connaissent toutes ses « planques ». Informaticienne du groupe.
Mercadet : lieutenant, informaticien également, possède une particularité : doit dormir absolument toutes les trois heures, mais réussit à combler ce handicap par son efficacité et son entrain au sein du service d'Adamsberg.
Voisenet : lieutenant, s'intéresse à la zoologie, en particulier l'ichtyologie.
Noël : lieutenant, « issu de la rue » ; peut être assez brutal et colérique, surtout « en interne ».
Louis Veyrenc : lieutenant, Béarnais comme Adamsberg. A une chevelure brune parsemée de zebrures rousses, conséquence d'un traumatisme enfantin consécutif à une violente agression. S'exprime souvent en alexandrins. Considéré avec Danglard comme « poids lourd intellectuel » de la brigade.
La Vérité sur Cesare Battisti / textes et documents rassemblés par Fred Vargas, Paris, Viviane Hamy, 2004
Carlos A. Lungarzo, Cesare Battisti les coulisses obscures / Présentation et préface réalisées par Fred Vargas. Traduit du portugais (brésilien) par Baptiste Baudoin (2014)
L'Humanité en péril. Virons de bord, toute ! Paris, Flammarion, 2019, édition augmentée : Paris, Flammarion poche, 2020
Quelle chaleur allons-nous connaître ? Quelles solutions pour nous nourrir ? L'Humanité en péril, 2, Paris, Flammarion, 2022
Fred Vargas a aussi rédigé la postface du livre Ma Cavale (2006) de Cesare Battisti. Fred Vargas a établi l’édition en français et préfacé le livre de Carlos Lungarzo : Cesare Battisti: les coulisses obscures (Traduction du portugais du Brésil par Baptiste Baudoin. Paris : éd. Viviane Hamy, 2014, 303 p.) .
2013 : Pars vite et reviens tard[24]. Adaptation sous forme de feuilleton radiophonique pour France Culture. Réalisation : Cédric Aussir. Adaptation : Katell Guillou. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière.
2017 : Debout les morts[25]. Adaptation sous forme de feuilleton radiophonique pour France Culture. Adaptation de Claire Le Luhern, réalisation : Sophie-Aude Picon, conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière.
Sous son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau, elle a signé les ouvrages suivants :
Ossements animaux du Moyen Âge au monastère de la Charité-sur-Loire, Paris, Publications de la Sorbonne (1986)
Hommes et animaux en Europe : corpus de données archéozoologiques et historiques, Paris, CNRS (1993)
Les Chemins de la peste, le rat, la puce et l'homme, PU Rennes (2003, réédition en 2007)
Un aliment sain dans un corps sain : Perspectives historiques (sous la direction de Frédérique Audoin-Rouzeau et Françoise Sabban), coll. « A boire et à manger » - Tables des Hommes, PU François Rabelais (2007)
Prédiction d'une pandémie telle que celle de la Covid-19
Dans l'émission de télévision Tout le monde en parle du , Fred Vargas est interrogée par Thierry Ardisson sur sa vision d'une future pandémie mondiale. Elle la prédit dans les 5 ans et dresse un tableau comportant de nombreuses similitudes avec la réalité, 13 ans plus tard, de la pandémie de Covid-19, notamment les modes de propagation, la nécessité de quarantaine et de limitation des déplacements, les incapacités de l'Etat ou encore le risque de « dislocation sociale ». Elle a ainsi imaginé et conçu avec sa sœur un prototype de cape protectrice individuelle pouvant être fabriquée chez soi et permettant d'être protégé pour sortir faire ses courses alimentaires[37].
Notes et références
Notes
↑« Ce n’est pas qu’il était grand, un mètre soixante et onze, le minimum requis pour entrer chez les flics, mais la position finissait par être inconfortable.
Tome 2 : L'homme à l'envers - Chapitre XXIX ».
↑« un mètre soixante-dix-neuf et cent dix kilos », selon le début du chapitre II de Sous les vents de Neptune.
↑Mohammed Aïssaoui, « Les dix romanciers français qui ont vendu le plus de livres en 2017 », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑« En 2006, Fred Vargas prédisait le Covid-19 », sur ina.fr, (consulté le ) : « Le problème, c’est que des masques y en aura pas, ça on le sait, c’est un problème de production et de quantité [...] l'épidémie va tomber, en trois jours on va devenir des brutes. Il faut le savoir. Ça me paraît indispensable qu’on ne se mette pas comme des bébés en se demandant ce que fait l’État. L’État ne pourra pas faire grand-chose ».
Noël Barbe, « Et puis quand les serpents… L’archéologue et ses/en ses « rompols ». Une lecture de Fred Vargas », Les Temps Modernes, , p. 149 à 17 (lire en ligne).
Françoise-Marie Santucci, « Fred Vargas, fouilles en tous genres. Archéologue, elle bâtit ses drôles d'énigmes à partir de riens », Libération, (lire en ligne).