La chanson (musique et refrain) constitue la base du titre Gangsta's Paradise du rappeur Coolio sorti en 1995. Le succès de ce dernier permet à Pastime Paradise d'être l'une des chansons les plus populaires de Wonder, alors qu'elle n'est pas sortie en single.
Pastime Paradise est l'une des premières chansons composée à l'aide du synthétiseur Yamaha GX-1(en).
Composition
Le riff principal repose sur le Prélude Nº 2 en Ut Mineur de Jean-Sébastien Bach[1],[2]. Wonder s'inspire également du titre Eleanor Rigby des Beatles, souhaitant y intégrer 'un rythme plus latin' et des références au style de Earth, Wind and Fire avec une batterie, instrument qu'il finira par écarter[3].
La chanson est enregistrée au Crystal Sound de Los Angeles, ainsi qu'au Record Plant de Sausalito en Californie. Un voyage en Jamaïque fut également organisé pour enregistrer des chœurs, mais ceux-ci n'ont finalement pas été retenus[4].
La chanson se termine par des chants de chorale, notamment une reprise de We Shall Overcome interprétée par une chorale gospel de l'Église de Dieu en Christ de West Angeles[1]. Des sons de cloches et des chœurs sont aussi enregistrés par un groupe Hare Krishna d'une centaine de membres, recruté sur Hollywood Boulevard par Gary Olazabal, ingénieur son au Record Plant[4]. D'après Wonder, ces chants étaient destinés à rendre le morceau plus universel[3].
Paroles
Pastime Paradise fait figure d'exception dans la discographie de Stevie Wonder, ses chansons étant souvent associées au sentiment de joie. Wonder construit ici une atmosphère d'anxiété, appuyée par des paroles profondément négatives. Les thèmes de race et de religion sont abordés avec les expressions 'Race Relations' et 'Exploitation', cités sans développement. L'emploi de ces termes en 1976, au moment où le mouvement Black Power est en déclin, n'est pas anodin. L'auditeur sait exactement à quoi Wonder fait référence, sans nécessiter d'explications. En revanche, la dernière phrase de Wonder délivre une morale globale (Let's start living our lives, living for the future paradise) : au lieu de ressasser un passé négatif, il est préférable d'espérer un futur plus agréable en profitant de chaque instant[1].
Sortie en 1976 sur l'album Songs in the Key of Life, la chanson n'est pas diffusée en single aux Etats-Unis[4] bien qu'il existe des productions non officielle ou étrangère (Motown TMGLTD05[8], Tamla 1758[9]).
En 1995, le rappeur américain Coolio reprend la mélodie et le refrain de Pastime Paradise dans son titre Gangsta's Paradise présent dans la bande originale du film Esprits Rebelles.
Initialement, Coolio ne connaissait pas la chanson de Wonder bien que sa mère possédait l'album original. C'est Doug Rasheed, futur producteur de la chanson de Coolio, qui en écoutant l'album de Wonder (l'un de ses albums préférés), proposa de le sampler[12] à Paul Stewart(en), le manager de Coolio[13].
La première version de Coolio n'obtint pas l'approbation de Wonder, celle-ci contenant des termes grossiers déplaisant à l'auteur original[14],[12]. Mais Coolio en ayant épuré les paroles, Wonder finit par marquer son accord, allant même jusqu'à le rejoindre sur la scène des Billboard Music Awards[1] le 6 décembre 1995[15].
Autres reprises
Informations issues de SecondHandSongs, sauf mention complémentaire.
La chanson de Stevie Wonder compte une trentaine de reprises[16] dont notamment :
↑(en) Pastime Paradise - Stevie Wonder | Song Variations & Versions | AllMusic (lire en ligne)
↑(en) Craig Werner, Higher Ground: Stevie Wonder, Aretha Franklin, Curtis Mayfield, and the Rise and Fall of American Soul, Crown, (ISBN978-0-307-42087-9, lire en ligne)