Il est considéré comme un représentant avec Truman Capote, Joan Didion, Hunter S. Thompson et Tom Wolfe de la « non-fiction créative » ou du « Nouveau journalisme », un genre qui utilise le style et les procédés de la fiction littéraire dans le journalisme factuel. Il commente et critique son époque, exprimant ses opinions à travers ses romans, ses fréquents articles dans la presse et ses essais. En , avec trois autres personnes, il fonde l'hebdomadaire à vocation artistique et politique The Village Voice.
Biographie
Fils d'Isaac Barnett Mailer, un comptable juif originaire d'Afrique du Sud, et de Fanny Schneider, gestionnaire d'une agence de femmes de ménage, Norman Kingsley Mailer grandit à Crown Heights, dans le quartier de Brooklyn (New York). Il entre à l'université Harvard en 1939 où il étudie l'ingénierieaéronautique. Il en sortira titulaire d'un titre de Bachelor of arts cum laude et s'y découvre un intérêt pour l'écriture, publiant sa première histoire à dix-huit ans. Norman Mailer fut enrôlé dans l'armée américaine début 1944. Sa participation à la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique Sud, aux Philippines, fut lointaine (il termina son engagement comme cuisinier au Japon).
Œuvre littéraire
En 1948, juste avant d'entrer à la Sorbonne à Paris, il écrit Les Nus et les Morts (The Naked and the Dead). Ce livre, basé sur son expérience de la guerre dans le Pacifique, raconte l'histoire d'un peloton de treize soldats combattants sur un atoll japonais. Il permit à son auteur d'accéder à la célébrité. Mailer dira plus tard, à propos de ce livre : Une part de moi pensait que c'était probablement le plus grand livre depuis Guerre et Paix. Une autre part pensait aussi : « je ne connais rien à l'écriture. Je suis pratiquement un imposteur ».[réf. nécessaire] L’ouvrage est adapté au cinéma en 1958 sous le même titre par Raoul Walsh.
Les années suivantes, Norman Mailer écrit des scripts pour Hollywood qui sont pour la plupart refusés.
Il publie en 1955 Le Parc aux cerfs, d'abord refusé par son éditeur Rinehart & Company(en), pour obscénité. Mailer livre dans ce roman sa vision des mœurs hollywoodiennes (le titre est une référence au quartier de Versailles où Mme de Pompadour logeait les maîtresses de Louis XV). Vers le milieu des années 1950, tenté par le marxisme et l'athéisme, il devient un célèbre écrivain « anti-establishment » et libertaire. Dans The White Negro: Superficial Reflections on the Hipster, sorti en 1956, puis Advertisements for Myself (1959), il traite de la violence, de l'hystérie, des crimes et du désarroi de la société américaine. Son œuvre, partagée entre un réalisme hérité de John Dos Passos et une écriture journalistique proche d'Ernest Hemingway, se veut la conscience en éveil des injustices du temps, des débordements politiques américains et des drames qui en découlent. Aussi, tente-t-elle d'étudier, de manière souvent provocatrice, les névroses et les pathologies d'une société occidentale constamment en crise de valeurs. Il a été l'un des emblèmes de l'opposition à la guerre du Viêt Nam dans les années 1960 et 1970, cause pour laquelle il fut emprisonné. Il fut candidat à la mairie de New York en 1969.
Norman Mailer est aussi connu comme biographe, il a par exemple écrit sur Marilyn Monroe, sur Pablo Picasso et sur Lee Harvey Oswald. Il fut aussi acteur (Ragtime de Miloš Forman en 1982 ; King Lear de Jean-Luc Godard en 2002) et réalisateur (Wild 90 en 1967, Au-dessus des lois en 1968 et Maidstone en 1969). Les vrais durs ne dansent pas, avec Isabella Rossellini et Ryan O'Neal, adapté d'un de ses romans, fut sélectionné au Festival de Cannes en 1986. Il s'était marié six fois et a eu neuf enfants (dont un adopté avec sa dernière épouse). En 1960, il agresse à coups de canif son épouse, Adele, lors d'une fête. Elle ne portera pas plainte contre Mailer mais ce dernier passe trois semaines dans un hôpital psychiatrique.
Sous la présidence de George W. Bush, il s'affirme comme un opposant, « le pire président que j'aie vu », proclame-t-il, et il publie un livre avec le cadet de ses neuf enfants, The Big Empty, un dialogue intergénérationnel sur la politique, la religion, le sport, la culture, les femmes. Son ouvrage Un château en forêt (2007) revient sur la jeunesse d'Adolf Hitler, dont il donne une interprétation entre la psychanalyse et la métaphysique.
Mort
Norman Mailer meurt le à New York, à l'hôpital Mount Sinaï, des suites d'une insuffisance rénale[2],[3].
1951 : Rivage de Barbarie (Barbary Shore), traduction française de Claude Elsen et Bernard Heuvelmans, La Table ronde, 1952, FRBNF32408979.
1955 : Le Parc aux cerfs (The Deer Park), traduction française de Claude Elsen, Presses de la Cité, 1956, FRBNF32408978
1966 : Un rêve américain (An American Dream), traduction française de Pierre Alien, Grasset, 1967, FRBNF33086818
1967 : Pourquoi sommes-nous au Vietnam ? (Why Are We in Vietnam?), traduction française de Maurice Pons et Anne-Marie Le Gall, Grasset, 1968, FRBNF37505922.
1980 : Mémoires imaginaires de Marilyn (Of Women and Their Elegance).
2008 : Correspondance 1949-1986, Norman Mailer - Jean Malaquais
2009 : MoonFire: La Prodigieuse aventure d’Apollo 11 (MoonFire: The Epic Journey of Apollo 11), extraits du roman Bivouac sur la lune et photos d’archives
Norman Mailer est mentionné dans la chanson Give Peace a Chance de John Lennon, ainsi que dans la chanson Santa Monica de Savage Garden. Il apparaît également dans son propre rôle dans un épisode de la série télévisée Gilmore Girls. Jimmy Kimmel, célèbre présentateur d'un show aux États-Unis lui rendra hommage dans un clip qu'il réalisera en réponse à une provocation de sa compagne Sarah Silverman. Dans un autre style, le rappeur Talib Kweli y fait référence dans la chanson Get by de l'album Quality (2005).
Il est cité le 20 août 2010 par Jay-Z dans un morceau de hip-hopPower (remix) du rappeur Kanye West.
Apostrophes, 19 décembre 1980, émission consacrée à Norman Mailer. Il y parle de son livre Le Chant du bourreau et revient sur des moments de sa vie d'écrivain et de journaliste.